intrigue i episode ii - fickle game (nala)

Cause I'm fast enough to get in trouble, and not fast enough to get away.
And I'm old enough to know I'll end up dying.
And not young enough to forget again.
It's all a fickle game.

Un vent mauvais s’était levé sur Aksana, un raz-de-marée d’effroi avait ankylosé le pays, ce dernier retenant son souffle face aux aumônes flétries que la couronne donnait à son peuple sous forme de répression. Se rongeant les sangs, redoutant l’heure où il lui faudrait faire la somme des souffles courts lui étant attribués, Naos préférait éviter ses responsabilités plutôt que d’affronter son reflet émacié dans le miroir. Déjà une barbe peu soignée de quelques jours lui rongeait les joues, le poil dru peu coutumier de l’adiutor irréprochable d’un prince aussi secoué que les autres par ces attentats. Les heures s’égrenaient lentement dans le sablier d’un univers que tous peinaient à comprendre à cet instant. Dans les rues, le gamin des petits riens affrontait les lamentations avec difficultés, les pourquoi psalmodiés en transe par les passants nouant en ses entrailles les poids de sa culpabilité. Il sentait peser sur son myocarde le poids de ces ancres le trainant sous la surface, ces doutes infestant sa carne au point qu’il ne puisse plus se défaire de la fange coulant en dedans. Les traits tirés par la fatigue, un bandage hâtivement noué autour de son crâne pour empêcher à son oreille blessée d’affronter trop de bruit, le Jagger avait perdu tout de cette superbe sempiternelle animant ce personnage qu’il aimait personnifier à défaut d’être. Passant la porte de l’auberge Firekiro, profitant du repos lui ayant été ordonné de prendre, il avait la volonté de noyer dans l’absinthe toutes ses pensées pour ne plus subir que le bruit de fond effacé d’un esprit embrumé. Exhortant le taulier de lui verser sa plus forte liqueur, le mêlé cherchait une stupeur qu’aucun alcool n’aurait pu lui offrir. Il savait que le calme reviendrait, que la tempête disparaîtrait au profit d’une embellie adoucissant le pourpre inquiet. En attendant de voir les membres de la ligue, s’assurer que tous les membres de l’armée de Pollux partageaient son doux sort, il savait ne pouvoir rien faire d’autre que faire passer le temps. Choppe en main, le brouhaha dissident de la taverne irritait le brun qui percevait mal les bruits de son oreille intacte. Forcé de se reposer sur ses autres sens, il observait silencieusement l’auberge de ses prunelles fatiguées, avalant sans douceur l’amertume liquide qu’il venait de se payer. Intrigué par l’ombre au tableau, la silhouette filiforme pressée dans un coin, le Jagger s’intéressa à l’anonyme perdu dans la foule. Membre indéniable de cette vague de corps semblant se mouvoir à l’unisson, la personne n’en était pas moins une ombre. Fort d’années d’entrainement, encore plus d’une décennie passée à redouter toutes et tous jusqu’à son ombre, il s’approcha de l’anonyme en évitant son champ visuel. Lorsqu’il reconnut la jeune femme, les traits de cette dernière lui rappelant vaguement une jeunesse oubliée quand il avait sacrifié tout de son insouciance, un sourire franc vint étirer ses lippes. Naos se laissa tomber sur le siège à côté de Lula plus qu’il ne sembla s’asseoir, fier de son effet. « Je t’aurais plus vite imaginée cachée au fond d’un trou que dans une taverne, mais c’est vrai que personne ne penserait à venir chercher qui que ce soit ici. » Puis, il en était à ne pas douter que la majorité des allées et venues de chacun étaient épiées avec le plus grand soin par les hommes et femmes à la solde des Oshun. Cela obligeait certainement l’Osanos à se terrer sous le nez de ses ennemis plutôt qu’à les fuir. Malgré lui, malgré cette partie rationnelle de sa conscience, le Jagger souhaitait aider sa cadette d’une quelconque façon. Il savait que ça risquait de lui retomber dessus, qu’on lui demanderait certainement comment sa sœur s’était rendue au festival ou pourquoi il était venu à se compromettre de la sorte. Peut-être souhaitait-il l’aider parce qu’elle lui rappelait Oona, peut-être qu’il voulait l’aider pour un peu contrebalancer son karma, à défaut de pouvoir sauver son âme. Naos avait conscience qu’à cet égard il n’y avait plus aucun espoir de salut. Ouvrant la bouche pour offrir cette aide qui pourrait s’avérer si précieuse à la maître de l’eau, que la porte s’ouvrait en un fracas monstre. Les sens bien trop en alerte, le brun se redressa d’un bond alors que la Garde Royale se déversait dans l’auberge, secouant les naufragés ivres sur leur passage, matraquant les ivrognes impertinents avant de s’amasser au centre de la bâtisse. Le capharnaüm bon enfant avait laissé place à un silence pesant alors que les gardes réduisaient au silence les cris à grand renfort de coups. Les prunelles inquiétées, Naos posa son regard sur Lula avant de contempler à nouveau le spectacle. Esquissant un pas vers un des gardes, ce dernier sembla méprendre le mouvement du mêlé, ne prenant pas la peine de sommer ce dernier de reculer que déjà il le repoussait violemment contre un mur. « Doucement, doucement. Je voulais juste parler. » Tentant de se débattre sous la prise du garde, le Jagger ne put retenir l’irritation que ce traitement lui faisait ressentir lui qui avait passé son enfance à cracher à la gueule de ces esclaves en armure. « C’est bon, tu peux me lâcher ! »

