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{guide my way to you}
crédit/ tumblr ✰ w/hiros

Ses doigts délicats serraient le papier, elle lisait une dernière fois ces quelques mots, les imprégnaient dans sa mémoire puis jetait la lettre dans le feu. Il la consumaient tandis que ses iris fixaient la danse des flammes, détruisant toutes traces de sa rencontre avec le mêlé. Gareth. Un soupir s'échappa de ses lèvres pincées. Il lui avait donné l'occasion de le revoir, de lui reparler, mais ça n'avait pas été assez. Elle aurait aimé avoir plus la princesse, un moment plus long, plus doux. Elle aurait voulu l'étreindre et ne plus le lâcher. Puiser dans sa force pour ne plus se sentir faible. Mais les Sept n'avaient pas été de cet avis, ils ne leur avaient pas accordé cet égarement. Parce que chaque toucher se transformait en décharge, chaque caresse devenait blessure. Voilà plus d'une semaine qu'ils s'étaient revus et elle n'arrivait toujours pas à oublier l'amertume que cette rencontre lui avait laissé. La demeure Griffith s'élevait à nouveau, les maîtres et les mêlés retrouvant leur force et leur couleur habituelles. Pourtant, l'atmosphère restait pesante. Les corps s'étaient empilés jour après jour et les pertes dépassaient ce que les gens pouvaient s'imaginer. Nombreuses familles avaient été détruites, des vies avaient changé. A commencer par la sienne. Si sa connexion avec la terre lui était revenue, elle avait aussi commencer à sentir le sable courir entre ses doigts. Il lui obéissait, tournoyait parfois sous ses pas. Un nouveau don que lui avait accordé les Dieux. La nymphe se voyait bénie par ces êtres supérieurs qu'elle avait pu maudire dans sa jeunesse. Une fois assurée que la missive avait bien disparu dans les cendres, Hissa quitta la chambre pour rejoindre une partie éloignée du château. Tendrement, ses mains effleuraient la roche. Elle la sentait, l'entendait à nouveau. C'était comme retrouver une partie de soi après avoir été détruit en morceau. C'était comme une douceur dans la violence. C'était agréable. Bien vite, ses pas la menèrent jusqu'à la salle d'entraînement que leur offrait la demeure de la famille de la terre. Spacieuse, équipée, elle permettait à chaque soldat d’aiguiser sa lame et de frapper dans les airs. La nymphe avait déjà commencé à pratiquer en dehors de ces murs, aux côtés d'une beauté sombre et délicieuse. Rita. Une assassine intrépide qui avait accepté de l'aider dans sa quête, dans sa nouvelle vengeance fleurissante. Elle ignorait les intentions de la religieuse, et ça l'importait peu tant que l'argent tombait à ses pieds. Un compromis qui avait ravi la brune, peu désireuse de révéler ses pensées sanguines. Ses perles balayaient la salle et son oreille était attirée par des bruits de pas accompagnés par une respiration presque haletante. Silencieuse, elle s'approcha de la source et se redressa en en découvrant l'identité. Sous ses yeux attentifs se mouvait Eros, prince d'argent, amant de ses tourments. Elle pouvait sentir son cœur ralentir, s'apaiser. Si elle n'avait pu ressentir que dégoût et colère pour cet homme, elle se surprenait à lui ouvrir ses bras petit à petit. Parce qu'il avait été là dans un moment de grande faiblesse, qu'il l'avait libéré aux côtés d'Adonis. Oui, la nymphe s'était ouverte au gardien des Sept en ayant conscience qu'avec cette trêve, la souffrance viendrait. Parce qu'elle avait appris des choses dans le trou où on l'avait laissé. Une maîtresse. Une amante. Un démon gardant en son ventre le fruit d'un amour qu'elle aurait préféré ne pas connaître. Elle était amère Hissa, elle n'arrivait pas à oublier cette trahison. Mais elle n'avait rien dit, elle l'avait laissé l'approcher alors qu'elle aurait dû le repousser, l'éliminer. Elle enferma dans sa paume une épée et posa sa pointe sur l'épaule du soldat, le faisant s'arrêter dans son entraînement. « Un homme qui ne surveille pas ses arrières est un homme mort. » dit-elle, la mine froide pourtant trahie par un léger sourire. Amusée par la situation, elle se souvenait parfaitement de cette fois où il l'avait désarmée si facilement. Mais elle était plus expérimentée à présent, plus sûre. Une évolution qui ne s'arrêterait pas ici.

