we used to be brothers (kanar)

You and I go hard at each other like we're going to war. You and I go rough, we keep throwing things and slamming the door. You and I get so damn dysfunctional, we start keeping score. You and I get sick, yeah I know that we can't do this no more

Il avait évité cette rencontre depuis son retour à Greenstall, se faufilant dans les couloirs du château en veillant à ne pas croiser celui qui avait pourtant été son meilleur ami. Son frère. Son confident. Son allié. Son pilier, son oxygène, son ancre. Mais qui était désormais un ennemi mortifère. Kaz voyait la haine brûler au fond des yeux du K’han. Une colère viscérale. Une tempête qui ne demandait qu’à éclater. Et qui ferait des dégâts. De terribles dégâts. L’enfant adopté en serait la première victime, il en avait bien conscience. Après tout, c’était lui le fautif dans cette histoire. Le seul à blâmer. Cependant, le Ravenscar s’y refusait, niant la réalité et préférant se considérer comme un grand martyr. Alors il louvoyait habilement entre ces murs qui l’avaient vu grandir, devenir un homme. Disparaissait à la faveur de l’ombre pour être certain de ne pas croiser le chemin de Gunnar. Parce qu’il avait honte d’avoir ainsi trahi celui à qui il devait tout. Mais son amour-propre l’empêchait d’avouer ses fautes. Kaz se comportait comme si sa place ici était légitime, comme si cette vie lui était due. Il avait trop souvent tendance à oublier d’où il venait réellement. Enfant des bois, à peine civilisé, voué à une existence solitaire et primitive. Telle aurait dû être sa vie. Mais grâce à la générosité de l’ambitieux Thomas Griffith, celui qui n’était rien s’était élevé dans les hautes sphères de la nation de la terre. Guidé par les K’han, éduqué par les meilleurs professeurs, formé aux arts de la guerre. Il avait vécu dans des demeures extraordinaires, avait séduit les plus belles des femmes, n’avait jamais manqué de rien. Kaz avait été heureux. Et il avait tout gâché. Parce que cette sculpturale blonde était passée devant ses yeux avides ; parce qu’elle était le fruit défendu et qu’il n’avait jamais rien tant aimé que de briser les règles. L’impétueux avait perdu son frère pour une femme. Une simple femme. Il avait été exilé, banni, abandonné, repoussé comme s’il était un moins que rien. Ce qu’il était peut-être en réalité. Un étranger obligé de retourner à ses terres d’origine, à ce silence oppressant. Terminés les échanges bruyants des réceptions, les concours machistes entre garçons, les rires à s’en tordre le ventre. Le Ravenscar avait goûté à ce qu’aurait dû être sa vie, sans cette pseudo-intervention divine. Il avait compris la chance qu’il avait eu. Mais pour autant, il n’était toujours pas prêt à affronter l’aîné des K’han. Kaz était un homme qui se voulait valeureux et courageux, toujours le premier à mettre un pied sur le champ de bataille. Pourtant, il était incapable de trouver la force d’affronter Gunnar. Incapable de trouver la force d’adresser la parole à celui avec qui il avait tout partagé. Il lui avait volé celle qui devait devenir sa femme, en même temps qu’une partie de son honneur. Pire que tout, Kaz avait trahi celui qu’il considérait comme l’être le plus cher au monde. Et le Destin le lui avait bien rendu. Avait terriblement vengé Gunnar. Silke avait porté son enfant avant d’être forcée de l’abandonner. Elle s’était retrouvée déshonorée. Abandonnée par sa propre famille. Fiancée de gré à un homme violent de la plus basse des extractions. Et tout cela, c’était sa faute. Parce qu’il n’avait pas su se tenir. Pas su se retenir d’ajouter une nouvelle conquête à sa liste déjà bien trop longue. Le brun errait à l’extérieur du château, laissant les rayons de la lune caresser sa peau. Insomniaque, il fuyait le sommeil pour ne pas retomber dans les bras d’affreux cauchemars. C’est alors qu’une silhouette se dessina dans son champ de vision. Une silhouette qu’il connaissait par cœur, qu’il n’avait pu oublier malgré les nombreuses années qui s’étaient écoulées. « Gunnar. » Sa voix rauque était empreinte d’une certaine mélancolie, d’une crainte à peine avouée. Se retrouver ainsi face à lui renvoyait le Ravenscar des années en arrière, dans un temps bien plus heureux et insouciant. « Je suis content de te voir. » La plus pure vérité. Parce qu’il lui avait manqué. Terriblement. Le K’han était l’autre moitié du Ravenscar. « T’as… T’as l’air d’aller bien. » Une gêne immense s’étalait entre eux alors que, jusqu’à présent, ils avaient toujours été fusionnels. Les temps avaient changé. Mais Kaz restait toujours ce petit garçon impressionné face au charisme de Gunnar. D’autant plus lorsqu’il était en tort vis-à-vis de ce dernier.

