Doucement, la conscience inonde son être et le tire de forces de rêves qu’il oublie immédiatement. Le réveil est doux, apporté par la lumière qui filtre d’entre les épais rideaux de la chambre seigneuriale qu’il s’est octroyé, à Foushin. Le lit est immense, et immensément vide. Izolda ne dort pas encore avec lui, pas tant qu’ils ne sont pas mariés, le protocole – son sacerdos de frère – ne l’autorisent pas. Le prince roule sur le dos, et ouvre les yeux. Une nouvelle journée débute.

Une journée comme toutes les autres. Le petit déjeuner est servi dans le petit salon qui juxtapose sa chambre. Habillé d’une simple robe de chambre qu’il n’a même pas pris la peine de fermer, Adonis vient s’installer devant les mets préparés par le cuisinier de l’ancien château. Un homme qu’il a embauché dès son arrivée. Aléa le rejoint, plus vêtue que lui. Avec son arrivée, les meubles prennent vie. Adonis commence à avoir l’habitude, et ne s’en formalise pas. Il évite un jet de vase de justesse et soupire en l’entendant s’écraser contre un mur. Son ancienne adiutor vient poser un baiser sur sa joue, et Adonis caresse ses doigts avec un sourire vague. Ils se saluent, et commencent à manger en échangeant quelques paroles. Souvent les mêmes questions, ils entretiennent un lien dont on les a dépouillés.

La routine continue, une veste brodée d’or et d’argent est passé sur les épaules du prétendant au trône eartanarien. Celui-ci observe son reflet, alors que l’esclave retire la moindre poussière de ses épaules, et lisse ses vêtements. Adonis le renvoie d’un geste de la main, et s’approche de son reflet. Le prince pose ses doigts et son regard sur la bosse qui déforme son nez, vestige de son inconscience à se jeter au-devant de la bataille, à Herindy. Tous les jours, c’est la même chose. Il observe son reflet, mais rien ne change.

Les couloirs sont vides. Tout l’ancien château semble vide. Le bruit des pas du maître des lieux résonne contre les murs de la bâtisse. Les mains dans son dos, ses doigts s’emmêlent et se démêlent alors que l’homme s’avance d’un pas toujours aussi déterminé et vif. Une certaine colère agite ses pensées, elle s’empare de son être et enflamme son sang. Il a l’envie urgente de déverser cette colère qui ne fait que monter en lui depuis son incarcération. Quatre mois, pratiquement jours pour jours. Quatre mois que sa vie a basculé ainsi, qu’il est devenu un traître pour certains, une sorte de messie pour d’autres. Les portes défilent à côté de lui, sans qu’il n’y fasse attention. C’est au terrain d’entrainement qu’il va.

Alors qu’il approche de son but, des sons se font entendre. Adonis n’a plus peur de la maîtrise des autres. Il sait, au fond de lui, qu’un instinct bouillonnant le protégera. Si c’est un Eartanarien qui s’entraine, la terre qui pourrait arriver dans sa direction ne lui fera rien, mais l’inverse est dangereusement faux. Le prince ouvre la porte, et aperçoit Cedraella, concentrée. Il s’approche sans un bruit, pour ne pas défaire la concentration de sa précieuse alliée. L’homme ignore si la K’han a été dépossédée, elle aussi, de leur précieuse terre. Il l’observe, mais elle l’a entendu, ou senti, ou peu importe. Elle se retourne. « Continue, je t’en prie. » fait-il simplement en ouvrant le bouton de sa veste pour s’installer sur une roche parfaitement taillée en un cube d’un bon mètre carré. Ses mocassins tombent au sol, alors qu’il pose la plante de ses pieds nus contre la pierre. Elle est froide, mais dégage une certaine chaleur qu’il a du mal à ignorer depuis qu’il sait ce qu’il est. Un mutant, une abomination à mi-chemin entre Eartanera et Flamaerin.

