l'enfance argentée, prélude fissuré ‹ Sybille Swanson, la poussée rousse, faussement précieuse, faussement délicate. Une enfant charmante, née au cœur d’une guerre dont a été soigneusement maintenue à l’écart. Elle a grandit dans la demeure familiale des Swanson, loin des combats qui ravageaient le monde. Une enfance mensongère, une captivité qui apparaissait aux uns et aux autres comme étant parfaitement nécessaire. Avant même de se retrouver rattachée à la couronne par  le lien sacré du mariage, Sybille était déjà traitée comme une princesse, une poupée de porcelaine. La jolie Sybille à laquelle on n’accordait pas la moindre qualité décente. Dernière enfant et unique fille de sa fratrie, elle a toujours trottée derrière ses deux frères aînés sans jamais se voir destinée à les rattraper. Son sexe, elle l’a toujours vu comme une condamnation, un boulet à son pied. l'alliance bleutée ‹ La gamine soufflait ses vingt-et-une bougies lorsque la guerre s’est achevée. Un bain de sang qui voyait naitre un nouveau monde, un monde avec lequel il allait désormais falloir composer. Un monde étriqué, dans lequel elle se voyait offerte la chance de tenir une place de choix. Sa main fut accordée sans que son avis ne soit pris en considération et c’est ainsi qu’elle se retrouvera brusquement fiancée, promise  à un prince. Ses parents en étaient ravis, enthousiastes qu’ils étaient à l’idée de voir leur fille chérie intégrée à la famille royale. C’était là un honneur, voilà ce qu’ils sous-entendaient. Une chance. Un privilège.  Sybille n’a jamais perçu la chose ainsi. Si elle s’attendait à connaître pareil destin, ce n’en fut pas moins un choc pour elle, une saveur amère dans sa jolie bouche. Elle ne pouvait se résoudre à voir dans son mariage arrangé, une véritable chance. Elle entendait bien Sybille, mais elle ne parvenait pas à se réjouir. Elle en venait presque à regretter les temps de la guerre, trouvant à cette paix nouvelle un goût de cendre. Elle n’eut pas le choix cependant. Elle fut joyeusement arrachée à son foyer, pour aller s’enfermer derrière les portes du palais impérial, là où sa cérémonie de mariage s’est déroulée. Elle était somptueuse ce jour-là, apparition diaphane et immuable dans sa jolie robe. Elle arborait une expression sereine, qui n’était rien de moins qu’un masque venu camoufler ses traits. A l’intérieur, elle bouillait, en proie à un torrent d’émotions d’une intensité telle qu’elle doutait de pouvoir bien longtemps le maîtriser. Bien sûr, elle y est parvenue. Elle a prononcé ses vœux, tournant définitivement le dos à son enfance pour épouser sa destinée de femme mariée. la nouvelle princesse ‹ sybille oshun. le nom de son bel époux, le petit frère du roi, devenu sien à l'issue de leur cérémonie de mariage. sybille, elle a mis du temps à accepter cette nouvelle identité. les murs du palais s'étaient refermés sur elle, la laissant en proie à une détresse violente. elle se faisait l'effet d'être rien de moi qu'un animal, une proie cernée de toutes parts par des prédateurs. elle s'était vaguement figurée pouvoir trouver une alliée en camilla, sa nouvelle reine et belle-soeur, mais elle ne lui inspirait guère confiance. les premières années furent pénibles. sybille qui ne manquait pas de caractère peinait néanmoins à se faire une place dans sa nouvelle demeure. son existence la dépassait, elle se faisait l'effet d'être muselée, prise au piège. sa vie pour une autre ‹ ce fut la naissance de sa première fille qui l'arracha véritablement à sa torpeur agonisante. son monde se vit totalement dévisagé par la naissance de son enfant. cet évènement eut aussi pour effet de révéler une part plus insensible et attachante de son époux, le jusqu'alors bien mystérieux marcus oshun. Dès lors le quotidien de Sybille s’est passablement amélioré alors que les pièces de son existence finissaient enfin par se mettre lentement en place. L’enfant n’était plus, devenue mère et la femme naissait enfin, forte et fière. l'allié improbable ‹ son époux, cet homme dont la présence quotidienne lui a été imposée, sybille a dut apprendre à le comprendre avant de parvenir à l'aimer. elle l'a étudiée, comme on cherche le sens dissimulé dans une oeuvre d'art quelconque. s'il lui inspirait au début une méfiance singulière, il s'est avec les années mué en allié. à ce jour, elle a parfaitement confiance en lui. elle est sa confidente première, son malheureux binôme. s'ils n'ont jamais connus (et ne connaitrons certainement jamais) l'amour viscéral dont d'autres aiment à se venter, ils ont néanmoins réussis à développer une relation solide sur laquelle ils aiment aujourd'hui à se reposer. ils sont sur la même longueur d'ondes, dévoués à leur propre sang et constituent un front soudé.

