Son rythme cardiaque bat la chamade. Ses grands yeux noirs sont remplis de larmes n'ayant pourtant pas l'habitude d'y loger. L'enfant terrible est terrifiée. Fait suffisamment rare pour le souligner. Voilà des jours, des semaines, qu'elle n'arrive plus à dormir ni même à manger. Les mêmes images tournent en bouclent dans son esprit. Elle se voit -ou une personne lui ressemblant fortement- sur le point de mourir dans ce champ avant d'être arrachée par des hommes alors qu'elle se débat, qu'elle crie jusqu'à saigner ses poumons. Et puis il y a lui. Yerim. Ce visage, cette voix, ses bras et ses lèvres. Elle peut encore sentir chaque contact, chaque seconde de ce baiser partagé. Ses doigts effleurent ses lippes comme si elle venait de l'embrasser à l'instant. Et quelque part, Alix peut sentir que tout ça est réel, que c'est peut-être elle, la fille dont il parle, la fille qui semble avoir capturé son cœur. Parce qu'il a réussi à s'emparer du sien en tout cas. Alors qu'elle ne pensait pas en avoir, alors qu'elle préférait les plaisirs d'une nuit, alors que son âme était déjà vendue à la couronne. Mais Alix n'a qu'un but, n'a qu'un maître et tout ce qu'elle veut aujourd'hui, c'est retrouver celle qu'elle était avant de tomber sur le chemin du mêlé jaune. Ses pieds foulent le marbre à toute allure alors qu'elle cherche la démone depuis des jours. La seule, l'unique capable de la sauver de ses démons, la magnifique, la mêlée orange par excellence : Feyre Mormont. La gamine a entendu dire qu'elle était au palais, dans ses appartements à cet instant même. Il ne lui en avait pas fallu plus pour qu'elle aille quémander son aide. Mais un lien spécial unit les deux jeunes femmes au pouvoir extraordinaire, un lien que personne ne peut comprendre, et elle sait, elle sait que Feyre lui viendra en aide. Ses bottines martèlent le sol alors qu'elle arrive enfin devant la porte de sa chambre. Alix inspire un grand coup et frappe plusieurs fois. C'est lorsqu'elle entend un Entrez qu'elle se risque à pousser la porte de l'antre des enfers. Du regard, elle cherche sa bienfaitrice. C'est alors qu'elle aperçut sa chevelure ébène parfaitement ondulée. – Comme je suis contente de te voir. L'enfant se précipite, telle une impatiente, en direction de la divine. – J'ai besoin de ton aide Feyre. Si tu savais comme j'ai besoin de toi. Et elle ne tarderait pas à le savoir en effet, il ne lui suffira que d'une minute pour sonder son esprit. Pourtant c'est un véritable champ de bataille qui ravage la poupée. Sens dessus dessous, elle a l'impression que son cerveau va imploser, et c'est certainement déjà le cas. Sa main agrippe celle de son aînée comme si elle s'attachait à son roc. Unique figure maternelle, la gamine voit en elle un tout qu'elle ne peut que vénérer. – Je ne sais pas pourquoi, je.. J'ai rencontré un mêlé, Yerim, et il.. je.. Il disait me connaître, que j'étais morte, que l'on était inséparables. Et je.. j'ai eu un souvenir comme ça, un souvenir que je ne connaissais pas. Mon pouvoir m'échappe Feyre. Sa voix tremble. – Il dit vouloir me sauver, vouloir retrouver la Alix d'avant, mais d'avant quoi ? Il n'y a pas d'avant hein ? Je suis perdue, je ne suis plus rien. La poupée a les yeux humides et est à deux doigts de sangloter. C'est la première fois qu'elle est dans un tel état, à deux doigts d'exploser si personne ne vient arranger ça. Et sa seule issue, elle la pose en la personne de Feyre.