Elle caresse l'encolure de sa jument, avant de venir tresser son crin. Elle tapote ensuite le front de la jument, avant de l'entraînée avec elle, vers un bac rempli d'eau. Elle l'observe un moment, avant d'attraper son épée double, et se diriger dans les jardins du palais. Là, elle observe les alentours. Personne. Il n'y a personne pour venir la déranger. Elle ne sait pas si ses cousins sont partis, ou toujours présents. Et si c'était le dernier cas, ils ne tarderaient pas à arriver eux-aussi pour s'entraîner. Elle espérait cependant les éviter. Parce qu'elle n'avait pas que prévu de s'entraîner à l'épée. Elle s'avance, fait tourner l'épée entre ses doigts. Elle fait craquer sa nuque, retire le kimono de ses épaules et se retrouve dans une tenue plus légère. Elle se met en position, et effectue quelques mouvements avec son épée.

Ses escarpins s'enfoncent dans la terre, mais elle n'en a que faire. Elle maintient son équilibre, et continue d'effectuer des mouvements rapide. Jonglant d'un bord de l'épée à l'autre, comme la guerrière experte qu'elle est. Elle jette son épée dans les airs, se retourne sur elle-même, et la rattrape avant de la positionner devant elle, comme si elle embrochait quelqu'un. Elle fait à nouveau craquer sa nuque, puis dépose son épée au sol. Elle regarde à nouveau autour d'elle, et fait rouler ses yeux. Aucune âme qui vive. Elle dépose le regard sur sa jument, toujours en train de s'abreuver. Le cœur léger, parce qu'elle se sait plus ou moins à l'abri des regards, Cedraella se déchausse. Elle attache ses cheveux en une queue de cheval haute, laissant malgré tout quelques mèches dépasser, avant d'inspirer profondément. Il fallait qu'elle arrive à maîtriser cette part d'elle, le démon en elle qui la tiraillait, qui léchait ses tripes de sa langue brûlante, enflammant ses artères d'un geyser infernal. Elle inspire à nouveau, avant de mouvoir ses bras et ses pieds de manière précautionneuse. Elle frappe le sol de la plante de ses pieds, tente à nouveau de faire courber la terre sous sa maîtrise. Mais si elle sent les vibrations dans la terre et les palpitations de la mère nature, rien ne se produit. Parce qu'elle n'était plus maîtresse de la terre, et elle se devait de l'accepter. Mais, Cedraella était butée et perfectionniste, et dans son esprit, elle pouvait à nouveau retrouver sa maîtrise. Dans son esprit, cette dernière ne l'avait jamais quittée et faisait toujours partie de la personne qu'elle était. Elle fait à nouveau un mouvement, plus sec et déterminé cette fois-ci. Mais l'oisillon s'est brisé les ailes, et sa maîtrise ne revient pas. La terre ne veut plus d'elle, elle la rejette parce qu'elle n'est plus sienne. Peut-être ne l'a t-elle pas assez respecté, peut-être l'a t-elle trop utilisé. Peut-être, s'est elle trop fourvoyée en acceptant la religion des Sept, alors qu'elle aurait dû rester vouée aux éléments. Elle ne sait pas Cedraella, parce que, malgré l'assurance qu'elle dégage, elle n'a pas toutes les réponses. Elle devait se laisser aller, au torrent infernal des vagues brûlantes qui tonitruaient dans son esprit et dans son corps, elle devait embrasser sa nouvelle condition, se lover à l'intérieur de cette dernière. Elle devait ne faire qu'un avec sa nouvelle maîtrise, mais, ça la terrifiait. Autant que ça la grisait, se dit-elle en pensant au souvenir de la veille. Était-elle la seule à avoir cette capacité ? Elle se concentre, inspire profondément, elle lève son pied, mais s'arrête au moment de l'abaisser. La présence qu'elle vient de ressentir, palpitation dans la terre, remontant de sa plante des pieds à son myocarde, l'en empêche. Elle baisse les bras, et repose son pied au sol. Elle se retourne. Ses prunelles rencontrent les obsidiennes de celles d'Adonis. Il lui demande de continuer, mais elle n'a pas envie. Devait-elle lui dire, lui montrer qu'elle n'était plus la maîtresse de la terre, mais autre chose. Devait-elle lui confesser, qu'elle n'était plus vie, mais mort ? « Je ne préfère pas. » dit-elle d'un ton calme. Elle secoue légèrement sa tête, faisant ainsi danser sa queue de cheval. Elle croise les bras sur sa poitrine, comme si elle cherchait à se protéger de quelque chose. « Ce n'est pas contre toi, » rajoute t-elle rapidement, se rendant compte que sa phrase pouvait être prise de milliers de façons. Elle fronce les sourcils, et baisse les yeux sur la terre nourricière.

