Quelque part, dans un bureau au cœur du palais, le nouvel ambassadeur d’Eartanera pousse un long soupir en se renversant sur son fauteuil. Chaque fois qu’il pose ses yeux sur quelque chose, il reconnaît la patte d’Adonis. Chaque chose qu’il touche, il ne peut s’empêcher de penser que c’est Adonis qui l’a choisie pour qu’elle soit ici, dans cette pièce qu’il a conquise comme étant sienne, comme il l’avait fait dans leur propre palais, à Greenstall. Ce bureau respirait Adonis. Ce cousin dont il avait pris la place. Ce sentiment de honte et de culpabilité ne cessait de l’envahir, à chaque fois qu’il se retrouvait ici trop longtemps, mais que pouvait-il faire d’autre ? On lui avait proposé le poste en urgence, et il aurait été complètement fou de refuser. Ici, il pouvait continuer de gérer les affaires de son cousin. Et il était l’une des personnes le connaissant le mieux : il se retrouvait parfaitement dans le système de classement d’Adonis, et connaissait la plupart des espions composant l’étroit réseau qu’il avait tissé. Sa proximité avec Adonis en faisait le remplaçant parfait, et Isaak savait qu’on comptait sur sa reconnaissance pour trahir les siens à la première occasion.

C’était mal connaître les Griffiths. Mal connaître Isaak. Il n’avait accepté ce poste que par crainte qu’une autre personne ne fouine dans les papiers de son cousin et ne trouve des choses compromettantes.

En attendant, il est là, dans un habit trop grand pour lui, dans un endroit trop lumineux, lui qui a l’habitude de la sérénité des ombres. Au cœur d’un nid de serpents duquel il a du mal à se démêler. Isaak aime regarder les choses de loin pour avoir les idées claires. Il est celui qui observe le champ de bataille depuis une colline et qui embrasse tous les combats d’un simple regard. Il n’est pas celui qui se plonge tête baissée dans l’affrontement. Il n’est pas Adonis. Et ici n’est pas sa place.

Isaak se lève et sors de son bureau. Il emprunte une série de couloirs et d’escaliers pour parvenir jusqu’aux jardins et, d’un pas assuré, se dirige vers un endroit un peu plus isolé que les autres. Son refuge dans cet endroit toujours grouillant de monde. Plus ça va et moins il n’arrive à supporter l’ambiance lourde de cet endroit, ces personnes qui attisent sa méfiance, ces bruits sur son passage. Il sait comment il est considéré par certains. Et même s’il n’en dit rien, même s’il laisse glisser ces rumeurs sur lui, il n’empêche que quotidiennement, elles attaque sa carapace d’indifférence. Derrière un bosquet, oublié de la plupart des passant, un petit banc de pierre vient accueillir les fesses d’Isaak. Il fait chaud encore pour cette époque. L’ambassadeur ouvre le premier bouton de sa chemise et ferme les yeux quelques instants. Avec un peu d’imagination, il pourrait se croire revenu à Greenstall en plein été, un vent frais lui balayant le visage.

Quand il les rouvre, il y a une créature qu’il pensait ne plus jamais avoir à croiser qui passe dans son champ de vision. La façon dont elle l’observe l’intrigue et en silence, il lui rend son regard.

