pseudo et prénom ‹ Resfeber/Alexia âge ‹ 21 comment as-tu trouvé le forum? ‹ Bazzart pays ‹ Suède (mais je suis une dame gauloise) fréquence de connexion ‹ 5/7J votre avis sur le forum ‹ tellement pas intéressant que je suis encore dessus à 3h du matin hmmm smiley préféré‹ gif qui décrit le mieux votre personnage‹

Spoiler:

Les lettres gravées avec rage dans le bois sombre surplombe le maigre lit sur lequel repose la silhouette silencieuse d'un garçon. Ses yeux cobalt et profonds, trop grands pour son visage pâle et anguleux fixent l'inscription d'un air vacant, éteint. Le seul éclat de la pièce provenait du jonc orange vif qui cinglait son poignet, son entrave, son billet vers une autre forme d'esclavage. Une main blême se lève pour effleurer les inscriptions, vilaines balafres sur le bois lisse et brillant. Bien qu'il reconnaisse cette écriture tordue et précipitée comme étant celle de sa mère, il n'a aucun souvenir du jour où elle a gravé ceci. Il a toujours vécu sous cette inscription, du berceau à son premier lit, elle a toujours surplombé sa tête brune. C'était certainement la première chose qu'il a vu en tant que nourrisson lorsqu'il se réveillait. C'est aussi la première chose qu'il voyait lorsqu'il se réveillait de ses nombreux cauchemars, cadeaux de sa mère, puisqu'il n'y avait que la nuit qu'il ne parvenait pas à protéger son esprit. Cette inscription, cette cicatrice de bois, était devenue comme familière, une preuve de réalité. « Tu es encore là ? » Le garçon ne tourne pas la tête, il préfère ne pas croiser son regard, il est plus difficile de maintenir ses protections si le contact visuel est direct. Eadlyn Reed darde un regard froid et fou sur son fils unique, elle penche la tête de côté sans cligner des yeux. Si ce n'est ses yeux froids et vide, elle n'a en commun avec son fils que le bracelet orange désignant les télépathes. Cassian prend quelques secondes pour méditer la question, car à vrai dire il ne savait pas non plus ce qu'il fichait encore ici. Il n'avait que six ans, et c'était le moment de dire adieu. Il savait qu'une fois qu'il aurait quitté la maison, il n'y reviendrait plus et elle ne viendrait jamais le chercher. Elle avait attendu ça depuis si longtemps. Et lui aussi, d'une certaine façon. Il l'a quittait pour être éduqué de manière appropriée pour entrer ensuite à l'Académie, pour être au service d'un Maître. C'était une vie de servitude qui l'attendait, mais c'est une vie d'abus qu'il quittait. Toute sa courte vie il avait vécu près de cette force malveillante, dangereuse et meurtrière. Il n'osait déployer son esprit vers l'esprit de sa mère, se confinant dans sa propre tête à créer des barrières pour parer ses violentes attaques, jeux malsains pour lesquels elle semblait vivre. Son préféré était celui où elle forçait par l'esprit le garçon à se tenir à pieds joints au bord d'une fenêtre et à contempler le vide plusieurs étages en dessous. Elle s'amusait à créer dans son esprit des sensations de vertige pour le voir lutter à garder son équilibre. Il n'était jamais tombé encore, mais il savait que ce n'était qu'une question de temps. Il sentait que c'était ce qu'elle voulait. Il savait qu'il devait partir s'il voulait survivre. Cette réalisation de sa propre mortalité et de l'intensité que la haine peut prendre, le marquerait toute sa vie. « Pourquoi ? » Il désigne l'inscription au-dessus de lui d'un geste ample. S'il devait partir pour ne plus revenir, autant qu'il perce ce dernier mystère. Une mimique glacée déforme les traits de la mère Reed, expression que Cassian a apprit à identifier à un sourire. « Honore ton Père et ta Mère, ceux spirituels comme ceux charnels, afin de jouir d’une longue vie et de vivre heureux. » Répète-t-elle avec des intonations exagérées, chaque syllabe résonne comme une coup de fouet dans l'air. Cassian rentre par réflexe la tête dans ses épaules, chaque cellule de son corps se rétracte, prêtes à résister. Les mains se sa mère se referment comme des pinces d'acier sur les épaules de Cassian, ses ongles s'enfonçant dans les épaules noueuses de son fils. Elle le redresse brusquement, ses ongles perçant les chaires de son fils, ne voit-elle pas que c'est son propre sang qu'elle verse ? Assis en face d'elle et prisonnier de son étreinte, il ne peut que la regarder dans les yeux. « Tu ne peux honorer ta mère, tu es un bâtard, une vermine insérée à l'intérieur de moi, ta propre existence me déshonore. J'ai marqué ça ici car je voulais que tu n'oublies jamais que tu ne pourras pas vivre une vie longue et heureuse » Elle avait dit cela d'une manière réjouie, mais dépourvue de toute passion, c'était pour elle une évidence, une satisfaction que son fils était condamné. Cassian contempla une dernière fois les prunelles dérangées de sa mère, se demandant s'il allait pouvoir un jour échapper aux horreurs que celles-ci lui inspiraient.



