Ses pas l'avaient mené jusqu'ici ; jusqu'à lui. Un peu perdue dans ses pensées, quelque chose tracassait la jeune femme et elle s'était complètement laisser aller à l'imprévu pour réfléchir. Laissant ainsi son corps prendre le chemin qu'il voulait, laissant ses yeux voir un paysage différent, pas si brillant, quelque part où elle ne volait pas souvent ; parce que les poches étaient plus ensanglantées que dorées. Cet endroit, elle l'avait déjà visité, elle s'y était déjà rendue. Elle y avait déjà volé, mais à présent elle se demandait si ça avait été une bonne idée. Cela l'avait rapproché de quelqu'un ((un peu)), l'une des rares choses qui terrorisait la brune. Alors, quand bien même elle était venue, rien ne l'empêchait de le croiser une fois de plus, elle pouvait rentrer aussi vite qu'elle était arrivée. Rien ne l'obligeait à l'attendre. Elle pourrait même mentir en prétendant que si, mais que, ne l'ayant pas vu elle était retournée à ses affaires ; ses vols. Si important. Tellement plus que les rencontres avec lui, après tout. Et ça aurait été largement plus simple, moins de contraintes. Si seulement elle n'avait pas entendu ces deux abrutis ; ceux qui parlaient de ce mêlé fou, qui malgré ses blessures précédentes était revenu se battre ce soir. Il ne fallait pas être idiot pour savoir qu'il s’agissait du garçon, surtout lorsqu'on le connaissait ((cette révélation insignifiante foutu un frisson désagréable à la jeune fille, elle déteste reconnaître quelqu'un comme s'il s'agissait d'un ami, proche)) ; tout lui montrait qu'ils n'étaient pas si inconnus et elle haïssait de tout son cœur cette idée. Alors qu'elle savait qu'au fond, elle appréciait quand même leurs moments ; qu'ils soient brutes ou non. Frustrée, le soupir qui s'évadait de ses lèvres était aussi énervé qu'inquiet ((un grande première pour la voleuse)).

Elle pénétra davantage dans les allées immenses du Trou, se dirigeant d'un pas assuré vers les arènes, là où elle était sûr de le trouver. En vain, le jeune homme semblait bien caché ; aussi bien qu'elle quand elle se dissimulait dans l'ombre pour échapper à ses assaillants. Et la situation agaça encore plus Eulalie qui faisait pourtant un effort surhumain en partant à sa recherche, elle qui se fichait bien des âmes qui l'entouraient. Et qui aurait dû préférer l'arnaque à Isao. Elle se jura pourtant qu'elle retournerait arpenter les rues s'il ne se montrait pas à elle dans les deux minutes qui suivraient. Une promesse qu'elle tiendrait assurément, avec la fierté qui l'habitait à chaque pas qu'elle faisait. Ainsi, quand les deux minutes s'écoulèrent enfin, la brun retourna en arrière et cette fois-ci elle ne regardait pas les coins comme elle l'avait fait en venant, c'était tant pis pour lui. Si elle était bloquée sur cette idée, Lilie trouvait qu'on se moquait bien d'elle quand ; alors qu'elle partait, ses yeux bleus azures ((bien que la couleur semble trop simple pour expliquer ce qui se dégageait de son regard)) rencontrèrent ses iris brunes, brillantes.

Si le silence se présenta à eux un temps, un nouveau soupir sortit de la bouche de l'aînée. « T'es moins amoché que prévu, puisque t'arrives encore à te cacher. » Les yeux levés, Eulalie réprima une envie mal venue. Ses bras croisés à la poitrine pour éviter qu'ils ne viennent d'eux-même à la rencontre de sa chaleur à lui. Elle le regarda finalement plus en détail pour analyser l'ampleur de la situation. Des blessures un peu partout, elle n'était pas si surprise, même si elle aurait pu le réprimander en voyant d'anciennes plaies à nouveau abîmées. « Tu peux marcher ? Si ça pouvait m'éviter de te porter. » Si son ton était à la limite de l'insolence et de la moquerie, il y avait aussi cette dose de contrariété. Elle ne perdit pas néanmoins l'occasion de lui dire qu'il était actuellement faible et qu'il avait surement besoin que même une femme l'aide. Elle n'alla pas jusqu'à lui tendre de la main, mais elle arqua un sourcil, face à la lenteur de la situation. Eulalie n'aimait pas ces contextes, ceux où elle paraissait entreprenante. « Profite, je suis d'humeur généreuse, je veux bien panser quelques ecchymoses. » même si elle préférait ainsi qu'ils aillent ailleurs, là où elle ne serait pas dérangée pour être ce qu'elle n'était pas en temps normal ((une fille qui venait en aide aux autres)).

@Isao O'tlan

Son regard était franc, son ton moqueur, mais pour une fois, Eulalie n'avait pas cette attitude fuyarde ; ces yeux qui regardent ailleurs, son rire qui apparaît faux, fourbe ou arnaqueur. Il n'y avait que cette franchise, un peu malvenue, très ironique. Railleuse. Puisqu'elle était là, peut-être supérieur cette fois. Parce qu'elle pouvait mener la danse, vu à quel point elle le considérait faible, ce soir. Idiot même, à se rendre aussi vulnérable. Et quand bien même elle avait une grande estime de lui ((un égard qu'elle ne relèverait pour rien au monde)), elle ne pouvait s'empêcher de le juger, de le trouver bête, ainsi amoché. Elle balayait même de la main sa réponse, comme si ses mots ne pouvaient pas l'atteindre ce soir, du moins pas ceux-là. Trop faible pour être soulevée, sa répartie lui avait semblé bien maigre. Peu instructive, seul son ton fît frissonner la belle. Eulalie avait un grand faible pour les voix un peu plus rude et son écho éraillé enchantait la voleuse qui se délectait sans s'en cacher, s'il avait été étrangler, elle était bien capable de lui conseiller de l'être plus souvent. Prendre un rendez-vous quotidien pour abîmer un peu sa voix. Devenir plus rocailleux, même si c'était beaucoup moins mélodieux quand ça venait d'une maltraitance certaine.

Bien à sa place, la brune n'aidait pas l'homme à se relever ; premièrement parce qu'elle n'avait pas que ça à faire ((eulalie n'était pas du genre à apporter son aide)) mais également parce qu'elle sait pertinemment qu'il ne voulait pas de son secours. Cela aurait juste prouver qu'il était effectivement faible au point qu'elle soit obligée de lui porter assistance. Ce genre de garçon, celui qu'il était, préférait se couper la jambe eux-même qu'être soutenu. Surtout si ce n'était pas une décision qui venait d'eux. Elle ne manquait néanmoins rien au spectacle. Loin d'être idiote, la jeune femme vu très bien le jeune homme retenir toute la douleur qui traversait la totalité de son corps et elle le retranscrit dans un sourire amusé, mais silencieux. Elle se délectait de la réaction qu'engendrait ses insinuations et ne lâchait plus son regard à présent. Toujours prête à lui montrer qu'elle serait toujours là pour le défier ; même quand il était plus blessé qu'un animal qu'on devrait piquer. Et son sourire se fit plus grand, plus amusé, tandis que ses épaules se soulevaient avec insolence. « C'es pareil. » aucune différence entre les deux termes, les gens préféraient néanmoins choisir généreux pour se donner bonne conscience.

Aussi, sa seconde réflexion fit arquer un de ses sourcils et ses iris indiquaient clairement ce qu'ils savaient très bien tous les deux ; ses mains sur son corps comblait l'homme au plus haut point. « Dit-il. » Voyant l'ordre, clair et limpide, Eulalie s'approchait de lui, mais comme il devrait s'y attendre elle ne fit pas ce qu'il voulait sur l'instant, puisqu'Eulalie était de cette trempe, à toujours agir d'une manière différente de celle attendue. C'était contre sa nature même de suivre ce qu'on lui demandait ((ou ce qu'on lui exigeait)). « Je n'ai pas besoin d'excuse pour, par exemple, mettre mes mains par ici... » appuyant ses mots par ses gestes, ses doigts effleurèrent son torse, par dessus l'habit taché de sang. « ou par ici... » glissant avec une douceur exagérée, la voleuse s'approchait plus dangereusement encore de cette zone particulièrement intime, approchant ses lèvres à son oreille, très sûr d'elle. « Tu aimes tellement ça, que tu pourrais m'en supplier. Ne serait-ce que pour sentir mes ongles saigner ta peau. » jouant du chaud, elle amena le froid très rapidement en s'éloignant, arrogante à son maximum. « Mais bon, je ne te toucherais pas aujourd'hui, petit guerrier prétentieux. Profite au maximum du trajet, c'est ta dernière chance. » un rire, aussi enjoué que narguant s'échappe de ses lippes tandis que ses mains glissent à ses côtes pour venir le soutenir de son bras, postée à sa droite, la brune lève les yeux vers lui. « On va où ? Je te suis. » elle ne pouvait pas le soigner chez elle ; puisqu'elle vivait à la belle étoile.

@Isao O'tlan