Elle hésite l'audacieuse et succombe finalement. « Je suis dangereuse. » Elle l'avait toujours été, véritable machine à tuée, entraînée à combattre dix hommes à main nue et à en ressortir indemne. Mais, c'était différent. Parce qu'elle avait apprit le contrôle, elle savait se maîtriser, et elle le faisait sciemment. Là, elle ne contrôlait rien. Ou presque. Elle fronce à nouveau les sourcils, et plonge ses iris dans les siennes. « Reste où tu es. » lui ordonne t-elle. « Je veux te montrer. » rajoute t-elle pour atténuer sa phrase. Elle ne devait pas lui donner d'ordre. Parce qu'il était son roi, mais il était aussi, avant tout, son ami. Elle s'écarte de lui, fait plusieurs pas en arrière pour laisser une bonne distance entre Adonis et elle. Elle se met en position, inspire profondément. Elle devait laisser la vie derrière elle, la balance entre l'équilibre de la nature et celui des hommes, et se laisser aller aux démons et aux enfers. L'infernale prend vie, transcende son âme et ses sens. Elle fait un mouvement, puis un autre, et alors que son pied se pose sur le sol pour la seconde fois, ce dernier se fracture, la terre se retourne sur elle-même, et de ses entrailles sort la lave. Elle ouvre les portes de l'enfer, dans les jardins de Foushin. L'arc de cercle se fend à nouveau, avant de venir entourer la titanesque amazone. Elle fait un nouveau mouvement, et une gerbe de lave sort de son cercle. Ça la fait reculer un peu, surprise de ce qu'elle vient de faire. Elle baisse les bras et tend ses jambes, et la lave, quelques instants plus tôt en fusion, se durcit et se noircit. Elle reste un instant interdite, avant de déposer ses prunelles sur Adonis. « Je m'en suis rendue compte, peu après mon rétablissement. Je peux toujours la sentir, elle fait partie de moi » dit-elle en parlant de la terre mère. « Mais, elle ne m'écoute plus. Elle fait partie de moi, mais je ne fais plus partie d'elle. Je comprendrai, si tu voulais que je quitte nos terres. Je ne suis plus l'une des vôtres. » Elle tremble légèrement, et fait un pas en avant. Son pied se pose sur la lave désormais séchée, et elle fait un mouvement instinctif en arrière, avant de se rendre compte que, malgré la chaleur encore persistante de l'élément, elle n'a pas été brûlée. « Pour l'amour des sept.. » Elle était un monstre, un ange déchu. Un suppot des enfers, fait chaire.

