L'ombre sur le mur (Weiss & Beathan)

La beauté des jardins du château l'éblouit toujours. Les soins donnés à ses plantes, leur découpe, tout est fait avec précision pour n'en ressortir que les plus belles compositions florales, les plus denses buissons, le plus parfait des mondes botaniques. Jardin d'Eden destiné aux amoureux des végétaux, il n'a d'autre choix qu'accepter sa défaite face à la grandeur de ses lieux. Plongeant davantage sur certains détails, il en oublie presque la véritable raison de sa venue à la capitale. Ayant menti, expliquant partir à la rencontre d'un compère scientifique, qu'il a effectivement vu à la hâte. Dans l'immédiat, rien ne le préoccupe que Weiss Rene. Écourtant le rendez-vous amical au possible, à la limite de l'impolitesse. Il n'a pas la tête aux salutations polies et à tous ses discours bien reconnu dans la famille, l'humilité même, faisant passé l'autre pour plus important qu'on ne lui fait habituellement entendre. Loin d'être des flatteries en l'air, il a tendance à accorder autant d'égard à l'individu face à lui qu'il ne se juge parfois inutile, c'est malgré tout en différente circonstance qu'il est capable de ses quelques réussites sociales, caché derrière le visage perpétuellement contrit du Wheatdrop.
Aujourd'hui, il n'est ni là pour le labyrinthe végétal, ni pour un simple échange de travaux, C'est afin de préserver sa vie actuelle qu'il se présente en ces lieux royaux. Temps difficile, il les préfère à l'isolement total, à l'opprobre que risque sa famille et les abysses dans lesquelles ils seront jetés, lui et son adiutor. Un secret n'en est un qu'à condition de ne pas le partager, il peut encore être préservé avec un bon jeu d'acteur qu'il ne possède pas. L'autre adiutor d'Oshun a laissé trop d'insinuation qui n'ont rien de maladroit trait d'esprit, rien n'est moins sûre que ses intentions. Tout cela reste trop nébuleux, trop incertain face à la gravité d'une possible révélation. Avec un peu de chance, elle ne détient pas la clé des portes de l'enfer.
Quelques heures ont passé, tous les détails de ce buisson appartiennent à l'esprit savant lorsqu'il remarque une silhouette féminine, son visage, ses yeux dessiné par les traits du feu. Aucun doute, il s'agit d'elle accompagnant sa maîtresse. Encore un acte mal réfléchis, oublié dans la précipitation, comment l'interpellée seule? Sans idée, hâtif, il n'a pas meilleure idée qu'avancer dans leur ombre jusqu'à ce qu'une opportunité se présente.
C'est derrière l'un des couloirs du labyrinthe qu'il les perd de vue et c'est en se retournant qu'elle le prend par surprise. Ses compétences d'espions inexistante ne l'ont pas dissimulé bien longtemps. « Bonjour ! » lance-t-il encore sous le choc de la surprise, accompagnant son manque d'assurance d'un sourire voulant feindre l'innocence alors qu'il hurle sa culpabilité à l'humanité entière. Amusant petit enfant jouant dans la cour des grands, les plantes sont vraiment les seuls à qui il ne risque pas de tout dévoilée par son manque d'habilité. Prenant une position peu naturelle, les bras croisée sur le torse, il continue sur sa lancée en veillant à ne pas glisser sur les mots. « Je suis venu pour vous voir au sujet de notre dernière rencontre. » Aveux peut-être hâtif, il juge que sa prestation reste bonne dans l'ensemble, sans bégaiement et pourtant, à quel point empli de faux-semblant aussi palpables que la terre meuble sous ses pieds. En position de faiblesse dès le début, Weiss détient les rennes de la conversation, elle seule peut décider d'alerter quelqu'un ou même simplement de lui briser un os quelconque. Etre en bas de l'échelle n'a rien d'agréable, cette sensation est l'une des éléments à l'origine de son envie d'élevé le peuple à un rang nouveau.

