i - she’s not standing away because she doesn’t care.
she’s standing away because she cares too much.
Les rires s'élèvent dans les airs. Douce mélodie qui n'arrache pas le moindre sourire à la gamine. Elle se tient, là, sur le balcon. Impassible. Insensible. Princière. Les adjectifs sont nombreux mais aucun n'arrive à expliquer ce changement chez elle. Personne ne comprend, pas même elle. Les paroles de son père coulent dans ses veines comme de l'encre sur un parchemin. Elles s'impriment dans tout son être, dans toute son âme. Elle redresse le menton, ferme un peu plus son coeur et ne fait que fixer sa fratrie avec un oeil morne. Elle leur envie cette innocence et cette naïveté, elle qui en est désormais à tout jamais privée. Elle sent les prunelles de son frère se poser sur elle puis se désintéresser de cette soeur de glace qui est revenue de l'académie. La gamine reste de marbre. Elle essaie de s'en convaincre. Elle se ment. Elle lutte contre les larmes qui l'étreignent et la main invisible qui comprime son coeur. Liza se détourne de ceux qui comptent le plus pour elle et elle le fait pour eux. Elle doit se montrer digne de la couronne d'argent enfermée et des responsabilités que sa naissance lui impose. La belle colombe qui n'a d'yeux que pour la liberté est en réalité enfermée dans une cage dorée. Elle ferme les yeux, elle inspire mais rien n'y fait. Alors elle fait glisser l'air autour de sa peau. Ses mèches blondes virevoltent tandis qu'elle sent vent glacé l'entourer. Elle pose ses prunelles claires sur la servante qui attend près de la porte. Elle incline légèrement la tête et avec un soupire, elle la suit dans le dédale des couloirs qu'elle connaît pas coeur. Les souvenirs d'enfance sont pourtant chassés par l'image du parchemin qu'elle a reçu la veille. Un chantage éhonté. Une vile plaisanterie. Liza la prend pourtant au sérieux puisqu'il s'agit de lui. Andrei. Son frère. La couleur de ses iris devient plus intense, plus foncée, comme annonciatrice d'un orage qui se prépare. Elle renvoie la servante d'un geste de la main tandis qu'elle fixe la porte en bois vernis qui lui fait face. Liza devient Elizaveta, l'héritière des Valaeris. Elle accorde à peine un regard à la jeune fille qui l'attend de l'autre côté mais elle n'ignore pas l'air victorieux qui se dessine sur son visage. Elle est furieuse Liza mais elle n'en montre rien. Elle se tient près de la porte et pose enfin ses yeux sur elle. La forme arrondie de son ventre ne laisse planer aucun doute.
« Princesse Elizaveta. » La gamine sert les dents tandis qu'elle esquisse un geste de la main. Elle n'a que faire des formules de politesses et de la courtoisie. L'air devient glacial à fur et à mesure que la colère de Liza s'intensifie. Un feu bleu brûle en elle et l'importune semble bien le comprendre puisqu'elle se lève afin de faire face à la hautaine princesse qui la jauge avec indifférence.
« Votre présence ne peut signifier qu'une seule chose... » Un sourire méprisant naît au creux de ses lèvres tandis qu'elle lui coupe la parole sans le moindre remord.
« En effet. J'exige que vous quittiez Volastar immédiatement et vous n'aurez aucune représailles pour ce chantage mal venu. » Un hoquet de surprise éprend l'inconnue qui semble comprendre que son rêve de richesse et de prestige semble compromis. Elle porte une main à son ventre comme pour exhiber la raison de sa présence.
« Mais enfin je porte votre neveu ou votre nièce. » Elizaveta reste impassible face à la jeune femme qui tente de toucher une corde sensible. Quelques années auparavant, elle aurait sûrement été la première à lui accorder son aide. Désormais, elle sait que le monde et son peuple est vil et corrompu. La princesse sent ses ongles se refermer sur la paume de ses mains tandis qu'elle appelle tout l'air présent dans la pièce à elle. Sa colère semble vibrer dans l'atmosphère tandis que l'inconnue commence à suffoquer, les yeux écarquillés et les mains autour de sa gorge.