We used to be brothers

Kaz & Gunnar

« Trahir un ami est la plus grande des trahisons, on ne retrouvera jamais son cœur ni sa confiance »

Greenstall

Le K’han ne parvenait pas à dormir ce soir, quelque chose l’en empêchait, quelque chose torturait ses pensées et le faisait se tourner sans pouvoir trouver le sommeil. Après de longues minutes à froisser les draps du lit qu’il occupait en remuant, il finit par s’asseoir sur le bord, la tête entre les mains. Il soupira. Depuis la survenue du virus, des séquelles étaient restées, et Gunnar était fatigué de les subir sans ne pouvoir rien y faire. La faiblesse, très peu pour lui. Levant ses mains devant ses yeux, il s’aperçut qu’elles tremblaient. Désemparé, il serra les poings, incapable de supporter un tel état. Quand il les rouvrit, rien n’avait changé, et ses mains de guerriers continuaient de trembloter. En colère, il ne se rendit même pas compte que les objets de métal présents dans sa chambre commençaient à s’agiter. La lampe tanguait dangereusement, se balançant d’avant en arrière, tandis que de l’autre côté de la pièce, une chaise s’agitait toute seule, dansant sur ses pieds métalliques. Bientôt, leur mouvement se fit plus prononcé, attirant l’attention du K’han. Observant avec stupeur ces objets se mouvoir sans qu’il ne l’ait décidé, sa colère retomba instantanément, stoppant avec elle l’animation du métal. Encore une fois, son pouvoir perdu se manifestait étrangement, d’une manière qu’il ne parvenait pas à comprendre, ni à maîtriser. Et il en était effrayé, lui qui maniait la terre avec auparavant tant d’habilité. Il n’était plus capable de faire quelque chose de bien de ses pouvoirs, il le vivait très mal. Bien qu’environ une semaine s’était déjà écoulée depuis qu’il avait découvert ces manifestations, et qu’il tentait de les apprivoiser, il n’y était pas encore et il s’en maudissait pour ça. Un peu de calme ne lui ferait donc pas de mal cette nuit.

Calme qu’il espérait trouver aux alentours du palais, sous la lune qui éclairait le ciel et le paysage qui s’offrait à elle. Assis à l’extérieur dans l’herbe humide, le K’han faisait errer ses pensées sur tout et n’importe quoi, ayant seulement pour but de s’aérer l’esprit. Le silence des ombres de la nuit l’apaisait, et c’est tout ce qu’il demandait. Les doigts frôlant les brins verts tout autour de lui, il savourait le toucher d’un sol avec qui il ne faisait qu’un auparavant. Désormais, ce temps était révolu, et pourtant, il continuait de l’apaiser, de le calmer. Il ne se sentait jamais mieux que sur les terres qui l’avaient vu grandir. Il ne sut pas combien de temps était passé lorsqu’il ouvrit les yeux, mais la lune avait continué son petit bout de chemin. Il passa une main sur son visage, puis se mit en tête de rebrousser chemin. Il était temps de retourner dans sa chambre, histoire de se reposer dans un vrai lit. La tête fixée sur ses pas, il ne vit pas l’homme qui lui faisait face. Malheureusement d’ailleurs, puisque s’il l’avait aperçu de loin, il aurait sûrement fait demi-tour, quitte à se rallonger pour trouver un autre chemin. Mais c’est une voix qui lui fit lever la tête, une voix qu’il reconnaîtrait entre mille, malgré toute la haine qu’il lui vouait. Il ne voulait plus l’entendre, et pourtant, elle était l'une des rares à faire surgir de douloureux souvenirs. Elle remuait des démons qu’il avait préféré enterrer au plus profond de lui. « Gunnar. » Kaz se trouvait face à lui, sa silhouette se dessinant dans la lumière de l’astre lunaire. Une pointe vint transpercer le cœur du K’han, synonyme de l’affection qu’il avait porté à ce garçon pendant de nombreuses années. Il l’avait tellement aimé, comme un frère, comme une seconde partie de son être. Mais cette partie s’était délitée, brisée en mille morceaux. Et la douleur lui avait fait place, pour ne faire naître qu’une cruelle haine. Désormais, tout ce qui touchait à Kaz n’était qu’une plaine stérile de sentiments sombres. Un monde s’était écroulé avec lui.

