Adonis ferme la sacoche qu’il a pris avec lui rapidement, et en passe la sangle à son épaule. Il jette un rapide coup d’oeil sur les jardins, mais ne voit rien. Pas de mouvements de précipitation, pas de gardes qui pourraient vouloir tenter de lui barrer le chemin. Il n’a pas le temps d’attendre Aléa, mais sait qu’elle le retrouvera. La brune sait qu’il devait voir Cal, si elle ne le voit pas revenir d’ici quelques minutes, elle se doutera. Leurs entrevues sont bien plus courtes, d’habitude, que ce qu’a été la désastreuse aventure qu’il vient de vivre. Adonis a le coeur qui bat à tout rompre, pas encore tout à fait brisé, plutôt fou de désir de rejoindre le blond. Mais Cal lui a ordonné de partir, et Adonis ne jouera pas avec le feu plus longtemps. C’est fuir, qu’il doit faire. Fuir pour s’assurer de ne se brûler complètement les ailes. L’ambassadeur quitte la chambre qui lui est attribuée au palais, ne sachant pas quand il y reviendra. Il regarde les deux côtés du couloir. C’est simple: d’un côté il retourne vers les appartements de Cal, de l’autre, il s’en éloigne. Si Cal a changé d’avis, c’est de la droite qu’il arrivera. Adonis prend à gauche. Son cerveau fonctionne à plein régime. Il a clairement quelque chose à se reprocher. Quel noble de la cour se baladerait avec une sacoche et en jetant des regards suspicieux autour de lui ? Le brun ne croise personne sur son chemin, il s’enfonce dans le palais qu’il connait comme sa poche et fait un détour par les appartements réservé à sa fiancé. Ce n’est pas ici que Cal viendra le chercher, alors il traverse les couloirs sans croiser ni Isaure ni Weiss. Il voit quelques uns des esclaves de la blonde, qui baissent les yeux sur son passage. Mais bien vite, certains des esclaves le regardent vec des yeux ronds. Il se rend compten au bout de quelques minutes, que des murmures se chuchotent sur son passage, et que les esclaves ne baissent plus du tout les yeux. Adonis entend un bruit derrière lui, il tourne le regard et voit un garde qui se dirige vers lui. En croisant son regard, il a compris.

Il doit fuir, où ce sera les cachots. Le brun n’hésite plus et se met à courir dans les couloirs. Il quitte les couloirs de sa fiancé, et arrive dans ceux de Wanda. Les propres appartemens de l’impératrice sont juste au dessus, et un frisson d’horreur glisse sur l’échine du brun. Il a peur de l’impératrice, comme tout le monde. C’est une femme terrible, si c’est elle qui décide de le cueillir il ne doute pas de ramasser quelques violentes brûlures au passage. Mais non, elle ne s’abaisserait pas à ça. Ce n’est même pas Cal qui arrête sa course, alors qu’il se prend un homme de plein fouet. C’est la montagne elle-même. La roche, dure et solide, inébranlable. Le granit forgé par les dieux, qui lui ont insufflé la vie. Un Eartanarien arrête sa course. Loras Harlaw. Adonis recule vivement, il n’a pas perdu l’équilibre mais presque. Les pieds campés instinctivement sur le marbre du palais, il sait que c’est inutile de se battre. Non seulement il ne maîtrise pas son élément, mais en plus l’Eartanarien en face de lui le maîtrise sans doute à la perfection. Le noble jette un coup d’oeil derrière lui. « Laisse moi passer, Harlaw. » dans ses prunelles brillent cet éclat de pouvoir qu’il aimerait avoir. Etre le leader des Eartanariens. Et Loras en fait partie, mais Loras est un traitre à sa nation.

