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Spoiler:

Caspar glissa sa main dans celle de sa sœur et la tint fermement. - J'aime pas ça  murmura t-il. La soirée paraissait s'éterniser. Ses parents n'avaient pas un goût très prononcé pour les soirées mondaines mais ils leurs arrivaient d'organiser des soirées pour voir du monde, simplement pour le social plus que pour exposé une richesse qu'ils ne possédaient pas. Le plaisir de voir des têtes perdus de vu dans le passé, probablement . Les invités venaient bien sûr avec leurs enfants mais passée une certaine heure tous rentraient chez eux se coucher. En tant que hôtes, Ses frères, sa soeur et lui ne pouvaient pas aller se coucher avant le départ de tous, le bruit était tel qu'ils n'auraient pu s'endormir. Sa soeur se tenait droite sur sa chaise, l’œil alerte malgré la fatigue, un air aimable sur la figure. Caspar ne pouvait copier son attitude. Sa sœur était à ses yeux modèle de perfection. - Les enfants, c'est bien, je suis contente que vous soyez toujours là.  Cette soirée était leur coup d'essai : Caspar avait à peine 6 ans, mais ses ainés eux, on les considérait assez grands pour veiller tard mais c'était la première fois qu'ils mettaient ça en pratique. Caspar sentait ses yeux se fermer mais se concentra sur sa mère. Elle était douce, bien plus que son père ou son frère ainé et si elle n'était pas toujours très expressive. Aussi fort qu'il aimait son père et qu'il essayait de le rendre fier, Caspar ne semblait jamais trouver grâce à ses yeux. Le regard de sa mère s'attarda sur les mains de ses enfants, enlacées. - Cessez cela. Vous n'êtes plus des enfants.  Elle semblait gênée, regarda autour d'elle puis se pencha vers eux, comme pour leur confier un secret. - Tu es grand Caspar, tu dois arrêter de vouloir te rattacher aux autres ainsi. Et, c'est ta soeur.  Elle semblait vouloir insinuer quelque chose, une insinuation qui échappa à l'enfant qu'il était. Il lui lâcha néanmoins la main.


Le silence. Voilà à quoi se résumait sa vie désormais. La mort l'avait frôlé du bout des doigts pour finalement changer d'avis et laisser à son corps d'enfant la vie qui était encore maigre en son creux. Il avait perdu la joie de vie caractéristique des enfants, leurs innocences qui les rendaient tant insouciants. On regardait Caspar, et tout ce qu'on pouvait voir c'était son regard absent alors qu'on cherchait des solutions pour lui rendre la vie aussi normale que possible, lui apprenant l'art de la lecture des lèvres. Pouvoir se lire les mots afin de prétendre les entendre. Parler comme s'il pouvait comprendre les sons qui sortaient de sa propre gorge. Alors, il se laissait morfondre, lorsqu'il en avait assez. Caprice d'enfant que lui seul pouvait prétendre faire. Il détournait le regard pour ne pas pouvoir entendre, et il n'y avait rien qu'on pouvait faire pour l'empêcher d'agir ainsi. Il avait du mal à s'habituer à ce silence qui ne faisait que lui faire prendre de la distance au monde. Les voix, les chants, les bruits propres à la vie, à la nature, désormais réduit à l'état d'un souvenir qui pouvait résonner dans son esprit s'il se concentrait assez. Mais ce n'était qu'une vaste illusion. Des échos du passé qui finalement ne faisait que le hanter, le tourmenter.



Son regard il s'assombrit alors qu'il décryptait sur les lèvres de son frère, des mots qui ne firent que faire bouillir son sang en un claquement de doigts. " L'infirme" si bien articuler qu'il arrivait à l'entendre raisonner dans son esprit malgré le silence qu'était sa vie. Le léger tressaillement de la lèvre de son frère lorsqu'il laissa échapper ce mot ne fit que rajouter à sa rage qui vint soudainement le frapper. Le jeune Azrohir, il avait ce souci, cette violence en lui qu'il n'arrivait pas à contrôler, comme l'eau qui pouvait passer en quelques instants de calme à dangereuse. Caspar il était comme ça, incapable de calmer ses pulsions. Et ce n'était plus un secret au sein de son foyer, car son frère avait ce don de le faire vriller en quelques secondes.