Et voilà qu’ils se faisaient face ce soir, une nouvelle fois. Cela faisait tellement longtemps qu’ils ne s’étaient plus adressé la parole, Gunnar n’ayant plus l’utilité de gaspiller son souffle pour celui qui le faisait se sentir si vivant auparavant. « Je suis content de te voir. » Une grimace vint tordre les traits du K’han. Il ne pouvait confirmer de son côté. Et même si le blond avait voulu en dire autant, même s’il avait voulu retrouver ce frère perdu, il n’y arriverait pas, pas maintenant. Kaz avait apporté avec lui beaucoup trop de souffrance et de rancœur, et seulement pour le cœur d’une femme. La trahison était la pire des choses que l’on pouvait faire à Gunnar, et encore plus lorsqu’elle provenait d’un ami, lui qui était si loyal envers tous. « T’as… T’as l’air d’aller bien. » Un silence, un long silence. Lui qui ne pensait qu’à passer du temps à côté de ce frère perdu, n’avait désormais plus rien à lui dire. Gunnar ne savait même pas quoi lui répondre, rien ne sortait. Les yeux rivés dans ceux du Ravenscar, il finit par se forcer à prononcer quelques mots. Il faudrait bien qu’ils finissent par s’expliquer un jour. « Kaz. » Ce prénom qui émanait de ses lippes semblait si invraisemblable maintenant, comme s’il ne l’avait pas prononcé depuis un temps infini. Comme s’il lui était étranger. Depuis combien de temps avaient-ils évité la discussion ? Le K’han ne le savait même pas, et il n’avait pas cherché à le savoir plus que ça en réalité. « Je suis désolé, mais je ne peux pas en dire autant. » Était-il sincèrement désolé ? Il ne le savait même pas. Il ne savait même plus quoi penser de leur relation. Dans le passé si soudés, ils n’étaient plus que deux âmes perdues, vides de leur substance sans cet autre. « Je me porte très bien merci. » Un silence alors qu’il ne lui retournait pas la question. Ça ne l’intéressait plus. Cependant, il s’efforça tout de même d’ajouter autre chose à cette conversation qui semblait irréelle. « Que fais-tu dehors à une heure pareille ? Tu n’arrives pas à dormir ? » Si tel était le cas, voilà qu’il leur restait au moins un point commun. Gunnar se demandait si les insomnies du Ravenscar étaient liées au virus, lui aussi, ou bien s’il était torturé par tout autre chose. Dans un temps, il s’en serait inquiété, et aurait tout fait pour aider son acolyte à retrouver le sommeil. Cette nuit, il voulait seulement retourner dans sa chambre, seul.

Made by Neon Demon

Sujet: Re: we used to be brothers (kanar) Jeu 4 Jan 2018 - 22:13

You and I go hard at each other like we're going to war. You and I go rough, we keep throwing things and slamming the door. You and I get so damn dysfunctional, we start keeping score. You and I get sick, yeah I know that we can't do this no more

