|
| sultry black deed. (heira) // nsfw | |
| Auteur | Message |
---|
Invité Invité
| Sujet: sultry black deed. (heira) // nsfw Ven 9 Mar 2018 - 8:42 | |
| sultry black deed we were dragons. we were supposed to be cruel, cunning, heartless and terrible.but this much i can tell you, you ape: we never burned and tortured and rippedone another apart and called it morality. Entre spasmes et tétanies, Jhiu N'guri convulse, nauséeux, tout pinté qu'il est des suées caniculaires dont sa torpeur d'ivrogne s'est imbibée. Chargée des remugles de pisse liquoreuse arrosant les dalles encore chaudes des sentines, s'épanche déjà l'haleine de la gueule de bois figeant le faciès accablé du quartier. Ça sent la fin de l'été, oui, et celle des banquets solaires dont Launondie a fait excès, ces derniers mois, à la faveur de bien trop courtes nuits. Alors, la fête, au gré du vent qui tourne, telle une oiselle volage et capricieuse qu'aucune cage, même dorée, ne sait retenir, se dispose à migrer. Greenstall racole, dit-on partout. Forains et charlatans se sont passés le mot ; l'automne vient et, à son bras, les bacchanales nippées de feux de joie vont, comme chaque année, séduire de leurs chaloupes ardentes les foules noctambules d'Aksana. Le sujet se fait un porte-parole de toute les bouches, et en particulier de celle, éloquente et fébrile, d'un Redah lassé par la sédentarité qu'impose son gagne-pain au cirque de la capitale. Fils de forain, avant d'être mêlé, l'éphèbe dit de son sang coupé qu'il est à la croisée des chemins et qu'aux voyages, par conséquent, son cœur libre appartient ; tirade poétique que l'Adiutor se plaît à dégoiser pour le plus grand régal de ces dindes bourgeoises qu'il se gausse à encanailler puis à plumer, et qu'Ira, en réalité plus taquine que sévère, ovationne chaque fois d'une rotation orbitale désabusée, à cran d'avoir à subir telles effusions de niaiserie. Mais Redah n'est pas qu'un suborneur de vieilles dames, non. Redah, c'est un bretteur d'estrade, un orateur né, doté de ce bagou agile et féroce, apte à désarmer n'importe quel bataillon d'allégations qui, à sa passion, oserait se mesurer. A fortiori lorsque son émule, en débâcle, ne lui oppose plus désormais qu'une cohorte d'errements loqueteux et discordants, dont les rangs, ravagés de l'intérieur par une épidémie de doutes sans précédents, éclipsent mal la nudité d'un désarroi, vulnérable et affolé – en cela plus sauvage que jamais.
Auguste et monumental, au mitan du parvis, le chapiteau s'était pourtant érigé en citadelle écarlate. Un pays de cocagne recelant en son écrin le postulat le plus précieux – celui qui naguère était de toutes les batailles, refoulant d'un revers de paluche chaque assaut du dangereux scepticisme. L'affection d'Hector ; c'était cela oui, son unique Argument, sa légion d'un seul homme. Redah n'aurait rien pu tenter, contre cette parade-ci. Mais peut-être n'était-ce, en définitive, que la seule force de sa conviction d'enfant qui donnait à ce soldat de plomb telle puissance dévastatrice. Peut-être n'a-t-elle jamais été que la pupille d'un trompe-l'œil, un calot désorbité qui s'est inventé un regard pour lequel exister. Échine clouée au sable jonchant la lice, l'acrobate néophyte rêve pourtant toujours de s'envoler, comme pour dompter le vide gargantuesque, claquant des crocs derrière ses mollets perclus de crampes. Alors décision est prise ; si Redah lui demande à nouveau de le suivre sur les routes, elle acceptera. Maudit soit-il, elle le suivra oui, ou le néant la rattrapera. En tel vertige, elle puise ce qu'il lui faut d'énergie pour se relever et défier le sommet duquel, une énième fois, elle a chuté. Cependant, ne le sondant qu'avec peine, elle s'avise seulement de l'heure avancée ; au-dehors les dernières lueurs vespérales, qui éclairaient tantôt encore la piste au travers des tentures cramoisies, se sont laissées gober dans le ventre de la sorgue. Aussi, raflant au sol sacoche et touaille détrempée, c'est en s'épongeant les tempes que la traînarde, ruisselante et harassée, s'engouffre à son tour dans la bétoire obscure.
Au dedans du giron nuiteux, son vagabondage solitaire n'est escorté que par les phosphorescences des orbes bestiales jetées aux fers. Taules infâmes que ses phalanges hyalines ont l'habitude d'effleurer, taquinant loquets et cadenas sans oser braver plus avant, non pas la loi des hommes prohibant les jeux dangereux, mais celle de ses majestés humiliées. Si piteux qu'ils soient, ces enclos sont leurs fiefs et elle, rien qu'une intruse de plus, à la cour d'une autre race de rois. C'est auprès du plus vieux lion, celui qu'aucun badaud ne remarque plus, que la funambule fait halte, comme à son habitude, lorsque les environs désertés d'esgourdes indiscrètes lui en offrent l'opportunité, et ce depuis qu'il est devenu clair et limpide que plus personne ne l'espère, ni ne l'attend ailleurs. Assise en tailleur, colonne vertébrale s'annexant aux nombreux barreaux, elle se plaît à partager avec lui sa pitance, en silence. Mais ce soir, le vénérable n'est pas aussi impavide qu'à l'ordinaire ; quelqu'un rôde, quelqu'un d'assez dominant pour contrarier le flegme d'un souverain. « Où est-il ? », miaule alors la jeune chatte, et au fauve de gronder de concert aux instincts alertés.
Derrière-toi.
Dernière édition par Ira Sonhal le Dim 1 Avr 2018 - 17:19, édité 1 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: sultry black deed. (heira) // nsfw Dim 11 Mar 2018 - 19:48 | |
| L'État-Major est bien quiet. Dans ce lieu où l'on cartographie les belligérances à venir, dans cette antichambre où les guerres éclosent comme dans un champ de coquelicots rouge sang, l'effervescence de la journée pique du nez. Quelques employés besognent encore ici et là, affairés à leur griffonnage dactylographié ou épris d'une lecture sérieuse concernant rapports et procès-verbaux, mais le calme a pris ses quartiers dans l'immensité de la salle aux sénescentes voussures. Militaires et civils ont remballé leur vacarme et laissé tranquilles, pour une nuit, les hautes colonnes qui rallient le plafond — un ciel d'or où volent des héros peints. Dans l'enfonçure de la pièce, le bureau du coryphée est fermé à ce public d'ouailles qui a maintenant déguerpi, une tanière en laquelle il ne fait pas bon traîner et que subalternes, bureaucrates, commis, personnel, fuient comme s'il s'agissait d'une gueule béante prête à refermer sa mâchoire au moindre mouvement brusque. Ce soir, pourtant, la bobine malingre d'un officier se risque à approcher l'huis. Il heurte la vitre à la diaphanéité troublée et patiente, jusqu'à ce qu'un phonème ne lui grogne d'entrer.
Les orbes du Hutin quittent leur examen et se redressent à l'endroit du quidam. Sous ses pognes, quelques plans et analyses rapportées par les éclaireurs font état de la situation politique à Eartanera. Thomas Griffith est devenu son problème au moment même où le fantoche s'est mis en tête de couper les vivres de tout Flamaerin. Son erreur aura été de spolier par là même les ressources charriées jusqu'à Aerinstin et l'Aguarini de Merle Osanos. Une partialité que l'Oshun compte bien utiliser à l'avantage de l'Empire. Là n'est cependant pas le sujet, comme le lui fait bien assez tôt comprendre son gradé ; l'olibrius s'est approché et, d'une voix pieusement basse, lui a informé qu'une hirondelle partirait bientôt convoler avec le printemps. Il accuse la nouvelle en opinant sèchement du chef, puis congédie le héraut qui s'esbigne sans demander son reste. Rien qu'un volcan de lenteurs qui embobeline les apparences. Car, en deçà, le magma vrombit et trouble le repos du myocarde, crachant sur ses escarres frelatées des gerbes qui brûlent et qui corrodent. Les phalanges d'Hector pianotent une mélopée sourde et furieuse que lui inspire le tempo de son ichor révulsé, autant de tambours pulsant vertement dans l'hémicycle de ses tympans. La Bête n'accepte vraisemblablement pas qu'un piètre Cirque lui arrache sa perle. En vérité, rien ne saurait éloigner l'enfant des serres possessives du Dragon, rien ni personne, dût-il affronter des démiurges rogneux ou des légions revêches. S'ébrouant soudainement, la carrure abjure son ankylose solennelle et déserte son nid.
