Firekiko, château Grimsrud

Il y a des batailles qu’on ne remporte pas, il y a des pertes qu’on encaisse et des blessures qui se creusent et se referment au fil du temps. Mais il y également des choses qu’on ne peut pas supporter, des coups qui font qu’un simple mortel ne peut plus se relever, ou bien trop difficilement. Et Idriss avait perdu trop de batailles dernièrement, les pertes avaient été trop cruelles pour lui. Les blessures étaient si profondes, qu’elles ne pourront probablement pas guérir. Elles avaient écorché son âme trop ardemment, avaient émietté son cœur trop férocement. Idriss, il n’était plus rien, il n’était plus qu’une enveloppe charnelle, déambulant tel un zombie. Son esprit s’était échappé, très loin, peut-être avec elles, avec celles qu’il aimait, et qu’il ne reverrait plus jamais. Et cette simple pensée le détruisait, comme jamais personne ne l’avait détruit. Il se souvenait des coups de son père, des marques bleues violacées qui persistaient sur sa peau claire. Il se souvenait de la grimace que les horions lui arrachaient, et du regard vide de sa mère qui n’intervenait pas. Il se souvient de tout ça, et pourtant, tout lui semble si différent maintenant, presque enviable. Il préférerait se faire frapper une centaine de fois de plus pour revoir Saeko et sa fille. Même mille fois, ou plus qu’il ne pouvait plus compter. Il voulait revoir sa femme sourire, et il voulait saisir l’occasion d’apprendre à aimer cet enfant qu’il aurait considéré comme sien. Mais c’était trop tard, il les avait perdues définitivement. Tout comme la flamme qui brûlait en lui, elle s’était éteinte. Il ne riait plus, n’aimait plus, n’avait même plus la force d’user de cette violence latente qui avait toujours fait partie de lui. Il était mort à l’intérieur, Idriss. Il était brisé, sans la deuxième partie de son âme. Il avait perdu l’amour de sa vie, la seule et unique femme qui l’avait regardé comme jamais on l’avait regardé. Cette ancienne impératrice qui lui avait fait découvrir le vrai sens du mot "amour". Et il s’en voulait, parce qu’il n’avait pas su les protéger. Il avait failli à sa promesse, et il en payait le prix.

Tout comme il n’avait pas pu protéger la capitale de l’assaut de ces mêlés méprisables. Ces sauvages qui pensaient pouvoir réclamer quoi que ce soit en faisant couler le sang. Ils ne méritaient que la mort, sombre et froide. Mort qu’avait désiré le Yinren également. Il voulait périr sur ce champ de bataille, se jeter corps et âme dans l’assaut, et y laisser sa vie. Parce qu’il n’avait plus grand-chose, alors à quoi bon continuer ? Quand la force de vivre n’est plus, rien ne sert de se forcer. Et pourtant, il était là, encore bien vivant. Du moins, en apparence. On l’avait forcé, presque traîné pour prendre la fuite. Et il n’avait pas réagi, il s’était laissé faire, son esprit vaquant vers d’autres horizons. Et il avait erré, ne sachant où aller, ne sachant que faire. Une âme en perdition, c’est ce qu’il était devenu. Mais il avait eu le temps de réfléchir le Yinren, oh que oui. Il avait eu le temps de se demander ce qu’il ferait désormais, ce qu’il pouvait bien faire de sa couenne si inutile, de son esprit cassé, de ses poings vengeurs. Et un visage lui est apparu, presque instantanément. Yerim Osyris, l’assassin de Saeko. Un déchet comme on n’en fait plus de nos jours. Ou plus beaucoup, dira-t-on. Cette raclure qui avait finalement servi à quelque chose. Il serait la motivation d’Idriss, il serait la seule raison qui le pousserait à rester en vie. La vengeance, le plaisir d’arracher la vie de ce mêlé meurtrier. Idriss en rêvait désormais, de planter une lame en plein le cœur de l’ennemi juré. Ou bien pire, et plus douloureux. Le faire brûler vif, et faire exploser toute cette rage et cette rancœur qui grandissait en lui. Ce serait son nouveau but, sa nouvelle mission sur terre. Tuer Yerim Osyris, et lui faire regretter chacun de ses faits et gestes. Idriss était prêt à tout pour accomplir son objectif, il n’avait plus rien à perdre. Et même s’il devait y perdre la vie à son tour, soit, il ne pourrait pas le regretter. Il était prêt à lui faire face.

