Tu le sais. On te l’a dit il y a plusieurs jours déjà. Mais la nouvelle ne se digère toujours pas. Neuf mois à aimer un enfant qu’on porte en soit, dans ses entrailles et voilà que la nature vous l’arrache. Pourtant on vous a dit qu’il n’avait rien, qu’il n’y avait aucun problème. Alors pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu te sentais mal à chaque nouvelle étape ? Pourquoi est-ce qu’il refusait de prendre le sein ? Pourquoi est-ce qu’il ne vivait pas … ? Tu regardes le corps du petit, de l’être trop aimé. Tu le regardes probablement pour la dernière fois alors qu’on lui donne de la morphine. Tu serres la main d’Isaak en espérant que tout ne changera pas. Tu lui écrases les doigts comme pour lui demander de faire quelque chose alors que la vie se retire de ton bébé. Ton enfant. Votre enfant. Il pousse son dernier souffle et tu pleures. Tu pleures parce que tu ne peux rien faire d’autre. Treize jours … Seulement treize, et pourtant il n’aurait pas dû vivre tout ce temps qu’on te dit. Un réconfort ? Foutaise. Tu fusilles du regard le médecin qui aurait dû savoir, qui aurait dû voir au lieu de te passer de la pommade une fois que le mal est fait. Mais le petit bonhomme fort dort, là, pour l’éternité. Et dans vos cœurs à jamais.