Il la trouve belle, ainsi, au milieu des fleurs entretenues à la perfection de ce jardin impérial. Déjà plus jeune, il savait que sa beauté enfantine allait engendrer la femme fière et magnifique qu’elle est devenue. « Il fut un temps où j'aurais adoré que tu me regardes de cette façon. » Il esquisse un sourire, parce qu’il se souvient très bien de l’impact qu’il avait sur elle, un peu moins de dix ans plus tôt. Il était un de ses amours de jeunesse, alors que pour lui, elle était encore une petite fille qui lui rappelait sa jeune sœur.  « Un temps où les vies n'était pas échangée. Un cousin pour un père. Mh... Est-ce que ça le ferra revenir? » Le sourire d’Isaak se fige pour disparaître. Il se sent attaqué alors même qu’il a baissé la garde, et déteste le sentiment de vulnérabilité qui s’empare alors de lui.« Ta beauté m’a fait oublier que nous sommes ennemis, chère Nevenka. »Le nom roule et tape dans sa bouche, sensible qu’il est aux sonorités lui rappelant son propre nom. Si chez lui elles évoquent les craquements de la terre, chez elle c’est ceux du ciel et du tonnerre. Il ne baisse pas le regard et l’affronte. Lui aussi a sa fierté. Une fierté toute familiale, un nom qu’il défend bec et ongles contre tout celles et ceux qui l’attaquent. « Comment un affront peut-être lavé autrement que par le sang ? Ton père a fait couler le nôtre alors que nous étions amis. C’est certes un moyen barbare, mais je n’en vois pas d’autre. » Il hausse les épaules, comme s’ils échangeaient des banalités, alors qu’ils parlent de la vie des leurs. Il se détache de tout cela, Isaak. Les sentiments bassement humains l’empêchent de voir l’échiquier dans son ensemble. Une vision d’ensemble du monde qui fait de lui un être froid, et il en a conscience. « Que t’arrive-t-il, petite Nevenka ? S’intéresserait-on enfin à la politique ? » Il ne bouge pas de son banc de pierre, refusant de se lever pour être à sa hauteur. Il se sent mille fois plus grand qu’elle, de toute manière. Isaak représente sa famille au sein de ce nid d’ennemis. Il se doit d’être fort, fier, et noble. Ce n’est pas une petite fille à peine sortie de l’adolescence qui fera flancher ses positions. C’est le nom plein d’arrogance et de supériorité qu’il continue : « Je vais te donner une petite leçon de diplomatie. Sache que les Griffith n’attaquent pas : ils ne font que se défendre. Alors apprends aux tiens à rester à leur place, où d’autres têtes peuvent encore tomber. » C’est un avertissement, et il n’essaie même pas de s’en cacher, trop en colère qu’il est contre ceux ayant attenté aux siens.

Elle n’a aucune limite. Elle le frôle, si proche que son parfum couvre celui du buisson de roses près du banc sur lequel il s’est assis. Tout en elle est langueur, tentation, tout en elle respire le désir, mais Isaak résiste. Ses cheveux blonds comme les cieux rappellent à Isaak qu’elle est une Valaeris, que son père a ordonné le meurtre d’un Griffith, que sa famille a pu atteindre la sienne avec une facilité déconcertante. « Ne fais pas l'erreur de faire payer une famille entière pour les péchés d'un seul homme, mon ange. » lui -t-elle presque. Isaak, presque d’une tape, écarte la fine main qui joue sur sa cuisse. Il serre les dents alors qu’elle se remet debout et qu’elle lui fait relever la tête d’une presque caresse. Les yeux d’Isaak sont des océans gelés par la colère. « Faites ce que vous voulez de mon père, vous les Griffith... Pour ce que j'en ai a faire... » Elle a une conception toute autre que celle d’Isaak. Le maître de la terre ne la comprend pas. « Mon ange, tu m'as l'air particulièrement tendu... » Ca y est. Il explose. Il se relève, l’écarte, attrape ce poignet si frêle quil pourrait se briser dans sa poigne, et lui aboie froidement dessus un « Je ne suis pas ton ange. » Il l’affronte du regard. Ce qu’il voit dans celui de la belle le met en colère. Elle s’amuse avec lui, le si sérieux Isaak Griffith. Elle veut le pousser. Et le pire, ce qui exaspère Isaak au plus au point, c’est qu’elle y parvient. Sans doute que dans d’autres circonstances, il aurait su lui répondre avec le sourire et jouer cette partie d’échecs comme il sait le faire. « Même après ce qu’il a fait, tu devrais plus de respect à ce père. C’est pour ça que je me méfie de toi et des tiens, vous ne savez pas ce qu’est une famille et vous êtes capables de vous trahir. » Il parle avec ce qu’il a au fond du cœur, une franchise plus que brute, parce qu’au fond, n’est-ce pas par la famille qu’Isaak vit ? Qu’il justifie tous les gestes qu’il fait, qu’il mène sa vie, chaque bouffée d’air qu’il l’inspire, il le fait pour les siens. La couronne de granit qui reviendra sur la tête de son cousin. Ce peuple que l’empire saigne et dont les Griffith sont les légitimes souverains.
Il la regarde encore et le temps file en de longues minutes de silence. Le bruit de la cour, si proche d’eux, viennent retentir jusqu’à ce coin reculé de jardin, à peine protégé par quelques bosquets et un arbre qui trône, fier, en paravent naturel. La voix dIsaak se fait plus basse, mais pas moins tranchante, alors qu’il brise le silence : « Que viens-tu faire ici, Nevenka ? Pourquoi est-ce que tu me cherches ainsi ? Serais-tu encore hantée par tes envies de petite fille à vouloir attraper mon regard et mon attention ? »