Le valet court dans les couloirs, descend marche après marche, quitte la lumière des beaux étages pour les ténèbres des prisons du palais. Il ne s’arrête pas là, dépasse quelques cellules, toujours au pas de course, évite d’y jeter un œil, apeuré par ce qu’il pourrait y trouver. Des hommes, des femmes, des traîtres qu’on les appelle. Affamés, torturés, négligés, le tout dans l’espoir d’obtenir quelconque réponse, ou de les punir. La plupart d’entre eux crèveront avant la fin de l’année. Frémissements dans le corps du jeune valet. Il n’a pas encore été témoin de la violence, ni de la misère humaine. Il ne sait pas ce que c’est que la mort. Sur sa droite, enfin, se fait voir une faible lumière. Le voilà parvenu à destination, et il entre dans la pièce, tout haletant qu’il est. « Son Altesse royale… le prince héritier… vous missionne… Harlaw. » crache-t-il entre deux souffles, son regard évitant celui de l’homme âgé. Un monstre, dit-on de lui. Le roi de ces cachots. Roi cruel et sans pitié qu’on appelle en urgence, à qui on dit qu’il n’a pas le temps de trainer, qu’il doit faire vite, que le prince héritier a besoin de lui. Loras délaisse alors ses pinces et chiffons sales, quitte ses cachots crasseux pour le luxe des couloirs supérieurs et appartements royaux qu’ils desservent. Il n’a pas le temps de passer voir Cal, lui a-t-on dit, qu’il doit immédiatement se rendre dans les appartements de l’ambassadeur d’Eartanera. On le dit traitre lui aussi, on le dit à attraper. Que Loras est l’homme pour cela, qu’il doit traîner cet ambitieux dans son bas royaume. Un pestiféré parmi les autres, un de plus à ajouter à sa collection. Un noble qui plus est, ces créatures se font si rares ici-bas. Malgré l’urgence de la requête, Loras s’arrête. Il vient de croiser deux gardes royaux et, leur expliquant rapidement la situation, leur mande de le suivre et de terminer à bien cette nouvelle mission. Entendant le titre de l’héritier, les deux hommes n’ont pas d’autres choix que d’accepter - se soumettre en réalité - et poursuivre à la suite du missionnaire. Tous trois continuent dans le dédale de couloirs, armés et déterminés. Les voilà enfin sur les lieux de l’arrestation.
Le gamin ne les voit pas, pas de suite, et c’est de plein fouet qu’il collisionne avec Loras. Celui-ci ne bronche pas, fait signe à ces collègues de se tenir en retrait, qu’il essaye de régler cela avec diplomatie. Pour le moment. Mais tous savent que la force triomphera, et que le cruel sera le premier à l’utiliser. « Laisse-moi passer, Harlaw. » Des regards jetés en arrière, une précipitation qu’il ne peut cacher. Il sait ce qui se passera pour lui si jamais le prince met ses mains sur lui - quand bien même Loras ne connait pas le motif de cette arrestation. Mais ce que la couronne veut, le missionnaire l’exécute. « Impossible, mon seigneur. » Toujours cette étiquette qui bave de sa bouche, cette preuve d’infériorité, ce serment qui l’entrave aux plus grands. Il n’est rien, face à eux, et pourtant possède le pouvoir de les faire chuter. Lui qui a vécu, lui qui s’est battu, lui qui a vu horreurs sur horreurs. Lui qui est si petit. « Si vous voulez bien me suivre, Griffith. » Il s’écarte, d’un geste de la main, montre le chemin à prendre. Celui que les deux autres gardes encadrent. Celui qui mène aux cachots.

Il le voit bien, que le blond aimerait que ça se fasse dans le calme. Si il pense qu’Adonis Griffith se laissera emmener aux cachots sans opposer de résistance, il se trompe. Le sang qui coule dans ses veines brille des éclats d’azur qui caractérisent la royauté, et ce n’est pas un bronze qui lui commandera ce qu’il doit faire. Il est toujours campé sur ses deux jambes, le seigneur Eartanarien, à dévisager son potentiel bourreau. Cal paiera aussi pour ça, pour lui avoir envoyé son chien, ce traitre. « Impossible, mon seigneur. » Adonis se doutait de cette réponse, mais il avait espéré, le bougre, que l’autre Eartanarien aurait ne serait-ce qu’une once de fidélité envers sa couronne déchue. C’était peine perdue, le missionnaire n’appartenait qu’aux Oshun.  « Si vous voulez bien me suivre, Griffith. » Plutôt crever, ici, sur le champ, avait-il envie de dire. Il se demandait si Cal avait ordonné qu’on le tue, si il le fallait.

