Allongée sur ton lit, le regard perdu sur les moulures du plafond, tu baillais avant d’ouvrir le livre qui se trouvait sur ta table de chevet, et t’installer confortablement pour le lire. Tu n’avais pas travailler, tu avais passé la journée dehors, de la manière la plus normale qui soit. Tu aimais ces jours-là, où tu pouvais retrouver un semblant de ta vie d’avant. Elle te paraissait loin, si loin cette vie, alors que tu n’étais là que depuis quelques semaines. Et tu t’en voulais, car tu ne faisais rien pour t’en sortir. Tu n’avais plus un rond, tu ne savais pas où tu pouvais aller, Gabriel était mort et tu avais rompu tous les liens avec tes parents. La seule personne en qui tu faisais confiance était Hector, ton neveu, mais il était encore jeune et tu ne voulais pas lui imposer tes problèmes. A vingt ans, il n’avait pas besoin de s’embêter des problèmes de sa tante.

Tu lisais ton livre sans vraiment comprendre ce que tu lisais, l’histoire ne t’intéressait pas plus que ça, c’est pourquoi tu décidais de sortir de ta chambre dans l’idée d’aller au salon dit commun. Là où tu pouvais retrouver tes collègues, même si tu pouvais aller les voir dans leurs chambres, tu ne le faisais jamais. Tu ne voulais pas prendre des habitudes, en sachant que tu voulais partir d’ici le plus tôt possible, alors tu ne te faisais pas d’amies, pas pour le moment du moins. Vêtue d’une simple nuisette, vous n’étiez jamais beaucoup habillée par ici, tu sortais de ta chambre et descendait le grand escalier de pierre qui menait au salon, avant de t’installer dans un des canapés, saluant d’un signe de tête tes collègues. Certaines se détendaient, d’autres se préparaient en attendant leur prochain client. Tout ça te dégoûtait. Tu te servais un grand verre d’eau et bientôt, ton regard fut attiré par un jeune homme, d’une trentaine d’années environ, qui suivait Raine, une jolie blonde que tu appréciais, tu avais pu parlé avec elle quelques fois et elle était une des rares filles avec qui tu avais tissé quelques liens. Tu fronçais les sourcils, alors que le visage de l’homme se distinguait dans un rayon de lumière, et tu te levais brutalement, te dirigeant vers la jeune femme, sans pour autant poser ton regard sur lui, mais tu savais qu’il t’avait reconnu. Tu n’avais pas changé, depuis ton adolescence. Lui non plus, pas tellement. « Raine, je le prends. Je te payerais la séance. » Elle fronçait les sourcils, ne semblant pas comprendre tes propos et tu te baissais vers son oreille. « Je le connais. S’il te plait. Je te payerais, promis. Va te reposer. » Elle acquiesçait doucement, puis avec un fin sourire, elle s’éloignait vers sa chambre. Tu prenais la main de Nikolai sans un mot et tu l’attirais dans ta chambre, à l’étage. Tu fermais la porte derrière toi et tu plantais ton regard dans le sien, avant de t’approcher et t’installer sur ton lit. « Ça fait longtemps. » Longtemps, oui, très longtemps. Depuis l’adolescence, depuis Koldoveretz où vous vous êtes perdus de vue. Nikolai était un ami d’enfance, peut-être même qu’il a été ton meilleur ami jusqu’à ce que vous rentriez à l’académie, et tu te souviens encore de tes parents qui voulaient que tu te fiances à lui, alors que vous n’étiez que des gamins. Votre réaction avait été la même, vous trouviez ça ridicule. Et ça l’était, Nikolai était un ami, fabuleux, et jamais tu n’as eu de quelconques sentiments pour lui. « Je ne pensais pas que tu fréquentais le boudoir. Ça va si mal que ça dans ta vie ? » Une pique, tu ne pouvais désormais pas t’en empêcher. Il s’était éloigné de toi, et le revoir ici faisait remonter tout un tas de souvenirs. Tu te mordais la lèvre en gardant tes yeux braqués sur les siens, ta gentillesse t’aurait d’habitude poussée à t’excuser d’avoir sorti ça mais là, tu ressentais trop de choses à la fois pour le faire.