* * * Les fers de l'équidé cessent de marteler les pavements de la basse-ville et trouvent à présent le confort d'une terre dure quoique sablonneuse. Féral, le noble, grimé d'ombres et d'anonymat, il perfore la sorgue sans s'inquiéter des yeux épieurs essaimés dans le faubourg. Son destrier est une jument alezane qui passe inaperçu, davantage efficiente qu'un pur-sang ou l'une de ses berlines aux moteurs déchaînés. Une casquette et un long manteau dérobent aux rares hères croisés toute possibilité de reconnaître le fauve cuprifère du palais des flammes. Il fait halte à hauteur du chapiteau, démonte et attache les brides entre elles autour d'un étançon ; battoirs enfoncés dans les poches, c'est avec force opiniâtreté qu'il erre ensuite dans les parages, odorant sa proie plus qu'il n'espère la remarquer. Ira porte un parfum d'interdit qui le conduirait jusqu'aux enfers. Ses pas le portent là où la lumière se tait, il longe les caravanes, contourne le camp, traque une luciole qui, il ne le sait que trop bien, se complait dans les ténèbres amicales. C'est aux abords des cages qu'il la devine enfin. Mutique et sauvageonne, courtisant le danger avec un régal éhonté. D'animal à animal, il toise un instant les billes aliénées du prisonnier, méprise sans mot dire sa condition, jusqu'à ce qu'il scrute cette-fois un carré d'épaule qui dépasse de la cage. « Lève-toi, je n'aime pas te savoir dans la tourbe. » L'autorité naturelle, paternelle, berce les esgourdes de la nymphette comme s'il lui caressait le minois tout en fouaillant ses chairs. Lorsqu'elle s'exécute et toupille vers lui, un sourire fané par l'éréthisme qui l'habite étire ses lippes hispides. Il est pourtant heureux, le créateur, dès lors qu'elle est là, auprès de lui, et qu'elle jette sur la rocaille de son faciès ce regard ravageur d'ange adoré. « Viens avec moi. Rentrons. » La dextre s'est tendue, appelant à cette sujétion que le vieux lion réprouve d'un grondement. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: sultry black deed. (heira) // nsfw Mar 13 Mar 2018 - 22:24 | |
| Ruade au myocarde et galop dans les veines ; son sang cavale au cortex et, dans sa folle foulée, éclabousse d'une giclée de spume amarante l'envers du masque de porcelaine que la môme pivote à toute volée, comme si l'on venait de la gifler. À ceci près que ses orbes pluvieux, s'ils sont bel et bien humides, ne luisent là que d'une dilection torrentielle. Dans sa diligence à obtempérer, la môme manque trébucher – à moins qu'elle ne ravale in extremis un élan d'abandon dans les bras de l'Adoré. Ça ne se fait pas. Le très stricte cérémonial ne prévoit plus, pour les morveuses de son rang, de telles manifestations de tendresse. Avant, c'était permis, ou à tout le moins, était-ce toléré qu'une petite fille déboutonne le collet serré du protocole ; mais plus maintenant. Troublée, la môme défroisse alors, pour tenter de se donner un semblant de contenance, le peu d'étoffe flottant autour de ses guiboles flageolantes, loin de couvrir de pauvres genoux écorchés. Quelle allure, vraiment.. Pour sûr, ce n'est pas une Oshun qu'on pincerait de la sorte, à se vautrer dans la boue, ou même dans autre chose que de la soie. Si ce n'est pas la pudeur, ce devrait être à la honte, de l'étouffer. Il n'en est rien. « Pardon », qu'elle fredonne, fléchissant sa dépenaillée mais non moins docile échine, tandis que ses joues roses se gondolent d'une moue un peu trop hardie, pas assez solennelle. C'est que l'adolescence est passée par là et, dans sa secrète révolte, a laissé des marques, ici et là, sur la psyché du vilain petit canard devenu oiselle. Dès lors, tout ce qu'il dit, tout ce qu'il fait, est désormais passé au crible d'une scrutation de rapace. Ainsi, les méninges se sont-elles jetées, toutes serres dehors, sur ces quelques mots comme au devant d'un mulot bon qu'à être déchiqueté de bas en haut. « Je n'aime pas te savoir dans la tourbe » – est-ce donc à dire qu'elle pourrait prétendre à une autre place ? « Viens avec moi. Rentrons. »
Malicieux, le sourire vire à la sédition et l'œillade franche à l'oblique, lorsque la dextre du Protecteur en appelle, une fois de plus et sans douter, à sa silencieuse obédience. Les phalanges, qu'elle lui confie sagement, font cependant résistance. « Où ça ? », s'enquiert la Mutine, d'un ton candide, ses doux sourcils arqués soulignant tant sa fausse naïveté, que sa confusion la plus sincère. C'est que le Palais n'est plus une évidence, non. Plus depuis que toutes ses certitudes se sont fait la malle au bras de l'intérêt qu'il lui portait, naguère. « ... et pourquoi ? » Telle est la question, en somme, qui n'a cessé de l'obséder, ces semaines passées à essayer de fuir, dans le labeur, une situation réellement déconcertante et térébrante. Pourquoi diantre est-il venu jusqu'ici la chercher, puisqu'il ne semble pas même la remarquer quand elle est pourtant juste sous son nez, à crever bouche ouverte pour un regard, une parole de lui ? À quoi bon. Pourquoi ce soir, pourquoi pas plus tôt ? Pourquoi ? Et sa main, toujours moite lorsqu'il s'en saisit, se met subrepticement à trembler, quand des quatre fers, elle se braque, refuse d'avancer. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: sultry black deed. (heira) // nsfw Mer 14 Mar 2018 - 1:53 | |
| Le labre de l'enfant s'articule et blesse. Où ça ?, qu'elle le questionne, qu'elle l'interroge, battant les flancs du Protecteur qui s'assure de tiquer. Un rictus, une grimace, qu'importe, ridules et regard se tordent pour signifier à la palombe tout le ridicule de son propos. Elle sait fort bien où se trouve sa cage. Elle connaît tous les boulevards qu'empruntent les vents censés la ramener auprès de lui depuis qu'elle est en âge de crapahuter. C'est, entre autres choses, la science qu'il lui a enseignée ; celle de ne jamais le quitter. Elle minaude peut-être, sûrement, mais avec cet irrépressible tabou, on ne badine pas. Des cadavres ont été empilés dans l'hypogée de ses frasques afin qu'elle y réside, contre son giron, et les Morts, tout autant que leur Assassin, n'aiment pas que l'on moque leur apologue — aussi stérile de toute morale soit-il. Et pourquoi ?, récidive la coquine pourvue de fourche, défenestrant la mutité du Capitaine qui fissa grogne un soupir. Il ne lui aurait pas donné l'ombre d'une réplique si la menotte tendue ne s'était pas montrée à ce point rétive. La voici pourtant qui résiste au doux à-coup des griffes masculines, inoculant à la chair du pater une impatience inhabituelle et au grand jamais éprouvée dans leur longue relation. Farouche, oui, c'est ce qu'il a toujours été, son lionceau, à mordre et grincher contre le tout-commun, à pisser sur les manières et les salamalecs, à emmieller son monde ; mais pas le sien, pas le leur, sous réserve d'aucune menace qui soit, d'aucune pétoche infantile, simplement par égard envers leur affection. Un amour factice, puant et mensonger, oui, peut-être, monté de toutes pièces par un Créateur avide d'être aimé, mais un amour toutefois, qui dans la pléiade où ses analogues gisent brille d'un feu, lui, sincère.
« Ira », tonne la rocaille, un rien irritée, un rien nerveuse, un rien fâchée. Il s'imagine soudain le pire ; l'adolescence. Lèpre contagieuse dont même les plus dociles contractent les symptômes. C'est à l'Académie, indubitablement, que sa pupille a négocié cette basse infirmité qui décérèbre et rend quinteux. Est-ce à cause de cette férule lui frappant sans nul doute l'entendement qu'elle s'est prise de passion pour les choix insanes ? Partir avec le Cirque, est-ce donc cela, sa lubie d'enfant-femme ? Il ne saurait vraiment dire. D'Alma et de telles fantaisies, il n'a jamais rien eu à subir — cadette envoyée trop tôt loin de lui, dans les entrailles de Dragondale, pour qu'il la fréquente suffisamment à son âge le plus tapageur. En réponse à ses sollicitudes, il n'a jusqu'alors eu que des lettres mortes ; on est bien loin de la diablerie mesquine que lui claironne sa tendre créature. « Dois-je imputer tes humeurs frondeuses à ce chien qui te suit comme une ombre…? » Redah. Deux syllabes qu'il ne parvient même pas à formuler tant leur goût est amer. Le bras fléchit et la force de l'Incoercible ramène, manu militari, la petite à bon port. Elle se cogne au poitrail du seigneur qu'elle aigrit, monticule ombreux la serrant contre lui sans relâcher d'un iota la patte capturée. Il la toise de toute sa hauteur, juché là où se structure cette jalousie maladive par les persiennes desquelles il ne peut qu'observer, depuis des années maintenant, la valse protocolaire dans laquelle se perdent son trésor et l'adiutor. Un gamin farfelu, extravagant à bien des titres, dont il n'a jamais supporté l'audace de caractère et l'influence patente qu'il pouvait avoir sur elle. Môme en cela ordurier qu'il se l'est, hélas plus d'une fois, figuré épris, concupiscent, souillant la Solaire de ses doigts illicites. Des mirages que le Dragon ne saurait expliquer, encore moins justifier, pleins d'un malaise singulier que le myocarde fou assume au grand dam de l'esprit. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: sultry black deed. (heira) // nsfw Mer 14 Mar 2018 - 9:09 | |
| La bouderie, érigée dans le tendre argile qu'est la verve d'un cœur transi de dix-sept ans, se lézarde sans mal, lorsque s'y fracasse le phonème rocheux et son escorte d'accents dépités. Devenir l'objet de sa contrariété ou, pire encore, de sa déception, c'est une faute grave, le crime d'aucun pardon ; la seule loi, à vrai dire, que la môme a jamais tenu pour divine, toute renégate dans l'âme qu'elle puisse être, depuis qu'elle est en capacité de dire non, par principe au moins, à tout ce qui s'impose et qui ne vient pas de lui. Lutiner ses nerfs, ça oui. Taquiner son flegme, aussi. C'est arrivé, bien sûr. Façon d'attirer l'attention, et de capter à soi l'audience d'un homme occupé, d'un homme trop pris. Combien de stratagèmes n'a-t-elle pas déjà déployé à cette unique visée : celle de s'arroger les faveurs plénières d'un père qui n'est pas vraiment le sien ? Le Cirque, par exemple. N'est-ce pas, d'abord, pour qu'il la regarde, comme il avait admiré les voltiges des acrobates, en ce fameux jour qu'il lui avait consacré, pour célébrer son septième anniversaire ? Ne désire-elle pas, par ce biais aussi, lui donner la meilleure raison du monde de la dévorer des yeux, quitte à risquer de s'y briser chaque os, s'il le faut ? Tout ça pour qu'il soit fier, pour qu'il soit heureux, comme avant. Comme avant.. À cette fin, utopiste peut-être, tous les moyens sont dignes d'être sacrifiés, sans l'once d'une pitié, sans l'ombre d'une quelconque hésitation. Lui faire la guerre, c'est en cela un non-sens, une absurdité.