Pourtant, il n’en était pas encore là. Il n’était pour l’instant qu’un "réfugié" parmi tant d’autres, au château des Grimsrud. C’est ici qu’il avait fui, ayant ouï dire que la plupart des nobles du palais s’étaient réunis ici. Il avait donc suivi le mouvement, dans l’espoir de retrouver sa cousine. Marlys avait été blessée pendant la bataille, et il s’inquiétait de son état. Cependant, il ne l’avait pas encore vue, et se contentait d’errer sans réel but, dans l’espoir de tomber sur elle. Mais finalement, il finit par s’échouer, s’adossant à la roche fraiche d’un mur. La pièce creusée dans la roche, typique de la bâtisse, était vide et Idriss ne demandait rien d’autre que ce calme. L’agitation des derniers jours l’avait éreinté au plus haut point, et ce n’était clairement pas le moment d’empirer la situation. Fixant ses mains, la tête baissée et le teint morne, il n’entendit qu’à peine les pas se dirigeant vers sa carcasse. Pourtant, dès que la voix s’était élevée, il l’avait reconnue. - Eh bien, serait-ce le fils d’Ernest Swanson en personne, qui nous honore de sa présence ? - Elle s’incline, exagérant largement ses gestes. - Vous vous êtes lassé de votre palais d’argent, Votre Altesse ? - Le mépris suintait de chacun de ses mots, tandis qu’elle appuyait les deux derniers mots avec un dégoût certain. - J’espère que nous serons à la hauteur pour vous distraire. - Le Yinren ne lève pas la tête, ayant pourtant bien entendu les paroles prononcées à son encontre. Pourtant, il n’avait plus la force de riposter, ni l’envie de se quereller. Il avait perdu la fougue et l’impulsivité qui le caractérisaient. En temps normal, il lui aurait probablement renvoyé ses moqueries en pleine face, les teintant d’une agressivité qu’on lui reconnaissait aisément. Mais ce n’est pas ce qu’il fit aujourd’hui. Levant la tête vers la nouvelle venue, ses yeux semblaient avoir perdu leur éclat habituel. - Serafina… - Il soupire, fatigué d’avance. - Je ne suis pas venu ici pour me disputer avec toi, je suis désolé. - Il baisse la tête une nouvelle fois, comme pour lui montrer qu’il ne voulait vraiment pas aller plus loin dans cette discussion pleine de piques. - Je partirais sous peu, ne t’en fais pas. Je cherche seulement ma cousine. Mais promis, tu ne me reverras plus, bientôt. - Sa voix était éteinte, basse. Il ne savait pas vraiment lui-même ce qu’il avait sous-entendu par-là. Son départ ? Sa mort ? Peut-être bien les deux. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas aujourd’hui qu’elle aurait le plaisir de le pousser à bout.