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ft. @alix el'rin

Alix est en proie au tourment. Elle sent qu'elle perd pied, que doucement elle s'approche des rochers aiguisés de cette falaise que représente son inconscient. Son esprit hurle à la mort depuis qu'elle a croisé la route du jaune. Il hurle si fort qu'il pourrait se briser. Mais sans cela, Alix n'est plus rien. Sans son terrible pouvoir, sans son ascendant sur les autres, elle n'est plus Alix. Complètement perdue, la poupée ne fait que errer depuis des jours. Sa souffrance ne semble pas vouloir s'évaporer et elle se demande ce qu'elle a pu faire aux Sept pour mériter tel punition. Elle qui sert, sans faillir, la couronne et l'empereur, élu de la religion. L'enfant terrible est bien loin alors que des voix ne cessent de résonner dans sa tête, l'obligeant à poser régulièrement ses mains contre ses tempes, juste pour les faire taire, rien qu'un instant. Elle ne demande pas grand chose la gamine, juste un semblant de paix, l'impression d'enfin pouvoir se retrouver elle-même, retrouver l'unique version d'elle-même qu'elle connaît. Et elle n'aurait imaginé demander l'aide de personne si ce n'est celle de Feyre. La démone au visage exquis et à la chevelure satinée, celle qui semble être son mentor, celle sur qui elle se reposerait les yeux fermés. Alix a peu d'amis, sans doute est-ce à cause du bracelet tangerine qui orne son poignet et effraie tant de personnes. C'est pour cela qu'elle chérit plus que tout le peu qui l'entoure. Et c'est face à la fille de Satan qu'elle se trouve, les yeux humides, sa carapace sur le point de se fendre en deux. Jamais la poupée n'avait montré pareille vulnérabilité. Mais elle est sur le point de s'effondrer si la mêlée ne lui vient pas en aide. Les mots s'enchaînent et la gamine prend à peine le temps de respirer durant sa tirade. Mais la panique a déjà pris possession de son corps, de son âme, et elle ne sait que faire face à ce sentiment qui lui est inconnu. Ce n'est que lorsque la douce voix de Feyre résonne qu'elle cesse de trembler. Les mains de la diablesse dans sa chevelure d'ébène eurent pour effet de calmer la gamine terrorisée. – Evidemment que jamais tu ne me mentirais, tu m'aimes hein ? La question pouvait paraître idiote, mais Alix avait besoin, besoin d'avoir quelque chose sur lequel se raccrocher, quelque chose qui lui retire ce goût amer gisant sur ses lèvres. Puis elle écoute la démone, elle boit ses paroles, littéralement. Doucement, ses muscles se détendent face aux mots de la belle, elle peut sentir ses angoisses la quitter progressivement, en même temps que le souvenir de Yerim. Ce poids sur son palpitant n'est plus et Alix peut, enfin, ravaler ses larmes. Un sourire vient même se poser sur ses lippes alors qu'elle entend le mot parfaite. Si elle s'écoutait, le rouge monterait à ses joues et elle glousserait, mais Alix n'est pas une parfaite petite princesse, elle ne l'a jamais été, tout comme Feyre. Les deux terribles sont pareilles dans le fond, deux poupées que tout le monde redoute et admire à la fois. Sa main vient prendre celle de la diablesse alors que ses mots viennent s'ancrer dans son esprit comme une mélodie qu'elle avait toujours connu. Il n'est rien. Elle se le répète sans cesse, encore et encore. Il n'est rien. Il n'est rien. Yerim n'est rien. Qui donc est-il déjà ? Une moue se pose sur son visage de chérubin alors que le prénom de son tortionnaire semble déjà avoir été oublié, balayé. – Personne ne m'éloignera de toi, jamais. Je l'ai déjà oublié. Mensonge prononcé à demi-mots. Son esprit avait encore et toujours l'image du jaune imprégnée. Et Alix ne semblait pas pouvoir s'en défaire totalement. La poupée se rendait désormais compte de sa propre stupidité. – Je suis désolée, j'ai été si faible. Je..j'ai pas réussi à faire résister mon esprit. Je t'ai probablement déçue.

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ft. @alix el'rin

Totalement enivrée par les propos de la Mormont, elle se laissait aller dans un cocon qui lui semblait bien plus apaisant que n'importe quel tour de son esprit. Ses iris charbons ne cessent de se poser sur le corps de la divine. Alix vient se mordre la lèvre alors que doucement, l'image de Yerim s'efface. Feyre est la mêlée orange la plus douée qu'elle connaisse. Et elle n'aurait été voir personne d'autre pour arranger ses problèmes. Il n'y a qu'à elle, et uniquement elle, qu'elle fait suffisamment confiance pour confier ses doutes et ses craintes. L'enfant terrible se met à nue en dévoilant ainsi ce qui fragilise sa carapace. Mais elle n'était venue que pour réparer ce qu'elle était devenue. Ne pas réussir à dormir ni même à fermer l’œil sans que le visage du brun ne s'imprègne dans son esprit, cela devenait éreintant. Et Alix était fatiguée d'être épuisée sans cesse. Le bruit assourdissant, que faisaient ses pensées, était devenu insoutenable et les souvenirs, qui l'accablaient, étaient sur le point de l'achever. La gamine ne pouvait que supplier la beauté de l'aider. Et c'est ce qu'elle avait fait, comme toujours. Feyre était là quand elle le devait. Elel l'était à chaque fois, elle ne l'avait jamais abandonné. Pas comme ce Yerim. Pas comme ce démon qui cherchait à semer le trouble dans l'esprit aiguisé de la El'rin.
Elle manquerait presque de glousser quand la brune lui répond l'aimer, plus que n'importe qui d'autre. Et elle n'en avait jamais douté Alix. Elle est son mentor, son pilier, son point de repère. Mais rapidement une moue s'était formée sur son visage alors qu'elle pensait l'avoir déçue. Et ce sentiment était pire que tout. Feyre méritait mieux qu'elle. Mais rapidement, un sourire vient se figer de nouveau sur ses lèvres, à mesure qu'elle relève délicatement son minois de chérubin. Les doutes s'amenuisent au fil du temps et le calme revient dans son esprit. La tourmente est loin, pour le moment, pour le temps d'un instant. – Non, je ne penserais plus à lui. Il n'est pas aussi agréable à regarder que toi de toute manière. Le souvenir du jeune homme était devenu flou alors que celui du minois de la Mormont était lui bien présent. – Je crois qu'on essayait de me tester, qu'on essayait de m'éloigner de toi, mais ils n'ont pas réussi. Un sourire démoniaque revient se poser sur ses lippes carmins. Alix était de nouveau elle-même, et cela lui faisait un bien fou. Elle mourrait d'envie d'aller faire couler le sang au nom de la couronne, au nom des Oshun, mais elle avait bien d'autres plans en tête avant tout. Sa main vient jouer dans la chevelure ébène de la démone alors qu'elle caresse de son regard le derme caramel de la mêlée. Elle devinerait bien assez vite ses plans, il lui suffisait de lire dans son esprit et elle en avait les clés depuis toujours.