I'm going down the wrong road And living by the wrong code And chasing after dreams that don't come true Looking for the right signs And riding on the white lines Just trying to find my way to you @hissa griffith

Les gouttes de pluie viennent glisser sur son visage, alors qu’il laisse ses pas résonner contre les pavés du château de sa famille. Son propre sang résidant dans cette bâtisse, ce lieu bien trop grand, bien trop pénible, bien trop rigide. Il n’a jamais aimé l’endroit, il n’y a jamais rien trouvé de réconfortant, ni rien à quoi il pouvait s’identifier. Un lieu vide, dénudé de toute émotions, un rien qu’il ne tient pas dans son cœur. Les seuls souvenirs qui viennent le hanter sont ceux de son père, de sa déception, de ses gifles et de ce dégoût, ce dégoût qu’Eros était effectivement son fils, ce virulent échec. Il a appris à vivre avec, ou peut-être jamais vraiment. Mais la pression a disparu au moment où Ariane a été nommé héritière, au moment où sa destiné à lui n’était plus de devenir roi. Et quelque part, ça l’a rassuré, ça l’a apaisé, ça lui a donné l’opportunité de se concentrer sur sa religion, sur les Sept. Ces divinités que son père a toujours connoté d’inutiles, de futiles. Un rêve de gosse qu’il a réalisé, et d’obtenir l’attention de papa en est un autre, cet autre qu’il n’obtiendra probablement jamais. Jamais quand Thomas vivra encore, trop de fierté, trop de rancœur, trop de colère, et pas même une once d’amour. Et ça le grise le gosse, parce que tout ce qu’il a jamais demandé, c’est d’être remarqué, c’est d’être complimenté, par un père qui ne sait pourtant pas faire comment. Il soupire, soupire de ces souvenirs douloureux, alors que ses pas le guident automatiquement vers le seul lieu où il ne s’est jamais senti en sécurité, là où pour la première fois il a fait hausser un sourcil à papa. Cette salle d’entraînement qui l’a dorloté, qui l’a si subtilement faite souffrir. Qui l’a accompagné, et surtout vu grandir. Parce que peut-être qu’Eros est Sacerdos avant d’être un homme, mais le soldat, le soldat dans ses entrailles a toujours crié, crié à son potentiel, à ces poings d’acier, à cet élément qui se mariait si bien à son calme, sa froideur. Ce stoïcisme impénétrable, presque arrogant, presque glacial, Eros sait qu’il est né pour être un maître de la terre, qu’il en a tous les atouts, qu’il aurait pu devenir général, commandant, qu’il aurait pu se battre aux côtés de Thomas, aux côtés de sa nation. Mais le chemin qu’il a choisi l’a défini, a fait de lui l’homme qu’il est aujourd’hui, et si ce choix a fait arquer des sourcils, il ne regrette rien, trop fier, trop orgueilleux pour l’avouer ou même le penser, Eros sait que le calme l’atteint dans ce lieu, mais aussi dans son temple. Là où plus que jamais, il se sent en communion avec son élément. Les divinités parlent, se mêlent à sa cervelle, à ses dires et ses soi-disant visions, et si beaucoup le connotent de fous, d’autres l’acceptent. Parce que le message est clair, parce que s’il n’a pas décidé de devenir soldat, il peut endosser ce rôle pour mener son frère sur le trône qu’il mérite, béni par les yeux, Eros n'oublie jamais cet objectif.
Agrippant de ses mains rugueuses un bâton d’entraînement, Eros s’échauffe, étire ses membres, ferme les yeux pour profiter du silence, pour profiter de cette solitude. De ce vide ambiant, de ces particules de poussière qui viennent caresser sa peau, alors que la paix intérieure comme extérieure règne enfin. Et il se mouve naturellement, laissant ses bras battre l’air, laissant ses jambes se plier au rythme de ses pas, les yeux toujours fermés, appréhendant le destin qui l’attend. La violence a toujours été son remède, frapper pour frapper, se déchainer pour s’oublier. Et c’est toujours allé à l’encontre des dires de ses dieux, mais Eros a réinterprété, Eros a entendu l’acclamation de ses divinités, mais les a ignoré, parce que échapper à leur contrôle pour calmer ses propres démons, lui font un bien fou, un bien qu’il tente de nier, alors qu’il est constant. Il dépose le bâton et continue sa routine, mais il sent à ses côtés une présence, trop lent pour agir, la silhouette dépose une épée sur son épaule. – Un homme qui ne surveille pas ses arrières est un homme mort. – Il lève la tête pour voir la silhouette de sa femme. Hissa, ô belle Hissa, magnifique nymphe, démon, il l’a détesté, parce qu’elle n’était pas Elvira, parce qu’elle était elle. Eros apprend pourtant à écraser ces jugements attifs, péniblement subjectifs, tous ces préjugés qu’il s’est nourri à son propos semblent futiles, alors qu’elle semble bien vouloir l’apprivoiser lui aussi. Ils ont indéniablement perdu des années à se haïr, à vivre un secret si malmené. Et il pourrait s’en vouloir ; si seulement Eros n’était pas si fier. – Qu’attends-tu ? Un homme n’hésite jamais, au risque que la lame se retourne contre lui. – Il se défait de son emprise, mais remarque pourtant sa posture, cette confiance qu'elle émane, cette force qui ne s’y trouvait pas auparavant. – Je vois que tu t’es entraîné ; la technique est bien meilleure. – Il laisse un petit sourire se muer sur ses lèvres, alors qu’il se met en position défensive. – Testons ce que tu as appris. Je te promets de ne pas te faire trop mal. – Il dépose ses yeux en direction des siens ;