MAI 2165

Les journées étaient une torture pour la mêlée qui tournait en rond dans le palais des sangs d'argent. Les nuits étaient encore pires, teintées d'une insomnie constante et de chimères cauchemardesques qui ne faisaient que tourmenter son esprit. Elle était ailleurs Serafina, loin de l'agitation qui parcourait le château alors que les nobles se rassemblaient pour préparer la défense après la prise de la capitale. Elle était coincée dans son monde, dans l'attente inespérée de voir Nathan apparaît à ses côtés. Il n'était pas revenu avec elle, personne n'avait eu de ses nouvelles depuis l'attaque. Elle espérait le voir d'une heure à l'autre franchir les lourdes portes en pierre pour la rejoindre. Elle n'était qu'une âme en errance sans lui, poupée inanimée. Serafina d'habitude si joueuse et douce était devenue méchante et aigrie. Telle une mégère, elle avait toujours une pique bien placée pour la personne qui avait le malheur de croiser son chemin. Elle répercutait sa peur sur les autres, anéantie par l'espoir de voir Nathan ré-apparaître un jour. On lui avait dis de ne plus espérer, que des rumeurs commençaient déjà à parcourir le pays. Nathan serait tombé au combat comme bon nombre de maîtres pendant la bataille. Serafina refusait de croire à de telles histoires. Ou plutôt, elle était trop terrorisée pour affronter la vérité en face. Nathan, elle l'aimait un peu trop depuis trop longtemps. Un amour impossible dont elle ne s'était jamais fait d'illusions. Elle mêlée, lui maître, qui plus est de très bonne famille. Il avait le devoir de faire un mariage grandiose et surtout, il avait bon nombre de filles toutes plus jolies que Serafina qui lui tournaient autour. Elle n'était qu'un grain de poussière dans la magnificence de sa vie. Son ombre alors qu'il était la lumière éblouissante. Elle s'était faite à cette idée Sera, cette idée qu'elle ne serait jamais rien de plus pour lui que son adiutor, voir une amie. Il ne ressentirait jamais ce qu'elle ressentait pour lui. Il ne la verrait jamais comme elle pouvait le voir. Condamnée à ne jamais pouvoir posséder l'objet de ses désirs, à vivre dans un fantasme irréalisable.
Avec le mariage entre Nathan et Isaure, elle s'est faite encore plus discrète. Terrorisée à l'idée que la jeune femme ne découvre les sentiments de l'adiutor envers son maître. Serafina n'aurait pu supporter d'avoir le mauvais rôle. Ou encore pire, être moquée pour aimer quelqu'un qui n'aurait jamais un brin d'attirance pour elle. Serafina la rêveuse, Serafina la naïve. Elle entendait déjà les rires et les moqueries sur son chemin si cela venait à se savoir un jour. Ceux des mêlés d'avoir vu une des leurs croire qu'elle pouvait espérer plus que son statu d'adiutor. Le dégoût des maîtres envers celle qui se pensait digne d'un argent. Car dans un sens, être amoureuse de Nathan c'était se croire digne de lui et croire qu'elle pourrait un minimum l'égaler.
Il est le soleil quand elle n'est que nuit sans lune.
Doux et chaleureux soleil disparu ne laissant que des journées grises pour la pauvre Serafina si bien que Idriss est victime de son venin. « Eh bien, serait-ce le fils d’Ernest Swanson en personne, qui nous honore de sa présence ? » Elle ne le supporte pas le Swanson qui la méprise depuis des années. Garçon gravitant autour des Oshuns, elle n'a eu de cesse de le rencontrer depuis son arrivée au service de Nathan. Il n'a que du mépris envers les personnes de la même race que Serafina si bien qu'elle n'a pas échappé à ses paroles toxiques. « Vous vous êtes lassé de votre palais d’argent, Votre Altesse ? » Elle s'incline pour marquer sa phrase mais rien dans ses gestes n'est respectueux. Cette haine qu'elle a si longtemps contenu se déverse sans retenu. Nathan n'est plus. « J’espère que nous serons à la hauteur pour vous distraire. » Elle s'attend à un florilège de mots plus blessants les uns que les autres alors qu'elle ose s'adresser ainsi au Swanson. Pourtant les minutes passent et rien ne vient. La blonde en est presque déstabilisée par l'absence de réaction. « Serafina… » Ses poils se dressent en entendant son prénom dans la bouche du jeune homme. « Je ne suis pas venu ici pour me disputer avec toi, je suis désolé. Je partirais sous peu, ne t’en fais pas. Je cherche seulement ma cousine. Mais promis, tu ne me reverras plus, bientôt. » Elle ne reconnaît pas le sang d'argent. L'espace d'un instant, elle se demande si elle ne l'a pas confondu avec un autre, pensée idiote. Elle s'approche un peu plus de lui et aperçoit des traits tirés sur son visage. L'assurance du jeune garçon a disparu, ne laissant place qu'à un petit garçon dans le corps d'un homme. Une part de Serafina lui souffle de partir et de ne pas chercher plus loin. De retourner dans la grotte qu'elle a quitté sans s'en rendre compte. Qu'est-ce que cela peut bien lui faire si le sang d'argent est en dépression après tout ? « C'est bien fait pour lui ! » ne peut-elle s'empêcher de penser. Pourtant, malgré sa mauvaise humeur d'avoir perdu Nathan, Serafina ne peut nier la bonté qui reste enfouit au fond de son cœur. Cet homme souffre, elle ne peut pas lui tourner le dos. Stupide Sera. « Que t'arrive t-il Swanson ? Je te pensais plus tenace ! » Commence-t-elle maladroitement. Elle garde la provocation comme moyen de communication. « Une petite moquerie de ma part et te voilà déjà entrain de te terrer dans ton terrier ? » Elle lui fait face et pose ses poings sur ses hanches. « Je te pensais plus renard que lapin.... Je me suis peut-être trompé au final. » Elle ne sait pas comment agir avec lui. Elle est partagée entre le dégoût qu'il lui inspire et l'empathie qu'elle ne peut taire. Elle aussi elle a mal, terriblement mal.

Firekiko, château Grimsrud

- Que t'arrive t-il Swanson ? Je te pensais plus tenace ! - Un sourire sardonique peint les lèvres de l’homme voûté, qui n’a pourtant aucune envie de rire. Lui aussi se croyait plus tenace, lui aussi avait espéré gérer la situation d’une main de maître. Et pourtant, voilà où il en était désormais, désespéré, endeuillé, détruit. Le fier Swanson n’avait plus rien de sa passion d’antan, de son énergie enflammée. Il était éteint, abattu et fade. La solitude lui pesait, plus qu’il ne l’avait imaginé. Idriss, il avait pensé pouvoir être plus fort que ça, il avait pensé pouvoir surmonter cette épreuve en se forçant à aller bien, mais il avait eu tort. Il s’était même trompé sur toute la ligne. Parce qu’il n’avait jamais connu ça avant Saeko, il avait été ignorant. Mais, peut-être aurait-il préféré ne jamais savoir, ne jamais ressentir ces sentiments si froids. Quoi qu’il en soit, il était trop tard, et il ne pouvait plus que s’apitoyer sur son sort désormais. - Une petite moquerie de ma part et te voilà déjà entrain de te terrer dans ton terrier ? - Son sourire se fane, s’efface pour faire place à une profonde lassitude. Il n’avait plus envie de jouer à ce jeu avec la mêlée, il n’avait plus envie de faire quoi que ce soit d’ailleurs. Il se trouvait même ridicule de s’être un jour amusé à cela. N’avait-il pas eu autre chose à faire que de lancer des piques à une mêlée ? Peut-être aurait-il dû passer ce temps gâché aux côtés de Saeko, avant de la perdre tragiquement. Mais il n’avait pas pu prévoir le drame qui les avait secoués, il n’avait pas pu savoir qu’elle lui échapperait. Cependant, il regrettait maintenant. Il regrettait de ne pas avoir profité de chaque seconde, de chaque minute avec sa femme. Maintenant, le temps était écoulé.