« Je ne préfère pas. » Adonis hausse un sourcil, le regard interrogateur. Il sait que tous les membres de sa nation ne savent plus maîtriser son élément, et qui est-il pour les juger lors de leur apprentissage ? Surtout quand on sait qu’il ne maîtrise lui-même plus son élément. « Ce n'est pas contre toi, » rajoute la brune, avant que le prince n’ait pu dire quoi que ce soit. Il hoche la tête, mais ne dit rien. Il ne bouge pas, non plus. Tout dans sa posture l’invite à continuer, à vrai dire. Ses pieds contre la dure roche ne bougent pas non plus. « Je suis dangereuse. » Adonis ne peut s’empêcher de laisser un sourire naître sur ses lippes. Il le sait, ça, qu’elle est dangereuse. C’est une K’han. « Reste où tu es. » Un nouveau haussement de sourcil. Adonis remonte ses jambes et s’installe en tailleur sur le cube de roche. « Je veux te montrer. » C’est là qu’il comprend que la brune n’est plus une simple maîtresse de la terre. Si elle devait lui montrer, c’est qu’il s’agissait de quelque chose de spécial. Intrigué, le Griffith ne bouge pas d’un iota et observe son amie. Celle-ci s’éloigne de lui, à une distance qui le surprend un peu. Il connait trois « déformations » de pouvoir pour leur élément : le sable, que sa sœur a obtenu. Le métal, que ses cousins doivent apprendre à contrôler. Et enfin la lave, terrible fléau qui s’est abattu sur ses épaules à lui, l’homme bien trop proche des rois et princes des flammes.

Adonis l’observe se mettre en position, ses mains se posent sur le cube froid et il se penche un peu en avant, définitivement intrigué par ce qui va arriver. La nouvelle argent fait alors ses mouvements, et une douce chaleur s’échappe de la terre, alors que celle-ci s’ouvre et laisse échapper une nuée de lave, comme une plaie ouverte laisse s’échapper le sang carmin des mortels. Adonis ressent presque le besoin de descendre de son cube, et d’aller toucher cette lave qu’il sait être inoffensive pour lui. Il se retient, mais la jointure de ses doigts blanchi alors qu’il agrippe le rebord du cube sur lequel il est posé. Un nouveau mouvement, et les entrailles de la terre se durcissent, et deviennent noirs. « Je m'en suis rendue compte, peu après mon rétablissement. Je peux toujours la sentir, elle fait partie de moi » Le prince est descendu de son perchoire, désormais. Il s’approche vivement. « Mais, elle ne m'écoute plus. Elle fait partie de moi, mais je ne fais plus partie d'elle. Je comprendrai, si tu voulais que je quitte nos terres. Je ne suis plus l'une des vôtres. » La brune s’avance, ses pieds nus touchent la pierre encore chaude – il ressent la chaleur qui s’en extrait – et elle recule en jurant. Adonis ne s’arrête pas, il s’approche encore, le regard posé sur la roche refroidie. Ses pieds sont encore nus – lubie des maîtres de la terre – et il hésite. Le bout de ses dents viennent heurter sa lèvre inférieure, il fronce brièvement les sourcils. « Si je te bannis, je devrai partir avec toi. » fait-il, finalement il s’accroupi et pose ses doigts sur la roche encore chaude. Cette chaleur est exquise, elle l’envahi, et il pose sa main à plat sur la pierre. Normalement, si il n’était pas comme elle, il ne devrait pas supporter cette chaleur. Il lève les yeux vers elle, et se relève. Un silence s’immisce entre eux, parce qu’Adonis ne sait pas trop quoi dire, quelles questions poser. Elle vient d’utiliser un pouvoir qui, lui, l’effraie autant qu’il le fascine. Il n’ose pas l’utiliser à nouveau, mais sait qu’il est obligé de s’entrainer pour ne pas tuer encore une fois par inadvertance et manque de contrôle. « Quand la fièvre m’a enfin quitté, j’ai voulu m’entrainer et découvrir si comme Ariane et Eros, les Sept m’avaient permis de rester un maître de la terre à part entière… Ou presque. » Ariane maitrisait aussi le sable, sa maîtrise n’était plus totalement pure, contrairement à celle d’Eros. « J’ai tué un homme ce jour-là. » confie le prince. Son regard se pose ailleurs, quelque part sur le sol. Il tourne les talons et se rend à nouveau près de son cube, où il abandonné ses chaussures. Il les enfile l’une après l’autre. A quoi bon les retirer ? Il n’est plus maître de la terre, après tout. « Je suis aussi dangereux que toi. Peut être plus, parce que je n’ai jamais appris à rien maîtriser si ce n’est des discours et des manipulations politiques. » Il lui fait face à nouveau, et pose l’ambre contre le regard sombre de son amie. Elle sait comment s’entrainer, comme devenir meilleure, excellente même. Lui ignore tout de la discipline que ça demande, il commençait seulement à apprendre à maîtriser la terre, et commençait seulement à apprendre à se battre, avec son frère et son adiutor. Maintenant, il faut déjà tout recommencer.