« Kaz. » Trois lettres terriblement froides entre les lèvres de celui qui ne savait pas assez bien dissimuler son courroux. Son dégoût. Sa peine. L’impétueux Ravenscar réalisait alors à quel point les choses avaient changé. Et combien il avait été idiot de tenter de nier l’évidence, de se dissimuler derrière des souvenirs désormais éteints. Le sauvage avait bien tenté de se convaincre, de se persuader que l’inimitié qui émanait désormais du K’han le laissait indifférent. Un immense mensonge. Parce qu’il avait presque l’impression de se trouver dans un monde parallèle, à des milliards d’années lumières. Comment cette distance avait-elle pu s’installer entre ceux qui s’étaient toujours considérés comme deux frères ? Parce que Gunnar avait été son repère, son ancrage. Dès les premières secondes. Il avait été celui qui avait pris le gamin terrorisé par la main, celui qui s’était occupé de lui, l’avait mis à l’aise et en confiance. Le blond avait été son univers, son frère, son père, son ami. Son âme-sœur. Dès les premiers instants, une connivence s’était crée entre deux. Douce chaleur intérieure qui se propageait lorsque la pièce rapportée se postait à côté de son mentor. La certitude d’une confiance absolue, d’une loyauté sans failles. Un lien rare et précieux, dans le terrible Empire d’Aksana. Un lien rare et précieux que Kaz avait réduit en cendres, détruit, broyé. Sans espoirs de pouvoir recoller les morceaux. Et ce, pour quelques nuits passées à honorer une divine créature. Qui elle aussi, avait fini par partir. Il avait sacrifié l’amitié la plus sincère pour une jouissance éphémère. Sa faute. Même s’il prétendait perpétuellement le contraire. Il payait le revers de ses mauvaises actions et il le payait terriblement cher. « Je suis désolé, mais je ne peux pas en dire autant. » Une dague plantée en plein cœur. Un coup terriblement douloureux. Presque fatal. Heureusement que le guerrier était assis, sans quoi il aurait probablement vacillé. Il savait qu’il avait fauté, qu’il avait mal agi. Qu’il était le seul à blâmer. Le seul responsable. Et cela, son ego masculin ne le digérait que très mal. Parce qu’il n’avait pas réfléchi avant d’agir, persuadé que ce qui l’unissait à Gunnar était immortel, indéfectible. Invincible. Persuadé que son frère d’adoption pourrait tout lui pardonner, oublier ses mauvais agissements au nom de leur sacro-sainte amitié. Il s’était pensé intouchable parce qu’il avait grandi avec le K’han, parce qu’ils avaient tout partagé. Des jeux enfantins en passant par les premières conquêtes amoureuses, aux entraînements militaires. Des rires, des larmes, des sourires. Le Ravenscar était persuadé qu’ils seraient toujours là l’un pour l’autre, qu’ils vieilliraient côté à côté dans l’entente la plus parfaite. Qu’il serait son témoin lors de son mariage, le protecteur de ses enfants. Que jamais rien ne pourrait les séparer. Il avait pensé leur amitié éternelle parce que, jusqu’à ce que Kaz faute, elle avait été immuable. Mais il avait été banni, exilé, chassé. Et son meilleur ami n’avait pas levé le petit doigt pour l’aider. N’avait pas essayé de le contacter, de le retrouver, de l’aider. Parce que si sa magnifique fiancée n’avait aucune importance pour lui, l’acte de Kaz était porteur d’une trop grande trahison pour qu’il puisse aisément l’oublier. Lui, celui pour qui il aurait remué ciel et terre, lui avait éhontément menti. Lui avait joué un mauvais tour. L’avait trompé. Pour une femme qui ne comptait pas, pour une femme qui ne signifiait rien pour lui. Ne pas toucher Silke avait été la seule demande que le K’han ait jamais exprimée. La seule demande que le Ravenscar ait été incapable de respecter. L’attrait de l’interdit. Un sortilège envoûtant. L’inconscience. Les excuses que l’impétueux s’étaient donnés à lui-même était multiple. Parce qu’il avait bien du mal à accepter de prendre la faute à son compte, d’admettre qu’il était l’auteur de sa déchéance. Le chasseur s’était construit une image de sa propre personne, une figure dorée et attrayante qu’il ne voulait certainement pas entacher. « Je me porte très bien merci. » Et le silence qui s’installait autour d’eux. Entre eux. Plus oppressant que jamais. Plus douloureux que jamais. Plus triste que jamais. Pas une seule fois, Kaz n’avait imaginé que la situation puisse ainsi se détériorer. Fantasmatiquement, il s’était imaginé que Gunnar lui pardonnerait, l’accueillerait à bras ouverts lors de son retour en grâce. Mais il n’en avait rien été. Regards hautains dédaigneux, chargés d’une rancœur indicible. Non, Kaz n’était pas le bienvenu pour tout le monde. Et surtout pas pour celui qui comptait le plus à ses yeux. « Que fais-tu dehors à une heure pareille ? Tu n’arrives pas à dormir ? » Il faisait la conversation parce qu’il avait été bien élevé, qu’il était poli. Mais certainement pas parce qu’il en avait envie. Les intonations de sa voix étaient trop claires pour que le brun s’y laisse tromper. Gunnar aurait préféré le voir rester seul, au fin fond de sa forêt. Sa simple présence le dérangeait. Sa simple vision le dégoûtait. Kaz désirait, du plus profond de ses entrailles, pouvoir changer les choses. Mais il ne savait pas comment. Parce qu’il avait honte, également, d’avoir agi comme il l’avait fait. Même si jamais il ne l’avouerait. Absolument jamais. « J’admirais les étoiles. Tu sais, depuis le fond de la forêt, on les voit pas beaucoup. » Il essayait de plaisanter, de se cacher sous des dehors joyeux. Comme il l’avait toujours fait. Prétendre ne rien ressentir de négatif. Se mentir à soi-même pour tenter de trouver un équilibre qui était plus que précaire. « Non, je n’arrivais pas à dormir. Le poids de mes fautes passées m’empêchera à tout jamais de trouver le sommeil, dixit ton adorable sœur. A croire que je l’ai froissée. »