« Il n'est pas très grand » Il jaugeait le jeune homme comme on mesurait du regard une nouvelle lampe de salon pour savoir si elle allait rentrer entre la banquette et le mur. Cassian plissa des yeux, se laissant néanmoins manipuler pour être proprement arrangé dans la ligne parfaite que formait ses camarades. De sa voix grave et nonchalante il commença « Il y a autre chose qui je pense n'est pas très gr...  » Son voisin de droite lui écrasa alors le pied de sa large semelle - aussi si tout le monde triche - pour lui rappeler où était sa place. Bel insolent, tu n'es pas dans ton royaume, tais-toi. Le professeur de l'Académie lui adresse un petit regard torve, néanmoins satisfait de l'apparente autocensure de son élève, avant de poursuivre son chemin dans la ligne. Cassian adressa un regard ennuyé à son camarade, celui-ci lui répondit par un sourire navré avant de se remettre en position. Cassian avait dix-huit ans et d'après ce qu'on lui avait apprit toute sa vie, aujourd'hui était le jour le plus important de toute son existence. Il ne savait pas encore à quel point ça ne pouvait être plus vrai. Pour se calmer, il laissa son esprit vagabonder légèrement dans la salle, s'immergeant de sensations qui n'étaient pas les siennes. Cassian adorait faire cela, il ne pouvait supporter sa seule présence maintenant, après tant d'années enfermée derrière les murailles mentales qu'il avait lui-même forgé. Il lui fallu beaucoup de temps avant d'apprendre à étendre son esprit, à s'ouvrir au monde mentalement comme socialement, effrayé des dommages que celui-ci pouvait lui causer. En écho aux dommages qu'elle avait causé. « Préparez-vous » à fuir. Ce qu'il aimerait pouvoir fuir. Il toucha le bracelet familier à son poignet, incarnation de son aspiration à la servitude. Cassian murmura à son ami « Je les déteste tous  » Ce dernier lui pressa doucement le poignet, Cassian soupira, le bruit métallique de leurs bracelets se heurtant comme seul réconfort. Un claquement de main, et la Cérémonie commença.

De la chaleur commença à se diffuser lentement au creux de sa poitrine, gagnant tout son corps et peu à peu toute son âme. Magnifiquement douloureuse était cette sensation, c'était celle-là même que l'on éprouve dans la demi-seconde après s'être lancé dans un saut dangereux, ce minuscule moment où l'on est en ascension avant que ne commence la chute. Il est tout prêt. Il ne se souvient encore pas aujourd'hui s'être arraché à son ami, avoir traversé la pièce d'un pas décidé et s'être planté devant l'homme qui deviendrait sa raison de respirer. La première et dernière chose dont il se souvient c'est son regard, d'un bleu à la pureté indécente. On avait toujours dit à Cassian qu'il n'était pas destiné à un bel avenir, bordel ce qu'ils avaient tord. Il tendit une main décidée vers l'homme qu'une voix sourde identifia comme Ethan Grimsrud. Une pensée féroce le traversa Et lui je le détesterais plus que tous les autres.