« Si je te bannis, je devrai partir avec toi. » Elle fronce légèrement les sourcils. L'héritier s'était avancé vers elle, avait quitté le piédestal sur lequel il s'était installé. Il l'avait observé avec précision, comme un enfant regardant un spectacle extraordinaire. Il s'agenouille alors, et pose ses doigts sur la lave désormais éteinte, mais toujours brûlante. Ses sourcils se froncent d'autant plus, et il semble que la mâchoire de l'ancienne gardienne de la nature, s'ouvre légèrement. Il redresse les yeux vers elle et se relève. Cedraella fait un pas en arrière. Elle plonge ses prunelles dans les siennes, inspire doucement tout en analysant la situation. Elle pensait être unique, déesse des enfers réincarnée dans le corps d'une ancienne déesse primaire. Mais Adonis était comme elle. Adonis lui aussi, avait perdu l'équilibre, et s'était fait happé dans les enfers. « Quand la fièvre m’a enfin quitté, j’ai voulu m’entrainer et découvrir si comme Ariane et Eros, les Sept m’avaient permis de rester un maître de la terre à part entière… Ou presque. » Elle l'écoute, et reste interdite. « J’ai tué un homme ce jour-là. »  Les yeux de la K'han s'abaissent légèrement vers le sol. Il disait ça, comme une confidence, comme un pêché auquel il avait cédé. Il penserait toute sa vie à cette erreur, tout du moins, c'est ce dont Cedraella était persuadée. Elle avait tuée elle aussi, lors de la bataille d'Herindy, ainsi que lors des missions que la couronne lui avait donné. Elle aimait croire, que lorsque son épée venait trancher la gorge de ses victimes, qu'elle n'était pas celle qui les tuait. Elle écoutait et répondait aux ordres de ses supérieurs. Mais jamais, elle n'était celle qui les menait à leur trépas. Pourtant la vérité était affligeante, elle était bien celle qui portait le coup de grâce, et l'épée de Damoclès. Elle le voit se rediriger vers son cube en pierre, et remettre une à une ses chaussures. Elle dépose les yeux sur ses escarpins, posés non loin d'elle, mais se refuse à les remettre. Non, elle aimait malgré tout sentir l'herbe fraîche entre ses orteils, balayée par le souffle encore chaud de sa lave. « Je suis aussi dangereux que toi. Peut être plus, parce que je n’ai jamais appris à rien maîtriser si ce n’est des discours et des manipulations politiques. » Elle l'observe un long moment avant de sourire, doucement. « Était-il ton premier ? » dit-elle le plus simplement possible. Elle penche légèrement sa tête sur le côté, les sourcils toujours froncés, un air concentré sur le visage. Elle s'inquiète de son ressenti. « Je veux dire, le premier que, tu as considéré comme un innocent. » Elle pose une main sur son bras gauche, croisant ainsi légèrement les bras, avant de s'avancer vers lui.

Elle l'observe encore un moment, avant de détourner les yeux et de regarder la carapace noircit, formant une cicatrice sur sa terre mère. Elle redresse la tête, et regarde Adonis. « J'ai déjà un emploi du temps bien rempli,  dit-elle, un roi m'a demandé de l'accompagner jusqu'à Volastar. Ce qui va forcément me mener officiellement à me détourner de son père, qui va ainsi connaître ma réelle allégeance. Je vais ainsi perdre ma place dans l'armée, devenir une ennemie aux yeux d'un royaume, du coup... » Elle arrête de froncer les sourcils et plonge ses prunelles dans les ambres du maître de la lave. Un sourire fend ses lippes, et ses canines d'une blancheur immaculée viennent se poser légèrement sur ses lèvres. « Je pense que ça me laissera un peu de temps libre, pour te caser dans mon agenda. » Elle se recule, le sourire toujours aux lèvres avant de poser les yeux sur la lave. « Tu as raison, tu es peut-être plus dangereux que moi. Même si, je tiens à préciser que je ne contrôle quasiment pas cette nouvelle maîtrise. » Et l'amazone quelques minutes plus tôt effrayée, semblait désormais excitée d'avoir un acolyte avec qui s'entraîner. « Mais je ferai un bon professeur. » dit-elle, comme s'il lui avait explicitement demandé de l'entraîner. « J'ai du temps, maintenant, si ça te dit. » dit-elle en penchant la tête sur le côté, un sourire en coin.