Sujet: Re: we used to be brothers (kanar) Mar 23 Jan 2018 - 23:55

We used to be brothers

Kaz & Gunnar

"Trahir un ami est la plus grande des trahisons, on ne retrouvera jamais son cœur ni sa confiance"

Greenstall

Loyauté. Honneur. Droiture. Des mots qui signifiaient tant pour le K'han. Des principes qu'on lui avait enseigné dès le plus jeune âge, dès qu'il avait su tenir une lame en main. Des règles qu'il s'était promis de suivre depuis toujours. Parce qu'elles lui étaient importantes, elles lui semblaient primordiales. À ses yeux, elles étaient essentielles, ne serait-ce que pour être un homme bon, un homme prêt à servir sa nation, sa famille, ses amis. Alors le K'han, il ne concevait pas qu'on puisse briser ces règles, qu'on puisse les ignorer tout bonnement. Du moins pas Kaz, pas son frère d'adoption, pas sa moitié d'âme. Il y en avait des traîtres dans ce royaume, et à la pelle même, mais Kaz ? Non, pas lui. Gunnar n'avait pas voulu y croire, Gunnar aurait protégé ce frère qu'il aimait comme son propre sang. Il aurait tué pour lui, il aurait saigné pour lui, il aurait donné sa putain de vie pour le Ravenscar. Alors apprendre sa trahison, ça avait été plus qu'un choc. Ça avait été un vrai tremblement de terre, la destruction d'une chose si belle qu'était leur amitié. Et le palpitant du K'han il avait saigné, oh oui. Ça lui avait fait tellement mal. Son frère. Et s'il n'avait pas eu autre chose à penser, s'il n'avait pas eu des responsabilités, et des gens sur qui compter. Peut-être bien qu'il n'aurait pas réussi à surmonter ça tout seul, peut-être bien qu'il serait encore en train de ressasser les moments qu'ils avaient passés ensemble, main dans la main. Mais non, il n'en était pas là, il s'était relevé, comme toujours, comme sur un champ de bataille. Gunnar c'était un guerrier, et il le savait, les blessures ça se refermait toujours, même si elles laissent des cicatrices. Il suffit d'un peu de temps, d'un peu de soutien, et il n'y avait plus que les mauvais souvenirs. Et il n'avait pas cherché vengeance le blond, ça n'aurait servi à rien. À quoi bon s'abaisser au niveau du Ravenscar ? À quoi bon le mettre à terre, alors qu'il avait déjà bien souffert de son bannissement. Gunnar n'était pas mauvais, il avait laissé couler, tout simplement. Kaz avait déjà perdu ses frères, sa patrie, il n'avait plus grand-chose après ça. Pourtant, la haine elle était encore là, profondément ancrée dans le K'han, comme inscrite dans son crâne. Il ne la nourrissait plus depuis le temps, mais elle se réveillait d'elle-même à la vue du frère perdu et de cet ennemi retrouvé.