- Je te pensais plus renard que lapin.... Je me suis peut-être trompé au final. - Il lève les yeux vers elle, haussant les épaules sans énergie. Lapin, renard, il se fichait bien de son avis désormais, et de tout ce qu’elle pouvait penser de lui. Il avait d’autres choses en tête actuellement, et ce n’est pas le dégoût qu’elle ressentait pour lui qui le brusquerait plus qu’autre chose. Parce qu’Idriss avait appris, bien malgré lui, à relativiser sur un bon nombre de choses depuis les derniers évènements tragiques. La haine qu’on pouvait ressentir à son égard, la jalousie, la rancœur, il les balayait toutes, n’ayant pas vraiment la force de s’y attarder. Serafina pouvait bien le détester, le haïr plus que quiconque sur cette terre, il n’y verrait là aucun problème. Finalement, il se lève pour lui faire face, et plonge ses deux billes éteintes dans celles de la mêlée. - Je ne me terre nulle part, je n’ai seulement plus la force de jouer à ce jeu inutile. - Plus la force de rien d’ailleurs, bien qu’il tentait de cacher cette partie. Une mêlée liée aux Grimsrud, ou à qui que ce soit d’autre d’ailleurs n’avait pas à connaître les états d’âme d’un Swanson, ni à prendre conscience de ses faiblesses et ses tourments. Idriss voulait garder ça secret, préférant faire pâle figure devant les autres plutôt que d’afficher son désarroi. Après tout, il ne voulait pas que quelqu’un puisse prendre un avantage de la situation. Idriss avait des ennemis lui aussi, comme tout le monde, et quoi de mieux que de s’en prendre à lui lorsqu’il était au plus bas ? En tout cas, c’est ce que lui ferait si un de ses ennemis était dans cette situation. Pas de compassion, pas de pitié, pas de remords, il fallait frapper là où ça faisait mal.

Il poursuit alors, d’une voix lasse, presque fatigué de devoir prononcer ces quelques mots. - Mais oui, tu t’es sûrement trompée, qui sait. On ne connaît jamais vraiment les gens, n’est-ce pas ? - Et surtout, on ne sait pas ce qu’ils vivent, ce qu’ils traversent. Pourtant, le meurtre de Saeko Yinren, l’ancienne impératrice ferait probablement le tour du royaume, du pays entier. Peut-être avait-elle perdu son statut ces derniers temps, mais on n’oubliait pas une femme comme elle si facilement. Et Idriss devrait faire face à toutes ces conversations, à tous ces regards sur lui, si on le reconnaissait. Le veuf de l’impératrice déchue. Prendrait-on pitié de lui, ou bien penserait-on qu’il l’avait bien mérité ? Il n’en avait aucune idée, mais il se sentait prêt à faire face à chacun des commentaires qu’il rencontrerait. Bons, mauvais, indifférents, soit. Il encaisserait, comme il l’avait toujours fait. Mais ceux qui iraient trop loin, verraient les conséquences de leurs paroles. Idriss était un animal blessé, renfermé, et si on l’approchait de trop près, si on venait le déranger dans le cocon qu’il s’était fabriqué, il riposterait, en beaucoup plus fort. C’était comme ça qu’on l’avait élevé le digne Swanson, dans la violence, dans la crainte, dans la colère. Et peut-être avait-il changé de nom, peut-être avait-il quitté sa famille, ce n’était pas une raison pour oublier cette éducation dont il avait bénéficié. Chien enragé un jour, chien enragé toujours. Il avait ça dans le sang, c’était gravé sur sa peau. Peut-être serait-ce une autre forme de violence, mais elle serait toujours présente d’une manière ou d’une autre. - Tu ne sais pas grand-chose de moi Serafina, tout comme je ne connais que peu de choses de toi, donc peut-être devrions nous en rester là. - Il ne tenait vraiment pas à se lancer dans une longue discussion stérile et sans aucun but. Tout ce qu’il voulait, c’était un peu de paix.