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demented rhapsody. (henda)

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demented rhapsody. (henda) Vide
MessageSujet: demented rhapsody. (henda) demented rhapsody. (henda) EmptyMar 20 Mar 2018 - 14:55

wanda & hector

(c) sial
Launondie s’éveille, paresseuse, dans son lit de flammes. L’aurore sort sa langue et lèche les ruelles de la ville où la nuit finit de faire le trottoir en s’usant les ombres. Il est encore trop tôt pour que les échoppes, commerces et bureaux n’ouvrent leur perron, trop tôt aussi pour que les volets ne se déploient complètement. On pépie, miaule, tousse, crache là où il fait encore sombre, là où le soleil ne parvient pas encore à étirer son bras pour réchauffer les crimes commis en son absence. Le palais, mêmement engourdi, ronfle tranquillement en attendant que ce jour-ci lui apporte de nouvelles tribulations ; et parmi elles, ce plénipotentiaire au pas de buffle qui martèle ses corridors. Pantalon et chemise noirs, les étoffes en deuil mais la gueule en feu. Sur ses lippes hispides, cibiche et fumeroles capiteuses éclipsent les reflets cuprifères de  sa barbe, celant par là même les quelques mèches grises qui adornent ses tempes. Le fuligineux Dragon effraie par sa seule errance les domestiques trottant çà et là — ces petites mains que les éminents sujets des lieux ne voient jamais, tout autant de souris besognant sec pour satisfaire leurs maîtres. Il sait qu’on s’anime dans les cuisines et que les lavandières finissent de lisser les soieries qui vêtiront ces messieurs dames. Il sait aussi qu’il lui faut ruser pour cueillir le fruit de la jouvence ; passé une certaine heure, les princes et princesses vaquent à leurs affaires, toutes plus ou moins sérieuses, toutes plus ou moins licites, fuyant ses serres avec une maestria quasi royale.

Ascensionnant deux à deux les marches du haut escalier menant aux appartements de Wanda, il croise la vieille nourrisse que le surgissement soudain fait sursauter. Et couiner. « Par les Sept ! » Potelée et plus petite qu’il y a vingt ans, elle virevolte, linges propres dans ses bras, en apostrophant le faciès masculin de ses yeux ahuris. « Ah, c’est vous Altesse… » Sans conteste pudique, elle cache sa joie entre les plis des draps qu’elle porte — à moins que ça ne soit sa défiance qui cause, celle qui feule et s’étrangle dans son trac chaque fois qu’elle croise le chemin d’Hector Oshun. Un spasme épidermique la rudoie de fond en comble lorsque les babines de l’homme tordent leurs commissures ; un sourire y déploie lentement ses ailes avant de darder le blanc des canines. « Est-elle levée ? » La duègne, déroutée, considère un instant la situation. « Mais enfin. Non. Le soleil lui-même n’a pas encore soulevé ses rayons ! » Une nutation désintéressée répond à l’indignation de l’ancêtre. Peu lui importe que l’astre soit un tire-au-flanc, c’est sa nièce qu’il est venu chercher, non pas le somnolant cagnard. Ses doigts pincent le mégot, écrasent ses ultimes braises contre le sein d’une caryatide et déposent l’offrande sur le socle de la sculpture qui surplombe le colimaçon emprunté. La vieille bique désapprouve ostensiblement. Après un long regard coulé au débris, elle fronce du nase comme le poitrail du Capitaine recrache un soupir puant le tabac — ou le soufre, c’est à se demander. « Fort bien. » Et de la dépasser, provoquant chez son interlocutrice un second brame quand elle comprend les intentions du rustre. « Altesse ! C’est contraire à l’étiquette ! » Il grogne un rire sans décélérer. Une plébéienne qui déjuge son escient en la matière de protocoles, il aura décidément tout entendu sous ces foutus voussoirs. « Ménagez-la, je vous en conjure… » Ce sont là les dernières palabres de la nourrice, malheureux murmure coincé entre chicots qu’elle ânonne à qui veut l’entendre depuis que la sylphide s’est ouvert les poignets. Il ne rétorque rien, s’engouffre dans les couloirs dédaléens où sa carrure s’abandonne à la pénombre.

La patte s’enroule autour de la poignée et ouvre la porte. Dans les tréfonds de la chambre, l’obscurité tapisse toutes les parois et couve les reliefs d’éclaboussures noiraudes. On n’y voit goutte. Ses pupilles, pourtant acclimatées à la sombreur des corridors traversés, épient la pièce dont il connaît peu l’aménagement. À force d’accoutumance, les détails commencent pourtant à apparaître. Une commode. Des meubles. Un grand lit. Et deux immenses fenêtres couvertes de rideaux oblongs. C’est vers celles-ci qu’il se dirige, éventrant la draperie d’un geste sec ; timoré, le jour peine à transpercer les vitraux ainsi mis à nu. Les épaules se tournent alors à l’endroit de la couche où la nymphette commence à remuer, un plumard soudain ébloui par une nitescence étrangère aux nimbes diurnes. Dans la paume du croquemitaine, un feu puissant croît et danse en tourbillonnant dans l’air fécond, jetant sa pétulance sur le minois apathique. « Debout bel enfant. » Phonation au demeurant raide, car il n’est pas là pour la ménager, non. Engoncée dans ses affres et ses toxines marécageuses, Wanda perd pied. Il ne sait pas quelle est la nature de ce mal qui la hante, il ne pratique ni l’omniscience ni la préscience et son expérience des Hommes l’a plus d’une fois conduit à croire que le sentimentalisme est une perte de temps avec les myocardes blessés. Mais il est une chose qu’il sait faire : la guerre. Et celle-ci ne réclame pas nécessairement l’attirail des rixes. Certaines armes se cachent dans les tableaux les plus anodins de la vie. « Habille-toi. Nous avons rendez-vous. » Avec qui ou quoi, cela reste un mystère qu’il emporte avec lui en sortant du terrier. « Je t’attends dans la cour. » À l’instar de son maître, l’aube disparaît avec lui mais son intransigeance reste aux pieds du lit de la belle, guettant en silence l’obéissance invoquée, prête à mordre s’il le faut.
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