Bianca & Nikolai

sweet old friend of mine

Il y a l’envie fugace de tout oublier ce soir, d’aller se perdre dans le paradis sucré où trouver toute beauté à défaut de ne pouvoir observer perpétuellement celle qu’il voudrait bien observer, chose qu’il fait pourtant depuis plusieurs journées. L’art et la manière de séduire - même si les réponses en retour sont faussées dans un endroit comme là où se pose son premier pied, sont un jeu auquel Nikolai adore se prêter. Il n’est donc pas étonnant en cette soirée de le voir arborer un costume des plus simples et élégants, car bien qu’il mette souvent la main à la crasse dans les bas-fonds des cachots du palais royaux, il n’en demeure pas un maître de l’eau digne d’un certain respect. Bronze émérite qui n’est peut-être pas de sang argent mais qui ne manque de rien, pour autant. Les iris d’un bleu azur se lèvent avec désinvolture de l’admiration du bouton de manchette qu’il était en train de remettre en place en entrant. Celles-ci se posent ensuite sur les courbes divines qui s’agglutinent déjà ci et là à la recherche des premiers clients qui voudront bien tomber dans leurs bras. Il pourrait sourire, laisser la commissure de ses lèvres s’étirer doucement à cette vue mais il n’en est rien, image de droiture qu’il cherche à vendre car s’il est parfois douceur, Nikolai va de paire avec ce prénom piquant dont on l’a affublé bien des années en arrière. L’éducation rigide a fait son œuvre, prouesses d’un père souhaitant le meilleur tandis que la mère espérait une escalade de rang de plus grande ampleur. Le blond n’a donc aucune honte à afficher ses airs neutres et à scruter les courbes délicieuses qui lui volent sous le nez. Volage est ce qu’il est et à l’heure d’aujourd’hui il ne souhaite nullement s’arrêter.

« Que puis-je faire pour vous ce soir mon bon Monsieur ? ». La voix roucoule du fond de la gorge de la somptueuse créatures aux cheveux aussi mordorés que les siens. Peut-être même un peu plus clairs. Cette fois le délicat sourire n’est pas retenu ni vain, empli d’un savoir vivre extrême qui pourrait pourtant cacher bien des noirs desseins. Nulle ne sait jamais vraiment sur quel type de caractère elles tombent lorsque leurs regards croisent ceux des hommes. « Tout dépend de ce que vous avez à m’offrir, Mademoiselle. » répond-t-il alors d’une voix suave, analysant le sourire qui se lit dans les prunelles de la charmante Raine, posant somptueusement ses doigts délicats dans le creux de sa hanche. Y aurait-il un soupçon de pamoison ou d’expectative dans le fond de ses yeux ? Nul ne saurait vraiment le dire. Certaines sont douées pour la comédie mais n’en déplaise au Halwyn de se lancer le défi de rendre une prostituée folle d’amour le temps d’une nuit. Les mots ne s’éternisent pas, il n’y en a pas besoin, tous deux savent qu’ils se mêleront à la chaleur des draps de soie un peu plus tard, mais c’est toutefois sans compter sur l’apparition fantomatique qui contrarie les plans initiaux du maître de l’eau. Les cheveux blonds qui tombent en cascade, ces deux grands yeux qui autrefois brillaient d’un éclat de malice non négligeable, sont comme des images qui le percutent de plein fouet. Des images qu’il pensait dorénavant enterrées dans un passé qui ne remonterait jamais. Raine s’éclipse après quelques mots échangés avec le fantôme bel et bien présent, fantôme qui vient attraper sa main pour mieux l’attirer à l’étage. Fugace pensée qui s’interroge de la savoir dans un tel endroit. Par les Sept, qu’a-t-il bien pu se passer pour qu’elle n’en arrive là ? D’un pas lent pour ne pas attirer l’attention, il la suit, se laisse volontiers entraîner dans ladite chambre même s’il ne comprend pas vraiment où elle veut en venir. Ce n’est certainement pas pour ses charmes qu’elle l’attire ici, n’est-ce pas ? Si ?