C’était le moment de le découvrir. Adonis leva le menton, son regard ancré dans les prunelles sombres de Loras Harlaw. Il fit mine, pendant une seconde, de lâcher prise. Son corps relâcha la tension, il allait même faire un pas dans la direction de Loras, mais à la place, son pied pris appui sur le sol de marbre pour détaler dans la direction opposée, persuadé que les deux autres gardes ne l’attraperaient pas. C’était sans compter sur la rapidité du plus grand des deux, qui s’empara de sa sacoche, avant de ceinturer son torse de son bras et de l’empêcher de partir. Adonis envoya un coup de coude dans l’armure du garde, ce qui lui valut une douleur lancinante. « LACHEZ MOI. » sa voix grondait, et déjà il entendait des pas dans les couloirs. Des esclaves, peut-être des nobles. Des curieux, tous, qui venaient assister à la chute de l’ambassadeur. Adonis s’en fichait, qu’on le regarde. Pire, quand son regard tomba sur les domestiques derrière Loras, il décida qu’il ne tomberait pas seul. Le brun se débattit encore, sachant très bien que Loras l’empêcherait de s’échapper. C’était plus pour la forme, une fois que les soldats avaient posés leurs mains sur lui, c’était trop tard. « Je veux voir Cal Oshun. » Siffle le serpent, en plantant son regard dans les pupilles de son opposant. Il sait très bien que Cal ne viendra pas. Cal est un lâche. Adonis ne s’en est jamais rendu compte avant aujourd’hui. Là où lui à toute l’audace du monde, Cal n’en a aucune. Il fait faire le sale boulot, et ne salit jamais ses précieuses mains. Si Cal ne vient pas, alors Adonis se jure d’apporter l’opprobre sur son nom, de jeter en pâtures leur secret si bien gardé, de nourrir les rats qui n’attendaient que ça. Une bonne raison de juger ce prince, de le condamner dans leurs esprits.

Ils se font face, les fils de Mère Nature, au milieu du couloir. Ils se toisent, veulent se montrer le plus puissant. L’un a la puissance politique, l’autre la physique : diplomatie ou force, comment cela se finira-t-il ? Si Loras est calme et posé, caractéristiques nécessaires pour ce qu’on lui demande de faire, caractère qu’il a développé au fil des années dans ces beaux couloirs, il voit cependant la colère emplir les prunelles sombres de l’Adonis. Il ne sait ce qu’il s’est passé avant qu’on le quémande, ce chien des cachots, mais cela n’a pas dû se faire dans la joie et l’allégresse. Il ne sait pourquoi on l’arrête, cet enfant, mais Loras ne pose pas de questions. Loras écoute les ordres, et Loras suit les ordres. Aussi simple que cela est sa vie, à ce chien impérial. Déjà ennuyé par la situation, il essaye de régler cela de manière habile. Il espère la coopération de l’autre, il espère éviter les drames inutiles, les cris et tout ce qui ramènerait les yeux indiscrets de la cour sur cette affaire personnelle. Il sait, pourtant, au fond de lui, que cela ne siérait pas au fils de la terre. Il ose espérer, pourtant.

Un soupir s’échappe de ses lippes quant l’Adonis n’en fait qu’à sa tête et se précipite dans l’autre direction. Un souffle où se mêle ennui et agacement face à cette stupidité de la jeunesse. « Attrapez-le. » ordonne-t-il aux deux gardes, qui se jettent alors sur lui. Le jeune maître de la terre est rapidement maîtrisé sous les yeux du plus vieux qui, lui, se tient toujours à sa place, plus bas dans le couloir. Il remarque que les premiers domestiques s’approchent, quelques adiutors se font voir dans ce début de foule, parfois accompagnés de leurs maîtres de rang bas. « Lâchez-moi. » Loras s’approche de lui, faisant abstraction des curieux qui s’amassent de toutes parts. « Je crains que ce soit impossible. » Il ne s’attarde pas sur le grondement orageux qui sévit aussi bien dans la voix du jeune que dans ses iris tempétueuses. Le puissant, à trop jouer avec le feu, se brûle désormais. « Si vous voulez bien nous suivre, désormais. » Il tente une nouvelle fois, le missionnaire. Il aimerait que le gamin ait compris, qu’il se taise et baisse l’échine. Qu’il marche sans un esclandre de plus, que tout ceci se finisse rapidement. « Je veux voir Cal Oshun. » s’essaye-t-il pourtant. Loras devrait arrêter d’espérer. Le gamin est stupide et ne s’arrêtera pas là. Il a, cependant, arrêter de se débattre, acceptant ainsi la situation présente. Il avait perdu et le condamné abattait tant bien que mal ses dernières cartes. « Son altesse royale le prince héritier est occupé. Je crains que le voir soit également impossible. » Il y mettait les formes, le clébard, parce qu’il sentait dans son dos les yeux des curieux de plus en plus nombreux, et leurs murmures friands de commérages commençaient déjà à se faire entendre. « Amenez-le. » Il fait signe aux deux gardes de bouger, d’emporter le destitué dans son nouveau palais fait de ténèbres et de toiles d’araignées.