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And it's a lonely, lonely, world now. But it's only, only, right now. Won't you understand my dear? Hold on, the end is near. There is nothing left to hide in your helpless waiting to collide. (--)

Weiss n’était pas sereine. Arrêtée et contrôlée la veille pour les documents sur l’Impératrice retrouvés en sa possession dans ses quartiers, les hallucinations semblaient la frapper à tous les coins de rue. Pourtant la Verte savait mieux que de laisser ses dossiers trainer partout. Elle avait beau retracer son parcours des derniers jours dans son esprit, elle n’arrivait pas à poser le doigt sur l’élément qui l’avait trahi. Depuis ce jour, Weiss redoublait de vigilance. Que ce soient les regards qu’on lui lançait ou les paroles qui atteignaient ses oreilles, elle triait chacune de ces informations avec soin dans sa tête. L’ennemi n’était pas loin. L’ennemi la surveillait. L’ennemi allait l’attaquer. La paranoïa faisait ressortir des habitudes de chien de garde qu’elle avait perdu depuis quelques mois. Elle s’attendait à ce que les gardes de la Couronne l’attrape et la jette à nouveau dans cette tour ; mais cette fois-ci, Isaure ne serait pas là avec elle. Cette fois-ci, elle pourrirait seule dans une cellule et un autre adiutor serait donné à la princesse.

En voyant l’instabilité de Weiss, Isaure se stoppa et la regarda un instant, l’air inquisiteur. Les instincts de Weiss reniflaient quelque chose qui la surveillait. Simple folie ou pure intuition, elle ne savait plus quoi croire depuis les attentats. « Quelque chose ne va pas. Vas-y, je te rejoins plus tard. » Elle fit une courbette bâclée à la princesse, mimant les gestes absurdes des nobles qui arboraient le palais avec l’espoir de devenir quelqu’un puis elle disparut derrière un couloir. Weiss réapparut discrètement devant celui qui la guettait. « Bonjour ! » Ce n’était donc que lui. Beathan Wheatdrop. Malgré son nom, il était loin d’être une menace même s’il savait jouer avec les mots et les situations mieux qu’elle. Elle posa son regard noisette sur lui, les yeux en feu, prêts à le brûler vifs. De très mauvaise humeur, elle ressentait très peu l’envie de s’encombrer de mondanités superficielles. « Je suis venu pour vous voir au sujet de notre dernière rencontre. » Elle continua de le fixer ; son regard transcendant insistait sur lui tandis que le silence qu’elle imposait en disait long. Menace, menace. Son esprit était en alerte. Il n’était rien, personne. Il ne pouvait rien dire ni agir et pourtant quelque chose au fond d’elle s’affolait. La peur d’être découverte, de retourner là-bas. Et pourtant elle savait, son cerveau verdoyant savait qu’elle ne risquait rien.

Respire. Weiss, respire. Et la mêlée prit une grande inspiration par le nez et soupira comme si elle était agacée. Enfin, elle finit par arborer un sourire sardonique, preuve d’une diplomatie dont elle était inconnue. « Notre dernière rencontre ? Il va falloir me rafraîchir la mémoire. » Elle fronça les sourcils et fit mine de chercher ses souvenirs, puis elle ouvrit la bouche de manière insolente. « Ah oui. Tu parles de la fois où je t’ai mis un poing dans la gueule ou bien celle où tu essayais de me prouver que tu te tapes pas ton adiutor ? » Et Weiss sourit, car elle se savait en sécurité et dans son élément. Là-bas, dans ce jardin, dans ce palais, autour des nobles qu’elle avait appris à connaître et à abattre. « Pour être honnête, j’en ai rien à foutre mais tout ça m'a encore plus donné envie de t'éclater contre un mur. » ajouta-t-elle en haussant les épaules. Cette pratique était tellement répandue autour des sangs argent qu’elle ne perdait plus son énergie à prétendre qu’elle était surprise à chaque fois qu’un nouveau scandale éclatait. Mais ça ne voulait pas dire que ça ne l’amusait pas pour autant.