« J'admirais les étoiles. Tu sais, depuis le fond de la forêt, on les voit pas beaucoup. » Un air enjoué, l'air que Gunnar appréciait tant voir le matin. Avant. Il ne faut pas croire, il souffre le blond. Il avait perdu son égal ce jour-là, et tout ce qu'il représentait. Et ça faisait un mal de chien de le voir en face, et de n'avoir rien à dire. Juste une envie, partir. Fuir l'homme qu'il aurait pourtant cherché il y a quelques années. Un monde entier s'était immiscé entre eux, et le K'han ne voulait même plus retrouver son autre. Le vide seulement, pour ce frère qu'il aurait préféré perdre à jamais, plutôt que détester, ignorer. Alors il reste de marbre suite aux mots qui passent, et s'effacent aussitôt. Il voudrait réagir Gunnar, il voudra ressentir et enfin pardonner le Ravenscar, mais il n'y arrive pas. Il n'y a rien qui sort, plus rien qui bat pour lui. « Non, je n'arrivais pas à dormir. Le poids de mes fautes passées m'empêchera à tout jamais de trouver le sommeil, dixit ton adorable sœur. A croire que je l'ai froissée. » Il s'autorise enfin un léger sourire, parce qu'il entend le nom de sa douce sœur. Enfin, douce, d'une certaine manière. Nehina, elle avait les mots durs, elle avait la franchise avec elle. Et même si leurs chemins s'étaient éloignés, à la plus grande tristesse de l'aîné, il l'aimait sa sœur. Il savait qu'elle, elle tenait à sa famille, elle ne serait pas comme le Ravenscar, malgré tous les défauts qu'elle avait. Mais ils n'étaient pas comparables, rien ne servait de s'engager sur un tel chemin. Parce que Gunnar trouverait toujours quelque chose à redire sur le brun. Et pourtant, il ne voulait pas se l'avouer le K'han, mais il voulait le retrouver son Kaz, tellement qu'il en avait mal. Mais il s'en voyait incapable, il n'avait pas le courage. « J'imagine. » Un mot si stérile. Il voudrait parler, dire autre chose, mais le bocal est vide, brisé. « Mais ici, tu vas pouvoir les observer à ta guise. » Information des plus intéressante de la part du blond, c'est tout ce qu'il avait trouvé à dire.

Il se trouvait tellement ridicule. Il aurait presque été préférable de mettre fin à cette conversation. « Nehina… Excuse là, elle… n'a pas toujours les mots qu'il faudrait, ou qu'on aimerait spécialement entendre. » Et pourtant, il ne lui en voulait pas du tout de lui avoir dit une telle chose. N'était-ce pas la stricte vérité ? Autrefois, il aurait protégé Kaz de sa sœur. Plus maintenant. Mais Gunnar comprenait, ça ne fait pas forcément plaisir, alors il préférait s'excuser, bien que de telles excuses ne valent pas grand-chose. « Quant à ton sommeil, je suis vraiment désolé que tu ne le trouve plus, surtout si ce sont tes fautes qui te pèsent tant. » Et il était sincère le K'han. Parce que la colère le secouait, mais voir souffrir son ancien frère n'était probablement pas ce qu'il cherchait le plus. Gunnar était peut-être trop gentil, il n'avait pas un mauvais fond, voilà tout. L'animosité, la rage envers cet autre, oui. La souffrance, les tourments, non, il ne lui souhaitait plus. « Mais ne t'en fais pas Kaz, ne te sens plus coupable, ne te ronge plus pour ça. » Un air paisible, serein. « J'ai mis cette histoire de côté, j'ai bien d'autres choses à penser. Ce qui est fait est fait, désormais tu n'existes plus vraiment, je suis assez indifférent à tout ça. C'est la seule solution que j'ai trouvée pour ne plus souffrir de ton geste et… de ton absence. Effacer. » Il haussa les épaules. Était-il si indifférent que ça ? Probablement. Il n'arrivait plus à l'exécrer, ni à l'aimer. Il ne savait plus comment se comporter avec lui. Qu'il soit là ou pas, rien n'y changeait. Pourtant, tout au fond de lui, il y avait une voix qui criait, qui avait besoin de ce frère, cruellement. Mais elle n'était pas assez forte, il l'entendait à peine. Tout ce qu'il entendait, c'était une toute autre voix. Kaz a trahi, Kaz ne mérite pas le pardon. Kaz mérite l'ignorance, il n'existe plus, il n'est rien pour toi Gunnar, rien du tout.