Alors, comme pour dresser le drapeau blanc de la trêve, les prunelles navrées s'en vont mordre la poussière, baiser avec déférence l'extrémité cirée des bottes de monte du Capitaine. Mais les mandibules, nouées, n'ont cependant pas le ressort suffisant à lutter contre leurs sangles, afin qu'un second pardon puisse être, en bonne et due forme, articulé ; c'est qu'au fond, la rogne s'y cramponne, taiseuse et furtive, mais toujours en éveil. Il la flaire, sans doute aucun, car il ne semble pas se satisfaire d'un cessez-le-feu. C'est à sa reddition pleine et entière qu'il ne peut qu'aspirer. « Dois-je imputer tes humeurs frondeuses à ce chien qui te suit comme une ombre... ? » Aussitôt, les mirettes font tête à queue, et se heurtent de plein fouet aux calots de l'Incendiaire, qui lui ventile au museau les vapeurs d'un feu qu'elle devine enfler, à revers du torse contre lequel sa fluette stature s'en vient chanceler. Moins du fait de l'injurieuse mention visant Redah que par la soudaineté d'une telle proximité, si souvent convoitée – quoiqu'en d'autres scenarii, ô combien plus puérils, à défaut d'être innocents –, la gamine, absolument bouleversée, n'est plus qu'un souffle haletant, cadencé en-deçà par un palpitant en panique, pas loin de se retrouver broyé, à l'étroit sous sa petite cage poitrinaire, coincé qu'il est, entre trouble et indignation. Non, elle n'est plus une petite fille à qui l'on peut dénier la responsabilité même de ses rebuffades, si c'est là ce qu'il insinue. « Sauf votre respect, Monsieur, je suis en âge de... », qu'elle ânonne alors, se retenant à grand-peine de bredouiller pour ne pas saborder sa crédibilité de gamine voulant se donner des airs, « ... de penser, de choisir... d'agir, par moi-même. » Alors, elle se dresse sur la pointe des pieds, comme pour se grandir. C'est sur un ton différent, ce faisant – en ceci qu'il porte cette fois-ci moins à la revendication qu'à la démonstration presque ingénue, quoique provocante, de ce qu'elle s'en vient argüer, sans ciller – qu'elle ajoute, en voulant, pour preuve, la pression de ses formes nubiles que ne manque pas d'occasionner l'étreinte : « Je ne suis plus une enfant ; en ai-je encore seulement l'air, dites-moi ? » |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: sultry black deed. (heira) // nsfw Ven 16 Mar 2018 - 19:27 | |
| Le gazouillement qu’elle lui pépie dégringole sur sa gueule où l’y attend un nonchaloir moqueur. Non pas qu’il se gausse d’elle, non plus qu’il la méprise. C’est plus vicieux, plus trouble, puisque dans le lacis de ses chairs, sous leur roche que les décennies ont buriné, ronronne une faune de plaisirs fautifs. La voir et la sentir se débattre dans les plis de leurs étoffes, l’entendre se chicaner avec son bégaiement, la subodorer indignée et mutinée, tout autant de détails qu’il relève, savoure, et se remémore aussi comme on se souvient d’une ritournelle. Ça lui avait manqué, cette cohue endiablée qu’elle apporte à sa vie, ce franc merdier qu’elle tire avec elle et traîne où bon lui semble dans le campement de son existence ; leurs bisbilles rythmaient et égayaient autrefois son quotidien, un opium dont elle l’a peu à peu privé en se tournant d’abord vers l’Académie, et puis vers ses lubies. Ce n’est pas à travers ses indénombrables lettres au doux parfum de victoire qu’il a pu soulager l’ennui de son cœur — bien au contraire. Car depuis, la colère gronde. Elle s’est alliée aux graines de la frustration et a planté dans les affects du Dragon une sylve hostile où se perdent les petites filles. Combien d’idées saugrenues s’est-elle mise en tête, là-bas ? Combien de mensonges a-t-elle gobé, là-bas ? Comment l’ont-ils dénaturée, là-bas, sa mignonne, sa créature ? La malfaçon cradingue dont souffrent les pubères est-elle le seul mal dont a écopé sa gemme auparavant si lisse et si parfaite, ou est-elle à ce point abâtardie qu’il doive tout recommencer depuis le début ? Sortir la massette et égruger les callosités nouvelles, voilà ce à quoi aspirent ses desiderata que la Sonhal allume en raclant sa maigre carcasse contre lui. En âge de penser, de choisir et d’agir, dit-elle. Le diagnostic est plus grave qu’il ne le pensait. Ce n’est pas son hirondelle, qu’on lui a rendu, mais une chienne grisée par la liberté, celle devinée dans le relâchement flatteur qu’a exercé Koldoveretz sur sa muselière. Un traité dont il n’accepte aucun terme. Une manumission dont il brûle tous les pores. « Vraiment ? », susurre-t-il, tassant à grand peine cette ire qui monte et qu’il s’efforce, par le biais d’un calme délicat, de transmuter en onctuosité mélodieuse. Le rendu est saugrenu. Son émail miroite trop derrière babines pour ne pas hisser dans les mirettes féminines le pavillon du doute.
« Je ne suis plus une enfant ; en ai-je encore seulement l'air, dites-moi ? » Et de se presser davantage. Sans qu’il ne comprenne d’emblée. Sans qu’il ne saisisse le propos de sa fronde. L’haleine du Capitaine tracasse une mèche auburn, va pour rétorquer, ravise sa faconde draconienne, et déchoit sur le museau plissé. Les orbes considèrent d’abord le faciès qui de poupon n’en a plus que le teint, et puis les lippes où scintille la Nacrée, le menton devenu volontaire les aguiche aussitôt, avant que plus bas ne chantonne la tangence et son chœur intimiste. Des rondeurs prises qu’il guigne, impudique, oublieux des circonstances, avachi dans l’immédiateté du moment et ses marottes sybaritiques. « Certes non. » Aux limites de l’audible. Du scabreux. Le battoir qui détient la patte de la biche se déplie quelque peu, ondulant contre la carne assiégée pour l’étreindre différemment — quoique toujours aussi rudement, possessive à lui en rompre les os. À l’instar de son regard, la senestre se lève elle aussi et vient butiner cette fièvre dont irradie la nuque d’Ira, pouce sur joue, phalanges fourrées dans les épissures des cheveux et le moelleux du derme. Un peu comme autrefois. Mais pas tout à fait non plus. « C’est vrai, j’oublie. J’oublie que le temps passe et qu’il t’emporte dans sa folle cavalcade comme il le fait avec nous tous. » Et avec lui le premier. Il a vieilli. Il s’est raidi. Il est aigri. Et toujours pas d’antidote à l’horizon. Est-ce que c’est ça, qu’il craint et redoute, qu’ils en soient à leur épilogue et qu’ils n’aient plus rien à se dire ? Devra-t-il suivre les pas de Camilla et enfermer à son tour le trésor de ses crimes ? Il en serait capable, Hector. La jeter dans un beffroi pour venir ensuite, chaque nuit durant, la hanter, et faire sonner dans les campagnes environnantes tout le violent amour qu’il lui dévoue. Il en serait foutu, Hector. De rejouer la pièce sanguinolente de cette fois où elle est venue dans son monde, se repaître de leur exorde, et recommencer encore, encore, encore, encore, encore. « Ne m’abandonne pas », encore. Il a la force qui tremble, le faciès qui se tord et dessine le portrait du désespoir tyran avec lequel il traite les arias du destin. La flexion de son bras fait se heurter les fronts qui s’écrasent. Se concassent. Affection animale dont déborde son Altesse pour l’enfant sauvage pillée aux flammes des enfers. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: sultry black deed. (heira) // nsfw Dim 18 Mar 2018 - 17:46 | |
| Exquise est l'onction, dont il badigeonne les tempes incendiées du tendron, qui ne se consumait que de cette seule ambition ; que son seigneur et maître la sacre femme, enfin. Une éternité, qu'elle languit, qu'elle revendique patiemment qu'il la gratifie de ce rang qu'elle mérite, depuis que les bourgeons de sa féminité se teintent, davantage chaque mois, du sang de cette guerre des plus discrètes – mais ô combien féroce, ô combien lancinante. Depuis quatre ans, précisément. C'est, de fait, à l'encre rouge de ces batailles-ci, que la môme, alors toujours proscrite à Koldoveretz, trempait déjà la plume, pour écorcher par milliers les pages vierges de mots maladroits, de sentiments titubants, trop colossaux, trop brutaux, pour que son dolent poignet puisse d'une quelconque manière les orienter droit. Quatre ans de lettres. Quatre ans de lamentations calligraphiées. Quatre ans, à se niquer méchamment les dents sur les vocables trop durs de ses réponses à lui, souvent lapidaires, aussi. À s'y esquinter les ongles, pour en tordre les lignes trop raides. À se fendre les prunelles, contre le marbre de leurs silences, aussi blancs que ses nuits d'exil. Alors, la féline, elle en ronronne d'aise à présent, de s'entendre enfin grogner que, certes non, elle n'est plus une enfant. Car, enfin, avec guère plus de bruit qu'il n'en faut, tout est dit. Il a admis. Et la vandale s'en satisfait, de ces quelques paroles extorquées, presque couteau sous glotte. Son museau, tout humide et tout tiède, s'en vient d'ailleurs flatter, avec une docilité franche, celui plus râpeux et strict du lion, soumettant à la conquête de son regard les jeunes oves qu'elle lui livre, avec fierté, comme sacrifiant à son souverain les tendres morceaux qui lui reviennent de plein droit. Loin d'elle, en effet, la volonté réelle de s'arracher à ses fers ; pas davantage qu'elle ne s'essaye à tuer le père. Bien au contraire. Ainsi soldé, le litige aurait, du reste, pu trouver ici son épilogue ; dans le rang, la Mutine n'a plus qu'à se laisser guider, tout à fait assouvie de ces quelques octrois maraudés aux frontières de l'indiscipline, tout à fait reconnaissante de ne pas avoir eu à subir les revers d'un mépris autoritaire jusqu'à gain de cause. Et pourtant.
