anecdote 01 ‹ l'élément terre est extrêmement présent en elle, déjà dans le ventre de sa mère, elle était en connexion avec la terre. la terre, ce n'est pas seulement le sol pour lana, c'est aussi la planète, sa rondeur, la pression des astres sur elle, l'atmosphère et sa lourdeur. c'est un élément particulièrement complexe, dont je la vois bien avoir été la victime avant d'apprendre à l'apprivoiser. au début, c'était dur : combative et rebelle, elle retournait la terre qui semblait impétueuse comme un océan déchainé devant elle, refusant de lui obéir. cet élément a toujours reflété son état d'esprit, sa sérénité intérieure. plus elle a appris à se contrôler et a gagné en sagesse, plus son élément s'est stabilisé, ainsi que ses pouvoirs. certes, l'académie l'a aidée à progresser, mais le don de télépathie de circe, surtout lui, a été plus qu'aucun autre le sine qua non de sa réussite. anecdote 02 ‹ elle aime qu'on lui résiste, or, il ne se trouve presque personne au monde pour lui résister. ses parents la badent : son père en est dingue et sa mère est craintive de sa puissance, son sang argent impose un respect malgré elle partout où elle se rend, le nom de sa famille, réputée pour sa sagesse, sa religion, son intelligence et sa rigidité, la rend sans qu'elle puisse en décider autrement inaccessible aux yeux des autres. ajoutez à cela sa beauté détonante, son style original, elle impose un respect naturel lorsqu'elle entre dans une pièce, et il est rare que les gens osent l'approcher pour se mesurer à elle. voilà peut-être pourquoi, entre autre, circe est aussi précieux à ses yeux et utile à sa vie. anecdote 03 ‹ imagine, du temps de l'académie, un accident où elle a manqué de perdre la vie. je vois quelque chose comme un gigantesque séisme localisé autour d'elle, ou un éboulement qu'elle aurait elle-même provoqué et qui aurait failli la tuer en l'étouffant. ce sont les maitres de la terre, à l'académie, qui l'ont sortie de là, aidés par les télékinésistes (qui ont soulevé les pierres pour la libérer), tandis que circe attendait, debout et les bras croisés, de voir si elle allait y rester ou pas, connecté à son esprit par son don et entendant son désespoir face à l'inéluctabilité de sa mort. à sa sortie de terre, furieuse, elle aurait pu lui demander sur la défensive s'il comptait la laisser mourir, et il aurait pu lui répondre avec calme que oui, en effet. anecdote 04 ‹ sa relation au pouvoir et au futur des nations est extrêmement complexe, je pense qu'elle-même a tendance à s'y perdre un peu dans ses sentiments : d'abord, sache que sa fidélité à sa famille est évidente pour elle. elle aime les wheatdrop, ils sont son propre sang, son soutien, ses racines. mais elle a toujours vécu avec la sensation d'être incomprise. d'abord, ses pouvoirs liés à son élément se manifestaient anormalement, et elle n'a jamais réussi à s'épanouir dans l'ambiance pieuse et ennuyeuse de la famille wheatdrop. à l'académie, beaucoup de ses amis étaient issus de la nation du feu, et maitrisaient cet élément. circe a été sa première rencontre décisive : il n'est pas son double, il est son yang. sa part d'ombre, mais aussi, elle se le dit parfois, la plus belle part d'elle-même. il a su la révéler à elle sans même le décider, sans même le suggérer. lui, son caractère infâme, son insoumission, son insolence et son pouvoir télépathe se sont imposés à elle avec une évidence criante. aussi, elle sait qu'il est membre de la résistance, et elle le connait trop pour imaginer qu'il veut simplement défendre les osanos, ou défendre les mêlés. elle connait son nihilisme profond et son désintéressement. c'est pour ça qu'elle ne le dénonce pas, elle se sent proche de ces idées. elle sait aussi que circe finira par mourir, sûrement bien plus tôt que la vieillesse. elle est prête à s'éteindre avec lui, quoi que ça lui en coûte. parfois, cette idée la panique et elle lui en veut. à d'autres moments, elle sait qu'elle n'aurait pu faire un meilleur choix que celui de suivre cet homme-là. anecdote 05 ‹ si la famille est une chose importante à ses yeux dans la construction d'un être humain et social, et qu'elle déplore le fait que les mêlés n'aient pas droit aux mêmes noms de famille et distinctions que certains maitres, elle s'avoue en secret que les pouvoirs des mêlés la fascinent plus que ceux des éléments. verts, bleus, oranges ont sa préférence. si elle doit avoir un enfant, elle serait heureuse qu'il soit mêlé, afin de voir en lui se développer l'une de ces forces. elle ne l'a jamais dit à personne, d'abord parce que ses amis de sang argenté la jugeraient folle ou traite à la couronne, ensuite parce que circe serait capable d'y voir une déclaration d'amour qu'elle n'a aucune intention de lui offrir.

attention (important)
étant donné la force de caractère de lana, je pense qu'il est envisageable de faire en sorte qu'elle ait, en secret et avec l'aide de circe (qui connait la ville comme sa poche, et donc des lieux cachés), expérimenté son pouvoir en défensif et en offensif (voir les annexes à ce sujet). cependant, il faudra demander l'autorisation aux administrateurs pour valider cette option, les maitres désobéissant dans le secret pour faire de leur élément une arme étant extrêmement rares.

have more than thou showest, speak less than thou knowest, lend less than thou owest, ride more than thou goest.

