I fell in love with her.
But I don't just stay with her by default as if there's no one else available to me.
I stay with her because I choose to, every day that I wake up, every day that we fight or lie to each other or disappoint each other.
I choose her over and over again,
and she chooses me.

Rhaegar avait effectué le trajet jusqu'à Nytthus dans une espèce de brouillard, sentiment qui le poursuivait depuis des semaines, lorsque l'inutilité de sa quête lui avait été révélée. Apprendre le décès de son père avait causé en lui un choc assourdissant dont il peinait encore aujourd'hui à tolérer les répercussions. Il était exténué et totalement rongé par une culpabilité si sourde qu'il aurait juré qu'elle exerçait une douleur physique sur lui, comme si elle se matérialisait sous la lame de couteau fouillant avidement sa chair. La peine ne s’essoufflait jamais, sentiment virulent. Depuis qu'il avait appris son décès, Rhaegar ne cessait de penser à son père. Il tâchait de remettre le doigt sur les dernières paroles qu'il avait eut pour lui, en vain. Sa mémoire était comme émoussée et tous ses efforts pour la réveiller demeuraient jusqu'alors vains. Ironiquement, alors qu'il peinait à se remémorer ce genre de choses, d'autres souvenirs, eux, demeuraient effroyablement vivaces. Des images dont Rhaegar aurait aimé pouvoir se débarrasser, mais qui persistaient à le suivre ou qu'il aille et quoi qu'il fasse. Ses nuits étaient hantées par des visages familiers, tordus par la souffrance. Dans ses cauchemars, les souvenirs se mêlaient à des scènes qu'il ne pouvait qu'inventer à défaut d'y avoir assisté. Trop de fois pour pouvoir les compter, il s'était réveillé en sueur, le cœur battant, émergeant de la bataille ayant ravagé sa ville natale en son absence. Avec une netteté si saisissante que c'en était troublant, il se représentait les troupes de Pollux se déversant partout au sein de la ville, un sourire cruel tordant leurs lèvres rouges sang alors qu'ils s'employaient à détruire son berceau. Même dans les moments les plus corsés de son existence, l'affection que Rhaegar nourrissait à l'égar de Dryang n'avait jamais faiblie. Cette ville avait été le théâtre de la majeure partie de son existence et sa destruction n'avait fait qu'accroitre le vide qu'il sentait s'étendre en lui depuis des semaines.

Depuis qu'il avait appris l'attaque et les circonstances du décès de son père au cours de cette dernière, Rhaegar s'était plongé dans une forme de léthargie dont il commençait à peine à s'extirper. Ce temps qu'il avait passé loin de tout, il en avait eut besoin. En dépit de son ardent désir de mettre fin à sa solitude, il avait persisté à se tenir en marge du monde, comme pour se punir. Il ne parvenait pas à se défaire de l'idée qu'il aurait pu empêcher tout ce qui s'était passé. Que s'il était parti plus tôt à la recherche de son père, il aurait pu altérer le cours de tous ses évènements monstrueux. Peut-être que quelques minutes seulement auraient pu faire la différence. Les minutes qu'il avait passé auprès de Lula la dernière fois qu'il l'avait vue, par exemple. C'était là une véritable torture mentale à laquelle il n'avait de cesse de s'exposer. Dans les pires moments, il avait songé qu'il devrait rester ainsi pour toujours. Loin de tout. Loin d'elle. Voilà qui lui semblait être un sort encore pire que la mort. Il avait fini par céder néanmoins. Il s'était débrouillé pour joindre Lula, car aussi forte sa culpabilité, il ne pouvait se résoudre à la laisser derrière lui. Outre le fait qu'il s'était déjà maintes fois vu prouvé qu'il en était bien simplement capable, il ne pouvait pas lui faire ça, d'autant qu'il lui avait promis de la retrouver une fois sa quête achevée. Il ne la blesserait pas à nouveau. Il avait déjà commis assez de dégâts sur son passage. C'est ainsi qu'il avait effectué le trajet jusqu'à Nytthus. Sa progression avait été plutôt rapide en dépit de sa fatigue. Il n'avait pas faibli, un capuchon rabattu sur sa tête, les traits du visage durci. Lorsqu'enfin il toucha au but, il se fit arrêter sans surprise par un mêlé. Se heurtant à ce premier barrage, Rhaegar songea qu'il aurait dut prévenir de Lula de son arrivée imminente, mais quoi qu'il en soit, il était trop tard pour formuler ce genre de regrets. L'expression lasse, le regard bleu terni, Rhaegar échangea quelques mots avec le mêlé orange, arguant qu'il voulait intégrer la ligue,  ce que pourrait confirmer Lula Osanos si quelqu'un daignait partir la rechercher. Le mêlé le considéra avec une méfiance rassurante avant de faire appeler Lula. Rhaegar, comme anesthésié,  se contenta d'acquiescer et attendit tranquillement, le dos appuyé contre l'une des parois rocheuses.

I fell in love with her.
But I don't just stay with her by default as if there's no one else available to me.
I stay with her because I choose to, every day that I wake up, every day that we fight or lie to each other or disappoint each other.
I choose her over and over again,
and she chooses me.