La poigne est ferme autour de ses bras, et il est impossible pour le jeune noble de bouger. Trop précieux, il n’a jamais appris l’art du combat – au plus grand désarroi de son guerrier de père – et n’a jamais estimé pertinent d’apprendre à se servir de ses poings. De toute manière, ce serait inutile. Ils sont trois et il est seul, même Aléa n’est pas là. Adonis toise le chien des Oshun, celui qui est taillé dans la roche, aussi, comme lui. « Je crains que ce soit impossible. » répond le blond à la demande de l’ambassadeur. Adonis se débat pour la forme, il ne tombera pas sans leur rendre la tâche compliquée. « Si vous voulez bien nous suivre, désormais. » Il crache aux pieds de Loras. « Jamais. » fait-il, toute l’insolence eartanarienne se lit sur le visage du fier Griffith. Loras doit le savoir, qu’un homme de la terre ne plie pas, ne brise pas. Il se bat jusqu’au bout, c’est comme ça qu’ils sont élevés dans leur nation. C’est sans doute de la fierté mal placée mais elle fait partie de lui et il est impossible pour lui de la faire taire. Adonis ordonne presque de voir Cal, comme si il en avait le pouvoir. Il ne se débat plus, il attend, désormais. « Son altesse royale le prince héritier est occupé. Je crains que le voir soit également impossible. » Les dires de Loras enflamme les pensées du brun, avec plus de violence encore que la manière avec laquelle Cal l’a congédier alors qu’il venait de lui avouer ses sentiments. « Amenez-le. » Les gardes commencent à l’entrainer, et Adonis tente de les en empêcher, en vain.

« CAL OSHUN !! » Il hurle, le condamné. Qu’est-ce qu’il a perdre, de toute manière ? Adonis sait qu’une fois en prison, la sentence tombera et on lui coupera la tête. Le brun ne tombera pas seul, il en est hors de question. « OUVRIR MA GUEULE POUR AUTRE CHOSE QUE TE SUCER NE T’AS PAS PLU C’EST CA ? » Il ne sait pas si le prince l’entendra, mais il s’en fiche : on le lui rapportera. Les nobles qu’il croise ouvrent la bouche dans un signe d’indignation et de surprise pure. Il se délecte, Adonis. Les nobles, ces rats qui se nourrissent de rumeurs et de potins, ils vont adorer celle-là. Il ose même un sourire insolent alors que les gardes le trainent près de domestiques qui se sont arrêtées dans leurs tâches. « Vous voulez être la nouvelle pute préférée du prince ? Je pense que cette place est déjà tentée par sa fiancée ! » Il s’en fiche, le brun, il va tous les éclabousser de son déshonneur, les salir au moins un peu. Il se débat encore, mais la poigne des gardes ne faiblit pas. Ce qu’il dit ne semble pas les atteindre, dommage. Il aurait espéré, un peu, les surprendre assez que pour se libérer de leur emprise. « EST-CE QUE TU JETTES TOUTES TES CATINS EN PRISON DES QU’ON T’ENNUIE ?! » hurle-t-il. Il a fini, le mal est fait, tout le monde sait, désormais, et les visages qu’il croise affichent exactement ce qu’il voulait voir.