« Bon, défends-toi  » Cassian se tenait derrière derrière Ethan, son Maître depuis maintenant huit ans, le surmontant légèrement de quelques centimètres. Il avait passé un bras autour de la gorge du garçon pour feindre une attaque, le plaquant légèrement contre son torse. Cette initiative de cours d'auto-défense ne sembla pas beaucoup motiver le jeune Maître qui croisa simplement les bras, maintenant les deux hommes dans cette position de simulacre d'attaque. « Et bien, défends-moi  » lâcha Ethan d'une voix impérieuse et légèrement ennuyée. Cassian prit quelques secondes pour observer les muscles rouler sous sa mâchoire, résistant à l'envie d'y déposer un baiser. « C'est beaucoup trop facile  » Il relâcha néanmoins le jeune homme, le laissant se retourner mais pas s'éloigner. « Je sais bien que c'est ma mission de te défendre et de te protéger.  » Toujours Cassian planta ses prunelles bleu acier dans le regard clair de son amant, y redécouvrant à chaque fois les raisons de son engagement. Il était saisi comme toujours par la force de son attachement à Ethan, qui était il le savait, beaucoup plus profond que n'importe quel stupide cercle tracé à l'eau sur son front. Ethan avait marqué son corps comme son âme de la plus perpétuelle des façons. « C'est ce que je fais en ce moment.  » Les choses bougent dans l'ombre, de par son pouvoir il pouvait sentir que quelque chose se préparait. Chaque fibre de son être était saisie par le besoin de protéger Ethan, son monde. Ces leçons d'auto-défense étaient obsolètes par rapport à ce qu'il sentait venir, mais c'était sa manière compulsive de réagir à cette pression qu'il sentait se presser contre son esprit. Il en perdait le sommeil, son hyper-vigilance lui faisant bouder Morphée au profit d'un autre homme. Cassian cru voir les traits d'Ethan se détendre tandis ce qu'il portait ses mains aux épaules de son ami et amant. Ethan prit la parole avec un ton presque espiègle. « Et bien quel mouvement inutile tu allais m'apprendre, tu penses vraiment que tu laisserais quelqu'un m'approcher d'aussi prêt ?  » Cassian laissa échapper un rire teinté d'une sorte de désespoir hystérique, concédant néanmoins le point au jeune Maître. La main d'Ethan glissa de l'épaule à la nuque de son amant, de façon à ce que les deux hommes se retrouvent face à face. Cassian laissa son regard s'égarer sur ses lèvres, puis sa nuque pour venir s'attarder sur les épaules musclées qu'un fin tissu laissait deviner. « Ce n'est pas faux. » Cassian effleura l'esprit d'Ethan, se laissant consumer par ses lames brulantes. Infâme que ce combat où il ne serait jamais vainqueur. Infâme que ces délicieuses mains, qui dans leur douceur enivrante, s’accrochaient à sa nuque. « Le premier qui t'approche mourra, ainsi que tous ceux qui suivront. » Le ton était placide, comme s'il commentait la température du jour. Cassian aimait vivre sur des évidences, c'était un homme de peu de doutes. «  Si tu tues tous ceux qui m'approchent tu risques de t'attirer quelques ennuis. » Cette remarque manqua d'être perdue par son destinataire, trop dérangé par l'insolent carré de peau dévoilé entre la mâchoire et le haut col que portait Ethan en ce jour. Cassian y mettrait bien les dents. « Oh lorsqu'ils me demanderont pourquoi j'ai fait tout ça, je leur dirais la vérité » Je leur dirais que j'ai tout fait pour toi.



Il aurait aimé avoir des cicatrices sur sa propre chaire, les cicatrices nous rappellent que le passé a existé. Il aurait voulu avoir une marque, une preuve de sa souffrance. Il a pensé à s'entailler lui-même pour montrer son agonie au monde. Voilà plusieurs semaines qu'il est tombé malade, un virus inattendu que personne n'a vu venir. Un ennemi invisible dont il n'a pu se protéger, dont il n'a pas pu protéger Ethan. Le télépathe porta un verre à ses lèvres, savourant la douce chaleur de l'alcool qui se répandait dans son gosier alors qu’il prenait une gorgée. Le pouvoir de Cassian était revenu au bout de quatre semaines, seulement partiellement. Mais ce handicap n'était rien face à la douleur d'avoir perdu son lien, ce brin de magie qui l'avait au début enchainé puis entièrement rattacher à Ethan. Bien sûr, il y a des choses qui ne peuvent s'effacer et malgré son lien brisé, Cassian avait prêté serment de nouveau au maître du feu. Cet engagement, il l'avait choisi cette fois. Sa vie était reliée à celle de son amant, quoi qu'un stupide sort en dise. Pourtant, il ne pouvait ignorer ce vide dans sa poitrine, ce sentiment de peur similaire à celui que l'on ressent quand on se réveille d'un cauchemar pour trouver la place à ses côtés complètement vide. Cassian était toujours malade, il ne parvenait pas à projeter son esprit en dehors de lui-même, les pensées des autres lui étaient inaccessibles. Bien qu'ils les possèdent, l'esprit et le coeur d'Ethan lui étaient donc fermés. C'était son infirmité, son secret. Cassian entendit la porte de sa chambre s'ouvrir dans son dos, il ne se retourna pas, observant le liquide ambré tourner dans son verre. Il savait qui approchait. Il garda pourtant les yeux baissés, ne se sentant pas prêt à affronter son regard, à retrouver son visage. Car il ne la retrouverait pas réellement n’est-ce pas ? «  Cassian ? » Son nom sur ses lèvres eu l'effet d'une caresse pour son âme tourmentée. L'intonation et la manière dont les syllabes roulaient familièrement sur sa langue, rien n'avait changé. Cassian se détendit immédiatement, il indiqua d'un petit geste de la tête à l'autre homme d'approcher. Ethan enlaça son amant par derrière, la tête enfouie dans sa nuque, il soupira «  Cassian » Il essayait d'ignorer le vide où se trouvait habituellement les pensées calcinantes du jeune maître. Qu'est-ce qu'il donnerait pour fondre à nouveau.  Il se confortait dans la chaleur qu'il sentait dans chacune des lettres de son prénom. C'est mon nom sur ses lèvres Et cela suffira, pour l'instant.