La sirène remet sa capuche sur le sommet de son crâne avant de s'enfoncer un peu plus dans les ténèbres. Les rues pavés de Jhiu N'guri ne lui sont pas familières à la bronze. Et elle se perdrait facilement si elle n'avait pas déjà fait le chemin auparavant. Ses iris émeraudes toisent le sol boueux alors qu'elle évite de croiser le regard d'une personne mal attentionnée. C'est un rire presque ironique qui caresse ses lippes à cette pensée. Elle, la douce colombe qui marche tout droit dans la gueule du loup, et sans qu'elle n'y soit forcée. Parce que la poupée est désespérée. Et c'est ce qui pousse même les âmes les plus pures à commettre le pire. Mais pour celle qui partage son sang, Raya serait prête à tout. Jamais, l'idée qu'elle ne soit morte, ne lui a parcouru l'esprit. Elle le sait, elle le sent. Freya est là, quelque part au sein d'Aksana. Peut-être passera-t-elle les trente prochaines années de sa vie à continuer sa quête du St-Graal, mais elle s'en moque. Elle n'a plus que ça, ça et la résistance. Alors sa vie ne vaut plus grand chose de toute évidence, maintenant qu'elle avait perdu tous ceux qui lui étaient chers, et son père finirait par s'en remettre, lui qui attend avec impatience de rejoindre sa bien aimée. Ses talons martèlent les pavés alors qu'elle arrive face à la devanture du bordel le plus côté d'Aksana. Elle arque un sourcil et retient un sourire alors qu'elle n'aurait jamais pensé franchir le seuil d'un tel endroit, d'un temple de la luxure. Elle n'hésite cependant pas longtemps avant de pousser la lourde porte en bois avant de retirer sa capuche et de laisser sa chevelure d'ébène voguer au gré de ses envies. Raya n'eut pas le temps de faire quelques pas que déjà une main agrippe fermement son bras jusqu'à lui arracher une grimace. – Désolé ma jolie, ça n'est pas un endroit pour toi, retourne chez papa avant qu'un de ces ingrats ne posent sa main sur toi. La sirène arbore un air volontairement choqué. Et avant qu'il n'ait eu le temps de réagir, un petit couteau se trouvait entre ses doigts, prêt à déchirer la jugulaire du géant face à elle. Son regard est féroce et elle peut voir du coin de l’œil qu'il lâche enfin son bras endolori. – Une femme ne viendrait jamais sans avoir de quoi se protéger elle-même. Elle est peut être folle, suicidaire selon certains, mais si elle doit perdre la vie, cela ne sera pas d'une façon aussi idiote. – Maintenant reculez et amenez moi à Ace Kimora, j'ai à faire avec lui. Elle peut entendre l'homme grogner alors qu'il ne doit sûrement pas apprécier qu'une femme lui dicte quoi faire, mais il n'a visiblement pas le choix. Raya retire l'arme de sa gorge, mais elle garde la lame entre ses doigts, juste au cas où. Elle finit par le suivre jusque dans les méandres du boudoir. La poupée ne fait pas attention aux regards qui peuvent se porter sur elle, de toute évidence, elle est bien trop habillée pour travailler ici. Elle se retrouver devant une porte et n'attend pas la permission pour frapper puis rentrer. – Ta sécurité laisse franchement à désirer. Elle n'a pas besoin de se présenter, plus maintenant qu'elle avait pactisé avec le diable. Raya range sa lame et retire sa cape, la déposant dans un coin. – Je crois qu'il n'a pas aimé se faire avoir par une fille. Mais elle s'en moquait royalement l'insolente. – Des nouvelles ? Parce que c'était ça le marché, une information contre une danse enflammée.

Spoiler: