Eartanera. Une drôle de nation pour la fille de l'air. Ses grands yeux bleus admirent le paysage alors qu'elle s'adosse à un arbre. La brise de Volastar lui manque, parfois. Mais de tous les endroits qu'elle a visité, la nation de la terre est probablement l'un de ses favoris. Elle aime tout particulièrement le charme de ses villages encore abrités de tout ce qui se passe à l'extérieur. Ils ont ce cachet qui lui rappelle celui de sa maison d'enfance. Elle chérit cette époque mais ne la regrette pas, cela ne sert à rien. Alba est encore une gamine aux yeux de certains, de la plupart pour être correct. Mais la poupée a bien grandit, malgré elle, parfois, souvent. Le passé appartient au passé, vouloir le changer ne sert plus à rien. Bien sûr, il y a des périodes où elle perd son sang froid, où elle laisse son esprit s'aventurer bien trop dans ses souvenirs encore douloureux. Alors, elle essaye de prendre sur elle, de se concentrer sur ce qui importe, ce qui est réel, ce qui est présent.
Alba déglutit alors qu'un soupir se glisse sur ses lippes, délicatement relevées d'un rouge cerise. Elle glisse alors ses mains dans les poches de sa veste en cuir de daim, avant de quitter ce moment de tranquillité. Du coin de l'oeil, elle les observe, tous, alors qu'ils s'activent pour la représentation de ce soir. Beaucoup de spectateurs sont prévus, ce qui signifie plus d'argent, et il n'y a rien qui ne saurait la rendre plus heureuse que l'amas d'or qui n'a cesse de gonfler. – Alba! Son regard se fronce alors qu'elle voit Esfir se presser dans sa direction. – You need to hear this. It's about Pollux and his so-called army. La verte se pince la lèvre. – I am not in the mood Esfir. Save it for later. Please. Le ton de sa voix est ferme mais doux à la fois. Les informations récoltées par son amie devront attendre un peu. Des flashs lui sont revenus alors qu'elle parcourait les hautes herbes entourant le cirque, et le visage d'une certaine mêlée fut de la partie. L'armée de Pollux ne l'intéresse en rien, elle ne récolte jamais d'informations à leur sujet, préférant laisser cela aux autres. Aguarini bénéficie du même traitement. Rien de tout ça n'intéresse les Khdoja de toute évidence. Et cela lui convient bien. Si elle a réussi à passer à autre chose, ce n'est certainement pas en ne faisant rien. Elle a rayé de la carte tout ce qui la rendait bien trop faible. Et tout est plus facile comme ça. Elle a longtemps regretté de ne pouvoir tout oublié grâce à un mêlé orange. Mais telle est sa malédiction, devoir vivre avec se rappelant, et en faisant tout ce qu'elle pouvait pour avoir autre chose à l'esprit. Esfir comprend bien assez rapidement, et elle se contente d'un maigre sourire avant de s'en aller.
Alba se dirige alors vers sa tente afin d'écouter les dernières nouvelles grâce à la radio qu'elle s'est procurée récemment à Launondie. La poupée s'assoit sur la première chaise qu'elle trouve avant de régler la fréquence sur celle lui permettant d'écouter ce petit groupe qui avait attiré son attention. Elle ne savait pas vraiment qui ils étaient, mais cela lui permettait au moins de savoir ce qu'il se passait à la capitale quand elle n'y était pas. Accoudée à la table, elle coupe précipitamment sa radio alors que la lumière du jour pénètre dans son antre supposé opaque. La verte se lève tout aussi rapidement. – I already told you not to disturb me while i am busy (...) Mais les traits qui se dessinent sous ses iris sont loin d'être ceux qu'elle avait imaginés. Son corps entier se raidit dans la seconde qui suit. – What the fuck are you doing here? Elle ne prononce pas son nom, elle ne peut pas, pas après tous les efforts qu'elle avait dû faire. La présence de la bleue était loin d'être une coïncidence. Alba ne croit pas au hasard, pas avec elle. – You should not be there. Go away, and i will only say it once. Ce n'est qu'à cet instant, que ses yeux bleus se posèrent réellement sur sa silhouette, elle semblait avoir tout fait pour ne pas se faire repérer, et Alba ne savait quoi en penser. Tout ce qu'elle veut c'est qu'elle disparaisse, pour de bon.

Elle se pince la lèvre alors que son corps tout entier crie à l'agacement. Elle se retient d'étouffer un rire alors que la bleue lâche un fuck. Visiblement, elle n'était pas celle qu'elle cherchait. Mais le fait est qu'elle se trouve face à elle. Chaque seconde qui défile n'a cesse de remuer là où ça fait mal. Mais Alba a été claire la dernière fois qu'elles se sont vues. Leurs routes ne devaient plus jamais se croiser, sous peine qu'elle plante la lame salvatrice dans la poitrine de la traîtresse. Star navigue en des eaux troubles alors qu'elle a mis les pieds dans le royaume de la verte. Ici, rien ne l'empêche l'égorger sans sourciller. Et si ce n'est pas elle, n'importe qui ici serait ravi de lui rendre ce service, à commencer par Esfir. Parce qu'ils ont tous vu, le fantôme, de la gamine, errer sans l'once d'une vie en lui. Il lui avait fallu une année pour commencer à penser à autre chose. Mais cela restait bancal. Elle aimait se convaincre qu'elle était passée à autre chose, que les bras des inconnu(e)s lui donnaient tout ce qu'il lui fallait. Ce n'est qu'un énième mensonge qu'elle se raconte à elle-même. En guerre perpétuel avec son cerveau qui lui insuffle tout ce qu'elle rejette. Elle n'était qu'un corps sans âme, dans ces moments. Son regard n'arrive pas à se détacher du sien. Elle n'a pas oublié un seul de ses traits, rien. Et ça la tue.
Alba était prête à reprendre sa place, pendant que Star se contenterait de simplement s'en aller. Elle n'avait pas la force de mettre à exécution ses menaces. Elle lui laisse une opportunité, une seule, celle de partir, et de ne plus revenir cette fois. Mais la mêlée semble d'un autre avis, et l'écho de son refus résonne entre elles. La gamine fronce son regard. La colère empiète, peu à peu, sur cette sensation confuse. Et tout devient plus facile. Star s'avance et elle croit être souveraine en ces lieux, mais elle se trompe. Elle n'est rien, absolument rien. Elle n'est que poussière. Pourtant, elle continue sur sa lancée. Alba arque un sourcil, et ne peut se retenir de sourire. – You have quite some nerve, i must say. C'était aussi ce qu'elle avait aimé chez elle. Mais rien de tout ça n'était vrai aujourd'hui. – I don't even know where to begin. L'arrogance de Star ne faisait que l'agacer, à un point qu'elle ne pouvait imaginer. Ici, c'est chez elle, son propre royaume, et certainement pas le sien. Elles auraient pu partager, mais ce temps est révolu. – Don't cross my path Alba? Really? It was you who shouldn't cross my path. Remember? Un rire ironique s'échappa de ses lèvres. La gamine avait du mal à contenir sa colère. La bleue avait un sacré culot, pour venir ici et agir comme si elle était libre de ses mouvements. – To buy and leave? I'm sorry but in which world do you think i will let you do that here? At my place? You are dumber than i thought. Toujours face à elle, Alba finit par soupirer et s'éloigner, de quelques pas seulement. Ses mains dans les poches de sa veste, elle lui tourne le dos avant de se retourner en même temps que ses prochaines paroles. – And for the record, the harm is already done. Alba déglutit. – Now go. Don't make me do it.

