pseudo et prénom ‹ leslie, blackthorn. âge ‹ vingt-trois ans. comment as-tu trouvé le forum? ‹ via le projet. pays ‹ france. fréquence de connexion ‹ cinq jours sur sept. votre avis sur le forum ‹ pour que je me fasse un qc, faut vraiment que je l'aime. parrain ? ‹ aucun. smiley préféré‹ gif qui décrit le mieux votre personnage‹

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(2144, firekiro, flamaerin) Au delà des murs du domaine, le monde continuait à tourner sans lui. Un sentiment familier dans lequel Ethan avait coutume de se draper étroitement, s'isolant un peu plus encore à chaque instant passé. Même entouré de ses proches, même au cœur d'une foule, il demeurait toujours de bien des façons en proie à une drôle de solitude. il était ailleurs, gambadant dans son propre monde, sourd à l'agitation ambiante. et il n'en souffrait pas. non. il ne désirait rien d'autre que de se tenir ainsi en marge du monde. Alors que ses frères et sœurs chahutaient bruyamment, Ethan lui ne se mêlait pas à ce joyeux chaos. Ses lèvres demeuraient immanquablement scellées, son faciès de petit garçon arborant une expression trop sérieuse pour son jeune âge. Il demeurait assis dans son coin, un gros livre posé sur les genoux, plongé jusqu'au cou dans sa lecture. Il adorait les mots. Des trésors d'encre qui se déployaient sous ses yeux en une mélodie gracieuse dont il n'était jamais rassasié. une source de richesse infinie qu'il préférait à toutes les autres. et peu importe que personne ne semble comprendre cela. le caractère étranger de cet univers qui n'appartenait qu'à lui ne le rendait que plus sublime encore.  « Il devrait courir, s'aérer l'esprit. » La voix d'Erik Grimsurd vint troubler la quiétude bienvenue dans laquelle son plus jeune fils avait comme toujours trouvé refuge. « Ce n'est pas sain. » La petite bouche pincée d'Ethan se tordit en une moue grimaçante alors que les paroles de son père giflaient furieusement sa peau telles une multitude de claques.  « Il est dehors, comme tu le voulais et il ne fait de mal à personne. » L'expression d'Ethan s'adoucit alors que, comme souvent, sa mère prenait sa défense. Du haut de ses six ans, Ethan doutait qu'elle soit véritablement apte à saisir l'étendue son amour pour la connaissance, mais au moins l'acceptait-elle sans broncher. A l'inverse de son mari, elle n'éprouvait pas d'embarras d'aucune sorte à l'idée que rien ne soit plus à même de satisfaire son fils qu'une montagne d'ouvrage sur tous les sujets possibles. Ethan ne l'en aimait que davantage.

(2145, firekiro, flamaerin)  « Il fait beau aujourd'hui. » Lança Falaba d'une voix chantante à l'intention de son jeune fils. Conformément à ses habitudes, ce dernier avait trouvé refuge dans un fauteuil confortable, ses jambes ramenées sous lui et feuilletait joyeusement un gros bouquin. Sa tignasse bouclée lui retombait sur les yeux. Une coupe de cheveux était nécessaire mais encore fallait-il qu'il accepte de se soustraire à sa lecture pour laisser quelqu'un s'occuper de sa tignasse. Ethan n'avait rien prévu de tel. Il dévorait goulûment chapitre sur chapitre et son regard semblait hagard, ailleurs, alors qu'il relevait la tête, vaguement exaspéré par l'intervention de sa mère. Son regard glissa sur le ventre bien rond de sa mère avant de venir sur son visage. La grossesse lui sciait très bien. Ses joues étaient roses et sa beauté n'était pas altérée par la fatigue évidente qu'elle éprouvait.  « Hmm. » Lâcha Ethan, sept ans, sans un seul regard pour la fenêtre et le temps clément qu'elle laissait aisément entrevoir. Il baissa à nouveau les yeux sur son livre, implorant en silence sa mère de passer son chemin. Elle avait forcément mieux à faire... En une poignée d'enjambées, Falaba le rejoignit et d'une main douce mais ferme, elle attrapa l'un des coins du livre, rendant ses intentions parfaitement claires.  « Mais... » Hoqueta-t-il en dardant un regard contrarié sur sa génitrice. Il se mit à rougir et à trembler, signe annonciateur d'une colère qu'il aurait toutes les peines à refluer. Comme pour endiguer ses sentiments trop lourds et trop forts, sa mère rouvrit la bouche pour s'exprimer d'une voix, douce prévenante.  « S'il te plait, vas t'amuser un peu dehors. Je garde ton livre, il sera toujours là dans quelques heures. » Ethan voulait hurler. Il voulait arracher le livre des mains de sa mère et courir jusqu'à sa chambre pour s'y enfermer. Et qui y avait-il de mal à ça ? Il ne comprenait pas l'obstination de ses proches à le pousser à gambader comme un idiot dans le jardin. Il était habitué à ce genre de remontrances exaspérantes lorsqu'elles sortaient de la bouche de son père, mais voilà que sa mère s'y mettait aussi. Pieds et poings liés, Ethan la laissa à regret lui retirer son livre. Sa lèvre tremblait toujours un peu lorsqu'il concéda à contre cœur à traverser la pièce pour se glisser à l'extérieur. Il feignit d'ignorer le regard de sa mère qui le suivait consciencieusement des yeux et jeta un regard las sur la nature délicatement entretenue qui se déployait sous ses yeux. Ethan était capable de saisir la beauté d'un tel spectacle. Un déploiement de couleurs et de parfums auquel seul un sot resterait insensible. Son regard glissa sur l'herbe verte, les arbres bien garnis et les fleurs aux teintes acidulées. Ethan jeta un coup d'oeil derrière lui, évitant consciencieusement de regarder sa mère et préférant focaliser son attention sur les marches de pierres sur lesquelles il avait coutume de s'installer pour lire pendant que le reste de sa fratrie s'amusait gaiement. Ethan laissa échapper un soupire avant de descendre les marches pour venir se poster sur l'herbe. Son petit nez était plissé et ses joues arboraient encore une teinte pivoine du fait de sa colère douloureusement avortée. Qu'allait-il bien pouvoir faire pendant des heures ? Ethan s'apprêtait à battre en retraite vers la maison lorsque son regard se posa sur le grand pommier, silhouette rassurante et familière dominant sans mal le jardin. Ethan ne se souvenait pas de la dernière fois où il avait ne serait-ce que posé sa main contre l'écorce de l'arbre, mais il avait en revanche vu maintes fois son frère aîné grimper dessus. A chaque fois, les gestes de Nathan étaient plus sûrs que maladroits alors qu'il disparaissait avec aisance entre les branches de l'arbre. A le regarder, cela semblait tellement facile. Sans qu'il n'y ait véritablement pensé, les pieds d'Ethan le conduisirent jusqu'à l'arbre et il leva les yeux, ses lunettes perchées sur l'arrête de son nez. Les branches joufflues de l'arbre constituaient un spectacle bienfaisant. Les pommes étaient bien rouges, offrant un joli contraste avec la verdure alentour. Ethan se mordit doucement la lèvre, en proie à un dilemme rapide. Si Nathan y parviens, alors toi aussi. Forcément. Cela ne pouvait pas être si dur. Non. C'était sûrement enfantin. Et Ethan n'était pas un gosse comme les autres. Oui, c'était dans ses cordes. D'un geste légèrement tremblant, il ôta ses lunettes et les rangea soigneusement dans la poche de son pantalon. Ses mains étaient moites lorsqu'il les frotta doucement sur le velours côtelé du vêtement. Vas-y. Avec des gestes chancelants qui ne sauraient altérer sa détermination sourde, Ethan démarra péniblement son semblant d'ascension. Il chercha des prises dans le tronc de l'arbre, enchaînant les chutes, la rage au cœur. les minutes s’égrainaient, rendant son échec d'autant plus assourdissant. Ethan ne se décourageait pas cependant. Toute son attention était portée sur l'arbre. Il recommença une énième tentative, se hissant timidement en prenant appui sur les prises qu'il avait fini par trouver. Un sourire vint corner ses lèvres lorsqu'il parvint enfin à portée de main de la pomme rutilante qu'il s'était mis en tête de saisir. Il tendit le bras pour seulement effleurer la courbe du fruit. Sa lèvre se mit à trembler alors qu'il étirait le bras autant que possible, le front plissé par la concentration. Rien n'y fit cependant. Le fruit demeurait hors de sa portée à quelques centimètres près, le forçant à grimper encore un peu plus haut. Résigné, Ethan tenta de se hisser plus haut, s'appuyant sur le premier semblant de prise qu'il trouva, la main toujours tendue vers le fruit bien rouge. Mais il ne l'attrapa jamais. Sa prise se révéla mauvaise et il chuta de haut. Il atterrit avec brutalité sur le sol et entendit un craquement sonore. Dans un premier temps, il songea à ses lunettes, éventuellement brisées par l'impact. Ce fut avant qu'il éprouve une douleur sourde dans les jambes. Il poussa un hurlement alors que sa mère se précipitait sur lui en criant son prénom.