La mort n’est pas coutumière pour le Griffith. Il ne la connait pas, ne l’a jamais donnée. Le brun est un noble qui ordonne, pas qui exécute. Mais depuis qu’il est revenu des prisons de Launondie, quelque chose a changé et il est plus enclin à se salir les mains. Ceci dit, ce meurtre ne fut en aucun cas prémédité. « Était-il ton premier ? » Il déglutit, tourne son regard vers la jeune femme qui continue avant qu’il ne puisse répondre. « Je veux dire, le premier que, tu as considéré comme un innocent. » Le brun hoche la tête doucement. Oui, c’était le premier homme qu’il tuait lui-même. Il avait ordonné des exécutions mais n’avait jamais pris la peine de l’exécuter lui-même. Peut être aurait-ce été plus facile. L’homme qu’il a tué était un innocent qui ne méritait pas la sentence qu’il lui avait infligé. Il n’avait rien fait de mal, si ce n’est accepter de s’entrainer avec Adonis. D’ailleurs, depuis ce jour, Adonis refusait de s’entrainer avec quiconque. Le danger était bien trop réel et bien trop imprévisible. Un instant, le regard de la belle se pose sur cette cicatrise dans la surface lisse de leur terre chérie. Adonis en fait de même, il regarde la croûte durcir de plus en plus et noircir et cesser de fumer de chaleur. Quand elle semble plus fraiche, Cedraella lève la tête vers le prince. « J'ai déjà un emploi du temps bien rempli, un roi m'a demandé de l'accompagner jusqu'à Volastar. Ce qui va forcément me mener officiellement à me détourner de son père, qui va ainsi connaître ma réelle allégeance. Je vais ainsi perdre ma place dans l'armée, devenir une ennemie aux yeux d'un royaume, du coup... » Elle continue ainsi, la brune, avant de lui proposer de l’aider dans son entrainement. Un frisson parcourt l’échine d’Adonis. Elle n’est pas la première à se proposer pour l’aider à maitriser sa lave, mais elle est la première qui a hérité du même mal que lui, de la même malédiction. Adonis sent qu’il a envie de refuser, qu’il en a besoin, même. La lave est dangereuse, comme les flammes, mais pire. Elle s’agrippe, elle ne laisse aucune échappatoire. « J'ai du temps, maintenant, si ça te dit. » termine-t-elle. Le brun glisse le bout de sa langue entre ses lèvres, rapidement, et déglutit en posant le regard sur la croûte de lave sèche, à nouveau. Il doit apprendre, il le faut absolument. « Je ne suis pas certain de vouloir retenter l’expérience. » souffle-t-il. Il a tué, mais il a aussi blessé son propre frère à cause de cette lave. Il a été beaucoup trop loin, en faisant souffrir son sang, même si la trahison d’Eros méritait un châtiment. Il a bien trop peur du mal à ses alliés, à ceux qui sont autour de lui. Le brun glisse une main dans ses cheveux, signe évident d’une nervosité qu’il ne montre habituellement pas. « Mais je dois apprendre, il le faut absolument sinon j’imagine que je tuerai encore et que ce ne sera pas forcément un soldat de l’empire. » Ses iris rencontrent la K’han. « Apprends-moi tout ce que tu sais. On continuera sur le chemin vers Volastar, et même là-bas. On trouvera un lieu pour s’entrainer. Aussi effrayant que soit ce nouveau pouvoir, je crains que nous n’ayons pas le choix : on doit le maîtriser au plus vite. »