Sujet: Re: L'ombre sur le mur (Weiss & Beathan) Ven 1 Sep 2017 - 16:27

« Notre dernière rencontre . Il va falloir me rafraîchir la mémoire. » L'irrespect personnifié, l’auditoire n’a aucune limite, imprévisible, on ne peut vivre avec une telle personne sans risquer sa vie à chaque minute. Feignant ne pas se souvenir de Beathan, la marque bleue qu’il a gardée d’elle l’a suffisamment marqué que pour pensée que les poings de la verte n’ont pas non plus échappé à la douleur. « Ah oui. Tu parles de la fois où je t’ai mis un poing dans la gueule ou bien celle où tu essayais de me prouver que tu te tapes pas ton adiutor ? » Sourire forcé, ses poings se servent à en faire péter les jointures. Ni lui, ni Aura ne mérite pareille parole. Cette Weiss vivant avec les Oshun, côtoyant les nobles de tous horizons, n’a pourtant pas le moindre savoir vivre, aucune retenue dans ses actes et ses dires. Une personne de cette trempe marchant librement dans les murs du palais n’est qu’une autre preuve de la décadence de la famille impériale, incapable de maîtriser leurs propres adiutor. En position de faiblesse, Beathan n’est là que pour faire joli, pensée bafouée, il n’a aucune droit de réagir, devant seulement attendre son tour dans la discussion, parce qu’elle sait qu’elle mène la danse malgré tout, parce que personne n’attaque aussi inconsciemment un sang d’argent quelle qu’il soit sans être certain d’avoir l’avantage. « Pour être honnête, j’en ai rien à foutre mais tout ça m'a encore plus donné envie de t'éclater contre un mur. » Son haussement d’épaules, touche finale à l’immonde tableau, horreur vivante, il n’est qu’à une fissure de l’explosion face à la violence bestiale, devant s’exprimer à chaque instant au travers de ses mots. C’est une sueur perlant sur le front qu’il garde le masque, certain qu’il y a encore un moyen de résoudre le problème sans en venir à des méthodes extrêmes. « Je viens exactement pour cela. » Les dents prêtes à éclater sous la pression de sa mâchoire, ses mots demandent un certain contrôle de soi pour ne pas sortir étrangler par la colère. « Je n’ai pas envie d’impliquer mon adiutor dans cette histoire alors écoute-moi simplement quelques instants, s’il te plaît. » Politesse arrachée à son coeur, il se donne envie de vomir. « Cette rumeur infondée donne place à bien des risques et ni moi, ni Aura ne n'avons besoin de ça. Je veux juste te demander de ne pas propager cette idée farfelue. » Les yeux du menteurs se détourne, laissant place à toutes les interprétations possible. Il n’est pas question que de lui, toute mêlée, quel qu’il soit, souffre d’une manière ou d’une autre de sa position, forcé à l'esclavagisme camouflé. Les oranges sont certainement les plus souffrant de la situation Actuelle, moins dur qu’avant, mais toujours horriblement difficile, même la brute en face de lui peut comprendre ça, il en est persuadé. Personne né ce monde ne peut s’amuser de la destruction pur et simple d’autrui, pas même elle, l’imprévisible Weiss.

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Sujet: Re: L'ombre sur le mur (Weiss & Beathan) Dim 24 Sep 2017 - 3:01

Même si Weiss s’était autorisée à se relâcher, elle ne pouvait oublier qu’elle faisait face à un maître de la terre. Réputés pour leur piété obsessionnelle, ils restaient tout de même de vrais emmerdeurs aux yeux de la mêlée. Alors qu’elle était tombée sur un secret qui aurait pu devenir scandaleux s’il n’était pas si commun, elle s’ennuyait déjà de ce que le Wheatdrop avait à lui dire. Un sermon venant d’un homme qui brisait la foi qu’il adorait tant et elle lui foutrait un autre poing dans la gueule. « Je viens exactement pour cela. » Elle roula les yeux en prenant une longue inspiration. Il n’était rien qu’un noble qui s’était trop éloignée de son domaine. Encore une personne qu’elle avait provoqué sans regret. « Je n’ai pas envie d’impliquer mon adiutor dans cette histoire alors écoute-moi simplement quelques instants, s’il te plaît. » Elle leva les yeux au ciel. « Mais ton adiutor est déjà impliquée, non ? » dit-elle en souriant. Son sourire plus joueur qu’elle ne voulait. Peut-être que ce sang argent allait pouvoir la divertir quelques minutes ; après tout n’était-elle pas tombée sur une pépite qui allait détruire son nom. « Cette rumeur infondée donne place à bien des risques et ni moi, ni Aura ne n'avons besoin de ça. Je veux juste te demander de ne pas propager cette idée farfelue. » Weiss le regarda avec l’avidité d’une enfant qui avait trouvé un nouveau jouet. C’en était presque touchant, l’attention avec laquelle il était venu la voir pour ne pas propager cette rumeur. Mais qu’espérait-il trouver ici autre qu’un adiutor ennuyé prêt à tout pour se divertir. Heureusement pour lui, Weiss ne s’intéressait très peu aux ragots (même ceux la concernant). « Tu dois avoir beaucoup de chance d’avoir une adiutor que tu peux te taper. Parce que sinon elle est inutile, soyons honnêtes. Elle aurait dû m’empêcher de te frapper mais apparemment la seule protection dont tu as besoin est en latex. » Elle ricana comme une adolescente puis fit mine de bâiller pour lui montrer que le sujet était si peu passionnant qu’il ne méritait même pas qu’on s’y intéresse. Elle aussi était accusée d’entretenir une relation si peu anodine avec sa maîtresse mais sa réputation était tellement tâchée que rien d’autre que l’ignorance ne pouvait la nettoyer. « Tu penses être le premier maître à coucher avec son adiutor ? Rassure-toi, j’en ai vu d’autres avant toi. Ou peut-être que c’est si choquant parce que tu es un Wheatdrop ? » Elle esquissa un autre sourire, à pleine dents cette fois-ci. Sa journée s’annonçait plus amusante en sa compagnie qu’à peigner les cheveux d’Isaure pour une énième sortie politique.