(2149, firekiro, flamaerin)  Un rien le minait. La moindre contrariété lui arrachait des larmes de colère alors sa vision se teintait à toute allure d'une teinte rouge sang. Son cœur battait trop vite trop fort, alors que la tension montait à une vitesse vertigineuse. Tout son corps l'élançait, le démangeant furieusement. Le silence était assourdissant. Il arpentait rageusement la pièce dans l'espoir de s'épuiser ainsi, en vain. Son palpitant tambourinait avec voracité, parfaitement sourd à ses tentatives pour ralentir sa cadence. En proie à une agitation grandissante, il alla s’asseoir sur son lit impeccablement fait et saisit d'une main parcourue de tremblements le livre qu'il avait abandonné là quelques heures plus tôt. De ses doigts fins et parcheminés d'une poignée de tâches de rousseur il caressa la couverture en cuir brun. Par ce geste, il tentait de s'apaiser. Il ouvrit le livre et s'efforça de trouver refuge dans la lecture, mais en vain. Les mots qui le rassuraient tant en tant normal se brouillaient sous ses yeux, lui rendant la chose impossible. Il voulait hurler. Hurler très fort et sans interruption, jusqu'à ce que sa voix finisse par se briser sur ce cri de frustration déjà trop longtemps retenu. Il ne savait même plus la cause de tout cela. Il en était toujours ainsi. Il se mettait dans tous ses états pour ce qui était la plupart du temps rien de plus qu'une broutille sans grand intérêt et il se rendait tellement malade qu'il oubliait jusqu'à la cause de son mal-être. Respires. C'était ce que sa mère avait pour coutume de lui dire dans ces moments insupportables. Elle répétait ce mot d'une voix douce, empreinte de patience, l'invitant à se détendre tout en traçant de sa main de petits cercles dans son dos, comme elle le faisait pour le consoler quand il était plus jeune. C'était à son contact qu'Ethan parvenait le mieux à endiguer cette colère sourde dont il ignorait d'où elle venait. Il ne pourrait pas toujours compter sur sa mère cependant. Elle ne serait pas à l'académie à ses côtés. Il lui fallait apprendre à se débrouiller seul. Ethan respirait fort, ses doigts agrippés à ses draps comme si le contact de ces derniers était la seule chose qui l'empêchait d'exploser. Il ferma les yeux, essayant de mettre en oeuvre les conseils qui lui avaient été maintes fois répétés. Plongé dans une obscurité chancelante, il s'efforça de songer à des choses apaisantes, faisant péniblement naître sous ses paupières baissées des souvenirs calmes. L'étreinte rassurante de bras noués autour de son corps. L'odeur singulière d'un livre qu'on feuillette pour la première fois... Mais l'illusion ne prenait pas. Les images se diluaient aussi vite qu'elles parvenaient