Elle se tient droite la poupée. Aussi droite que possible. Elle ne perdra pas de sa superbe face à elle, jamais, autant crever. Mais peut-être l'était-elle déjà, morte ? Peut-être avaient-elles réussi à lui dérober le semblant de vie qu'il lui restait avant ? Alba préfère ne pas y penser, elle préfère se croire invincible, elle préfère se penser reine. Elle admirait néanmoins le cran dont la bleue faisait preuve. Cela l'agaçait au plus haut point, mais elle ne pouvait nier qu'elle avait un certain culot pour venir la déranger elle, et penser pouvoir lui dérober sa couronne au passage. Elle pourrait appeler sa sécurité, ils arriveraient en un claquement de doigts, elle n'en doute pas, mais elle ne courbera certainement pas l'échine face à Star. Et appeler à l'aide ne serait ni plus ni moins qu'exposer une faiblesse. C'était tout simplement impensable. Elle ne faiblira pas, pas face à elle, pas après tout ça, pas après avoir réussi à tenir debout alors que tout ce qu'elle voulait c'était s'écrouler sur le sol. La mêlée lui avait pris bien plus que sa confiance. Elle lui avait volé son coeur, son corps, son amour, son affection, son avenir. Elle avait tou piétiné sans jeter un regard en arrière. Et pour ça, jamais elle n'arrivera à lui pardonner. Les mots s'enchaînent et Alba ne baisse pas son regard azuréen. Non, elle affronte, droit dans les yeux, celle qui lui aspire maintenant plus de haine que d'amour. Mais le rire qu'elle laisse s'échapper a le don de crisper la gamine. Elle s'attendait à de la résistance de la part de Star, rien n'était jamais facile avec elle. As if she could. Peut-être avait-elle raison. Mais Alba préférait nier en bloc. Elle se conforte dans un mensonge qui ne berne que sa propre personne, mais elle s'en fout. Elle l'avait déjà expédier de sa vie une fois, elle pourrait le refaire. Et cette fois, cela serait bien moins douloureux. Bullshit.  La verte n'avait peut-être pas les capacités physiques de jeter la bleue, mais elle l'avait déjà effacer de son coeur, et elle n'aurait aucun remord à simplement partir, comme elle l'avait si bien fait par le passé. La pique suivant la blesse plus que de raison. That's all she is. Un rire étouffé se glisse entre ses lèvres avant qu'elle ne les humidifie, par réflexe nerveux. Star cherche définitivement la confrontation, et Alba était prête pour ça, elle l'avait toujours été. Elle serre les dents alors que le flot de paroles ne fait qu'augmenter sa colère. Ses poings se serrent à leur tour, et ses ongles s'enfoncent dans sa chair. Si son regard avait pu la tuer sur le champ, il l'aurait très certainement fait. La poupée pouvait sentir son rythme cardiaque s'affoler. Et le corps, de la bleue, se rapprochant du sien, ne faisait qu'empirer ces battements incessants. Elle déglutit, sans avoir encore quitté son regard. Elle la toise à peine, Star, et la gamine ne cille pas. – It's not because you have no family that you have to corrupt mine. Touch one of them and you are dead. And i will have no problem killing you, you're already dead to me. Really? La mêlée était loin d'avoir oublié tous ses sentiments, tous ces moments passés ensemble, tous ces instants de bonheur, toutes ces fois où elle pensait enfin avoir trouvé son havre de paix. – I stopped trying to survive the day you betrayed me. Elle l'aime tellement que ça en crève les yeux, pourtant la rancoeur a tout ravagé sur son passage et les bribes d'amour se sont envolés au fil des jours passés loin d'elle. – I ask you one more time. Go. Away. Now. Elle se rapproche un peu plus, elle aussi. Leurs visages étant si proches l'un de l'autre qu'il aurait été difficile pour quelqu'un d'extérieur de savoir si elles s'embrassaient ou non. – I'm done seing your face, i'm done with you. I left far for a reason. Now leave me alone, i can't stand to be in the same place than you, to breathe the same air than you. I'm disgusted.