Un grognement vint s'échapper de sa gorge, peu désireux de parler, mais pourtant bien décidé à se faire comprendre. Il se redressa, sa respiration se faisait bruyante, anarchique et sans aucune forme de préavis supplémentaire, il fonça sur son ainé. Usant de son corps pour le frapper dans les côtes afin qu'ils finissent au sol, seul endroit où il aurait eu une chance d'avoir l'avantage sur son ainé bien trop grand pour qu'il puisse rivaliser autrement. Mais c'était toujours la même histoire, si Caspar s'empressait d'attaquer, il ne pouvait jamais avoir le dessus sur Wolfgang. Wolfgang avait été contrairement à lui, entrainé par l'académie, il avait appris l'art de la guerre et était beaucoup plus stratège que son cadet. Qui n'était qu'un impulsif irréfléchi qui ne savait rien de plus que suivre les pulsions qui parcouraient son être. Frère ou pas, il n'hésitait pas à user de ses poings, du moins essayer de le faire. Car s'il arrivait à le mettre au sol, il était rare qu'il marque la peau de son ainé avec ses poings. Il manquait de force Caspar, encore trop jeune pour pouvoir prétendre être un homme. Trop vieux pour être un enfant.Mais ils étaient encore sous les jougs des hormones de la jeunesse qui les rendaient instables. Capable de se frapper, chose qu'ils faisaient sans aucune retenue.
Wolfgang et Caspar, c'était les mêmes tout en étant des opposés. Ils avaient de la violence en eux mais qui ne s'était pas présenté de la même manière. C'était pour ça qu'ils en venaient bien trop souvent à se battre et qu'il fallait que d'autres interviennent pour qu'ils cessent. Caspar, il leva le poing, visant le visage de son frère, qui réussit à esquiver le coup, profitant du déséquilibre dans lequel Caspar était pour prendre le dessus, lui attrapant le bras, pour lui faire une clé de bras, immobilisant Caspar, qui continuait de se débattre à s'en faire mal. Cherchant à se libérer de l'emprise de son frère.  


La confiance, c'était accepter de s'exposer à quelqu'un, accepter de se montrer vulnérable. Le doute assaillait Caspar. Est-ce bien raisonnable ? D'abandonner toutes ses convictions si longtemps ancrer pour céder à la nouveauté . Se laisser apprivoiser, et perdre le contrôle de la situation . Son regard est perdu, probablement marqué par le doute, alors qu'il restait simplement debout, comme une statue de sel prête à s'écrouler lorsque le vent viendrait la frapper. Et pourtant, il la voit s'approcher de lui, la tornade de feu qui voulait faire tomber la pierre qui composait son être, briser ses craintes simplement d'un effleurement timide de doigts, sur sa main. Attirer le regard de Caspar pour qu'il puisse entendre avec les yeux. - Si tu ne veux pas, ce n'est pas grave tu sais . Je veux pas te forcer à faire quoique se soit  aussitôt fini qu'elle veut s'éloigner, s'enfuir peut-être, elle avait simplement dit ce qu'elle avait à dire pensant simplement qu'il avait changé l'avis, les sourds. Et pourtant il sentit l'électricité parcourir son bras lorsqu'il saisit les doigts frais de la rousse entre les siens. Pour qu'elle reste. Comme pour lui dire silencieusement qu'il acceptait toujours l'aide qu'elle voulait lui offrir. Simplement car contrairement à tout ce qu'il pouvait être, elle, était une personne délicate et conciliante.Il le sent, son coeur, exploser dans sa poitrine de manière erratique. Mélange de gène et un brin d'autre chose, qui vint teinter ses joues de carmins lorsqu'elle lui fait face. Elle semblait gênée également, c'était étrange une si belle fille qui semblait ne pas s'accepter comme telle, préférant  vivre dans l'ombre d'une soeur plutôt que vivre la sienne.Caspar, il trouvait que ça rajoutait à un peu à son charme, l'assurance à outrance ça pouvait gâcher des beautés. Elle glissa sa main dans celle du jeune homme, dont le coeur avait probablement sauté un battement tant il était embarrassé. Il se sentait vulnérable, sa condition l'empêchait de détourner le regard. Maladroitement, il glissa sa main dans le dos de la jeune femme qui lui faisait face. Habituellement, c'était lui qui l'aidait à sa manière, sans aucune délicatesse et sans prendre de pincette. La bousculant même, parfois un peu trop durement.