Le crachat tombe à ses pieds, et Loras le regarde d’un air détaché. Ce n’est pas la première fois qu’il reçoit de genre de compliments, et ce ne serait sans doute pas la dernière. Ce sont des cadeaux qui vont avec la fonction, et le chien se noie sous la salive de ceux qui se pensent plus puissants. Et pourtant, le chien vit encore, et les autres périssent dans leurs sombres cellules. « Jamais. » Le gamin est têtu, en serait même imbécile. Qu’il cesse de se débattre et obtempère calmement, ça arrangera bien tout le monde. Mais Loras reconnait en son regard d’encre la même lueur qui brillait autrefois dans ces iris froids : la détermination illumine l’abysse des prunelles de cet homme de pierre aux pieds bien ancrés dans le sol qui est sien. « Je crains, malheureusement, que vous n’ayez pas le choix. »

Il refuse encore les demandes de l’ambassadeur déchu, et fait signe à ses compagnons d’entamer leur marche malgré les curieux attirés pour le bruit. Il marche devant, précieux Cerbère qui repousse les badauds aux langues bien pendues. Il crée le chemin que foulera l’Icare aux ailes brûlées, il est celui qui dessine la trajectoire funeste de sa chute. Sur ses lippes, un rictus satisfait se dessine au fil de ses pas. « CAL OSHUN !! » Le hurlement déchire le silence établi, mais n’alerte aucunement le chien au pelage clair qui continue sa marche et espère que ses deux compagnons en feront autant. « OUVRIR MA GUEULE POUR AUTRE CHOSE QUE TE SUCER NE T’AS PAS PLU C’EST CA ? » Les murmures s’élèvent, les regards s’entrechoquent et se choquent. Qu’est-ce que ces mots, ici sortis d’entre les lippes d’un si éminent jeune homme ? Ce qu’il raconte est-il vrai ? Quelle est la vraie nature de sa relation avec l’héritier. Loras les entend, ces spectateurs de mauvaises augures, et il les voit se régaler de leur propre surprise. Les couloirs du palais seront habités de ragots et chuchotis des semaines durant. « Ferme-la. » lui aboie-t-il par-dessus son épaule, tout en accélérant sa démarche. Il avance d’un pas rapide, sans se soucier de celui qu’on traine à sa suite, espère simplement qu’il aura le bon sens de se taire d’ici son entrée dans les bas cachots. « Vous voulez être la nouvelle pute préférée du prince ? Je pense que cette place est déjà tentée par sa fiancée ! » Et le gamin ne veut pas se taire, bien trop con pour se laisser faire sagement. Loras, ennuyé par ce comportant digne d’un enfant du plus bas âge - et non d’un digne ambassadeur au beau milieu d’un scandale - se retourne et fonce vers l’imbécile. Il fulmine, et ne s’arrête qu’à quelques centimètres à peine du visage du brun. « Ferme-la, ou je te jure que ton séjour en prison sera beaucoup moins agréable que tu ne le pensais. » Et Cerbère fait signe à ses acolytes, tourne les talons et continue à suivre le dédale des corridors impériaux. La foule se fait de plus en plus intense, et déjà bien des étages sont au courant et de l’arrestation et des vociférations du Griffith. « EST-CE QUE TU JETTES TOUTES TES CATINS EN PRISON DES QU’ON T’ENNUIE ?! » C’est au détour d’un couloir, là où les badauds se font moins présents - si ce n’est quelques domestiques et esclaves - que Loras se jette sur le gamin et lui assène son poing en pleine figure. Aucun ménagement n’a été accordé à l’ancien ambassadeur, et le coup donné traduit la rage enfumant le palpitant du chien. « J’avais dit de la fermer. » Il serre les doigts, serre et desserre son poing, lui-même blessé par le choc. Son souffle se fait lourd, ses prunelles sont bien plus sombres qu’à leur habitude. « Si, désormais, sa non-altesse souhaite obtempérer et rejoindre son nouvel habitat. » Il se rapproche de sa victime, la machoire oppressée par sa froide colère. « Vous n’avez pas le choix, Griffith, alors facilitez-nous la vie à tous. » Et sans un regard de plus pour le maudit, Harlaw tourne les talons et reprend sa descente vers son royaume de poussières.