péniblement à émerger. Les larmes roulaient sur le visage d'Ethan alors que tous ses efforts se voyaient immanquablement réduits au néant. Son désespoir grandissait, formant un écho douloureux à toute cette colère qu'il ne parvenait pas à endiguer. Il lui semblait qu'il manquait d'air, comme si les murs de sa chambre se refermaient progressivement sur lui, l'enfermant dans un espace étreins avec une espèce de monstre rugissant qui menaçait de lui lacérer d'un instant à l'autre les entrailles. Alors que l'émotion s'intensifiait dévastatrice, la porte s'ouvrit brusquement sur sa petite sœur. Ethan releva la tête et la dévisagea comme si elle constituait une apparition absurde, presque irréelle. « Vas-t'en, Hazel. Laisses moi tranquille. » Grogna-t-il à l'intention de sa toute petite sœur en s'essuyant la joue d'un geste rageur. Sourde à l'ordre qui venait de lui être donné, Hazel demeurait immobile, plantée dans l'embrasure de la porte, sa tignasse brune soyeuse encadrant son visage de poupée alors qu'elle dardait un regard interloqué sur son grand frère. Ethan aimait Hazel. De la même façon qu'il aimait ses parents, son frère et ses autres sœurs. Il l'aimait peut-être même un plus. Elle était minuscule, inoffensive, innocente. Et soudain, sa vision lui fut insupportable. Il ne supportait pas ses grands yeux qui le couvaient du regard. Il ne la supportait pas elle. Sa fureur grimpait à toute allure, émotion effrayante qu'il sentait grandir en lui. Il ne parvenait pas à ralentir sa progression. Il fallait qu'Hazel sorte. Maintenant.  « Je t'ai dis de partir ! Fiche moi la paix ! » Cria d'une voix étonnement cinglante pour un gamin de onze ans. Mais il n'avait plus rien d'un gosse alors. Il était comme possédé, en proie à des émotions trop voraces qui le dominaient. Il n'était plus vraiment lui, à moins que ce ne soit l'inverse. A moins qu'il ne soit vraiment ce monstre qu'il ne pouvait cadenasser. Ce monstre qui avait pris possession de lui. Et sa sœur ne bougeait pas. Elle ne comprenait pas. Hazel n'était encore qu'un bébé, une toute petite fille désarçonnée par la détresse virulente de son frère aîné. N'y tenant plus Ethan se leva et rejoignit en quelques enjambées sa sœur. Sourde à l'aura de colère qui émanait de son frère, la gamine n'avait pas bougé d'un centimètre. Ethan lui jeta un regard excédé avant d'abattre sa main sur elle, giflant sa joue. Ses doigts laissèrent une empreinte sur la joue ronde de sa sœur et à la vue de cet aveux rougeaud il se sentit étrangement apaisé. Comme si sa colère se dissipait en fin. C'était bon. Il en avait besoin. Alors il porta à nouveau un cou à sa sœur, sourd aux larmes qui s'agglutinaient dans ses grands yeux.