Mais c'était elle qui avait les rennes, elle qui donnait les conseils, à sa manière, avec ses mots et ses gestes qui étaient en totale opposition avec ceux de Caspar. Avalant avec difficulté sa salive, il releva quelques instants la tête, fermant les yeux, espérant que le malaise qui l'envahissait allait ainsi disparaitre.
Mais lorsqu'il sortit de sa bulle, celle qu'il pouvait atteindre simplement en ayant les yeux clos, il réalisa que rien n'avait disparu ou changé. Le souffle court, il reporta son regard sur ton professeur d'un jour. Ta main doit être un peu plus bas. Caspar, il était beaucoup trop silencieux, lui qui avait toujours quelque chose à faire entendre, il semblait en avoir perdu la voix. Ses gestes, eux, étaient emplis d'une certaine inhabileté, alors qu'il laissait simplement nerveusement glisser sa main dans le dos de la demoiselle, et s'il ne la quittait pas des yeux chose qui ne faisaient qu'accentuer le trouble dans son esprit mais également dans son regard. - Tu es prêt ? - pas vraiment, mais on va dire que oui. Elle entreprit de murmurer, un, deux, trois, pour que Caspar puisse entendre le tempo qu'il devait suivre. Elle hochait la tête sur chaque chiffre, demi-sourire sur les lèvres, comme si son état de faiblesse semblait l'amuser, car chaque pas semblait être aussi dangereux que si le sol était jonché d'oeuf sur le sol. - La première chose que je vais te conseiller, c'est d'arrêter de réfléchir. Son sourcil, il s'arque, l'interrogation sur le visage. - Ça doit être naturel, la danse c'est juste ... une rencontre disons ? Une sorte de présentation, si tu préfères. Et là... c'est loin d'être fluide - Tu vas trop vite, je vais finir par te marcher sur les pieds. Il se cherche une excuse, mais ce n'était pas la vérité. La proximité ainsi présentée lui était simplement inconnue. Caspar, il avait appris à vivre dans une bulle où il n'était que spectateur du monde, et cet exercice lui donnait l'impression de devoir la partager. Ou du moins, de devoir la quitter quelques instants.
C'est sur cette pensée qu'elle se détacha de lui, et fit un pas en arrière.  - Tu sais quoi, j'ai une idée, enlève tes chaussures Elle ne lui laissa pas le temps de trouver un sens à sa requête, qu'elle avait déjà entrepris de retirer les siennes. - Tes chaussures ! Hésitant et encore plus perdu, Caspar il retira ses chaussures, qu'il vint poser - ou du moins lancer - loin d'eux, en direction du mur. Ses yeux restaient rivé sur la créature de feu, dont les cheveux avaient décidé d'afficher ouvertement les couleurs de sa nation. Qu'est-ce qu'elle pouvait parfois lui faire se poser des questions à Caspar. Elle, contrairement à l'impulsivité qui coulait dans ses veines d'Azrohir, posa délicatement ses chaussures dans un coin de la salle. C'était ce contraste qui était étrange entre eux, ils étaient des opposés et pourtant ils s'évertuaient de s'aider à leurs manières, s'évertuaient à semer le trouble chez l'autre car ils n'avaient rien pour s'entendre. Elle revenait vers lui, glissant ses mains autour de la nuque de Caspar. Leurs pieds ainsi exposés se frôlaient ce qui arracha un bond au coeur du jeune homme. - On ne va suivre aucun rythme, tu m'accompagne juste, d'accord?  Il acquiesce, alors qu'il glisse ses mains dans le dos de la rousse pour simplement avoir un point d'ancrage. Si les pas étaient lents, et le sol frais provoquait en lui un frisson qu'il n'arrivait pas à contenir, il se perdait quelques instants dans le regard noisette qu'il ne pouvait négliger. Il ressert son emprise, comme pour chercher à faire disparaitre tout espace entre leurs corps. Son esprit s’égare, il en apprécierait presque son apprentissage de la danse. Avalant à nouveau difficilement sa salive alors qu'ils se laissaient entrainer sur une musique imaginaire simplement connue d'eux.