Et pourtant, lui picotant les ligaments, toujours ce même prurit lui chatouille les flancs, dévoyant la tournure de sa sujétion, d'ordinaire si volontiers manœuvrable, sitôt ses rênes reprises en main. Comme si, à son humble place, l'arrogante ne voulait pas s'en retourner de suite. Et ça se manifeste par le biais d'une tension nerveuse, qui lui soustrait à présent quelques unes de ces saccades bizarres, presque mécaniques, dont son corps tout entier vrombit, à l'instar d'un moteur un peu lent au démarrage ; comme si quelque chose d'ineffable, de dormant, de gelé, s'éveillant à peine et non sans mal au fin fond de la poudrière volcanique lui tenant lieu d'envers, refusait de tourner bride en direction de ses abysses originelles, sans s'être vraiment exhibé. Démangeaison fiévreuse qui s'accentue, à mesure que l'haleine masculine, abreuvant le phénomène à pleines lampées, s'engouffre dans les méandres d'une psyché jusqu'alors jamais ramonée par d'autres souffles que ceux bien plus ténus de ses premiers fantasmes. Ceux dont elle s'en venait expirer les petites morts à l'aube, en silence, quenottes plantées dans le bedon renflé de l'oreiller, seul et unique confident de ses vices juvéniles. Au dépourvu, majeurs et index égarés, pantelants, s'hissent en guise de bâillon de fortune jusqu'à l'orée du labre hispide, comme pour tenter, sans réelle volonté, d'obstruer le va-et-vient hypnotique des anhélations. En vain, car s'en échappe tant et plus que du vent, mais une langue de feu. « Ne m'abandonne pas. » Calots embués, quand les fronts se percutent, quand les doigts blêmes, au début par accident, s'en vont courtiser les crocs saillants, derrière la gueule débordée ; Ira s'embrase, de l'intérieur. Puis alors, les phalanges se mettent à jouer, cette fois sciemment, avec la pulpe des lèvres tant adulées, auxquelles son existence entière demeure à tout jamais pendue – allant jusqu'à défier de la cime d'un ongle les papilles, au-delà. « Il n'y a.. jamais que sous la menace.. que vous vous souvenez que j'existe.. », qu'elle rauque, la voix brûlée, l'âme au supplice, songeant à chacune de ses combines enfantines, qui avaient pour but de l'attirer à elle, rien qu'à elle, en folâtrant avec ce risque qu'elle disparaisse – s'évadant ou crevant. « Alors cette fois-ci, je pars, pour de vrai.. mais on n'abandonne pas ce qui n'est déjà plus vraiment là. » Des cratères que sont ses yeux, crépitent quelques larmes, plus ardentes que des braises. « Je sais, vous avez des priorités.. », sourit-elle pourtant, comme déployant la seule de ses plaies visible, « Soyez tranquille, je ne vous en éloignerai plus. » |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: sultry black deed. (heira) // nsfw Mer 21 Mar 2018 - 14:35 | |
| Il le savoure, son fruit défendu, il liche ses sapidités hérésiarques qui déferlent entre ses crocs durs. La langue vient flatter l’ongle enfoncé avec une curiosité malhabile qui sait pourtant ce qu’elle fait. Aux battoirs de s’appesantir davantage sur leur prise ; la nuque harponnée est approchée dans un élan vindicatif. Les nez se jouxtent. Se bagarrent. Il aimerait l’avaler, le Dragon, l’enfermer dans sa ventraille et l’y sentir à jamais. Mais l’enfant, derechef cruelle, martèle l’air caniculaire leur tenant lieu d’auditoire, et vomit son ramassis de conneries. « (…) que vous vous souvenez que j'existe... » Et c’est l’astre de ses cieux, qui marmotte cela, croché entre ses bras fous d’adorateur. Combien d’hécatombes devrait-il mettre à feu pour lui prouver son affection ? Elle n’en sait hélas rien, de ce dont il est capable, de ce qu’il a commis pour elle, mais les ans passés sous son toit auraient dû convaincre l’hirondelle de l’authenticité de ses gestes et regards. Tout autant de preuves criant son amour qui auraient dû éclipser les sonorités captieuses de sa verve — mais elle n’a ni prêté oreille, ni vu l’évidence. C’est un fait qu’il réalise avec douleur. « Alors cette fois-ci, je pars, pour de vrai.. mais on n'abandonne pas ce qui n'est déjà plus vraiment là. » Les ergots s’enfoncent dans la chair fraiche. Paupières rouvertes en lenteur, les orbes obombrés de l’Incoercible trouvent les traitres calots et les confrontent, comme un avant-goût de la pétarade que le volcan s’apprête à tempêter. Et aucun sanglot qui soit ne saurait refouler l’ardeur coléreuse dans laquelle bouillonne son myocarde poignardé. « Je sais, vous avez des priorités... » Fauve blessé. Labre et âme godaillent un rictus. Peu à peu, le front se détache et marque une césure dans le processus totémiste — minuit sonne partout dans les traboules de sa tendresse, confinant émois et affres derrière leurs portes closes. Ses ridules se sont raidies. Définitivement. « Soyez tranquille, je ne vous en éloignerai plus. » Un sourire. C’est là tout ce qu’elle récolte. Et qu'il est laid, ce tas d’aigreur ordonnancé.
À présent que la dextre délivre le poignet empourpré ses phalanges grignotent la sorgue et rejoignent leurs consœurs aux pourtours du cou. L’enlacement exercé n’est qu’utopie tant une primitivité latente gronde en la force du mâle. Il n’embastille toutefois pas le souffle de vie qu’elle fait aller et venir entre ses doigts ; il n’en est pas encore à cette peine. Pas encore. « En venant ici, je t’ai imaginée grandie, égarée, cabocharde… mais ingrate, ça, je ne l’avais pas prévu. » Sa prosodie, au contraire de sa girie grognée plus tôt, souffre de ce phlegme recouvré qu’il ne réserve usuellement qu’à la piétaille ou les objets de sa déception. Le fiel chaule ses canines lorsqu’il poursuit, la toisant si haut qu’une chute pourrait bien tuer la géhenne avec laquelle, en vérité, compose tout son être. « Ainsi donc, tu souhaites me punir…? » Il exhale une charogne de rire. « Et de quoi donc, je te prie ? De t’avoir arrachée aux flammes ? D’avoir bouleversé la gueuserie de ton destin en te faisant vivre auprès de moi ? D’avoir partagé tes joies, consolé tes peines et rassuré tes craintes ? N’ai-je pas été un père pour toi ?!... N’ai-je pas subvenu à tous tes besoins ? J’ai été là à chaque instant, présent ou non, je n’ai pas cessé de m’enquérir, de réclamer, de supplier pour qu’on me parle de toi, de ce que tu avais fait, dit, lorsque mes charges m’exilaient au loin. Et tu oses….? Tu oses me tourner le dos en feignant l’éplorement ? Après tout ce que j’ai fait pour toi… tu ne portes peut-être pas mon nom, mais de fille, je t’en ai donné l’acabit, là, ici. » Et de signer son poitrail là où gisent ses tendres passions autour desquelles sa rage rôde. Il s’écarte sèchement. Abandonne la conquête charnelle. « Je n’ai jamais rien attendu en retour. Et c’est là, sûrement, mon erreur. Cette privauté que je t’ai octroyée. Force m’est de constater qu’elle a ranci ton cœur pour mieux te gorger d’égoïsme », siffle-t-il, Celui qui la priva de famille pour satisfaire l’autolâtrie de sa fureur. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: sultry black deed. (heira) // nsfw Jeu 22 Mar 2018 - 21:31 | |
| Une phalange oubliée arpente encore en solitaire le fil du sabre qu'il a dégainé ; l'un de ces sourires en acier trempé, propre à trancher les fortes têtes. Augure de sentence draconienne, au devant duquel les nuques ont, d'ordinaire, la prudence instinctive de capituler et d'aller mordre de cette insipide poussière nommée sagesse, qui étouffe toutes les vindictes, les bravoures et les fiertés – celles ne valant pas d'en clamser. Or sa cabèche, Ira n'a pas l'air de tant y tenir, à moins qu'elle ne l'ait d'ors et déjà perdue, car tandis qu'il lui passe un collier de griffes au cou, l'inconsciente s'obstine à bondir, du bout des ongles, d'un de ces éclairs de fureur à l'autre, veinant le portrait adoré. C'est qu'il est si beau, Hector, quand il est dangereux. Beau comme un ciel d'orage. Tant, que ses paupières n'osent plus ciller. Tant, que sidéré, presque extatique, son minois s'affuble d'une sclérose statuaire, digne de ces masques de marbre, qu'arborent les cariatides, subissant le fouet des ondées, sans broncher – à mi-chemin entre superbe dédain et contemplation. Enfin, la sénestre, vaincue à son tour par la tétanie à mesure que les mots la foudroient, chute pour n'abandonner, à la gueule du dragon, rien qu'une mue diaphane, exsangue, vide de réaction.