Terrée dans un recoin de son dortoir, l’Osanos réfléchissait. Elle se demandait si renouer avec Merle avait été une bonne idée, si une potentielle alliance avec la Ligue serait envisageable ou non. Mais était-elle la mieux placer pour réfléchir à cela ? Elle n’était pas dirigeante, elle n’avait pas à proposer une alliance. De plus, elle était nouvelle. Cela ne faisait qu’un mois qu’elle avait joint la Ligue et aux yeux de certains, elle avait l’impression d’être une étrangère. Ici, il n’y avait personne qu’elle connaissait de longue date, personne avec qui elle avait partagé des moments forts. Et bien que Liam soit une source de réconfort, elle avait besoin de plus. « Osanos, un Osoryd vous demande à l’entrée afin de confirmer ses dires. » Lula sursautait. Avait-elle bien entendu ? Elle se redresse violemment, tremblant presque. Rhaegar, pensait-elle. Elle n’avait pas eu de nouvelle de lui depuis qu’ils avaient échangé quelques mots par lettre où elle lui avait dit qu’elle était à la Ligue. Il était là, tout près. Plus près qu’il ne l’avait été ses derniers mois. Elle avait du mal à y croire. Il était venue, comme promis. Son palpitant battait à tout rompre, ce qui n’arrangeait pas le tremblement de ses mains. « Je te suis. » Dit-elle en essayant de dissimuler sa joie. Il fallait qu’elle se calme, qu’elle arrête de trembler. Si ça se trouve, ce n’était pas lui. Qui d’autre ? Lui murmurait une petite voix dans son esprit. Personne ne savait qu’elle était à la Ligue, sauf Merle peut-être.

Elle avançait d’un pas pressé aux côtés de l’homme qui était venu la chercher. C’était un mêlé qu’elle n’avait aperçu que quelques fois et à qui elle n’avait jamais adressé le moindre mot. Un bruit sourd, celui des battements de son palpitant l’empêchait d’entendre ce qui se passait autour, trop focalisé sur la potentielle arrivée de Rhaegar. La seule chose qu’elle fut en mesure de lui demander fut la description de l’homme qui avait demandé à la voir et cette dernière correspondait parfaitement à celle de son ancien fiancé. Les murs défilaient pour laisser place à un ciel couvert par les nuages. Un vent frais venait frapper son visage tandis que ses saphirs se posaient sur une silhouette robuste encapuchonnée, appuyé contre un rocher. Elle s’immobilisait un instant. C’était lui. Elle ne voyait pas son visage, mais elle n’en avait pas besoin. Canalisant son impulsivité, elle tentait de rester calme face à l'immense excitation qu'elle ressentait. D’un pas assuré, elle s’avançait vers le mêlée, sans regarder le maitre du feu. Il ne fallait pas qu’elle le regarde, de peur de ne pas pouvoir résister à lui sauter au cou. « Tu m’as fait demander ? »  Elle se postait en face de l’Orange et plongeait ses prunelles azures dans ses yeux noirs.  « Oui. Cet homme dit s’appeler Rhaegar Osoryd. Il prétend vouloir nous rejoindre et que ses intentions sont sincères. » Du coin de l’œil, elle lui adresse un regard pour vérifier qu’il s’agit bien de lui. Elle lutte pour que son air froid et autoritaire ne la quitte pas lorsque leurs regards s'entrechoquent moins d'une seconde. « C’est bien lui. Je me porte garante de ses intentions et de ses actes. » « Très bien, allez-y dans ce cas. Emmènes-le voir les dirigeants, sait-on jamais. » D’un signe de la tête, elle ordonne a Rhaegar de la suivre sans réagir aux dernières paroles pleines de sous-entendus du mêlé. Elle le conduit jusqu’à un coin tranquille à l’intérieur, où ils pourront discuter loin des oreilles indiscrètes. Elle a quelques mètres d’avance sur lui, elle se retourne une fois qu’elle entend le clap de la porte, indiquant qu’elle est fermée. Cette fois-ci, son expression est totalement différente. Elle n’affiche plus cet air froid et autoritaire, elle se laisse aller. Sans aucune hésitation, elle parcourt les quelques mètres qui les séparent et l’enlace. « Tu m’as manqué. » Souffle-t-elle en nichant son visage dans le creux de son cou. Sentir son corps contre le sien lui fit oublier tous les petits soucis qu’elle avait rencontré ses derniers temps. Jusqu’à présent, elle avait l’impression que ce n’était pas réelle, mais ses sensations lui prouvaient le contraire. Une fois certaine qu’il était vraiment là, elle relâchait son étreinte sans défaire ses bras autour de son cou. « Excuses-moi de m’être montrée aussi froide, il y a quelques minutes. Je voulais qu’ils me prennent au sérieux et si je sautais comme une folle dans tes bras, ça aurait été un échec. » Dit-elle en souriant, les yeux pétillants face à ce regard qui lui avait tant manqué. « Pourtant, ce n’est pas l’envie m’en manquait. » Riait-elle, en laissant ce petit moment d’insouciance durer avant qu’ils n’attaquent des sujets plus importants.