Elle s’installe sur le lit qui se trouve non loin derrière elle, et Nikolai n’a aucune gêne ou honte à la regarder dans sa petite tenue fine. Ca fait longtemps. Pour sûr, très longtemps. « Bianca. » qu’il lâche en sentant son sourire réapparaître et s’agrandir malgré l’incompréhension de la trouver ici. Je ne pensais pas que tu fréquentais le boudoir. Ça va si mal que ça dans ta vie ? Elle le fait sourire davantage, cette remarque lâchée du tac-au-tac comme ils pouvaient le faire auparavant. Pour peu il en rirait presque, même. « Disons simplement que j’aime me lancer des défis. C’est la deuxième fois que je viens ici. ». Et cette fameuse première fois, il ne l’avait pas vu. En silence, Nikolai se rapproche du lit pour venir s’asseoir au bord, non gêné de la situation, même si Bianca est devenue une très belle femme, il serait idiot de ne pas l’admettre. « Je suis plutôt surpris de te voir ici Bian’. Je pensais qu’après l’Académie tu aurais un métier et une famille comme tu l’espérais… Qu’est-ce qu’il s’est passé ? ». Il ne veut pas la forcer à en parler bien sûr, mais l’on ne peut l’empêcher de se dire dans un creux de sa tête que si l’avenir de Bianca était de finir ici, sans doute aurait-il mieux fait de lui demander sa main à l’époque, comme ses parents l’auraient souhaité, et lui éviter ainsi de traîner en ces lieux et d’offrir son corps au plus offrant.  

« Disons simplement que j’aime me lancer des défis. C’est la deuxième fois que je viens ici. » Il se rapprochait de toi pour s’asseoir sur le bord du lit et tu souriais. « C’est courageux comme défi, quel preu chevalier tu pourrais faire. » Tu plongeais ton regard dans le sien avant de rire, sa remarque te faisait rire car venir pour une nuit de folie au boudoir, tu avais connu bien plus courageux venant de sa part, auparavant. Tu jouais avec les mots, bien évidemment, mais entre vous ça avait toujours été comme ça. Une relation saine, et fluide. Jusqu’à ce que vous vous perdiez de vue. Ton regard s’assombrissait de nouveau alors que tu repensais à votre éloignement, et tu te demandais si ta vie aurait été la même si vous n’aviez pas pris des chemins différents. Nikolai avait été une personne importante pour toi, si importante que tes parents voulaient en faire leur gendre. Leur plan n’avait pas réussi, à votre grand bonheur à tous les deux. Ca ne t’aurait peut-être pas déplu, mais il s’agissait de Nikolai, qui avait été un ami, une sorte de frère quand tu en avais besoin. Le destin aurait pu faire les choses autrement, tu n’en savais rien. Le fait est que ta vie était ce qu’elle était aujourd’hui, et que Nikolai en avait disparu depuis plusieurs années. Le blond t’expliquait être surpris de te retrouver ici et tu roulais des yeux, toi aussi, tu étais surprise d’être là. Il poursuivait, t’imaginant avec un métier et des enfants et tu souriais tristement en plongeant tes yeux bleus dans les siens. Est-ce que tu allais lui parler de ta vie désastreuse ? Est-ce qu’il avait seulement envie d’entendre tes plaintes. Après tout, il n’était pas venu au boudoir pour ça, tu le privais d’une soirée en charmante compagnie.

Tu haussais les épaules en passant tes mains sur tes cuisses, les frottant nerveusement et tu finissais par prendre la parole à ton tour, après un silence de quelques longues secondes. « Je ne suis pas celle que tu imaginais. Tu es déçu ? » demandais-tu dans un murmure, parce que son avis avait toujours importé, parce que tu voulais qu’il te voit toujours plus forte, toujours plus jolie, parce que c’était Nik, tout simplement. « En fait, il y a un an, je me mariais. J’avais cette vie que tu m’as imaginé, cette vie dont je rêvais. Et tout a basculé lors des attentats de Dragondale. Gabriel est mort et je me suis perdue. Dans ma vie, dans ma tête. Je me suis perdue ici. » Tu levais légèrement les mains pour désigner ta chambre. Tu n’étais pas maltraitée ici, Ace vous traitait réellement comme des reines, car il voulait les meilleures pour son bordel, et les plus belles. Mais t’offrir de cette façon aux hommes, tu n’en ressentais aucun plaisir. Tu n’étais pas faite pour ça. En voyant Nik arriver ici, tu aurais pu te cacher, tu aurais pu faire comme si tu n’existais pas et tu n’aurais pas ressenti de honte à ce qu’il te trouve ici, en petite tenue, trop sexy pour toi. Mais tu avais aussi vu un moyen de retrouver cette vie d’avant, que tu aimais tant, lorsque vous étiez encore deux adolescents insouciants. Un échappatoire peut-être.

« Et toi ? J’imagine que tu n’es toujours pas casé, si tu es là. Attends, non… je veux pas savoir. » Tu souriais malicieusement, lui envoyant de nouveau une petite pique et tu posais ta main sur ton cou pour jouer avec ta chaine, en plongeant ton regard dans le sien, te faisant cette fois-ci plus sérieuse. Il connaissait ton histoire, il n’en avait pas tous les détails mais tu avais fait un effort, parce que tu ne voulais pas qu’il pense que tu étais là par choix. Tu aurais pu lui en vouloir, de s’être éloignée, mais tu avais une part de responsabilité alors tu voulais simplement passer outre. « Qu’as-tu fais pendant toutes ces années, Nik ? » Tu déportais ton regard sur l’armoire qui se trouvait derrière lui et tu te levais pour aller l’ouvrir, sortant une bouteille de vodka de sous les sous-vêtements et autres draps de satin. Tu la cachais là pour les grandes occasions, tu ne pensais donc pas l’ouvrir un jour. Mais ce soir, le destin t’avait réuni avec ton ami, et tu voulais fêter ça. Tu remplissais deux verres et tu en tendais un au maitre, entrechoquant les deux verres avant d’en boire une gorgée. Debout face à lui, tu en avais oublié ta tenue trop légère, et lorsque tu croisais ton propre regard dans le miroir et la tenue que tu portais, tu rougissais brusquement. « Je.. Tu veux que je me change ? » demandais-tu alors, l’air un peu pantois. Tu avais pris l’habitude de ne jamais trop t’habiller, juste au cas où. Seulement lorsque tu sortais, et ce soir, ce n’était pas un client qui était face à toi, et tu te sentais brusquement beaucoup plus vulnérable.

Bianca & Nikolai

sweet old friend of mine

C’est courageux comme défi, quel preux chevalier tu pourrais faire. Il lui rend son sourire avec amical, car il connaît suffisamment Bianca pour savoir que ce n’est là que de la taquinerie. Nikolai n’est pas de ceux qui se considèrent comme des chevaliers ou des princes charmants, il connait ses parts d’ombres et son mauvais caractère est quelque chose qui est loin de plaire à tout le monde. Il ne le sait que trop bien. Ca ne se lit pas d’entrée de jeu sur ses traits que d’autres peuvent considérer comme divins, masque de façade qu’il arbore en toutes circonstances ou presque. Dès lors que vous passiez la barrière de l’intimité, l’impulsivité du blond transpirait littéralement de ses pores. Voilà sans doute pourquoi il n’aurait jamais la prétention de se croire être une bonne personne. En fin de compte, sur cette terre, personne ne peut se darder d’être aussi bon ou parfaitement immaculé. « Crois-moi, je n’ai strictement rien d’un chevalier. ». Le fin sourire reste planté à ses lèvres tandis qu’il tourne la tête vers elle pour l’observer. « Pour ce qui est du défi, il est un peu plus complexe que le simple fait de venir ici, mais… L’heure n’est pas à cette confidence-ci. ». Et pour cause, la surprise de la trouver dans un tel endroit prend tout le pas sur le reste de ses dires. Il y a des secrets qui ne devraient pas être percés, des choses qui ne sont peut-être pas bonnes à dire et quoi qu’il arrive il ne la forcerait jamais à parler si elle n’en avait pas l’envie. Déjà du temps de leur enfance, Nikolai n’était pas celui qui la poussait à la confidence, peu importe le relation de confiance qu’ils détenaient déjà à l’époque. Encore aujourd’hui, il n’échapperait pas à la règle, cette règle qu’il s’est au final lui-même imposé dès son plus jeune âge. S’il sait soutirer des informations il sait qu’attendre est parfois le meilleur moyen d’en avoir et d’en obtenir. Même si, dans le cas présent, il n’est qu’entrain de discuter avec une amie d’enfance.

Face à ses mots, le maître de l’eau sent bien que la nervosité la gagne et prend place. Elle se lit dans ses gestes nerveux, ses mains qui trouvent ses cuisses comme pour balayer l’angoisse et l’hésitation. Il ne dit rien, demeure le plus parfait des silencieux pour ne pas brusquer et ainsi montrer qu’il ne la force nullement à parler. Assis au bord de ce lit, Nikolai ne fait qu’attendre sagement. Je ne suis pas celle que tu imaginais. Tu es déçu ? Sa tête bouge de gauche à droite, signant à la négative. « Il n’y a pas de déception à avoir, je suis juste surpris. » qu’il prononce d’un murmure en écoutant la suite de ses paroles. En fait, il y a un an, je me mariais. J’avais cette vie que tu m’as imaginé, cette vie dont je rêvais. Et tout a basculé lors des attentats de Dragondale. Gabriel est mort et je me suis perdue. Dans ma vie, dans ma tête. Je me suis perdue ici. Le sourire qu’arborait ses lèvres avant le début de sa tirade a disparu, ne laissant place qu’à un air neutre et absent de tout jugement, car il ne la jugerait jamais, même entre ces murs. Surtout pas entre ces murs, d’ailleurs. « Je suis attristé de l’apprendre, Bian’. ». Et il l’est, sincèrement, si bien qu’il ne saurait quoi dire qui puisse apaiser les maux de son âme, si ce n’est qu’une chose est certaine, sa place n’est pas ici, elle est bien trop intelligente et digne d’autre chose pour finir le reste de son existence ici, à écarter les cuisses. Et toi ? J’imagine que tu n’es toujours pas casé, si tu es là. Attends, non… je veux pas savoir. Il relève ses yeux bleus sur elle avant de pencher la tête sur le côté et pincer les lèvres, sourire retrouvé alors qu’une micro seconde auparavant il cherchait des mots agréables pour qu’elle oublie ses tourments. Qu’as-tu fais pendant toutes ces années, Nik ? Ce qu’il a fait ? Bon nombre de choses, des bonnes et des moins bonnes, il a filé au gré du vent là où la situation serait la meilleure pour lui, et meilleure pour son adiutor également, bien que ce dernier soit plus un boulet à ses pieds qu’autre chose. Pendant qu’il réfléchit à ce qu’il peut bien raconter de sa vie, Bianca se lèvre en direction de l’armoire pour en sortir une bouteille de vodka. Tiens donc. « Tu caches de l’alcool dans tes affaires maintenant ? Je ne te savais pas si délinquante… ». Taquinerie que le blond lance en retour pour détendre davantage l’atmosphère. Les verres se remplissent et il ne se voit pas en refuser un, cristal glissant entre ses doigts qui l’attrapent sans attendre en remerciant la jeune femme. Le bruit significatif du verre en rencontrant un autre retentit dans la chambre et il sourit alors que ses lèvres rencontrent le liquide alcoolisé et fort. C’est sans le moindre effort que ce dernier vient réchauffer le fond de sa gorge et qu’il s’enivre du parfum que ça a. Oui, c’était également un bon moyen pour oublier cet alcool-là, même si d’ordinaire Halwyn préfère le whisky de luxe.

Sans crier garde et alors que le maître de l’eau ne fait strictement rien, jambe croisée au-dessus de l’autre, les joues de son amie s’empourpre. Il hausse un sourcil, Nikolai, surpris de la voir dans un tel état, mais comprend bien rapidement ce qui l’inquiète, à peine a-t-elle repris la parole. Je.. Tu veux que je me change ? Sa tête signe une seconde fois à la négative. « Non, ne t’embête pas, ça ne me dérange pas. Mais si tu préfères pour toi alors fais-le. Si tu t’inquiètes pour mes yeux en revanche, ne t’en fais pas il n’y a aucun problèmes. ». Portant le verre à ses lèvres il boit une nouvelle gorgée en esquissant un sourire, puis tapote la place à côté de lui en bordure de lit pour qu’elle vienne se rasseoir. Après plusieurs longues secondes de silence supplémentaire, Nikolai se décide enfin à s’ouvrir. Un peu. Car ce n’est pas dans ses habitudes et ne l’a jamais vraiment été. « Je suis gardien au palais, c’est ce que je fais depuis plusieurs années maintenant. Je ne suis… Comme tu l’as devinée, toujours pas marié et c’est aussi pour cette raison que je suis à Launondie et non quelque part à Aguarini, sur nos terres natales. Pour éviter la pression familiale. ». Il sourit en gardant ses yeux bleus rivés sur elle. « Je me demande ce qu’auraient pu donner nos épousailles, si jamais nos parents étaient parvenus à leurs fins. Est-ce que tu penses qu’on serait ailleurs ? Gérer l’entreprise Halwyn m’aurait tellement ennuyé je crois… Je ne dis pas que la vie ici est plus simple et plus facile, il y a ses hauts et ses bas mais… Je pense avoir su trouver un bon équilibre. Même si je dois bien admettre que je ne suis venu ici que pour passer du bon temps. ». Son rire léger s’élève dans les airs tandis qu’il attrape la bouteille de vodka et remplit à nouveau délicatement leurs verres. « Ma vie n’a strictement rien de passionnant, Bian, et si je peux faire quoi que ce soit pour t’aider d’une quelconque manière, je ne veux pas que tu hésites, d’accord ? ».