D'absente à son procès, l'accusée n'en a toutefois que les dehors. Au dedans, c'est la tempête qui donne réplique à la foudre dont son démiurge la frappe. Typhon démentiel qui enfle, en se lestant de la véhémence magmatique déversée à torrents dans ses tympans, et de ce déluge de blâmes, affutés comme des rasoirs, vrillant sur lui-même jusqu'à ciseler enfin les méandres de la bête éveillée. Un monstre d'amour fou à lier qui ne pouvait saisir meilleure opportunité de se prouver qu'à l'instant même où on le nie. Mais puisqu'aucun idiome ne saurait en traduire les gueulantes viscérales, c'est à gestes lents, refluant comme une inspiration vitale et profonde, de concert avec le retour au silence, que l'entité dantesque s'ambitionne de combattre la légion d'injustices tonitruantes dont elle a été la proie. Aussi, la dextre masculine n'a-t-elle guère l'occasion de s'envoler bien loin que les menottes, sans se départir de leur douceur usuelle, l'ont déjà capturée au vol. En son creux, les lèvres closes déposent un baiser fiévreux, mouillé de ces ultimes perles ignées que son envers se fait néanmoins violence de ravaler dorénavant, et puis c'est alors son palpitant tout cru qui s'y précipite. Capharnaüm inouï qui ne laisse aucune place au doute ou au malentendu ; il y a bel et bien, embusqué sous ce giron, une rage adoratrice qui s'époumone à déflagrer. « Arrachez-le... » Fumée de voix qui s'épanche, enfin, charbonnée de miasmes passionnés. « Arrachez-le, ce cœur égoïste », qu'elle insiste, écrasant la pogne ferrée contre son sein à l'aréole durcit, soudain dénudé sans l'ombre d'une pudeur. « Il me tue, à vous aimer si mal.. si mal... » Croquant, ce disant, d'une seule bouchée la distance érigée entre eux, l'enfant hisse frimousse au plus haut, jusqu'à licher de son souffle le lobe d'une oreille pour y épandre son secret, ongles plantés dans les reins du mâle. « Vous ne comprenez pas. Il est méchant, Monsieur, ce cœur-là. Capable du pire, si vous m'empêchez de l'éloigner de vous. » Avec vélocité, cette fois, elle tire du fourreau ce canon qu'elle sait planqué, sous les pans du manteau ; et lui loge de force la crosse dans l'autre main, puis en oriente la bouche à feu, tout contre son sternum dépoitraillé. « Alors, explosez-le. Jetez les restes aux fauves, qu'importe.. faites-le taire, je vous en conjure. Qu'il cesse d'en demander tant et plus.. qu'il cesse de me faire honte.. » |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: sultry black deed. (heira) // nsfw Ven 23 Mar 2018 - 17:50 | |
| Sa rogne exsangue fait fi de la pulpe aimable déposée dans le creux de sa patoche. Il a cette dureté cruelle qui ne pardonne pas lorsqu’à l’orée de ses retranchements, on le pousse et le confine. Un diktat de reître qui n’entend rien aux diplomaties. Rien, non plus, aux octrois, lorsqu’on lui soumet cette paix Ô combien haïe. Il n’en veut pas, de ses minauderies, qu’elle les remballe dans sa besace aux mille pruderies de chatte rossarde. Les doigts ainsi écartelés sur l’opalescent visage manquent se fermer et museler la créature pour ne plus entendre son patois dentelé qui lui égorge la passion ; mais alors que les articulations se dégourdissent, Ira les séquestre et leur donne à croquer un ove d’une tout autre nature. Artifice de ribaude auquel son Altesse pourrait ne pas être sensible ; des flagorneuses aux mœurs légères, la cour en est gorgée, et leurs érotismes habiles quoiqu’opportunistes ne l’échauffent plus depuis des décades. Mais le geste de l’Ingénue trahit une authenticité folle — folle, oui, pour lui remémorer aussi crument ce qu’elle est devenue, et ce qu’il s’apprête à perdre. Une enfant. Une femme. Quel imbroglio que celui où, soudain, se noient ses désirs. Le père et l’homme trouvent toutefois leur concorde en ce refus brûlant qu’ils agitent comme un pavillon au-dessus des mers fuyardes sur lesquelles elle veut s’en aller voguer. Jamais il ne la laissera partir. Qu’elle se le dise ou se le cache. « Arrachez-le... » Il le faudrait peut-être, oui. Si c’est là la seule solution pour qu’elle demeure auprès de lui. « Arrachez-le, ce cœur égoïste » Au babil fiévreux de la joliette, c’est le souffle ardent du Dragon qui rétorque, presque par mimétisme, presque par symbiose. Il lui épanche son haleine partout sur la truffe comme s’il déchargeait ses bronches de toute cette ardeur qu’elle fait roidir en lui. L’exhalaison ne redouble que plus encore au moment où, guère délicatement, elle fait se percuter la peau tendre de son sein contre la carne rugueuse de la dextre masculine. « Il me tue, à vous aimer si mal.. si mal... » Les orbes décolèrent mais girent, surtout et violemment, à l’encontre de leurs autres, comme si ces seuls mots, murmurés sans grâce, avaient attiédi le magma forgeant pourtant l’armure du Cruel. Car qu’importe en vérité quels gants elle prend pour l’aimer. Tant qu’elle s’y adonne. C’est là tout ce dont ses valves de bête asthmatique avaient besoin ; un souffle de vie pour que renaisse l’ordure drainée qu’est son cœur. L’arête mandibulaire se penche comme l’hirondelle vient lui pépier le reste de son délicieux chant. « Vous ne comprenez pas. Il est méchant, Monsieur, ce cœur-là. Capable du pire, si vous m'empêchez de l'éloigner de vous. » Et au Monsieur de clore ses paupières, balloté par l’épidémie hystérique dont ses reins sont les couvoirs ; l’éros s’y meut comme une anguille toquée et porteuse de bien des maux. Les naseaux se dilatent, odorent le parfum entêtant qu’elle a gardé après toutes ces années, un opium qui fait se détendre la main où l’on soupèse les rondeurs féminines. Il caresse le mitan, pétrit presque, s’adonne au vertige que tous les interdits provoquent lorsqu’il est déjà trop tard pour faire marche arrière.
La solidité familière de l’arme trouve ex abrupto l’anfractuosité confortable de son autre pogne et les calots se rouvrent — difficilement, tant une pesanteur lascive s’était jusqu’alors installée. « Alors, explosez-le. Jetez les restes aux fauves, qu'importe.. faites-le taire, je vous en conjure. Qu'il cesse d'en demander tant et plus.. qu'il cesse de me faire honte.. » Il mire son canon, le Capitaine, sa fourche de moissonneur, l’une des nombreuses bouches par lesquelles l’hydre de ses crimes s’exprime. Et il tue, il est vrai. Mais c’est une joue qu’il foudroie, pas ce chaud palpitant sur lequel elle rejette toutes les fautes. La gifle claque. Ricoche dans la nuit éteinte et finit par s’effondrer dans les cages aux lions. Il n’en veut brusquement plus, de ces idées noires, de ces vésanies meurtrières qui auraient pu le conduire à tirer sur elle quelques instants plus tôt, il les chasse, les condamne, à travers cette rossée qu’il inflige autant au minois adoré qu’à ses instincts ravageurs. Aucun interlude n’est toutefois permis à la Sonhal molestée ; déjà, il regagne ses cambrures, abandonnant le revolver dans la tourbe nocturne et enserrant le maigre corps entre ses ailes au cuir noueux. Épaules et lombes sont saisis. Tirés vers lui. « Je ne te connaissais pas cette fièvre, Ira… » Basse est la phonation qu’il écrase dans ses cheveux d’or. Confession faite à l’aulne de leur intimité recouvrée, aussi équivoque et malsaine soit-elle. « Si j’avais su », la mâchoire hispide rappe la cabèche, animale, désireuse de se frotter aux odeurs éperdues de son héroïsme de femme, fatale à tant d’égards, « je t’aurais dit préférer à ta perte la sapidité acide de ce pire que tu promets. » Le labre détale jusqu’aux portes de la belle gueule, hésitant à goûter ladite saveur, à lécher ce bout rose qu’elle agite sous canines, et puis se ravise ; ou plutôt, et parce qu’il fait pivoter l’ondine dos contre torse, flétrit le baiser avant qu’il n’éclose. Le menton se fiche dans le ravin du col lors même que les membres retournent à leur avant-poste, l’un contre bedon, l’autre contre mamelle qui dégorge. Pour l’abriter, d’abord, avec une pudicité de pater qui crèverait les yeux graveleux du monde pour qu’il ne les pose pas sur les formes de sa môme. Et puis, parce que lui-même est un cosmos d’appétits, pour en rallier le ferme airain dont, déjà, il se languit de modeler la matière. Mais un sein ne suffit plus. L’autre, à son tour lové dans la sorgue, apparaît, délivré de son carcan par la dextre gloutonne. « Et moi, Ira, … devrais-je avoir honte de t’aimer de la sorte…? » Pareillement mal. Avec autant de douleur. Car c’est un désir trop gros, trop raide, pour être contenu. D’ores et déjà instable, la senestre dégringole contre l’épigastre, soulève les pans de l’étoffe, ondule entre cuisses et mord à pleines dents son gain. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: sultry black deed. (heira) // nsfw Mar 27 Mar 2018 - 0:00 | |
| Loin de guider ses errances sur les droits sentiers de la tempérance, la mornifle les désoriente au contraire, de même que la bobèche qui, châtiée de plein fouet, valdingue à s'en rompre les vertèbres. Happé in extremis par la gravité du tout-puissant torse, le gabarit d'enfant ne titube pas autant que la raison bancale, ô combien transportée par les basses ondes du phonème. À l'inverse du soufflet, ce sont les paroles qu'il grogne qui lui dérobent un hoquet tandis qu'elle chute et s'égare, jusqu'en ces brumeuses contrées où s'estompent les lignes raides des cadres et des identités. Perdue là comme en pays étranger, c'est à sa marotte comme à un lambeau de raison, qu'elle croit bon d'abord de se cramponner, pilant de ses petits poings furieux contre thorax, tout en y nichant son misérable et grondant minois. Car elle ne veut pas les croire, Ira, ces mots-là. N'a pourtant jamais aspiré qu'à cela ; ainsi, toute convaincue qu'elle pensait l'être, ça la bouleverse, à la folie, de s'entendre applaudir de si criminelles tendresses, de si pulsionnels excès. Alors, in fine elle lâche prise, la gamine. Affolée, elle s'en bouffe toutefois la langue ; voudrait feuler qu'on devrait se garder de considérer à la légère le péril que son amour pour lui peut enfanter, s'il y plante les graines de sa bénédiction.