« Vous me pensez assez stupide pour croire que vous portez bien là l'enfant de mon frère ? Tout le monde connaît sa réputation mais lui non plus n'est pas assez bête pour engendrer un bâtard avec une femme de votre genre. » Liza n'en est pas certaine. Elle joue à un jeu dont elle veut sortir gagnante. Lorsqu'elle libère ses poings, l'air s'engouffre de nouveau dans la pièce, offrant à l'inconnue un répit de courte durée.
« Dites moi la vérité maintenant, vous m'avez assez fait perdre de temps. » La jeune femme glapit tandis qu'elle semble saisir l'ampleur de son erreur. Le chantage est méprisant et encore plus quand il est adressé à une Valaeris. Liza replie de nouveau les doigts devant elle, lentement comme pour lui signifier l'agonie à venir.
« Non. Arrêtez s'il vous plaît. Je... C'est faux. J'espérais obtenir quelque chose de... » « Partez et ne revenez jamais. Pour votre vie et celle de votre enfant, ne mentionnez plus jamais notre famille. » Une lueur menaçante brille dans ses prunelles tandis qu'elle claque des doigts. Un servant s'empare de la pauvre fille et la laisse avec une pièce vide et sa propre furie. Liza sent un poids céder en elle tandis qu'elle contrôle les tremblements qui secouent son être. Elle ne flanche pas mais elle peine à recouvrer son calme.
« Tu as bien fait Liza. Tu as protégé ton frère et ta famille. » La main d'Oleg Valaeris se pose sur son épaule tandis qu'elle ferme les yeux. Elle s'est fait une promesse la gamine. Elle ne veut pas d'une couronne si elle ne peut pas protéger ceux qui comptent pour elle.
ii - who we are and who we need to be
to survive are two different things
La robe pâle de Liza frôle le sol glacé du palais tandis qu'elle fronce les sourcils à l'approche du bureau de son père. Le servant qui est venu la quérir au beau milieu de la nuit évite son regard tandis qu'il la guide à l'aide d'une chandelle vers la porte en bois massif. Sans un mot, il la laisse là tandis qu'elle fixe avec appréhension la poignée. Un mauvais pressentiment lui vrille les entrailles tandis qu'elle pénètre dans la grande salle illuminée par le seul foyer qui meurt dans la cheminée. Le regard perçant de Oleg Valaeris se pose sur elle et c'est avec un air grave qu'il l'invite à s'asseoir. Liza reste silencieuse, plus par peur que par respect. Elle sent le malaise qui émane de son père tandis qu'il se tient devant elle en cherchant ses mots.
« Ma fille, ce dont je vais te parler doit rester entre nous. Que tu y consentes ou non, tu devras garder le silence. » Le coeur de Liza rate un battement tandis que ses plus grandes peurs se réalisent devant ses yeux effarés. Le mariage. Elle craint déjà l'annonce que son père va lui faire. Elle se prépare déjà à protester quand il lève la main pour la faire taire.
« Nous allons provoquer la mort d'Isaiah Griffith, Liza. » L'horreur se peint sur son visage tandis que le choc la laisse sans voix. Le visage du jeune garçon lui revient en mémoire tout comme celui de Adonis. Adonis qu'elle connaît. Adonis le meilleur ami de son frère. Andrei. Liza secoue légèrement la tête comme pour ignorer leurs visages et oublier leurs rires.
« Père vous ne pouvez pas faire cela. Pensez à Andrei. Pensez à ce que cela provoquera s'ils savent que c'est les Valaeris qui ont ôté la vie d'un des leurs. » Un sourire énigmatique se dessine sur le visage de son père. Liza détourne le regard tandis qu'il semble vouloir pervertir le coeur de sa fille à tout jamais.
« Ils ne le sauront jamais. On s'arrangera pour qu'ils accusent les Osanos. » Le malaise gagne prodigieusement la jeune femme qui lutte contre une envie irrésistible de fuir et d'oublier tout ce qu'elle vient d'entendre.
« Mais pourquoi ? Pourquoi infliger cela aux Griffith ? » Son père s'approche un peu plus tandis que Liza lève les yeux devant l'ombre qui naît sur son visage. Le silence s'étire, de plus en plus insupportable.