— Sors de ma tête, Thorsten. Il n’est que six heures du matin, mais la voix de la maitresse de la terre n’a rien d’endormie. Ses yeux noirs sont grand ouverts et fixent le plafond d’un air résolu, un voile de brutalité figé sur son visage altier. Rien de tel en revanche pour l’adiutor qui dormait à ses côtés, sous la couverture de satin. Circe ouvre un œil vitreux et tourne la tête vers Helana sans pour autant la soulever des plumes de l’oreiller. — Quoi ? Dans un soupir-crachat furieux, Lana Wheatdrop tourne à son tour le visage vers celui de Thorsten. Elle réalise soudain en rivant son regard dans le sien qu’elle a eu tort. Ou pas. Merci mais depuis plus de dix ans, elle sait reconnaître la présence du télépathe entre les fils de ses pensées. Elle hausse un sourcil, son agacement titillé par un certain amusement. — Tu t’installes dans mon esprit pendant ton sommeil, maintenant ? Ses yeux en forme d’amandes vrillent ceux de Circe, qui fronce les sourcils. Après quelques secondes de réflexion, il en déduit qu’elle a raison. Leur proximité, le fait d’avoir fait l’amour une bonne partie de la nuit… il a sans doute pris ses marques dans l’ensemble de son corps, l’esprit n’était pas pour lui une barrière à la possession. — Arrête de rêver, grogne-t-il avant de lui tourner le dos, et de tenter de rattraper un sommeil qui vient pourtant de s’enfuir. Elle a un sourire, moqueur et séduit, qu’elle est satisfaite qu’il ne puisse pas voir. La première fois que Circe Thorsten, encore enfant, est entré dans son esprit, l’a retournée au point d’en vomir, pliée en deux. La force avec laquelle il avait pénétré son intimité la plus scellée, elle l’avait vécue comme un viol, et comme une révélation. Elle avait ressenti à quel point ce pouvoir avait du, devait peut-être encore le rendre fou. On accusait ce garçon à l’académie, d’être insoumis, insolent et agressif. Comment aurait-il pu ne pas l’être ? Qui donc avait osé fermer les yeux sur la puissace titanesque et écrasante de ce pouvoir qu’on nommait « orange » ? A ce souvenir, un soupir vient soulever la poitrine de Lana, ses pensées apaisées par le silence du petit jour. Tomber amoureuse de son adiutor avait beau être considéré comme dégrandant pour une noble, c’était une chose assez courante, non ? Un homme et une femme, unis ensemble depuis l’enfance et ayant grandi l’un dans l’autre… ça créait forcément un lien que l’âge adulte transformait en sentiment amoureux. Une appartenance réciproque que Circe, quant à lui, niait autant que possible et avec la plus grande mauvaise foi du royaume. Elle dépose une main contre son ventre, et écoute ses battements de cœur se répercuter à l’intérieur. Ils prennent leurs précautions, à chaque fois et depuis toujours. Circe l’avait imposé alors qu’elle-même n’y avait pas pensé, et n’avait jamais abordé l’idée de se reproduire. Peut-être ne voulait-il pas imposer à un enfant sa paternité – qui risquerait sans aucun doute d’être problématique étant donné qu’il n’avait pas eu de famille. Ou peut-être qu’il ne voulait tout simplement pas d’elle, songe-t-il en se crispant quelque peu. Il était dur avec elle, intransigeant et parfois d’une vérité cruelle. Il la mettait face à ses faiblesses et révélait ses contradictions avec une violence dénuée d’empathie. Du Circe tout craché. Aussi, il se moquait d’elle, de sa prétendue frigidité héritée de sa famille – elle jouait à le contredire, en lionne effrontée, quitte à se mettre parfois dans la peau d’une autre pour éveiller la sensualité de son adiutor. Jamais Circe ne lui avait dit qu’il tenait à elle. Qu’il ne ferait jamais rien qui la mette en danger. Qu’ils pourraient, ensemble, trouver une option pour vivre heureux au sein du chaos. Elle le regrettait mais ne lui en voulait pas : il ne pouvait pas donner ce qu’il n’avait pas reçu. Pas devenir ce que jamais il n’avait envisagé d’être. Il se doutait forcément de quelque chose au sujet de ses sentiments ; il était perspicace, mais aussi télépathe. L’intensité de son désir, la puissance de ses émotions le concernant, il les ressentait évidemment avec plus de précision et plus de justesse que les autres hommes. Elle ne réalise pas qu’il ne s’est pas rendormi, qu’il est à présent réveillé, dos à elle, ses yeux d’acier rivés sur la fenêtre et le ciel morne qu’on perçoit à travers le verre. Elle voudrait lui dire qu’elle sait, pour la résistance dont il est membre. Et si elle le connaît bien, un membre important qui n’aura pourtant jamais sa place au milieu des Osanos. Mais sans doute le sait-il déjà et n’a-t-il aucune intention de s’emparer d’une place, quelle qu’elle soit. Circe est plutôt du genre kamikaze. Elle voudrait, avec fierté, lui dire qu’elle le sait et qu’il n’a pas besoin de lui cacher l’éventualité plus-que-probable de sa mort avec lui. Il la met en danger au nom de ses idéaux, de sa réalité sans se dire que, peut-être, elle y est bien plus préparée que lui. Elle est née de la terre, elle en est maitresse et elle n’a pas peur d’y retourner. Elle voudrait lui dire que pas une fois, depuis leur union à l’académie, elle n’a imaginé sa vie sans la musique de ses pensées au creux des siennes. Qu’elle ne supporterait pas, une seule seconde, sa propre existence si cette note permanente qui vit en elle venait à s’éteindre dans la nuit. Mais au lieu de ça, elle se redresse sur le lit, rejette en arrière ses longues tresses et se lève, imaginant le laisser dormir encore quelques minutes.