N'en fais rien, cependant, tandis qu'il lui fourre, au fin fond de la gorge, le tépide avant-goût d'un baiser qui, à lui seul, cognant contre amygdales, lui donne plus que tout l'eau à la bouche – et pas que. Car ils sont ainsi malléables, les fruits immatures, que la poigne qui les débusque n'a guère besoin de les presser bien fort pour en distiller les sucs. Salive avalée de traviole, toutefois, lorsqu'il impose à la pouliche désaxée de tourner bride, pour cette fois-ci s'en venir s'emparer derechef de ses trophées féminins avec la délicatesse, non plus d'un souverain protecteur, mais d'un vandale lâché en pays de cocagne ; et ça lui plaît. Étrangement, ça la flatte, même. D'être ainsi capturée. Pillée comme un butin. Un objet, peut-être, et alors ? Tant pis, pourvu qu'il brille, trouve grâce à ces yeux. Qu'importe. Si c'est telle qu'il la veut. Qu'il la désire. C'est ce qu'elle croit comprendre, ce qu'elle croit sentir. À la manière, dont il braque ses lombes, éperonnant cet élan qu'elle supposait dévoyé du chemin tracé pour eux. À la façon, dont il s'enquiert, s'il doit avoir honte, lui aussi, de l'aimer autrement. Elle croit comprendre, oui, et pivote par-delà épaule, pour s'en assurer, sa joue marquée par l'empreinte que surplombe une prunelle interrogatrice. Ce faisant, ses mains moites s'en vont enhardir la dextre bardant ses jeunes seins, jamais effleurés par quelqu'autres doigts ni calots que les siens, et qui se comportent comme s'ils n'avaient d'ailleurs jamais été modelés que pour ses mains. De la sorte ? s'enquiert-elle, d'abord en silence, et sans ciller. Toute naïve soit-elle, mais s'instruisant vite dès qu'il est question de le satisfaire, l'ingénue ne le lâche pas davantage du regard, son Capitaine, lorsqu'en lenteur une rotule ployée, docile et complaisante, se soulève assez pour que s'ébrasent les tendres cuisses assiégées, comme les portes de quelque cité interdite, délaissée, brûlant de se doter d'un nouveau roi. « Comme ça ? » insiste-t-elle, sondant plus avant ses réactions. Sa croupe lascive, abandonnée, s'en vient alors, avec timidité, accabler les reins masculins, comme pour mieux questionner leurs désirs, en éprouver la roideur. Puis, une menotte dévale le bras tendu, ligote le poignet, lui inculque une cadence. Celle-ci même rythmant ses nuits solitaires, lorsqu'en rêve son Adoré l'honore de ses tièdes et secrètes visites. S'exacerbe ainsi de concert cette anhélation carabinée, qui lui ramone férocement les méandres, depuis le ventre jusqu'au corail rougissant de ses lippes enflées, desquelles chancèlent quelques syllabes saccadées. « Montrez-moi comment.. je veux tout savoir.. de comment vous m'aimez. » |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: sultry black deed. (heira) // nsfw Sam 31 Mar 2018 - 1:58 | |
| Ça l’épuise, qu’elle soit aussi bonne, Ira. Créature contre laquelle ses fièvres se heurtent et s’époumonent, aussi gentille et complaisante que les caresses du soleil estival. Mais elle ne le sait pas encore, Ira, que son érotisme courtois appelle les bassesses, vulgaires à bien des égards, de l’homme qu’elle alpague. Parce que ça lui plaît, cette capitulation aisée, au seigneur de guerre ; ça flatte sa morgue phallocrate, cajole ses plus amoraux instincts. Davantage grisé qu’il succombe usuellement peu aux charmes des oréades que les sylves de la cour recrachent à ses grolles. Affamé, donc, c’est ce qu’il est. Son phlegme d’habitude perché sur le fil du rasoir s’écroule et s’ouvre en deux sur la lascivité pusillanime de l’enfant-femme. Et il râle. Et il grogne. Et ses prises s’affermissent au contraire de l’esprit, ce si cacophonique esprit, à présent muet, éteint, comme parti bourlinguer dans la sorgue onctueuse. Comme ça ?, elle demande, élève assidue et consciencieuse, sans nul doute inconsciente de sa toute-puissance ; celle qui fait s’ériger le désir noiraud d’une bête impatiente. À la force dont bénéficie la pogne plongée ci-bas, on devine une hâte aussi capricieuse qu’elle n’est orgueilleuse. Un déferlement de grivoiseries salaces venues congestionner la vertu pudique des chauds parages. Doigts et ongles fourragent les lèvres amicales, béates, et puisque le for intérieur est une terre sacrée qu’il se réserve autrement que par le jeu de main, c’est sur la rose éclose qu’il arrête ses attentions. Sollicitude langoureuse, ornée des perles qui gouttent. Montrez-moi comment.. je veux tout savoir.. de comment vous m’aimez. Et il n’en faut guère plus. Prière à laquelle le démiurge mauvais s’empresse de répondre après avoir baisé le cou exsangue d’un millier de sceaux violâtres ; quelques pas suffisent pour les emporter vers un ramas de paille aussi épais et épars qu’une petite dune. Il l’y allonge. Mais sans douceur. Sans égards non plus. L’y jette presque, et lui sur elle, poids inquiétant, masse harcelante. Le temps de respirer, la petite hirondelle ne l’aura pas — ses genoux cagneux et ses maigrelettes menottes raclent le sol dur du fourrage. C’est comme ça qu’il la prend, son Étoile Dorée, sa pupille sacrosainte tant d’années glorifiée à l’ombre de son ombre : par derrière. Identique à ces chiennes qui rôdent la nuit dans les labours pastoraux, sifflant à la lune leurs tristes mésaventures et aboyant aux ramures des peupliers leur morne indignité. Saccades. Secousses. Anhélation soufflée dans le delta des omoplates. Rien de tout cela n’est amour, rien de tout cela n’est la réponse qu’elle attendait, non plus celle qu’il escomptait lui avouer, atrocité passionnelle qui flétrit le beau avant même qu’il ne naisse dans le sein chaud de son bedon — là où, pourtant, il aurait voulu disperser par vagues ignées sa vénération sincère. Il l’achève ainsi, museau dans le foin, abrutie, écrasée par ce fardeau de chairs moites concluant là son va-et-vient, nippes en lambeaux, saccagées par la seule patoche restée libre et furieuse.
Et tout s’arrête. Tout se meurt dans l’encre noceuse où leur carne resplendit mollement. Un fauve, éveillé par la fouterie nauséeuse, rote plus loin son désaccord pâteux. Courbé au-dessus de la fille, l’ogre renâcle lui aussi un feulement de plaisir aussitôt rabroué par l’anhélance silencieuse du dépit. C’est allé vite. Vite et mal. Sous ses paumes enfoncées dans les courbures féminines, l’effroi pudique de l’oiselle palpite — si fort qu’il vibre et fait frissonner le derme mis à nu sur lequel s’égarent les orbes brumeux du Capitaine. Drôle de malheur que celui de se remémorer soudain l’identité que la tignasse échevelée masque. Ira. C’est le cri taiseux que poussent ses bronches ravaudées. Il s’en écarte froidement, de peur de briser la porcelaine néanmoins fêlée par ses soins, et les phalanges, confuses, bizarrement strictes, réajustent l’étoffe vêtant la pucelle démontée. Pas un son. Pas un bruit. Il n’y a que les froissements d’étoffes, le tintement de la boucle de ceinture et les zéphyrs galopant entre barreaux qui osent se bagarrer contre l’omerta brutalement établie. La senestre s’étend, va pour enlacer une joue pouponne où pleut une larme, se ravise et récupère plutôt le couvre-chef tombé au champ du déshonneur. La carrure, drapée du long manteau noir encrassé par cette fange qu'il voulait tant lui éviter, se redresse, recule de quelques pas, contemple à la dérobée son œuvre macabre, et traduit crûment l’émoi en vrac de l’enflure. « Debout. » Et d’ajouter, à vau-de-route. « Partons. » De ce cauchemar puant dont il a structuré tous les dédales ; de cette nuit hostile qui digère leurs tendres souvenirs à présent dévorés et mâchés à tout jamais. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: sultry black deed. (heira) // nsfw Mer 4 Avr 2018 - 17:36 | |
| Car ignare, car candide, la rosière se figurait l'acte charnel comme relevant de quelque liturgie, de quelque magie aux rites obscurs. Préceptes qu'un époux lui enseignerait, peut-être – celui qu'Hector choisirait pour elle. Plausibilité à laquelle l'obéissante a toujours eu l'humilité de se résigner, lorsque de fait elle n'en désirait qu'un seul, qu'on ne lui destinerait pas. Alors, à défaut de savoir encore, la gamine inventait. À défaut de connaître, elle imaginait. Des galaxies de voluptés, certes fantasques, surtout réciproques ; toutes prenant source dans l'azuréen du surplombant regard paternel, cosmos immense qui, dans ses rêves, s'étirait à perte de vue pour que l'oiselle s'y élance, s'y envole. Ciel bleu qu'elle ne voit plus, courbée ainsi, tombée de haut, face contre terre. Ciel bleu qu'elle demande pourtant, désespérément, cognant du menton contre clavicule. En vain ; et chacune de ses tentatives de ne faire enfin plus qu'un avec lui le resteront. Vaine, la menotte pantelante qui s'agriffe à l'articulation d'une pogne brutale, unique prise qu'il concède, rien qu'un seul instant, à son besoin éploré de le toucher, de se lier à lui, à sa peau, au moins. Vains, ses grappins de voix rouillés qui, sur le bastion d'homme, se brisent sans qu'il ne lui soit autorisé de se hisser au revers de ses sourdes et rigides enceintes qui, heurt après heurt, la proscrivent au loin dans ses mutités et déréliction. Seule, elle se sent si seule. Cependant même qu'il est en elle, et qu'il la fouille de fond en comble, détroussant tout ce que son petit être lui offre pourtant de bon gré ; et le casse, et le ruine, et le réduit. À poussière. Alors elle serre les dents, la môme, pour retenir les morceaux. Les débris de son cœur, qu'à bout de bâton dans le bidon, il lui accule jusqu'au bord des lèvres. En silence, elle subit, oui ; pauvre enfant, qui croit encore qu'on l'aime. Certes, pas gentiment. Mais qu'on l'aime. C'est tout ce qui compte – pas vrai ?
Ce n'est que clouée au sol par l'épieu de déception que son souffle lui plante entre omoplates, qu'elle tique, à dire vrai. Plus encore lorsqu'il s'éloigne, la négligeant ventre au sol, en l'état ou presque, et que ses doigts raides, effleurant les plis lacérés de sa jupe, sont ce qu'il lui donne de plus analogue à une caresse. Pas une parole. Rien d'absurde à ce qu'aucune ne s'immisce entre eux – pourtant, une gêne musarde bel et bien, comme cherchant sa place dans la froide fêlure qu'il cède, en se retirant. Perclus, rotules et poignets, auxquels on a déjà tant réclamé, soulèvent sa carcasse, alors, pour lui décoller flancs et face du foin. Peinant à trouver une posture, une attitude appropriée, mal à l'aise, c'est à genoux qu'Ira s'éternise un moment, œil unique émergeant de sous tignasse hirsute, rivé à l'étude passive des brins de paille s'y mêlant ; minois hagard, balafré d'une larme de douleur qu'elle se torche elle-même, d'un revers de poing terreux. « Debout. » Elle renifle, jauge ses guiboles inertes, fait mine d'ignorer l'accent algide du commandement, quoique son échine avachie se tende sous les sabots d'un frisson, quant à lui, galopant. « Partons. » Levant lentement museau vers le profil impérieux la dominant de sa sombre raideur, elle atermoie encore, ajuste les lambeaux de tissu lacéré ; non, il ne lui viendra pas en aide, comprend-t-elle. Âme et corps engourdis, elle s'exécute toutefois. Vacille, comme chandelle au vent, une fois sur pieds. Auxquels manque une espadrille, qu'elle s'en va chausser, placide, presque l'air de rien, quoiqu'en claudiquant misérablement ; puis de la même façon, lui emboîte le pas.