Son rire éclate comme une bulle de savon. Il couvre les bruits alentours, il capte la vie comme un diamant s’empare de la lumière pour briller plus encore. Elle est belle, la femme-enfant, cest indéniable. Il la laisse jouer. La laisse approcher, désirable, et ne bronche pas quand la distance n’est plus rien. Soutient son regard. La jeune adolescente qu’elle était avant a laissé place à une jolie fleur rebelle, et ça lui plaît. Malgré le fait qu’elle soit fille de l’ennemi, malgré le fait qu’elle soit plus jeune et pas vraiment son type. Non, Isaak les préfère brunes, discrètes, un peu fragiles. Elle est blonde, extravagante, et sans doute plus ravagée qu’elle ne le suppose elle-même. Et elle a raison. Elle a toute son attention, même s’il lutte contre. Elle le tente et c’est insoutenable. Pourquoi ne la repousse-t-il pas lorsqu’elle dépose un baiser sur sa beau, pourquoi ne se fait-il pas violence et ne s’affirme-t-il pas ? Il la maîtriserait sans encombre, il l’avait fait une première fois. Mais Isaak est un joueur. Le fils de la terre, sûr de lui, sûr de ses charmes et de ses avantages. Elle tombera la première. Ces mots s’ancrent dans son esprit, d’un seul coup, et la tension de ses muscles disparaît. « Alors tu veux de moi, maintenant ? » Un sourire joueur se dessine sur ses lèvres. « C’est pour ça que tu t’es détournée de ta route pour venir à ma rencontre ? Avoue, Nevenka, tu es capable de venir après toutes ses années réclamer quelque chose que tu crois t’être dû. » Il se reprend, le Griffith, la fierté lui envahit les entrailles afin de ne laisser place à aucun autre sentiment. Elle joue, il va jouer aussi, mais c’est elle qui sombrera. Il veut qu’elle se voie telle qu’elle est, il veut lui tendre le miroir pour qu’elle se rende compte des ravages de son être. Pourquoi ?
Pour s’amuser. Lui aussi.
« Pourquoi as-tu besoin de mon attention, Neve ? Pourquoi as-tu besoin que je te désire ? » Il touche une corde sensible, il le sent, il sait ces choses -là. Il touche ce qui fait d’elle une menace pour elle-même. Ce qui fait qu’elle est capable de s’auto-détruire., la belle enfant des cieux. Elle est belle, mais derrière cette apparence de femme fatale se cache une gamine dont les blessures sont si béantes qu’elle doit souffrir le martyr à chaque battement de cœur. « Est-ce que ça te soulagerait, de me voir dans tes bras ? et si oui, pour combien de temps avant que tu te trouves une autre victime ? »

Il la voit se briser sous ses yeux, et malgré tout vouloir rendre la pareille, mais l’enfant revient et prend la place de la femme fatale qu’elle semble vouloir être. Cet être en équilibre entre deux natures lutte pour que sa fragilité ne fasse pas surface, et essaie tant bien que mal de donner le change. C’est comme si Isaak regardait derrière le voile et qu’il redécouvrait la petite fille qu’il avait un jour croisée. La simple pensée de la savoir si vulnérable à ses mots le fait se rappeler de toutes leurs années d’écart, de toute cette maturité qu’il a accumulée et pas elle. Il se rappelle aussi que qu’il est grand frère et que Neve lui rappelle beaucoup trop cette sœur qu’il surprotège. Elle a des airs de poupées, elle aussi, elle pourrait se casser si l’on ne prend pas soin d’elle.  Pourtant, il ne la repousse pas alors qu’elle vient voler ses lèvres, les doigts dans ses cheveux, pressentant qu’un rejet terminerait de briser la belle qui se presse contre lui. Pas encore. Le souffle de Neve est chaud contre sa bouche, elle se fait douce et désirable pour le faire succomber, mais Isaak n’en a plus envie. Il n’a pas non plus envie de la protéger. Il sait qu’elle est en manque, mais il refuse d’être sa drogue. Il refuse d’être utilisé, parce qu’il l’est déjà bien assez.
Qui plus est, elle est de ce sang qui a fait couler le sien. Ca pourrait être complètement absurde, mais pour l’enfant de la terre qu’il est, si attaché aux siens, si attaché au fief où il a grandi et aux gens qui scandent son nom, il ne s’abaissera pas à se fondre dans ses bras qu’elle rend pourtant accueillants pour lui. Sa bouche est close et le baiser n’est qu’à sens unique. Ses mains ne cherchent pas la peau de la belle, dans des gestes qu’il a pourtant milles fois faits. Isaak est froid, stoïque, il est l’imperturbable montagne qui ne se fend que sous les colères de la terre mère. Il attrape ses mains, lentement mais sans douceur, et la détache de lui. Leurs bleus se croisent encore et ceux d’Isaak sont glacés. « Tu es malade. Mais je ne suis pas celui qui te guérirait. » Ses doigts se serrent autour des fins poignets de l’oiseau des cieux. « Tu sais que si je n’avais aucun honneur, je profiterais de ta faiblesse pour mieux venir te frapper, Neve. Que dirait ton grand frère s’il savait que sa cadette se donne au premier homme qu’elle voit ? Que dirait ton père ? De savoir que sa fille est tellement malade que son seul moyen de faire semblant d’être normale est de se coucher sous chaque homme un peu plus vieux qu’elle ? » Peut-être qu’elle a déjà dépassé cette honte, peut-être pas. Peut-être qu’il l’identifie trop à sa sœur pour comprendre comment elle fonctionne. Peut-être qu’il est déjà trop tard et qu’elle est déjà en miettes.

Terre contre ciel, l’élément de la belle répond à la peur qu’Isaak sait lui inspirer. Elle est brusque quand elle s’échappe, elle est noire comme jamais lorsqu’elle le regarde à nouveau, blessée à la manière d’un animal qui cherche à se défendre malgré la douleur qui lui transperce le flanc. Elle l’attaque en se collant tout près de lui, elle envahit sa zone de confort, réduit à néant les distances socialement correctes. Elle n’a rien à faire du socialement correct. C’est à son tour de dénicher chez lui une zone d’ombre, une faiblesse, une manière de penser qu’il sait quelque peu arriérée et qui pourrait causer du tort à son influence. Dans ce monde gouverné par une femme, il sait qu’il pense encore avec un schéma mental d’une autre époque. Les rares héritages que son père a réussit à lui inculquer.
Elle est franche, n’a pas peur d’utiliser des mots durs pour lui parler et pour cracher son venin comme un chat qui se défend. Une part d’Isaak est impressionnée par le charisme qu’elle dégage, l’autre a juste envie de l’écraser pour gagner le jeu terrible qui s’est instauré entre eux. « Je ne m'excuserais d'être celle que je suis. Surtout pas à toi, mon mignon. Tu n'es qu'un moralisateur qui s'arrête à un nom, à une idée... Tu crois que tu vaux mieux que moi? » Bien sûr. Isaak a une trop forte estime de lui, une fierté toute eartanerienne qui a fait son éducation. Les maîtres de la terre sont supérieurs aux autres peuples. Cette fierté se conclue en un mépris des autres nations, voire presque de la xénophobie dans les cas les plus extrêmes. Il est de la famille royale de la terre. Il est de ceux qui veulent qu’Eartanera s’émancipe des autres nations car il la sait capable de s’auto-gérer. Il se sait appartenir à une nation supérieure, et d’être le représentant d’un peuple meilleur que les autres. Un simple sourire s’affiche pour toute réponse. Il ne dira rien qui pourra être retenu contre lui, mais rien que dans cette attitude suffisante qu’il affiche alors, Nevenka a sa réponse. « Tu me penses sans doute méprisable pour la manière dont je pense, mais au moins, j’ai des idéaux pour lesquels je me sacrifie. La différence profonde entre toi et moi est là. Je porte un masque pour pouvoir agir en faveur de ce que je pense. Et toi, tu n’as rien qui te motives à faire de même. Affiche ta franchise comme un état d’esprit, pour moi, c’est juste le signe que tu ne sais pas à quoi consacrer ton existence. »

La brutalité de ses doigts contraste avec la douceur acide du surnom dont elle l’affuble. Elle est belle et horrible à la fois, Isaak se perd dans la profondeur de son regard d’une clarté exceptionnelle, avant de se reprendre. Il sourit quand elle le perce à jour, se tend quand sa peau reçoit son baiser. Peut-être bien qu’il la sous-estimait. Sans doute qu’il surestime les siens et ce qui unit les membres de sa famille. Mais c’est ce qui le rend fort. Il est l’arbre dans la forêt, sans arbre la forêt n’existerait pas, et sans forêt les arbres seraient seuls contre les éléments. C’est une exacte image de ce que les Griffith incarne pour le fils de la terre, ce que représente le peuple de la terre plus largement. Et il n’allait pas laisser cette gamine, cette femme-enfant, lui défaire tout ce qui constituait son univers.

« Tu te leurres. Je n'ai pas besoin d'un nom ou d'un statut pour me faire mes propres idées sur le monde dans lequel je vis. Mes propres combats n'influencent nullement mon amour pour les miens, même si, comme pour mon père, je ne suis pas d'accord avec ses actions... » C’est là quils sont complètement différents. Elle est unique, il est la multitude. Elle sort du lot, elle se détache, lui est liée jusqu’à ses entrailles, jusqu’au plus profond recoin de son âme. Elle sait penser par elle-même, il ne pense que pour les siens. Et c’est pour ça qu’ils sont incompatibles. Incompatibles comme l’air, si léger, et la terre, si lourde, ces éléments qu’ils représentent.

Il s’échappe à nouveau, et remet le col de sa chemise en place. Il y a comme une tige de fer qui se glisse contre sa colonne vertébrale et qui le rend rigide. Qui lui fait soulever le menton. Qui donne à son regard cet aspect hautain, cette lueur de fierté. « Ne sois pas si imbue de toi-même, Neve. Tu n’es pas unique. Tu n’es qu’une pièce sur un échiquier, comme nous tous, et plus vite tu le remarqueras, plus vite tu seras utile à ton camp. » Il ne comprend pas sa manière de voir le monde, car elle est complètement différente de la sienne. Il ne comprend pas comment elle peut se sentir aussi unique, lui qui a si peur de la solitude. C’est un dialogue de sourd et Isaak est tellement fermé que même en le confrontant, même en heurtant ses idées aux siennes et en faisant tout s’entrechoquer, rien ne peut lui faire changer d’avis. « Maintenant, tu m’excuses mais je n’ai plus le temps de jouer avec toi. A une prochaine fois, ma belle. Et rappelle-moi de ne pas perdre mon temps à te parler pour qu’on puisse s’amuser. » Il attrape une mèche de ses cheveux, y pose un baiser, puis se retira dans les chemins des jardins vers ses bureaux, faisant tourner ses méninges sur les affaires pressantes de ses dossiers afin de passer sa frustration.