Au palais des courants d'air, Ira se fait poussière. Broutille larvée qu'emporte le vent, monarque – celui-ci incontesté – des viscères gelées de Volastar, que sont ces dédales et corridors. En sa caboche aussi, il s'est infiltré, chassant d'ici la dolente psyché, qui s'en est allée rallier de plus torrides atmosphères. Launondie, son castel et son Dragon, loin desquels son sang gèle et son cœur casse. Entre ses phalanges blêmes, usée d'avoir été par trop limée du regard, l'aubaine d'y sourdre en personne telle quelque spectrale rémanence est sous toutes les coutures étudiée ; comme si la décision n'avait pas déjà été prise, comme si l'entendement pouvait encore donner la réplique au monologue obsessionnel de l'insanité. Derechef, les prunelles s'en vont arpenter l'horizon d'encre que l'invitation aux noces royales lui révèle, un index vagabondant sur les vallées vierges du papier jusqu'à s'arrimer aux rayons de la lettrine solaire calligraphiant le O de Oshun ; cercle fermé, cercle vicieux, autour duquel graviter sans s'y brûler les ailes n'a jamais été aisé. Si échapper à son orbite incendiée s'avère cependant pire, il fallait pourtant s'en distancer pour voir le vide en face, dialoguer avec l'abîme ainsi démuselé, ce néant noir et froid qui la talonne partout ; son ombre, en somme. Silhouette qu'elle a trimballé aux quatre coins d'Aksana, avant de la confiner au revers de ces hauts murs, qu'elle hante à présent sans visée réelle si ce n'est celle, toujours, de donner au destin l'opportunité de la surprendre – leitmotiv ayant jusqu'ici guidé, sans les décevoir, chacune de ses vadrouilles.

De ce fait a-t-elle pris l'habitude de lorgner chaque aléa avec ce zèle que l'on connaît aux chats. Vigilance qui de patience et d'ombres se drape, dès qu'une souris daigne dévoiler à sa vue la moindre vibrisse. Exercice d'autant plus enfantin, dès lors qu'à ses poignets, soi-disant bénis, se sont noués les rênes des ténèbres et lueurs ; chimères éthérées dont elle s'exerce à dompter les ruades et galops, de sorte qu'on ne sache s'aviser de sa présence désormais qu'à la faveur de sa mutine volonté seule. C'est ainsi muchée au verso d'une tenture d'ombre, qu'elle les épie donc, ces deux seules âmes qui vivent ayant croisé ses torves sillons, depuis qu'à la solitude de sa chambre elle s'est soustraite, s'offrant une dernière virée vespérale, avant le départ pour Flamaerin, à l'aube suivante. Jeu de mains, jeu de vilains qu'elle aurait eu tout loisir de scruter sans qu'on ne l'y prenne, si au dernier moment, elle ne l'avait pas reconnu ; lui, l'hybride, dont elle avait déjà pu jauger les œillades élégiaques, en présence de la cousine de sa Majesté. Adiutor, lui avait-on confié. Amant ? s'était-elle demandé. Alors, une fois l'acolyte éloigné, ébrase-t-elle rien que pour lui son fin pan de nuit, afin de ne donner d'abord à voir que de luisants iris. Puis, lettre occultée sous manche, s'avance à sa rencontre. Au sourire qu'il lui adresse, la môme rétorque un haussement de sourcils, soulignant son étonnement, sitôt ponctue-il sa sentence courtoise. « Hm, qu'elle ânonne en le reluquant des pieds à la tête, faisant fi quant à elle de toute urbanité, Quelque chose me dit que vous l'avez appris à vos dépends, n'est-ce pas ? » Alors, seulement, esquisse-t-elle l'ébauche d'une risette sibylline. « Son Altesse Elvira m'a dit que je trouverais une chapelle dans cette aile-ci du château.., poursuit-elle, sondant les traits délicats du mêlé, à la mention de sa Maîtresse, Peut-être sauriez-vous m'y escorter ? » Déjà ses orbes se sont déportées vers l'extrémité du couloir tandis qu'elle ajoute, son timbre tombant dans les graves : « Entre égarés du droit chemin, serrons-nous donc les coudes.. »