* * * Le roulis des foulées équestres la berce ; hypnotise ses synapses qui, ainsi envoûtés, se sont assoupis. Psyché en jachère, terrain favorable aux germes enfouis. Un souvenir y éclot – moins que cela, une intuition. Un bourgeon d'émois, qui la propulse une éternité plus tôt, quelque part, loin de là. L'odeur du cheval, peut-être, alliée à celle du cuir de son manteau. La cadence de leur procession, de concert à celle, houleuse aussi, de la respiration protectrice ; étrangère à l'époque, mais déjà ineffablement rassurante. La sapidité iodée de ses pleurs séchés, aux commissures. Et la nuit, et la touffeur, et le silence. C'est la rémanence de leur rencontre, lorsque pour la première fois il la conduisit chez lui, sous les cimes ardentes du palais des flammes. De ces semaines entières, ensuite, pendant lesquelles, pouponne terrifiée, elle se refusait à dormir, si ce n'était lovée tout contre lui, là où nulle peur n'avait jusqu'ici osé la suivre.
C'est en sursaut qu'elle émerge de ses songeries passagères, lorsqu'il la désarçonne, sans grande indulgence pour ses muscles gourds ; puis l'abandonne alors, pour s'en aller confier la jument aux écuries voisines, sans l'inviter à le suivre davantage. Désœuvrée, la môme demeure là, au mitan du parvis. Attend, longtemps ; ne renonce que lorsqu'un veilleur l'informe que son Altesse s'est retirée en ses quartiers, après l'avoir chargé, lui, de l'escorter jusqu'à sa chambrée. « A-t-il dit s'il viendrait ? », qu'elle s'enquiert, s'étranglant. Non, qu'il lui répond du chef, l'enjoignant d'une nutation martiale à s'engager dans l'un des colimaçons de service. « J'sais pas c'que t'as foutu, mais tu nous l'as r'monté l'cap'taine... » Ce disant, reluque sa dégaine débraillée, ajoute à mi-voix, « L'avait l'air vraiment déçu.. t'as fait quoi, c'coup-ci ? » Tête basse, mortifiée, l'accusée hausse les épaules ; qu'a-t-elle fait, oui. Bonne question, terrible question, sans réponse encore. Un à un alors, les doutes assassins se détachent des parois obscures arpentées, et la flanquent jusqu'au battant de sa cage, où rien d'autre ne l'attend jamais, que ses vieilles amies d'enfance. Terreurs nocturnes qui avant l'aube feront ce que font tous les complices, lorsqu'on les consulte aux heures les plus noires ; conseiller, suggérer, convaincre du pire. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: sultry black deed. (heira) // nsfw Ven 6 Avr 2018 - 1:46 | |
| Il s’est délesté de l’enfant comme on s’allège d’un artefact encombrant. Encombrant et païen. Païen et brûlant. Object de désir, de souffrance aussi, qui entre ses doigts rugueux et sensiblement trop augustes pourrait faire tâche maintenant qu’ils ont mis pied à terre dans le Saint des saints ; à moins, peut-être, que le poids de l’opprobre ceignant ses épaules ne l’agace et le fâche, lui dont les remords ne sont jamais plus épais qu’un souffle évanescent. C’est cette corrosion que trahissent en tout cas ses orbes au bleu gâté — et il n’est jamais plus taiseux que lorsque ce ciel-ci s’obscurcit. Les quidams dont il croise la piètre existence n’ont droit qu’à des gestes secs, disgracieux, là un palefrenier, là un valet, là une domestique sur qui, usuellement, il aboie ses ordres drastiques — jeunette qui trotte un bref instant auprès de lui dans l’espoir, certes trivial, de récupérer par-dessus et couvre-chef, mais qui comprend bien assez tôt devoir laisser seul le Dragon d’humeur noire. Était-il nécessaire de saboter les courroies avec lesquelles il a, tant d’années durant, maîtrisé sa Pupille ? Du gâchis. Voilà tout ce qu’a été cet égarement. Un élan de faiblesse qu’il ne se pardonne pas ; bataille et guerre viennent d’être perdues, écoulées entre les cuisses de sa Conquête. La pogne se ferme autour de la crosse embouée et tire dessus pour dégager l’arme de ses reins — récupérée quelques instants avant qu’ils ne quittent les parages tourbeux du cirque. Elle est posée sur le bureau faisant l’angle de sa chambre, là où traînent quelques épîtres de moindre importance et parmi lesquelles gisent les lettres que ses enfants lui ont adressé. Léonte déplore son départ vers Dragondale et couche sur papier des phrases aussi courtes que cinglantes, au contraire de Puck qui, réjoui par le voyage et les opportunités qui s’offrent à lui, emmielle sa plume comme sa mère le lui a si bien appris. Alma lui a récemment adressé un billet dans lequel sa juvénilité pleine de gaieté compose des mots candides et des pensées légères où se meut la présence pourtant lourde de Sybille. Un courrier qu’il n’exhibe à personne et ne dérobe toutefois pas non plus ; une correspondance dans laquelle il aurait aimé retrouver des lettres d’Ira, telles de sémillantes héritières des missives qu’elle lui adressait du temps de Koldoveretz — paquet minutieusement ficelé qu’il tient, lui, caché dans un tiroir fermé à clé, à l’image d’un secret pestilentiel dont on redoute que les effluves n’éveillent une fièvre fatale. Est-il vrai que la Sonhal est comme une fille, pour lui ? Lors même qu’il ne la traite comme aucun autre de ses descendants ?
Le mensonge est probablement trop gros, ce soir, pour qu’il en accepte cette fois la grossièreté. Ce ne sont pas les épîtres de Léonte, Puck ou Alma qu’il étouffe dans l’ombre d’une cachette, ce ne sont pas elles qu’il redoute à chaque lecture, qu’il épluche, éventre et dissèque pour trouver derrière l’encre la preuve, s’il en est, de son cuisant échec. Ce n’est pas le père qui redoute, à l’évocation de patronymes masculins, la perversion de son hirondelle, non plus le patriarche qui contorsionne des rictus dès qu’est abordée une amitié ou la plus simple des sympathies envers un camarade. Force lui est à présent de constater que le spectre d’Eneo plane au-dessus de ses affres et hulule, en guise de vengeance, sa mauvaise augure. L’histoire est-elle vouée à se répéter ? La progéniture de sa Favorite n’est-elle rien d’autre que le canif avec lequel la défunte compte le suriner ? Les naseaux poussent un soupir furieux. Manteau et gapette sont ôtés puis abandonnés sur fauteuil. Le voilà pris à faire les cent pas, coupable de marteler le sol au rythme de ses névroses, poings enfoncés dans les poches à défaut de pouvoir cogner les épouvantails immatériels dansottant tout autour de ses nerfs. À présent plus que jamais, Ira va vouloir fuir. C’est certain, lui marmotte, tout sourire, penchée sur épaule, Celle qu’il immola pour bien moins que cela — parce qu’il ne l’aimait pas, Eneo, et parce qu’elle n’était qu’un trophée de plus ornant sa collection de belles choses.
Quelle prison dorée pourrait-il lui trouver, quelle autre geôle que le Palais des Flammes pourrait enclaver l’oiselle et brimer son plausible envol…? La carrure fait halte près de la fenêtre donnant sur le versant nord de la ville où convergent toutes les artères, là où s’érige le Haut Temple des Sept que les braseros de la place bercent de lueurs hiératiques. Un avant-bras s’écrase contre la vitre et sur lui le front brûlant du volcan boursouflé par des concoctions à travers lesquelles se trament mille desseins. Capable du pire, si vous m'empêchez de l'éloigner de vous. C’est en boucle qu’il passe, ce pépiement, tordu par les tenailles de son esprit qui en déforment les courbes amicales et le transforment en menace. Aux dieux ce pire. À leurs autels et leurs oraisons la promesse de l’enfant. Il n’en a que faire de cette épouvantable prophétie qu’elle se dit être prête à relaxer ; l’empyrée pourra bien trembler, lui ne flanchera pas.