« Nous n'avons jamais oublié Liza. Tout comme nous n'avons jamais pardonné aux Griffith d'être responsables de la mort de tant de maîtres de l'air. » Les yeux de la gamine s'écarquillent davantage. Elle sert ses bras contre sa poitrine, comme pour faire taire les images de la guerre qui se dessinent devant ses yeux. Des cris du passé lui reviennent en mémoire. Le souffle saccadé, c'est à peine si Liza prête attention aux paroles de son père qui poursuit son discours sans faire attention à sa fille.
« Et par dessus tout, nous n'excuserons jamais le massacre des Zhirova. » Le calme envahit Liza à la mention de la famille natale de sa mère. Si elle comprend que le massacre du peuple de la nation de l'air puisse motiver pareil dessein, elle est pourtant certaine que c'est surtout la revanche de sa mère qui est au coeur de ce noir projet. La gamine n'en dit pourtant rien. Elle aussi pleure les vies qui ont été arrachées à Aerinstin pendant la guerre. Elle plus que quiconque sait ce que cela fait de vivre une guerre, encore plus lorsqu'on est enfant. Alors Liza se tait, partagée entre les morts qui crient vengeance et l'amitié et la morale qui lui crient de n'en faire rien.
« C'est pour le bien de notre nation, Liza. Pour toutes les morts. » Mais Liza n'écoute plus. Une guerre la déchire de l'intérieur. Son coeur se sert lorsqu'elle entend sa voix s'élever comme dans un rêve.
« Et en quoi une mort peut elle payer pour tant d'autres ? Isaiah Griffith n'a pas de sang sur les mains. » Le souffle de son père se fait plus fort.
« Mais ses parents se sont pourtant baignés dans des rivières de sang. » Elle veut protester Liza. Elle veut faire entendre raison à son père qui s'apprête à perdre son âme.
« Nous devons le faire, Liza. Si nous ne pouvons pas venger les nôtres, alors nous ne sommes pas dignes de diriger cette nation. » Mais est-ce être digne que de tuer un innocent au nom des pêchés de ses parents ? Est-ce digne de sacrifier la vie d'un homme pour justifier la mort d'inconnus ?
C'est ton peuple Liza. Ta responsabilité. Les lèvres tremblantes, la jeune femme se lève sous l'oeil perplexe de son père. Elle-même ne sait pas ce qu'elle va faire. Le coeur meurtri, la jeune femme ne bouge pourtant pas. Elle demeure immobile devant le destin qu'elle va se forger, devant le crime dont elle va se rendre coupable.
« Très bien père. Expliquez moi comment vous allez vous y prendre pour éliminer un innocent Griffith sans entraîner la chute de notre nation. » Il y a une accusation dans sa voix. Un reproche pour vouloir prendre la vie d'Isaiah et salir les mains de son héritière avec son sang. Elle lui en veut Elizaveta. Elle le hait à cet instant précis mais son devoir passe avant tout. Les morts réclament justice même si celle-ci n'est pas légale. Bientôt, c'est Isaiah qui viendra la hanter pour exiger d'elle la même chose.
iii - ain't you ever seen
a princess be a bad bitch ?
Elle contemple en silence la voûte étoilée. Elle est fascinée Liza, elle l'a toujours été devant tant de beauté. Elle ne compte plus le nombre de fois où elle a supplié Andrei de représenter le ciel nocturne dans ses croquis. Les constellations brillent encore sur les parchemins vieillis par le temps qu'elle garde précieusement dans ses appartements. La musique résonne depuis quelques heures déjà. L'héritière des Valaeris s'est enfuie de la fête donnée par sa famille. Elle n'en est pas fière mais elle n'a pas eu le choix lorsqu'elle a vu Adonis se mêler aux danseurs avec Andrei. La gamine ferme les yeux tout en gardant à l'esprit le regard insistant de son père. Il compte sur elle. Elle ne doit pas être faible. Liza connaît le discours par coeur. Son père ne fait que de s'assurer qu'elle ne cause pas leur chute à tous. Mais comment le pourrait-elle. Elle aime trop sa nation et sa famille pour les trahir Liza. Elle est trop fidèle et c'est ce qui a causé cette malédiction. C'est ce qui l'a poussée à conduire indirectement un innocent à la mort. Ses doigts se crispent contre la pierre polie de la balustrade tandis que ses larmes coulent sur ses joues d'albâtre. Elle ne s'autorise guère ces instants de faiblesse Liza. Elle s'est forgée une armure de glace. Elle a bâti des murs d'acier autour de son coeur. Alors quand elle sent une main s'emparer de sa taille et un souffle se répercuter sur la peau de son cou, la jeune femme ne peut s'empêcher de sursauter avant de se figer en reconnaissant l'odeur du nouveau venu.
« Adonis. » Des lèvres se posent sur sa peau tandis que tout son corps se fige d'horreur. Ses efforts pour l'éviter n'ont servi à rien. La voilà confrontée à l'un de ses pires cauchemars. Elle voit Isaiah dans son sourire, dans l'éclat de ses yeux et dans les moindres traits physiques d'Adonis. Isaiah. Au souvenir du visage du malheureux, Liza se dégage de l'étreinte du jeune homme. Elle tente de rester impassible mais c'est à peine si elle peut le regarder dans les yeux.
« Je suis désolée Adonis, je ne suis pas d'humeur. Ton abruti d'Oshun me rend folle. » C'est la vérité mais le trouble s'invite dans le regard du Griffith. Ce n'est pas dans les habitudes de Liza de se soustraire à sa présence. Avec un sourire navré, la jeune femme s'enfuit de nouveau. Sa robe argentée et ses cheveux pâles sous la lune donnent l'impression qu'une étoile filante file dans les couloirs du palais. Les poumons de Liza sont en feu quand elle arrive enfin dans les jardins. Elle se laisse choir sur un bord de la fontaine et plonge de nouveau ses prunelles désespérées dans le ciel étoilé. Elle se laisse distraire suffisamment pour laisser le temps à une silhouette de la rejoindre. Lorsqu'elle baisse les yeux, la colère surpasse immédiatement le désarroi qui enserre son coeur entre ses griffes impitoyables.
« Et voici la petite pleurnicharde. Tu veux peut-être un mouchoir ? A moins que ta robe hideuse soit là pour cela. » Un sifflement s'échappe des lèvres de Liza tandis que l'air semble tourbillonner autour d'elle. Maven Oshun a mal choisi sa soirée pour lui asséner des piques. La jeune femme se lève en un éclair et une lueur dangereuse s'illumine dans son regard d'un bleu sombre. L'air se comprime autour d'eux même si Liza n'en souffre aucunement. Un sourire mauvais s'étire sur ses lèvres.
« Ne me provoque pas Oshun. Tu sais que c'est très douloureux de sentir son corps être privé d'air ? De sentir ses poumons irradier sous la douleur ? Une petite pression et tu ne serais plus qu'un souvenir. » Elle s'approche lascivement du jeune homme en proie au manque d'oxygène. Elle sait ce qu'il pourrait lui faire. Le feu peut être redoutable quand il est manié par un monstre mais on a besoin d'air pour vivre. Un feu a besoin d'air pour subsister. Sa main relève le menton de Maven avec une flegme peu habituelle. Elle admire son visage pâle avec satisfaction avant de relâcher l'air. Elle le laisse ployer tandis que l'air revient dans ses poumons. Liza laisse échapper un rire moqueur tandis qu'elle s'éloigne en dispersant ses derniers mots dans le vent.
« Tu n'es pas le seul monstre ici, Maven Oshun. » Une tristesse infinie s'empare d'elle tandis qu'elle rejoint le bal l'air de rien. Elle a recouvré son masque de princesse. Elle salue les dignitaires, accorde une danse à un noble de sa nation et s'intéresse aux dernières mondanités comme si rien ne s'était passé. Elle laisse pourtant un nouveau sourire se dessiner sur son visage lorsqu'elle aperçoit Maven revenir des jardins, les joues en feu à cause de la colère.
iv - believe me i'm fine
but i'm lying i'm so very far from fine
Une voix. Cela commence toujours comme cela. L'écho d'une voix qui devient de plus en plus fort jusqu'à ce que cela devienne insupportable. Puis le silence. Le néant avant d'entendre une voix lui chuchoter à l'oreille tout doucement.