Made by Neon Demon

Sujet: Re: we used to be brothers (kanar) Ven 26 Jan 2018 - 22:54

You and I go hard at each other like we're going to war. You and I go rough, we keep throwing things and slamming the door. You and I get so damn dysfunctional, we start keeping score. You and I get sick, yeah I know that we can't do this no more

« J’imagine. Mais ici, tu vas pouvoir les observer à ta guise. » Des banalités affligeantes. C’était donc tout ce qui restait de leur précieuse amitié ? De cette fraternité qui semblait si naturelle et à présent irrémédiablement perdue ? De leur entente sans précédents ? Le seigneur d’argent et le gamin de rien. Une complicité qui était née dès les premiers regards. Coup de foudre brisé par l’impossibilité de Kaz à résister à une maligne créature. Il avait tout fait voler en éclats. Réduit le plus beau des liens en un tas de cendres. Tout était de sa faute. Le seul à blâmer. Responsable. Jugé coupable sans le concours d’un jury. Condamné au plus lourd des regrets de son propre chef. Et le Ravenscar portait ce poids sur ses épaules. Un poids qui se faisait plus présent à mesure que le temps s’égrenait. Avec une rapidité déconcertante. Le chasseur avait l’impression qu’en tendant la main, il pouvait effleurer ces monceaux de son passé. Ceux qui semblaient si brillants. Si agréables. Ponctués de rires sans fin. D’étreintes sincères. D’une douce langueur dans l’âme. D’un cœur serein car comblé. Il avait tout pour être heureux. Rien de quoi se plaindre. Le Sort lui était déraisonnablement favorable. Les femmes. Les amis. Les frères. La réputation. Un avenir glorieux l’attendait. Rien ne pouvait se mettre entre ce dernier et l’enfant sauvage. Excepté lui-même. Sous prétexte de non-conformisme et pour ne pas se plier à une règle qui déplaisait à son esprit rebelle, Kaz s’était allé au pire des méfaits. La forme la plus basse de trahison. Entre frères. Avait planté un couteau dans le dos à celui qu’il estimait par-dessus tout. A celui qui avait été cette idole secrète qu’il avait vénérée silencieusement durant des années. Gunnar avait été cette présence invisible mais toujours bienveillante. Celui à qui Kaz n’avait jamais rien caché. Celui qui connaissait tout des affres de son âme. Des tourments de son esprit. De la froideur génétique de son cœur. De son impossibilité chronique à s’attacher à autre chose qu’à son reflet dans le miroir. Pauvre petit égocentrique qui avait tout brisé par une jolie paire de jambes et des courbes enchanteresses. « Nehina … Excuse-la, elle … N’a pas toujours les mos qu’il faudrait ou qu’on aimerait spécialement entendre. » Ricanement sarcastique de l’ancienne pupille de la nation. Ses épaules s’affaissèrent sous le poids des trop nombreux mauvais choix qui jalonnaient son existence. Incapable de bien agir. De bien se comporter. Comme une malédiction ancestrale qui pesait sur lui. Il avait si peur de se temps qui défilait sans qu’il puisse le saisir. Si peur de devenir un adulte. Un Homme. Si effrayé à l’idée de laisser l’inconscience s’échapper. Si terrifié de vieillir. Une peur obsessionnelle qui jamais ne le quittait. Hantant ses nuits. Et ses journées. Chacune de ses pensées. L’empêchait de respirer. De mener une vie saine. De construire quelque chose de solide. Rien que de l’éphémère. Encore et toujours. Pas d’attaches, pas de risques. Se conduire comme lorsqu’il avait vingt ans et que sa seule ambition dans la vie était de cumuler une liste de conquêtes plus longue que celle d’Adonis. S’oublier entre les cuisses de femmes dont il ne prenait pas la peine de retenir le prénom. Faire des erreurs sans jamais tirer de leçons. La bêtise de la jeunesse. Mais à l’aube de ses trente ans, le brun sentait bien que cette attitude ne pourrait être éternelle. Qu’un jour ou l’autre, il devrait finir par rentrer dans le droit chemin. Ne plus toucher qu’une seule et unique femme. Fonder une famille. S’ennuyer à mourir dans une malheureuse cabane qui jamais ne pourrait égaler les splendeurs du palais de Greenstall. Puis ce serait l’apparition des