(2156, launondie, flamaerin) Ethan serra et desserra lentement le poing en s'efforçant de faire le vide autour de lui. Comme trop souvent, il se tenait en marge du monde. Les voix de ses camarades lui parvenaient, lointaines. Il les ignorait, les réduisant à un bourdonnement incohérent, une nuisance sonore qu'il lui était aisé d'isoler. Il avait toujours excellé dans l'art de faire le vide autour de lui. Il n'essayait même pas. Il avait simplement ça en lui. Les gens s'écartaient sur son passage, le frôlant parfois. Ils tournaient alors leurs visages vers lui, lui accordant un bref regard avant de détourner les yeux, comme conscients de l'intrusion dont ils venaient de se rendre coupables. Ethan ne s'en indignait pas. Il ne disposait pas franchement d'une personnalité solaire, laissant plutôt traîner dans son sillage une nappe d'obscurité qui l'enveloppait tout entier, rendant toute approche extérieure laborieuse. Même lorsqu'il essayait de se lier aux autres, il sentait bien que cela ne se prenait pas. Même dans le cadre familial, auprès de gens qui l'aimaient et le connaissaient depuis sa venue de monde, il se sentait malgré lui comme un intrus. Comme si ses proches ne pouvaient décemment qu'être plus en harmonie encore s'il demeurait en retrait. Et il avait raison. Il n'était que destruction. Son amour était nocif, austère, brutal. Et tout le monde ne manquerait pas de s'en apercevoir avec le temps. C'était presque un miracle que les gens ne lui crachent pas au visage. Cela allait finir par se produire cependant et il allait définitivement se retrouver seul, avec ses lectures pour seules compagnies. Et il l'aurait bien mérité. « Grimsrud Ethan. » Ou peut-être que non. Ethan se mordit farouchement la lèvre et se traça un chemin entre ses camarades tendus. Il n'allait pas rentrer tout seul ce soir. L'instant était déterminant et il le savait. Toutes ses années passées à s'instruire dans l'enceinte de l'académie Koldoveretz n'avaient eut d'autres buts que celui-ci. Cette cérémonie qui scellerait son existence de bien des façons, défigurant son quotidien. Ethan n'était que tension alors qu'il fendait la foule d'une démarche qu'il aurait aimé nettement plus assurée. Si ses pas trahissaient une tendance à la nervosité, il irradiait un calme infiniment trompeur de son expression faciale. Ses grands yeux clairs balayaient les lieux alors qu'il s'orientait vers son avenir, avenir qui se matérialisa à lui sous la forme d'un garçon de son âge, duquel émanait un mélange de lassitude et d'irritation. Ethan planta calmement son regard dans le sien, la gorge sèche. L'inconnu arborait une tignasse noir corbeau bouclée et une nonchalance qui ne pouvait pas être feinte. Ethan cru déceler une lueur de défis dans ses yeux clairs. Brièvement déstabilisé par l'assurance mordante du garçon, l'enfant de feu baissa les yeux sur le bracelet orange qui sanglait le poignet de l'inconnu, entrave provocante trahissant sa nature. Lorsqu'il daigna releva la tête vers lui, se confrontant à nouveau à son regard, un bref souvenir l'étreignit et il fut pris d'une envie mordante de prononcer son nom. Cassian.

(11 novembre 2164, firekiro, flamaerin) Ethan quitta la chambre de sa sœur aussi vite que ses jambes le lui permettaient. Flageolantes, elles le soutenaient difficilement, donnant à chaque nouveau pas un goût de victoire. Ethan cependant était beaucoup trop tourmenté pour se réjouir de son habileté à tenir par le bout. Il réussi à rejoindre sa chambre et s'effondra au dessus de la cuvette en porcelaine de la salle de bain attenante. Il tremblait alors qu'il expulsait tant bien que mal de son organisme le sang ingéré. Le sang d'Hazel. Ethan songea vaguement qu'il aurait été intelligent de sa part d'ouvrir les robinets pour noyer le bruit de ses vomissements et il aurait volontiers rectifié le tir s'il ne s'était pas senti totalement incapable de se remettre debout. Tout son corps lui semblait ankylosé et irrémédiablement attiré vers le sol. Car là était sa place, plus bas que terre. Il méritait de crever. Il reposa sa tête contre le bord de la cuvette, mais la fraîcheur de cette dernière ne le soulageait pas vraiment. Il avait le goût du sang d'Hazel plein la bouche alors que la scène qui venait de se passer tournait inlassablement devant ses yeux vitreux. Il avait craqué. A peine Hestia avait-elle était écartée qu'il avait replongé, renouant avec les vieux démons dont il ne s'était jamais véritablement débarrassé. Il avait à nouveau acculé sa sœur contre un