De sa main libre, Adonis fait quelques mouvements secs et brutaux. La terre qui se trouve dans un large bol de métal se met à crépiter doucement. Elle fond de l’intérieur, et devient brûlante. Si brûlante que le métal fond. Un sourire étire les lippes du jeune roi, qui concentre encore son pouvoir pour chauffer la lave en fusion plus encore. Le bol est détruit, dans une odeur de métal fondu proprement désagréable. Il est mélangé à la lave, et bien qu’Adonis soit incapable de contrôler l’acier en fusion, il sait maîtriser cette pâte incandescente qu’est la lave. Le brun ferme le poing et opère un mouvement du poignet. La lave durcit à nouveau, mais le socle en pierre sur laquelle elle se trouvait est recouvert du métal fondu, qui coule de part et d’autre. Adonis soupire et se tourne vers un valet. Un bronze, maître du métal. Adonis s’entoure principalement de mutants, désormais. « Nettoyez ça, retirez tout cet acier du socle. » Adonis s’éloigne, et n’accorde pas même un regard au valet qui, de quelques mouvements de ses bras, récupère la dernière goute d’acier encore collée au socle de pierre.

« Je souhaite un entretien avec la reine Merle Osanos, dans la salle du trône. » Adonis annonce ses ordres à une jeune femme qui travaille au palais, suppléante de Braelyn pour la diplomatie d’Eartanera. Il vient tout juste de nommer la jeune femme à ce poste, étant donné que son ambassadrice est encore alitée. Le brun se rend dans la salle du trône, la couronne d’or lui est apportée et il la pose sur son crâne. Ce sont deux monarques qui vont se rencontrer, et il ne doute pas que Merle portera également le diadème qui caractérise son pouvoir sur tout un peuple. Le brun veut la rencontrer, car il ne comprend pas pourquoi la jeune femme s’est donné la peine de se déplacer, et de risquer la vie de ses soldats, pour un combat qui n’est pas le sien. Après tout Adonis et elle ne sont pas alliés. Deux esclaves installent un second trône, en face de celui du roi. Celui des monarques invités ici, réservé à Merle, Liza et Cal uniquement. La discussion se veut solennelle, empreinte du pouvoir qui les caractérise. Le brun s’installe sur son trône, et la porte s’ouvre sur la jeune reine, et quelques gardes. Ceux d’Adonis sont présents également, chacun protégeant son monarque. « Bienvenue à Greenstall, Votre Majesté. » Fait le roi, en inclinant la tête. « Voilà deux fois que tu m’aides, Merle. La première fois tu m’as révélé qui a ôté la vie de mon cher frère, et maintenant tu amènes ton armée au devant d’une bataille qui a permis à m’installer ici. » Il tapote l’accoudoir de son trône de ses doigt. Le silence pèse, un instant. « Pourquoi? »

⎨the lost legacy⎬

« Majesté, le Roi souhaiterai s'entretenir avec vous. » vint-on lui glisser dans les oreilles, elle acquiesça tout en se dirigeant vers la salle du trône, celle où Thomas avait été assassiné. Tandis qu'elle parcourait les couloirs du palais, des bribes de souvenirs? Non, des bribes de suppositions venaient la hanter, elle imaginait ses amis, ses alliés, ses soldats, parcourir ces couloirs hantés, elle les voyait ôter et perdre la vie. Si l'oiseau n'avait pas été présente à cette guerre, elle aurait pu jurer que rien ne s'y était déroulé tant les couloirs étaient incroyablement propres, comme le plus calme des jours. Lorsqu'elle arriva, il ne fallut que quelques secondes aux gardes pour qu'ils ouvrent la porte, et lorsque qu'ils s'exécutèrent, la brune posa ses yeux sur celui qui trônait en plein milieu : Adonis, assis sur son trône. « Bienvenue à Greenstall, Votre Majesté. » un rictus étira les lèvres de la Régente, tandis qu'elle vint imiter le geste du Griffith en hochant la tête à son tour ; signe de respect mais également de remerciement pour l'accueillir au sein de son palais, de sa Nation. « Voilà deux fois que tu m’aides, Merle. La première fois tu m’as révélé qui a ôté la vie de mon cher frère, et maintenant tu amènes ton armée au devant d’une bataille qui a permis à m’installer ici. » il était évident qu'il ne l'avait pas invité pour de simples remerciements, Merle se doutait bien que des motivations plus visées s'étaient emparées du Griffith. « Pourquoi? » il portait sa couronne au même titre que Merle portait la sienne, un sourire étira de nouveau ses lippes. « Avant tout, Adonis, je pense que je me dois de te féliciter pour le poste que tu détiens désormais. Si il y a bien une chose sur laquelle nous nous accordons, c'est qu'il faut savoir faire preuve de dextérité et d'ambition pour atteindre ses buts. » elle vint prendre place sur le trône qui se trouvait non loin d'elle, et juste en face de celui qu'occupait Adonis. Une fois assisse, elle plongea de nouveau ses prunelles dans celles du Griffith. « Cette première faveur que je t'ai accordée, je l'ai surtout fais parce que je pense qu'il est important qu'aucun secret ne vienne porter préjudice à qui que ce soit, surtout lorsque ce secret a une telle ampleur. Je veux bien porter le statut de lâche, mais la malhonnêteté n'est pas quelque chose à laquelle je m'apparente. » elle soupira légèrement, sans pour autant délasser ce rictus qui ornait toujours ses lippes. « Concernant la seconde, mes motivations étaient diverses. Tout d'abord, tu dois bien connaître la nature de ma relation avec Maven Oshun, au même titre que je connais la rivalité qui vous a unie. Lorsqu'il m'a annoncé qu'il comptait s'engager dans ce combat, j'ai voulu le suivre, m'assurer de son bien-être. » malgré le fait que le trône avait été installé dans le seul but que Merle vienne s'y asseoir, elle se leva. « Je pense que tu dois être au courant du fait qu'Aguarinui, en tant qu'alliée de Flamaerin, n'a pas été épargnée par les actes de ton défunt père. Ainsi, ma Nation a été privée de vivres pendant une longue période qui ne s'est pas faite ignorée. C'est donc pour cela que j'ai bien réfléchi : pour survivre, il faut s'unir, s'aider. J'ai donc décidé de me lancer dans ce combat, ton combat, pour récupérer cette Nation qui te revient de droit et ainsi pouvoir éventuellement espérer une alliance nouvelle. » elle le fixait toujours, une flamme ardente brûlait à l'intérieur de ses prunelles. « Je pense qu'une alliance nous unissant pourrait faire du bien à nos deux Nations, réconcilier les rancunes. De plus, nous avons tous les deux été graciés par un don digne des plus grands Élus. » ses mains vinrent se joindre devant elle, tandis qu'elle n'avait pas une seule fois lâché Adonis des yeux. « J'aurai aimé te dire que ce combat, je m'y suis surtout mêlée pour toi. Or en vu de l'état actuel de notre relation ce ne fût pas ma motivation première, cependant j'aimerai beaucoup que cela change, si c'est ce que tu souhaites également. »

Le bras de fer a commencé, alors qu’ils se dévisage, pour l’instant sans aucune animosité. Les deux monarques ne sont ni ennemis, ni amis. Adonis et Merle ont bien plus en commun que ce que les gens réalisent : un dédain certain pour l’ordre de succession, une soi-disant malédiction en guise de punition divine et un amour bien trop grand pour les frères Oshun. Elle commence par le féliciter, ce à quoi il hoche la tête en guise de remerciement silencieux. Après quoi, la jeune femme s’installe sur le trône qui a été installé là pour elle, la couronne d'acier fierement posée sur son crâne. Le brun laisse s’étirer ses lippes en un léger sourire alors qu’elle mentionne leur ambition commune, il hoche à nouveau la tête, interessé par la suite de son discours. Car il a bien compris que la jeune femme était venue avec un but, et qu’elle irait jusqu’au bout de ce but.

Elle n’est pas longue à prononcer le fameux mot. Alliance. Adonis l’observe sans un mot, et continue de garder le silence jusqu’à ce qu’elle termine. Elle est honnête, et Adonis apprécie cette qualité chez la jeune Osanos. Il laisse sa main gauche reposer sur l’accoudoir, son épaule abimée le fait encore souffrir et il ne peut plus bouger ce bras. En revanche, sa main droite se lève, et ses doigts viennent doucement caresser sa fine barbe, sur sa joue. Il observe toujours l’Osanos, sans un mot, laissant planer un suspense maîtrisé.

« Aguarinui bénéficiera, tout comme Flamaerin et Aerinstin, de l’ouverture des frontières. En guise de remerciement pour ton aide précieuse, je t’offrirai quelques charriots de vivres : céréales, fruits, légumes, et même de la viande. » Un cadeau nécessaire alors que son aide a contribué à lui offrir sa place sur le trône. Après tout, il était allié à Cal et Liza. Pas à Merle. « Il est temps que nos quatre nations vivent en paix, les unes avec les autres. » Adonis prend bien soin de ne pas parler de la paix intérieure, inhérente à chacune des nations. Les guerres internes d’Aguarinui ne sont pas de son ressort, et si il est prêt à offrir ses armées pour défendre les couronnes de Cal et Liza, il ne peut tout simplement pas en faire la promesse à Merle. Outre leur relation chaotique, il y a aussi ce détail, du nom de Rita Kimora, qu’il a rencontré un peu plus tôt et qui est une alliée précieuse d’Izolda. Extrêmement précieuse, puisque leur second enfant est d’hors et déjà promis au premier né de la rebelle aguari. « Je ne peux te promettre une alliance contre les autres nations. En cas de conflit armé entre Aguarinui et Flamaerin ou Aerinstin, Eartanera ne peut prendre position en faveur de la couronne de corail. » Sa main retombe, en miroir à l’autre, désormais, ses doigts reposent contre la pierre dure de son trône de marbre. « En revanche, je peux t’assurer que l’armée Eartanarienne ne marchera jamais contre le pouvoir légitime Aguari, Merle. Tu en as ma parole. »