rides. L’arthrose. Et la mort. Inéluctable fin pour tout un chacun. Mais un dénouement que le Ravenscar ne voulait pas accepter. Il se voulait éternel. Désirait ne rien connaître d’autre que l’insouciance, le rire et l’inconstance. Mais son horloge biologique le rappelait à l’ordre. Tout comme les regards que portaient les autres sur lui. « Quant à ton sommeil, je suis vraiment désolé que tu ne le trouves plus, surtout si ce sont tes fautes qui te pèsent tant. » Et l’air si détaché du K’han qui finissait d’achever l’âme déjà meurtrie du Ravenscar. Il avait rêvé de ces retrouvailles. Avait imaginé un milliard de scénarios différents. Mais jamais il ne s’était attendu à trouver cette polie froideur chez celui qui avait été son monde. Celle qu’il réservait d’ordinaire aux étrangers. Et c’était si douloureux. Si douloureux de constater l’étendue des dégâts. De constater à quel point un fossé séparait désormais les deux frères. Quelque chose était brisé en lui. Quelque chose qui ne pourrait être réparé. Une fissure qui les éloignait l’un de l’autre. Sans possibilité de lutter. Et il n’y avait personne d’autre à blâmer. Pas cette fois. Fautif. Fautif. Fautif. « Mais ne t’en fais pas Kaz, ne te sens plus coupable, ne te ronge plus pour ça. » Si facile à dire. Si difficile à réaliser. Et toujours ces mêmes pointes d’ennui qui perçaient dans la voix du blond. Comme s’il aurait préféré être partout plutôt qu’ici. Près de celui qui était désormais un simple étranger. Et leurs yeux qui refusaient de se croiser, qui s’évitaient consciemment. Désespérément. Le Ravenscar aurait souhaité que Gunnar lui ouvre ses bras et que la paix totale soit proclamée. Au lieu de cela, le blond affichait une indifférence totale. Comme s’il conversait avec un homme qu’il venait de rencontrer. Comme s’ils n’avaient jamais rien partagé. Jamais rien vécu ensemble. « J’ai mis cette histoire de côté, j’ai bien d’autres choses à penser. Ce qui est fait est fait, désormais tu n’existes plus vraiment, je suis assez indifférent à tout ça. C’est la seule solution que j’ai trouvée pour ne plus souffrir de ton geste et … De ton absence. Effacer. » Le coup fatal. Flèche parfaitement ajustée. Poignard en plein cœur. Erigé bourreau par le seul poids des mots. Le cœur qui se serrait douloureusement. L’esprit qui hurlait à la mort. L’esprit qui tentait de ne pas comprendre. Ne voulait pas comprendre. Refusait de comprendre. Fermer les yeux jusqu’à ce que le mauvais rêve se termine. Endurer et attendre. Sa politique personnelle. Et les traîtresses larmes qui commençaient à affluer au fond de ses yeux bruns. Menaçaient de déborder et de se rendre à la vue du K’han. « Ouais, effacer, je comprends. » Voix opprimée, qu’il tentait tant bien que mal de contrôler. Ne pas laisser voir sa peine. Jamais. Jouer au gros dur même lorsque le sol se dérobait sous ses pieds. Rester en place même quand tout le poussait à retourner la solitude des bois. Kaz était puni pour ce qu’il avait fait. Mais il jugeait le prix de son supplice bien trop élevé. Trop difficile à endurer. « Toi aussi, tu m’as manqué. » Je suis désolé. Désolé. Désolé. Désolé. Comme une terrible litanie qu’il n’arrivait pas à s’ôter de la tête. Mais qu’il ne pouvait prononcer. Les excuses restaient désespérément coincées dans sa gorge. Trop de fierté. « En tout cas, permets-moi de te féliciter. Ton indifférence est absolument parfaite. Je t’envie ta capacité à oublier. » Il aurait aimé en être capable, lui aussi. Mais ne cessait de ruminer. De se souvenir. La camaraderie. Les premiers émois. La joie indicible. Une certaine silhouette blonde. Et Gunnar, partout, toujours teinté de regrets. Son image entachée par ce que le Ravenscar avait fait. « Je te l’envie tellement … » Un souffle, à peine audible. Un murmure pour lui-même plus que pour celui qui était devenu Autre.

Sujet: Re: we used to be brothers (kanar)

» brothers of different parents (kaz)
» bitter are the wars between brothers. (eronis)

we used to be brothers (kanar)

we used to be brothers (kanar)

Sujets similaires

Sujets similaires