mur, déversant sa rage sur elle. Et il avait lu la peur dans ses yeux. La peur et le désespoir et la surprise aussi, quand il avait planté ses dents dans la chaire tendre de son cou. A cette pensée, un nouveau flot de sang surgi des lèvres, éclaboussant au passage le sol en marbre de la pièce. Ethan n'entendit même pas la porte de la salle de bain s'ouvrir et il ne prit conscience de la présence de Cassian que lorsque ce dernier vint s'accroupir à son côté avant de placer une main protectrice sur son épaule tremblante. Comme toujours il émanait du mêlé un calme tranquille, émotion qui contrastait violemment ainsi opposée à l'état de détresse dans lequel se trouvait Ethan. Ce dernier ne repoussa pas la main de son ami, trouvant un maigre réconfort dans sa présence. Cassian ne desserra pas les lèvres alors qu'Ethan continuait à expulser la substance acre de son organisme. Il se faisait spectateur silencieux, ne posant aucune question comme si la situation s'en passait amplement. Ethan lui en était reconnaissant. Faire le récit de ce qui venait de se passer était franchement au dessus de ses forces, ainsi l'habileté de Cassian à se frayer par lui-même un chemin dans le dédale tortueux de ses pensées était un soulagement. Une dizaine de minutes s'écoula dans un silence uniquement troublé par le bruit des vomissements d'Ethan, bruit à présent couvert par le bruit de l'eau bouillante du bain qui se déversait à plein volume. Les surfaces miroitantes étaient à présent couvertes de buée, gommant les traits des deux garçons. Ethan sentait le regard de Cassian rivé sur lui. Il n'avait pas encore eut la force d'affronter ses prunelles devenues ces dernières années quasiment aussi familières que les siennes et ce fut finalement au mêlé de prendre les devants. Avec des gestes à la fois doux et autoritaires, il attrapa le menton d'Ethan et le força de ce fait à le regarder. Si les garçons étaient d'une force physique équivalente, la faiblesse actuelle du maître lui rendit toute tentative pour repousser son ami impossible. Il coopéra donc, le teint livide et le regard vitreux.  « Je... »  « ne dis rien » l'interrompit Cassian de sa voix ferme. Ethan jeta un coup d’œil à la main de son ami qui ne maintenait pas son menton. Le bracelet orange était dissimulé sous la manche d'une chemise en soie gris cithariste et les doigts de Cassian étaient refermés sur un mouchoir blanc. Avec des gestes tendres, il tapota prudemment le tissu contre les lèvres ensanglantées d'Ethan qui le laissa faire sans broncher. Il se laissait totalement manipuler par Cassian, obtempérant docilement à chaque mot ou geste éloquent de sa part. Lorsqu'il entrepris de le déshabiller, Ethan essaya de l'aider avant de laisser retomber ses bras le long de son corps. Il était encore en état de choc, chaque parcelle de son corps agitée de tremblements que les gestes fermes et surs de Cassian ne parvenaient pas à calmer. En dépit de la tâche ardue, le mêlé ne perdait pas patience et lorsque sa tâche fut achevée, il aida son ami à grimper dans la baignoire à pattes de lion qui avait entre temps achevé de se remplir. Ethan éprouva une douce douleur lorsqu'il abandonna son corps à la morsure de l'eau brûlante. Il plongea la tête sous l'eau et fit un vain effort pour ignorer les volutes rouge sang venues ternir l'étendue d'eau jusqu'alors immaculée. Lorsqu'il émergea, ce fut pour se confronter à nouveau au regard de Cassian qui demeurait imperturbable. Il s'occupa de la toilette d'Ethan avec les mêmes gestes décisifs et empreins d'une forme singulière de douleur que s'il était en train de procéder à celle d'un nouveau né, ne rencontrant pas de résistance de la part du garçon du feu qui l'y autorisa, trouvant un maigre réconfort entre les mains de Cassian. Il avait confiance en lui, plus qu'en n'importe qui d'autre. Une poignée de minutes plus tard, le bain était achevé, la peau d'Ethan lavée des actes odieux dont il s'était rendu coupable et les deux garçons étaient assis l'un en face de l'autre sur la literie en soie prune. Ethan avait enfin cessé de trembler, la tête reposée contre le torse ferme de Cassian. Il sentait la caresse du pouvoir du garçon sur son esprit alors qu'il s'employait à le plonger dans un état de détente qu'il aurait été bien incapable d'atteindre autrement.  « Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? » La question resta suspendue entre eux deux. Plusieurs minutes s’égrenèrent avant que Cassian ne presse ses lèvres contre les siennes en guise de réponse.