« Je ne suis pas certain de vouloir retenter l’expérience. » Elle fronce les sourcils, avant d’inspirer doucement. Elle savait qu’il faisait référence à son erreur, à la vie qu’il avait arraché à l’homme qu’il avait tué. Son innocence, aussi petite est-elle été, s’était extirpé de lui à ce moment-là. Elle le voit nerveux, pour la première fois de sa vie, et ça la fait doucement sourire. Parce que ce sont ces mimiques, ces défauts qui font d’une personne qu’elle est parfaite. Et Cedraella, aussi dure, aussi brutale était-elle, aimait ressentir l’humain, elle aimait pouvoir voir toutes ces petites choses qui faisait qu’une personne savait faire preuve d’humanité. Et c’était grâce à ça, qu’elle le savait, elle avait choisit le bon roi. « Mais je dois apprendre, il le faut absolument sinon j’imagine que je tuerai encore et que ce ne sera pas forcément un soldat de l’empire. » Il avait raison. Elle plonge ses obsidiennes dans ses ambres, et continue de l’écouter. « Apprends-moi tout ce que tu sais. On continuera sur le chemin vers Volastar, et même là-bas. On trouvera un lieu pour s’entrainer. Aussi effrayant que soit ce nouveau pouvoir, je crains que nous n’ayons pas le choix : on doit le maîtriser au plus vite. » Elle croise les bras sur sa poitrine, et baisse les yeux vers le sol. « Les entraînements ne seront pas faciles. » dit-elle, sur un ton neutre. Elle n’essaie pas de le décourager, elle dit les choses telles qu’elles sont. « Et je ne serai pas facile non plus, » ajoute t-elle. Mais elle était une K’han, et ils avaient tous tellement tournés autour de lui, comme des abeilles autour du pollen, qu’il le savait. De plus, il connaissait bien Gunnar, qui Cedraella le pensait, était bien plus facile qu’elle lorsqu’il s’agissait d’entraîner quelqu’un. Elle l’avait plusieurs fois vu à l’œuvre. Elle continue de plonger ses prunelles dans celles d’Adonis, puis recule de quelques pas. « Commençons. »

« Premièrement, tu dois te concentrer sur l’émotion que tu ressens lorsque tu utilises ce nouveau don. » Elle se tient droite, ne bouge pas, comme une statue de marbre. « Une fois que tu as saisis cette émotion, il faut que tu te l’appropries. Ce n’est pas elle qui doit te contrôler, c’est toi. » C’était plus facile à dire, qu’à faire. Elle avait déjà été submergée par certaines émotions. Et elle le savait, s’en échapper et se les approprier était compliqué. « J’ai remarqué, que les mouvements adéquats à cette maîtrise n’était pas aussi brute que ceux de la maîtrise de la terre, il faut que tu oublies tout ce que tu as appris jusqu’à maintenant. C’est comme si, c’était.. une maîtrise, instinctive. » Elle se concentre, inspire. Il fallait qu’elle réussisse du premier coup, il fallait qu’elle s’approprie le pouvoir. Elle recule encore de quelques pas. « C’est l’instinct, et tes émotions qui te permettront d’arriver à tes fins. » Elle fait un mouvement rapide du pied, et un autre des bras. Elle tente à nouveau de fendre la terre, d’en extirper l’enfer de ses entrailles. Elle se concentre sur la rage, sur la frustration qu’elle ressent à ne plus être aussi bien connectée à la mère nature, comme elle a pu l’être auparavant. La terre se change rapidement en lave, et se transforme en sillon empli de veines chaudes et incendiaires. « Combats moi. » dit-elle, en arquant un sourcil. Elle fait un autre mouvement du pied et des bras, et le sillon devient plus gros, lave qui éclabousse la terre et qui dangereusement se rapproche d’Adonis. Lentement au début, puis rapidement, comme si elle désirait ardemment le dévorer. Elle tend ses bras, et la lave accélère, déchirant la nature, de sa langue impie. Elle redresse le bras, et la veine se redresse, vague infernale qui viendra engloutir le roi d’épines. Elle savait qu’il pouvait le faire.