Pourquoi m'as-tu tué ? C'est ainsi que le cauchemar commence. Elizaveta ouvre les yeux sur une pièce vide où repose un corps sans vie entouré d'une mare de sang. Des mots s'échappent de ses lèvres tandis qu'il fixe les ténèbres qui se referment progressivement sur elle. Liza a beau supplier elle tombe toujours dans l'obscurité la plus totale. Elle entend les accusations et les cris. Elle revoie les funérailles et la douleur des Griffith. Sauf que lorsqu'elle baisse les yeux sur ses mains, ce n'est pas les mains gantées de noir qu'elle voit mais ses propres mains tâchées de sang argenté. Elle se réveille en hurlant toujours à cet instant du cauchemar. Mais cette nuit, c'est différent. Le cauchemar laisse place à un souvenir encore plus terrible. Le lendemain de l'enterrement, la jeune femme s'était éveillée dans la salle de musique. Assise devant son piano, elle avait baissé ses prunelles sur ses mains en sang. Elle avait joué dans la nuit sans discontinuer, portée par le besoin d'extérioriser sa culpabilité. Une litanie qui avait duré toute la nuit sans que personne n'entende. Son père était alors encore dans la nation de la terre avec son épouse, tout comme Andrei était avec Adonis. Elle était restée seule à s'abîmer sur l'instrument de musique. Lorsque son mêlé l'avait trouvée au beau matin, il avait poussé un hurlement de terreur en voyant l'état de ses doigts. Le bout de ses doigts n'était qu'un amoncellement de chair meurtrie. Les touches pâles du piano étaient souillées par son sang argenté. En silence, son mêlé avait fait disparaître l'inavouable. Il avait fait venir un soigneur payé grassement pour tenir sa langue. Liza était restée prostrée dans un mutisme inquiétant. Malgré tous les efforts de son adiutor, la jeune femme avait refusé de se montrer toute la journée. Ce n'est que lorsqu'elle avait fait pour la première fois ce cauchemar qu'elle avait enfin daigné à parler en poussant un hurlement strident. Son mêlé avait alors accueilli la vérité avec un calme déconcertant. Il avait tenté de la rassurer mais comment peut-on le faire quand son âme est à jamais souillée ? Pour la deuxième fois de sa vie, Liza laisse échapper un hurlement d'effroi lorsqu'elle revient à elle. Les draps ramenés à elle, le coeur battant à cent à l'heure, elle tente de retrouver le calme mais c'est peine perdue. Elle voit des lumières se balader dans le couloir et la peur s'éveille. Elle se jette sur la porte qu'elle ferme à double tour tandis qu'une voix inquiète s'élève de l'autre côté.
« Liza ? Tu vas bien ? Ouvre moi cette porte ! » La gamine essaie de contenir ses sanglots et elle n'esquisse pas le moindre mouvement pour obéir à son frère. Elle rêve pourtant de se jeter dans ses bras, de tout lui avouer et de le supplier de le pardonner. Il tambourine contre la porte mais elle ne cède pas à l'instar de la détermination de Liza. Au bout d'une heure, le silence retombe mais la peine de Liza n'a pas disparu. Tremblante, elle se jette sur la coffret en bois qu'elle cache sous son lit. C'est son plus grand réconfort. Un coffret ne recélant que de l'amour. Elle disperse les croquis de son frère, une photo de famille, des lettres et des objets du passé. Entourée par ses reliques, c'est à peine si elle arrive à se remettre de ce cauchemar et de ce souvenir entremêlés. Il lui semble bien entendre la porte s'ouvrir mais elle ose à peine lever les yeux. Lorsqu'elle entend la serrure se refermer de nouveau et une silhouette s'approcher, elle ferme les yeux. Les bras de son adiutor entourent alors de ses épaules tandis que les sanglots reprennent une vigueur démesurée. Elle ne se rendort que des heures plus tard, un croquis de deux enfants blonds posés contre son coeur et avec la voix de son adiutor qui lui chante doucement une berceuse. La princesse de Aerinstin, héritière des Valaeris s'endort alors comme une simple enfant apeurée par la vie et les monstres qui y vivent.