(15 janvier 2165, launondie, flamaerin) Ethan resta brièvement comme hypnotisé à la vue de la langue de feu bleu dont la vive lumière trancha brièvement avec l'obscurité ambiante. Il avait déjà eut l'occasion d'assister aux effets de cette mutation car elle avait également touchée son frère aîné Nathan, mais cela continuait de le laisser sans voix. La force dévastatrice le manqua de peu grâce aux réflexes de Cassian qui l'écarta brusquement de la trajectoire de l'élément défiguré. Ethan ne le remercia pas, sachant une telle intervention inutile et darda à la place son regard bleuté sur le mutant qui lui faisait face. Son attaque avait été mortelle mais accidentelle. Il ne maîtrisait pas la force destructrice qui courait dans ses veines. Cela le rendait à la fois plus dangereux et plus faible. Si Ethan aurait eut du mal à en venir à bout seul (il constituait une source inépuisable d'informations sur bon nombre de sujets, mais la pratique physique avait toujours été nettement plus laborieuse pour lui), la présence rassurante de Cassian ne manquerait pas de régler proprement le problème. La vision du feu bleuté avait quelque chose de séduisant et impérieux, mais rien ne valait aux yeux d'Ethan la démonstration du pouvoir de son adiutor, s'il pouvait toujours l'appeler ainsi. En fait, cela faisait des années que ce mot avait cessé de qualifier Cassian aux yeux d'Ethan. Il ne lui avait guère fallu longtemps pour s'attacher au garçon, ce qui était plutôt drôle compte tenu du faire qu'Ethan Grimsrud ne s'était jamais franchement illustré par sa capacité à se faire des amis. D'autant plus que Cassian était devenu beaucoup plus que cela. Il n'avait rien d'une simple amicale. Non. En Cassian avait été placé une partie de l'âme d'Ethan. Une partie qui lui avait été dérobée par le virus et qu'il ne retrouverait jamais vraiment. Leur lien s'était rompu et toute la proximité physique du monde ne suffisait pas à combler le vide qui pesait sur le cœur d'Ethan. Il se sentait délesté d'une partie de lui-même et ce quand bien même Cassian lui avait promis qu'il ne le quitterait jamais. Ethan observa son amant alors qu'il se rapprochait du mutant pétrifié de sa démarche féline. Le feu bleu était peut-être dévastateur, mais Cassian l'était tout autant. Dans un geste désespéré, Ethan vit le mutant affolé essayer de recourir à son pouvoir. Il le vit plisser le front de concentration alors qu'il s'efforçait de puiser en lui une force suffisante pour le tirer de ce mauvais pas. Mais sa tentative fut veine. Cassian se trouvait maintenant à quelques pas du garçon et Ethan pu presque sentir son emprise sur le garçon alors qu'il se frayait un chemin à travers l'amas de ses pensées. Le processus avait toujours passionné Ethan. Il ne s'en lassait jamais. Avec une fascination à peine voilée il vit le mutant se saisir de l'épée qui reposait encore dans son baudrier avant de se planter la lame au niveau du cœur. Ethan ne grimaça pas, pas plus qu'il ne détourna le regard. Il demeura stoïque alors que le mutant s'affalait sur le sol. En ces purges, pas de meurtres, pas aux yeux d'Ethan. Il ne faisait que respecter la parole des sept. Il n'éprouvait pas de culpabilité à la vue du cadavre encore chaud. Uniquement un sentiment de satisfaction. Alors oui, prendre une vie n'avait rien de doux, mais la volonté des sept ne pouvait être ignorée. La destinée des mutants était de périr. « Ne me lâches pas d'une semelle. » Cassian avait fait volte face. Il n'avait absolument pas l'air d'un homme qui venait de commettre un meurtre. Sa tenue n'était pas froissée, pas tâchée et il arborait son expression habituelle : une assurance calme, ourlée d'insolence. Une pointe de tendresse perçait dans son regard, comme toujours lorsqu'il s'adressait à Ethan. Ce dernier acquiesça avant de se détourner pour de bon de la carcasse du mutant.