Call me wild, drinking up the sunshine Be my man and show me what it feels like Denim sky unbuttoned down the middle Spilling out little by little ‹ Marcus Oshun, Sybille était de prime abord bien résolue à le haïr de tout son être et de toute son âme. Elle n’était qu’une enfant au corps d’adulte lorsqu’elle fut forcée de quitter son foyer pour se faire passer la bague au doigt. Une alliance forcée. Un chapitre dont elle était rien de moins que la protagoniste principale et qui s’était pourtant écrit sans elle. Elle était furieuse la rouquine alors qu’on la paraît des plus beaux bijoux en vue de son mariage imminent. Elle ne cillait pas, ne pleurait pas, mais elle n’en avait pas moins la rage au cœur. Devenir une princesse. Voilà une ambition qui n’avait jamais été sienne. Elle était trop jeune, trop tête brulée. Tout en sachant au fin fond d’elle que son existence était forcément amenée à se dérouler ainsi, qu'elle ne lui avait jamais véritablement appartenu, elle peinait à courber l’échine, s'abandonnant à la révolte muette. elle était belle, sybille, lorsqu'elle s'est présentée devant l'autel. belle et froide. en ce sens, marcus lui-même n'était en guère reste. le couple nouvellement formé se trouvait mutuellement la beauté froide d'une statue de marbre. deux étrangers, liés de force par un contrat qu'ils n'avaient pas pu contrarier.

il attisait sa curiosité, de la même façon qu'elle attisait la sienne. ils se jaugeaient l'un l'autre, s'observant minutieusement dans une étude sérieuse et silencieuse. un jeu doucereux, pointilleux et délicat. la naissance de leur premier enfant, leur petite fille Thyra, a joué un rôle déterminent en ce sens. ils se souviennent tous les deux très biens de ce jour durant lesquels ils se sont retrouvés quasiment seuls, noyés sous une émotion telle qu'elle a suffit à tisser un lien imperméable entre eux. C’est via leurs nouveaux statuts de parents qu’ils sont réellement parvenus à se découvrir l’un l’autre. Sybille se découvrait une nouvelle raison de vivre quand Marcus, pour sa part, laissait entrapercevoir sous son masque de froideur les prémices d’une personnalité plus attachante. La maladresse timide quoique foncièrement empreinte d’attention et d’affection dont il faisait preuve avec le bébé dans les bras amusait doucement sybille. Elle ne le trouvait pas faible, marcus. Elle ne voyait pas en lui cet un homme friable et fragile maintes fois dépeins. Elle découvrait un homme aimant quoiqu’insécure. Un être foncièrement humain aux antipodes de l’homme glacé qu’elle avait épousé plusieurs années plus tôt. Cette carapace gelée a définitivement volé en éclat quand Marcus a perdu son frère, le roi. Sybille a été l’unique témoin de sa peine. Elle a vu ses larmes perler et s’est employée à réassembler son cœur morcelé. Il lui a parlé de sa conviction comme quoi le décès de son frère n’était rien de moins qu’un meurtre formaté par son épouse, l’impérieuse et impériale Camilla. Sybille elle-même ne manquait pas de douter à ce sujet et elle s’est véritablement liée à son mari alors qu’il laissait jaillir peine et colère, émotions entremêlées dont elle trouvait qu’elles lui sciaient à merveille.

La relation qui lie Sybille et Marcus est née de leurs émotions respectives et contradictoires. Une alliance fondée sur l’amour, mais aussi sur la haine. Après plus de vingt ans de mariage, ils se connaissent désormais par cœur, anticipant toutes les réactions de l’autres. Ils constituent un duo pour le moins soudé qui œuvre dans un but commun : sauvegarder les intérêts de leur progéniture et mettre fin au règne de l’impératrice. Pour cela, ils agissent main dans la main, faisant l’affichage subtile d’un lien que personne ne saurait décemment briser.