Hyppolite,

C'est avec colère que je t'écris ces mot. Cette colère n'est en aucun cas dirigée envers toi, mais envers Diana.

Pourquoi ressentir cela pour une personne morte, me diras-tu. Et bien, figures toi qu'elle ne l'ai pas. Notre soeur est revenue dans l'auberge où je travaille, celle dont je t'avais parlé dans ma précédente lettre, te disant que je restais avec la famille dirigeant celle-ci. Elle est revenue comme une fleur croyant que je n'y serais pas. Autant te dire que ça a été un réelle choc de me trouver face à elle... Je ne suis pas simplement en colère, je lui en veux à un point que je ne peux même pas mettre un mot pour décrire ce sentiment. Je me sens stupide également, stupide d'avoir été manipulée de la sorte. Elle a osé faire ça, sachant à quel point cela nous affecterait et n'a aucun scrupule a nous avoir fait souffrir.

J'ai pris une décision, Hyppolite. Je l'ai déjà dit plusieurs fois et je n'ai jamais tenue loin d'elle bien longtemps, mais cette fois-ci, je ne veux plus rien avoir à faire avec elle. Sans réfléchir, j'ai quitté l'auberge et j'ai fait le tour des villes de notre nation, jusqu'à tomber sur Rita Kimora. Elle a été comme une bouée de sauvetage et m'a emmené jusqu'à son fief pour que j'intègre son mouvement. Tu le connais peut-être, c'est la Water Nation's Pride. Grâce à elle, j'ai pu m'entrainer et apprendre à maitriser mon nouveau don. Je me sens un peu mieux, bien que la rancoeur ne s'efface pas. Et elle ne fera que s'accroître car je viens d'apprendre que Diana viendrait nous rejoindre, malheureusement.

Désolée de t'apprendre une telle nouvelle, qui semble être une bonne nouvelle à première vue, mais qui au final nous montre que Diana n'a fait que jouer avec moi, avec nous.

En espérant que tout vas bien pour toi,
Lula.

Chère sœur,

Je pensais honnêtement avoir tout vu en ce qui concerne notre ainée. Tu n’es pas sans savoir que j’ai cessé de me fier à Diana voilà un moment ce qui ne m’a pas empêché de pleurer ma grande sœur, ou du moins le souvenir de ce qu’elle était par le passé. Même dans les moments les plus tortueux et compliqués, je n’ai jamais cessé d’aimer Diana et cela ne se produira jamais. Je l’aimerais toujours. Je ne peux que comprendre ta colère car je la ressens moi-même. Je ne reconnais plus Diana et le temps qui passe n’arrange rien. Sa quête l’obsède et la pousse à commettre des actes qui me dépassent. Ses revirements répétés, ses fuites… A quoi joue-t-elle ? Et comment ose-t-elle se faire passer pour morte ? N’a-t-elle vraiment aucune considération pour les autres ? Si elle est incapable de traiter avec décence ceux qui l’aime, comment pourrait-elle un jour se hisser à la tête de quoi que ce soit ? Comment accorder sa confiance à quelqu’un d’aussi peu fiable ? Tu as bien fait de la laisser derrière toi. Peut-être est-ce là tout ce qu’elle mérite. Comprendre ce qu’elle fait subir aux autres en se comportant de la sorte.

Rita Kimora ? Lula, les Kimora ne sont pas fiables et ce mouvement… Ce mouvement n’a guère d’autres buts que de nuire à notre famille. J’ai moi-même rapporté l’existence du mouvement et des traitres à son initiative à Merle. Tu ne peux pas rester avec ces gens. Rien de bon ne sortira de tout ça.

Quant à moi, je vais aussi bien que possible compte tenu de tout ce qui me tombe dessus en permanence.

Je t’embrasse, fais très attention à toi.
Hyppolite.

21 mars 2165.

Cher Hyppolite,
Cela fait un mois que j'ai reçu ta lettre, mais je n'ai pas trouvé le temps de l'ouvrir jusqu'à aujourd'hui. Tu dois surement être au courant de ce qu'il s'est passé, au sujet de la WNP et du désanoblissement des familles Helleros, Kemble et Kimora puisque c'est toi qui les a dénoncé. Je ne t'en veux pas pour cela, rassures-toi. Tu as fait ce qui te semblait juste et jamais je ne te blâmerais pour cela. Saches que j'ai quitté ce mouvement le jour-même où Merle a fait son discours, non pas par crainte, mais parce qu'un recruteur de la Ligue m'a approché pour me faire entrer dans leurs rangs. Le trajet pour arriver au quartier général a été tortueux et long, c'est pour cela que j'ai mis du temps avant de pouvoir te répondre. J'en ai assez de me battre pour ces causes futiles que défendent la plupart des mouvements existants aujourd'hui, alors j'ai accepté et je suis entrée dans la Ligue. J'ai l'intime conviction que c'est la qu'est ma place et j'espère que tu le comprendras.

Concernant Diana, je suis heureuse de lire tes mots. Au moins, nous partageons le même avis sur notre aînée. Comme toi, je ne cesserai jamais de l'aimer, mais je préfère prendre mes distances avec elle. Tes mots me font écho lorsque tu dis qu'elle ne saurait pas diriger un mouvement entier, tant qu'elle n'arriverait pas à traiter les membres de sa famille avec respect. J'aurais du m'en rendre compte beaucoup plus tôt, mais j'étais aveuglée par ma loyauté et ma dévotion envers elle.


Heureuse d'apprendre que tout va bien pour toi,
J'espère qu'on pourra se voir bientôt,
Je t'embrasse,
Lula.

Chère soeur,

Tu n'as pas idée du soulagement que j'ai ressenti en lisant ces mots. Il est facile de se laisser submerger par un sentiment de paranoïa exacerbée en des temps aussi compliqués. Mon imagination s'est maintes fois emballées, envisageant le pire. Je suis rassuré que tu soies encore en vie et bien portante. Evite de me faire des peurs pareilles à l'avenir, s'il te plait.

J'étais présent lors du discours de Merle. Je suis heureux d'apprendre que tu ne me reproches pas d'avoir agis ainsi. Je suis fatigué de devoir défendre mes choix, mais il me faut tout de même t'avouer que je ne regrette en rien ce que je fais. Merle a commis des erreurs, comme nous tous, mais ses ennemis seront toujours les miens. Nous formons une famille, quoiqu'il advienne et aussi fragmentée qu'elle puisse être.

Je préférerais t'avoir ici, auprès de moi, mais je ne te reprocherais pas ton entrée au sein de la ligue. Tu as accepté mon choix de rester auprès de Merle et je te dois bien d'en faire de même aujourd'hui.

J'espère moi aussi que nos chemins se croiseront à nouveau très bientôt.

Tu me manques,
Je t'embrasse,
Hyppolite.