Sujet: Re: L'ombre sur le mur (Weiss & Beathan) Mer 11 Oct 2017 - 21:20

Ses mots l’abasourdissent, lui claque la conscience au sol, principes bafoués, mensonge évident, faiblesse mise au grand jour. Tout cela il s’en fout désormais, parce qu’elle a osé s’en prendre à Aura, parce qu’elle insinue qu’elle n’est rien de plus qu’un bout de chair dont on profite, parce qu’elle insulte celle qui lui impose la vie jour après jour. Beathan n’est qu’une bête traquée, enfermée, piégée dans une battue inévitable. Affolé, enfermé, il ne supporte pas ce qu’elle insinue de celle qui le maintien en vie, ils ne sont pas ça, ils sont plus, au diable le nom, la noblesse, il s’en fout à cet instant précis où sa nature réelle dépasse le masque. « Que mon nom brûle s’il le fait, mais ferme là. » Un ordre au ton posé, les habitudes ont la vie dure, donnant tout ce qu’il a pour préserver sa face calme, il ne peut s’empêcher de soulever ce centimètre de terre d’un geste rapide, à peine agressif ce qu’il faut pour rappeler qu’il est un maître de la terre. On ne le plie pas, on le brise dans le pire des cas, dans un fracas rappelant ses années de tensions, de retenues, les siècles de piété enfermée sous le sceau Wheatdrop qu’il porte à son tour.
Satanée couleur, satanée verte, il aurait suffi de modifier ses souvenirs, ses pensées grâce à Aura, c’est la moins pire des solutions. Là, il veut la tuer en sachant qu’il ne peut pas, bien trop faible, le petit noble sait pertinemment qu’il n’a pas le pouvoir ici, mais elle ne connaît pas son incapacité à se battre avec la terre, encore que ça pourrait changer dans ce contexte. Les rebondissements arrivent fréquemment avec un Eartanerien enragé.
« Nous ne sommes pas comme ça. Ce n’est pas cela dont’il se passe. Cesse de croire tout comprendre » Il avoue sans le dire, la colère se lit dans ses yeux, les crocs presque retroussés à la mode d’une bête, il n’est pas l'homme calme et posé habituel. Plus prompt à se défendre, il n’est pas complètement fou, il sait qu’il va devoir fuir si elle tente quoi que ce soit. « Dit encore un mot sur elle et je te tue » Seulement, il n’a plus rien à perdre, au mieux elle promet de ne rien dire sans garantie, au pire elle hurle ici et maintenant la vérité avec la certitude que les fameux couples sombres dans l’opprobre. Elle a fait cette erreur de calcul, à travers son regard sadique distingué qu’elle présente, signe distinctif qu’il reconnaît des enfants violents de la cuisinière d’antan, ses enfants mal élevés qui adoraient faire endurer la violence aux autres par plaisir ou jalousie. Un comportement qu’il a toujours repoussé loin de lui, un signe de faiblesse, d’humanité qui l’oblige à n’être qu’autre chose qu’humain, aujourd’hui il l’embrasse. « J’espère que tu es fière de toi. »

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Sujet: Re: L'ombre sur le mur (Weiss & Beathan)