* * * Le vieux parquet craquèle sous son passage. Il est sept heures et il n’a pas fermé l’œil. Un coup de fil pour le moins décisif a été passé ce matin-même, provoquant un branle-bas chez les serviteurs que l’Oshun a éveillé aux aurores. Des petites gens aux petites mains se sont empressées de garnir une valise et de préparer la Pupille de son Altesse en la vêtant le plus convenablement possible. Il la voit à présent, assise à table devant plus de mets qu’il n’en faudrait pour nourrir une famille d’impécunieux traînaillant dans les faubourgs de Launondie. Prenant place sans un regard pour la vénusté que le blanc sied si bien, il lâche un « Bonjour » aussitôt suivi par le froissement du journal saisi. Ridicules apparats dont il exècre le moindre détail ; l’âpre envie de ne rien laisser paraître l’emporte néanmoins sur les œillades indolentes et les chaudes syllabes qu’il aimerait glisser à la nymphette installée aux confins de la tablée. La montre est consultée. « Tu es attendue au Vertice. Le Haut-Sacerdos en personne sera chargé de t’y accueillir. » Et sans l’informer de rien tout est cependant dit. Une page de la gazette est tournée, meurtrissant un peu plus l’odieux silence alangui entre eux deux, jusqu’à ce que le papelard ne s’abatte brusquement, révélant la gueule cuprifère qu’un flegme épais alourdit. « Va. »
|
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: sultry black deed. (heira) // nsfw Sam 7 Avr 2018 - 14:55 | |
| L'eau ne le rince pas, l'opprobre. Il s'est encroûté sous ongles, s'est tressé à sa crinière. Crasse que la nymphe décape et récure, à s'en écorcher le derme ; rien n'y peut, l'éponge ne fait que l'étaler, la honte. Vilaine teigne, rongeant jusqu'aux os de ce triste squelette qu'on a jeté au placard pour s'en débarrasser. Ça ne suffit pas. Ni le savon, ni l'ombre ne sont assez. Un bain d'acide pour s'y désagréger, c'est ce dont elle a besoin, l'humiliée, pour disparaître vraiment, et n'aspire à rien de moins. Qu'on acquitte son orgueil, déjà châtié, de la pénitence d'avoir à traîner après lui, telle une chaîne de forçat, l'incarnation même de son forfait ; ce corps aux désirs défendus, tournés en ridicule. Elle n'avait pas pigé, la morveuse, qu'il se moquait d'elle, et que ce qu'il avait à lui montrer, de l'amour, ce serait son rejet rabaissant. Elle n'avait pas non plus prévu qu'on les lui brutaliserait ainsi, ses tendres émois, si peu réciproques qu'ils soient, afin que leur passe le goût grossier de se montrer. Le front insomniaque dodeline sur ses rotules pliées contre poitrine, tente d'y broyer le cancrelat de migraine qui crapahute entre ses tempes – cafard le plus noir que sa psyché, pourtant féconde en malheureuses espèces, ait pondu cette nuit. Lourde cabèche, grouillant par ailleurs de théories aux bourdons plus ténus ; car elle ne sait pas vraiment, au fond, la leçon qu'il lui faut tirer. En l'absence de glose signée de la main même du maître, ne fait-elle sans doute pas la bonne lecture de sa punition. Peut-être ne sont-ce pas ses sentiments, les fautifs – mais son ignorance aux jeux amoureux ? peut-être escomptait-il davantage que la barbaque tréfilée de nerfs qu'il a reçu sous pattes ; peut-être supposait-il à tort qu'elle saurait combler un homme ; peut-être ignorait-il qu'elle n'en avait jamais connu ; peut-être—
Le fil des hypothèses se brise, coupé net par le fracas d'une intrusion dans la pièce voisine. Peut-être est-ce Lui, qui enfin revient la chercher ? Soulevée par le bond de son cœur en sa poitrine, la môme saute hors de la baignoire, et sans autre défroque que son espoir en bandoulière, ouvre grand, sourire et battant. Mais ce n'est rien, qu'une fausse alerte ; rien, qu'une camériste et ses chambrières. Les bronches ont à peine craché toute la gelée de dépit les encombrant que, déjà les talons mouillés cognent les boiseries. « 'llez v'faire fout'... », qu'elle leur grogne, charriant sa traîne de flotte jusqu'au pucier, où son désespoir se vautre, sous l'œil fâché, mais quinaud, de la plus âgée. C'est qu'Ira n'est pas vulgaire, ni pleurnicheuse. Mal lunée parfois, ça oui ; mais bien élevée. « Pas avant d't'avoir nippée, sinon on s'f'ra foutre ouais, mais à la porte, alors— Par qui ? » Calot torve surgissant de sous les draps, le félidé les reluque alors se trémousser d'un angle à l'autre de la chambrée, glanant valise, souliers ici, pliant robes et bas, raflant l'étui de toilette, là-bas. Un voyage ? « Lève-toi, tu sauras. »
* * * Cadencée tel un métronome, l'articulation ecchymosée brasse, de la cime d'une cuillère, la surface ambrée de la tasse de thé qu'on a déposé sous son museau vaseux. Dessin violacé des doigts paternels que la manche ne drape pas tout à fait, et que l'outragée exhibe, comme d'autres leurs blessures de guerre, quoiqu'ici sans fierté mais défi. Car elle a de suite compris, Ira, rien qu'à mirer le grotesque de la mise en scène en laquelle on l'a propulsée, qu'on voudrait la contraindre à prétendre. Il fait cela parfois, Hector ; semblant. Stratagème que le vieux lion a, peut-être à son insu, inculqué au lionceau qui par mimétisme s'est calqué sur son image. Cependant, jamais il n'en avait usé contre elle – du moins, à sa connaissance. D'ailleurs, si telle est bien son intention, loin d'elle la sienne de lui en simplifier la tâche. C'est là le motif de l'ostension du bracelet cyanosé à son poignet ; subtile altération, bestialité, en contraste avec le purisme raffiné du décor qui les encage, tels deux fauves jouant les chats de salon. Car c'est bien ce qu'elle est aussi ; une carnassière qui, blessée, n'a jamais su compter que sur sa colère pour licher ses plaies. Or, si l'aube n'a rien éclairé de ses doutes, elle a du moins mis en lumière ses lésions.
Alors, ils entrent, lui et sa comédie ; sous la seule ovation distraite du couvert en argent cognant contre les bordures de porcelaine. Bonjour, qu'il lui souhaite, sans la voir, tandis qu'elle ne souffle phonème, mais le bouffe des yeux. Insane est l'effort qu'exige sa contenance, pour ne pas aussitôt fondre au pied de l'astre vers lequel sa piété – plus si filiale – s'est ex abrupto ruée, avant qu'il ne s'éclipse à revers de journal. Son museau s'y froisse en s'y heurtant, et ses orbes, lestés de cernes, tombent à la renverse sur l'exubérance écœurante de victuailles affalées entre eux, lors même que déjà, il l'assaille. « Tu es attendue au Vertice. Le Haut-Sacerdos en personne sera chargé de t'y accueillir. » Silence. Le quotidien qui fouette l'air, et la gamine qui suspend son geste hypnotique. « Va. » Ainsi s'envole l'ultime espérance ; car bien sûr, caressa-t-elle l'abstruse idée qu'il l'emmenait ailleurs, avec lui. À Dragondale, s'était-elle même imaginé – ne lui avait-il pas promis de l'y conduire, à plusieurs reprises, dans ses lettres ? Une larme de breuvage ruissèle, de l'ustensile sur la nappe, vite ralliée par les pupilles que l'ire dilate. Bavure en forme d'éclair, elle note ; car la menotte tremble un peu, rien qu'un peu, au contraire du sourire d'airain qu'elle lui dégaine, en s'y charcutant au sang l'envers de ses joues creuses. « Quel honneur.. de la paille sous les genoux un jour, et du marbre le suivant.. », ironise-t-elle, sourcils froncés, sans s'exécuter sur-le-champ, sa sienne désinvolture ingambe narguant la cuirasse du flegme draconien ; entre majeur et index, l'anse hisse, en toute grâce, une gorgée aux lèvres, qui s'en vont déposer là leur imposture sardonique. « Était-ce bien la peine de me soustraire aux dieux, dix-sept ans plus tôt, pour m'y condamner à présent ? », qu'elle gronde, douloureuse, en se levant ce disant. Regrette-t-il ? Pour elle-même, la gamine opine, lentement, s'en persuade ; fait volte-face, pour ne plus lui présenter qu'un profil aux lignes acérées, occultant de l'autre côté son versant brisé. « Ce n'est pas à moi d'en juger, je sais.. », ânonne-t-elle, égrugeant syllabes tandis qu'elle s'éloigne, « .. au revoir, Monsieur. Merci pour tout. » |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: sultry black deed. (heira) // nsfw Dim 8 Avr 2018 - 1:39 | |
| Il est de bonne guerre, ce coup fatal. Car c’est là, assurément, la mort de quelque chose qui se produit à l’instant sous les yeux de son Altesse. Dans le venin que le jeune serpent lui inocule, un message passe ; c’est la fin. Oh, pas la sienne, non, ni vraiment la leur, mais celle d’une époque où rien ne les opposait — jamais. À présent que le prétexte est tout trouvé, l’enfant peut mordre et lui ronger les sangs, elle peut le détruire de la pire des manières ; sans y prêter gare, sans en avoir tout à fait conscience. Il ne tique pas, bien évidemment, même si ses mots ferraillent aux portes de son émail, même si ses maxillaires en broient la révolte, bien au contraire patibulaire, la noble gueule se fend d’une indifférence en cela cruelle que le myocarde celé là-dessous convulse et crève dans son petit feu. Sans grande peine — encore que — ses synapses butinent le fiel entendu et traduisent un mépris cuité par le dégoût, celui né cette nuit, entre ces fétus de paille dont elle évoque la misère avec force nausée. Et s’il l’avait prise entre des draps de soie, aurait-elle réarrangé son jugement ? Un rictus acide où plane un sourire courtaud déforme ses babines avant de choir sur table, dans cette assiette aussi vide que l’igue le séparant dorénavant de sa Pupille. « Était-ce bien la peine de me soustraire aux dieux, dix-sept ans plus tôt, pour m'y condamner à présent ? » L’ombre d’un chagrin traverse le portrait tutélaire, non pas qu’il soit triste, le félin, d’avoir séquestré la nymphette aux griffes de ces prétendus démiurges dont, en vérité, il se fout, mais plutôt qu’il enrage d’écouter cette méconnaissance à laquelle elle consacre toute son énergie ; parce qu’il recommencerait un millier de fois, et dans cet enfer que serait ce cycle perpétuel à la fin duquel ils en viendraient là, à se détruire entre un panier de fruit, un plateau de mignardises, et deux tasses, rien ne le convaincrait de ne pas reproduire l’éternelle boucle dans laquelle elle survit et reste auprès de lui — un temps.
Quoique. Les Vertice n’est pas si loin. À quelques rues seulement, bien plus près que la porte ouest de la ville par laquelle elle devait initialement s’évader. Maigre réconfort dont il suce néanmoins la moelle, consolation au goût amer dont il savoure pourtant l’arôme, car après tout, son hirondelle reste son hirondelle, qu’importe le nombre d’ailes qu’il devra lui briser, qu’importe le degré de haine qu’elle engagera, tant qu’elle reste auprès de lui. Les ogres se satisfont de peu. Les monstres de moins encore. « .. au revoir, Monsieur. Merci pour tout. » Un silence comble la gêne de sa langue, restée pétrifiée dans son foyer, et cependant qu’elle s’éloigne, la phonation masculine riposte posément. « À bientôt, Ira. » Comme un maillet qui claque et la rappelle à l’ordre, comme un collier de chanvre passé autour de sa — si douce et si frêle — petite nuque, comme l’élégance pudique d’une suggestion qui, derrière ce colombage de feintises, propose un baiser qu’ils ne se donneront pas. « Porte-toi bien », murmure-t-il finalement, lors même qu’elle n’est plus là, jetant aux fresques pavoisant les murs du salon un regard imprégné, noir aussi, de bête en cage rêvant au grand air et à la peau frissonnante baisée quelques heures auparavant.
— FIN — |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: sultry black deed. (heira) // nsfw | |
| |
| | | | sultry black deed. (heira) // nsfw | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |