L’eau se teinte doucement de carmin, un rouge profond que tous deux ne connaissent que trop bien. Tout n’est que silence de mort à présent alors que derrière ces murs le chaos régnaient encore en maître quelques heures plus tôt. Lèvres pincées, il s’efforce de ne pas trop penser, cœur ruminant rien qu’en ressassant
cette seule idée. Ils ont beau ne plus être dorénavant liés, il est en colère contre lui Jon. En colère qu’il ne soit pas sagement resté entre ces maudits murs, quoi que, peut-être était-ce le cas et que malgré tout l’incident avait eu lieu. Il n’en sait rien, ne sait plus. Tout ce qui demeure en revanche, c’est cette rage au ventre qui ne saurait s’en aller, envers l’Autre, celui à cause de qui il est obligé de
le réparer. L’alcool glisse sur le linge frais qui vient ensuite être appliqué sur son visage tuméfié. «
Evite de bouger. » qu’il lâche d’une voix monocorde, comme il sait parfaitement le faire dans ce genre de situation impromptue. Au fil des ans, Jon n’a pas changé, et ne changerait jamais. C’est qu’au fond de ses tripes, cette histoire de
purge l’a effrayé, mais ça il se darde bien de le dire, cela doit rester cacher. Tissu retiré avec douceur, le blondinet inspecte la plaie qui se cache en dessous et penche la tête sur le côté. «
Tu vas avoir besoin de points sur celle-là. ». Vulgaire constat alors qu’il fait volteface et retourne tremper le linge dans l’eau froide, laissant le rouge teinter un peu plus le liquide d’ordinaire si limpide et clair. Jon fait traîner la manœuvre, tournant le dos à son ancien
maître qu’il n’a jamais appelé comme ça d’ailleurs, sauf lorsque l’envie de le taquiner ou de montrer sa contrariété se faisait sentir. Usage du titre de manière effrontée comme pour revendiquer une certaine autorité qu’il savait bien souvent nulle face à Nathan. Sans dire un mot, il laisse à loisir le linge tremper encore le temps de préparer les ustensiles qu’il lui faut avec un calme si glacial que même la pièce pourrait l’être. Heureusement pour l’Oshun, Jon fait tout pour contrôler a minima son pouvoir enrhumé des suites du maudit virus. Fil et aiguilles sorties, il revient le temps de sortir le linge humide et de venir le poser contre le visage du jeune homme. Puis, attrapant sa main, il vient plaquer cette dernière contre ledit tissu en le foudroyant presque du regard. Ce n’est pas contre lui, c’est contre ce monde qui ne tourne plus rond. Une fois qu’il s’est assuré de la compréhension de Nathan par rapport au linge froid sur sa trogne, il retourne s’activer à couper des bandes de tissus, jetant quelques coups d’œil ça et là pour s’assurer que, pour une fois, il ne désobéit pas.
Chacun son tour. Jon ne connait que trop bien celui qui est assis dans la même pièce que lui pour savoir qu’au moindre dos tourné il n’en fera probablement qu’à sa tête. «
Le virus, maintenant la Purge. Que crois-tu que ce sera la prochaine fois ? ». Le blond n’est pas certain de vouloir connaître la réponse, mais la question est posée à haute voix à titre indicatif, preuve qu’il s’interroge sur leur devenir. Il ne juge pas Nate pour être ce qu’il est et ne le jugerait jamais. Ils ont tous leurs tares et leurs anomalies, mais il n’y peut rien s’il s’inquiète pour sa sécurité entre ces fameux murs qu’il a toujours détesté. «
Je n’ai pas vraiment envie de te voir avec la tête au bout d’une pique, et idéalement je souhaiterais garder la mienne sur mes épaules aussi. ». Levant ses yeux vers l’ancien Grimsrud, il sent bientôt une vague de froid l’entourer et se met à jurer dans la barbe qu’il n’a pas. Les lames du ciseaux se mettent à couper, mais trop occupé à se battre avec la température imminente de la salle il ne se rend compte que trop tard qu’il n’y avait pas que le pansement à proximité. «
Putain. » qu’il grommelle en portant son index à ses lèvres, sentant le goût cuivré emplir bientôt sa bouche et rester amèrement sur sa langue.
Drame climatique temporairement évité, Jon ne prête pas attention à sa légère blessure qu’il sait bien plus encombrante que cela et vient déposer tout son nécessaire à soins sur la table à roulette qui traîne non loin de Nate. Le surplombant de toute sa hauteur, il vient retirer le linge et inspecter hématomes et fameuse plaie ouverte. Du bout des doigts, le mêlé se saisit d’une petite seringue et pince à nouveau les lèvres. «
Ca va picoter un peu ». Qu’il proteste ou non, l’aiguille pénètre bientôt la peau et le liquide anesthésiant commence sans doute déjà à faire son petit effet sur la zone.