Chère cousine,

Tu me manques. Je sais que tu es partie pour une bonne raison et je me réjouis de te savoir en sécurité, ou du moins autant que tu peux l’être compte tenu de tout ce qui se passe en ce moment, mais très égoïstement, j’ai vraiment hâte que tu rentres au bercail. Entre toi partie à Dierinung et Meeri qui se morfond dans son cauchemar de princesse à Azurite, je m’ennuie à Seaguin.

Non pas que j’ai beaucoup de temps pour moi. Je passe mes journées à suivre mon père qui me traîne derrière lui avec une joie à peine dissimulée, tout en me tenant tant bien que mal au courant de ce qui se trame au delà des frontières de notre petite ville. Elle ne m’a jamais semblé aussi petite d’ailleurs, mais c’est sûrement dut au fait que je n’arrête pas de penser à tout ce qui pourrait changer si nous parvenions à nos fins. Notre destinée est ailleurs, elle l’a toujours été. Enfin. Tes journées sont sans doute plus enthousiasmantes que les miennes.

Parles moi, divertis moi avec tes histoires et reviens moi vite.

Je t’embrasse,
Melvyn.

Mon cher cousin,

Un sourire longtemps disparu naît sur mon visage à la lecture de tes mots. Tu me manques aussi Melvyn, terriblement. Je m'ennuie de vous ici. La vie à Dierinung est différente, les vents n'ont de cesse de souffler et la citadelle est froide. Je ne rêve que de retrouver la douce atmosphère de Seaguin mais surtout la chaleur de tes bras.

Te savoir sur les talons d'oncle Aetion m'amuse beaucoup, ignore t-il que tu as déjà tout d'un chef de famille ? Tu seras bien plus grand que lui un jour, tu seras notre roi. À propos, comment se porte ta belle fiancée ? Je nourris encore le fol espoir que l'un de nous puisse faire un beau et prospère mariage. Si cela n'est malheureusement pas le cas pour Meeri, je suis au regret de t'annoncer que mon union avec Antwan Belikov ne s'annonce également pas sous les meilleurs hospices. Le conte de fées que m'a promis Père a un goût amer. Ton bonheur fera donc le mien.

En attendant ta réponse avec impatience.

Mille baisers,
Maeve.

Chère cousine,

Je ne crois pas que père ait la moindre idée du soulèvement qui se prépare et en ce sens tout se passe comme prévu. Ce qu'il ignore ne peut pas le contrarier et même s'il est trop asservi aux Osanos pour songer à saisir l'occasion qui se présente à nous, il aura tôt fait de comprendre que nous n'avons que peu à perdre en comparaison de tout ce que nous pouvons gagner.

J'ai hâte, Maeve. Hâte d'agir. Ma place n'est pas sur un champ de bataille, je le sais. Mes forces sont moins agressives, autrement plus subtiles, mais mon état de léthargie actuel menace de me rendre fou. Les frontières  de Seaguin semblent se refermer doucement sur moi et je brûle de les détruire. Je brûle de marcher sur Azurite et d'enfin prendre ce que nous méritons. La patience es essentielle, je veux croire qu'elle saura faire la différence, mais je la sens qui s'effiloche peu à peu.

Au milieu de ce tumulte, Rita se porte bien, je crois. La guerre lui est bien plus familière qu'à moi et je ne me fais aucun soucis pour elle. Toute personne avisée redouterait de se confronter à elle. Je pense sincèrement qu'il nous aurait été difficile de trouver meilleure alliée.

Je suis désolé d'apprendre que ton union avec Antwan ne comble pas tes attentes. Je ne saurais pas me prononcer sur ma propre situation. Elle n'a rien d'idéal, mais elle sera profitable à notre famille et c'est là tout ce qui m'importe. Quant à Meeri, si les choses se passent comme prévu, elle n'épousera pas le fils Osanis, ou du moins, si le mariage a lieu, il ne s'éternisera pas. Je compte bien participer à la refonte d'un monde au sein duquel le bonheur vous sera accessible à toutes les deux.

Prends soin de toi.

Je t'embrasse,
Melvyn.