La nervosité est impossible à dissimuler. Le prince qui a été élevé pour regner n’a plus le contrôle sur cette emotion, mais ça ne le dérange pas. Il n’est pas en face d’une ennemie, au contraire. Cedraella est une alliée, une amie proche, et bientôt son professeur, aussi. Il ne peut que compter sur elle, puisque seule elle saura se défendre si jamais il va trop loin ou perd le contrôle. « Les entraînements ne seront pas faciles. » fait-elle alors. Son teu est neutre, ni dur, ni compatissant. Adonis hoche la tête. « Et je ne serai pas facile non plus, » un léger mouvement des lippes du prince trahissent à nouveau sa nervosité, mais il ne dit rien, et hoche à nouveau la tête. Après tout, elle était une K’han et Adonis connaissait les K’han. La jeune femme recule de quelques pas, avant de lancer un « Commençons. ».

« Premièrement, tu dois te concentrer sur l’émotion que tu ressens lorsque tu utilises ce nouveau don. Une fois que tu as saisis cette émotion, il faut que tu te l’appropries. Ce n’est pas elle qui doit te contrôler, c’est toi. » La colère, la peur, l’instinct de survie. C’était une de ces émotions, où les trois en même temps, qui lui avait fait contrôler la lave déjà par deux fois. Il hoche encore la tête, alors qu’il retire la veste qu’il avait encore sur les épaules. Il retrousse les manches de sa chemise, aussi, afin de se sentir plus libre de ses mouvement. « J’ai remarqué, que les mouvements adéquats à cette maîtrise n’était pas aussi brute que ceux de la maîtrise de la terre, il faut que tu oublies tout ce que tu as appris jusqu’à maintenant. C’est comme si, c’était.. une maîtrise, instinctive. C’est l’instinct, et tes émotions qui te permettront d’arriver à tes fins. » La K’han fait un mouvement du pied, rapide, suivi par un mouvement des bras et la terre se change en lave. Elle semble comprendre rapidement comment faire, mais encore une fois, elle était une maitresse de la terre accomplie, là où il ne l’était pas. Adonis a un mouvement de recule instinctif, ses pieds le font s’éloigner d’un bon demi-mètre alors qu’il a bien du mal à détachrer son regard de cet élément destructeur. « Combats moi. » « Quoi ?! » Mais c’est trop tard, parce qu’elle fait un mouvement et le sillon s’élargit, il court vers Adonis, lentement, et il recule encore, mais la lave se rapproche dangereusement et Adonis n’est pas un lâche. La blessure sur son nez en témoigne, son séjour en prison aussi, et son culot en acceptant l’invitation à Volastar aussi. Il n’est pas un lâche, et il refuse d’abandonner face au challenge qu’elle lui lance. Pourtant, la panique l’envahit et fait battre son cœur à du cent à l’heure. L’homme ne prend même pas le temps d’inspirer, car la lave est dangereusement proche. Il agit par instinct, comme il aurait repoussé la terre, il repousse la lave en tapant du pied sur le sol et en faisant un mouvement de ses bras. La lave s’arrête net… Et repart dans l’autre sens. Adonis sent le pouvoir s’écouler de lui, mais il a le sentiment qu’il n’est pas assez fort. Il détache son regard, une seconde seulement, de la la lave pour le poser sur Cedraella et dans l’ambre se trouve un mélange de détermination et de crainte. Il ne veut pas la blesser, alors il tente d’arrêter le mouvement du magma avec un geste du pied, qu’il glisse sur le sol. Mais le mouvement n’est pas le bon, car la lave se divise en deux, et continue sa route vers la brune. « Ced ! » Il ne sait pas comment arrêter ça.