Intrigue I Episode II:

naos & lula
(intrigue i épisode ii) fickle game.

Les prunelles rivées sur le verre qu’elle venait de commander, Lula faisait le point sur le périple qu’était sa vie. Autrefois si paisible, si tranquille et maintenant si mouvementée. Se cacher, elle détestait ça. Rester terrer dans le qg de la résistance, elle détestait ça aussi. En fait, elle détestait sa vie, tout simplement. Depuis le festival d’été, elle avait été obligée de se montrer prudente, de ne pas trop sortir pour ne pas attirer l’attention. Les contrôles et les fouilles avaient été amplifiés suite aux carnages du festival. Heureusement qu’elle s’en était sortie, grâce à Atalante. Penser à sa tante lui faisait mal au cœur, elle revoyait encore les gardes l’emmener et se voyait elle, impuissante. Le sacrifice de sa tante ne restera pas impunie, la princesse poursuivra les gardes qui l’ont fait prisonnière jusqu’à sa mort s’il le faut. Qui sait ce qu’elle était en train de subir ? La torturait-il ? Sans doute. Elle secouait la tête pour ne plus penser à tout cela. La Osanos était sortie du qg en douce, sans son adiutor, sans prévenir personne pour éviter les regards glacials des membres de sa famille et pour oublier la culpabilité qu’elle ressentait, les remords qui la rongeaient jusqu’à la moelle. Discrètement, elle avait longé les murs jusqu’à l’auberge de Firekiro pour noyer sa douleur, son chagrin. Elle avait beau secouer la tête et avaler le liquide doré, sa culpabilité était toujours là. Interrompant le fils de ses pensées, un inconnu se laissait tomber sur siège à côté d’elle. Elle sursaute et lui adresse un regard noir. Qui peut bien la déranger ? Elle se tourne vers lui, le scrute avec ses yeux bleu océan. Non, ce n’est pas un inconnu, mais une personne qu’elle considère comme un ami. Naos. Elle se rappelle bien de ce qu’il a fait. Il l’a sauvé lorsqu’ils sont sortis de sous les décombres lors du festival. Sans lui, elle y aurait peut-être laissé sa peau. Son regard s'adoucit, elle lui rend son sourire. « Je ne suis pas du genre à me cacher dans un trou, et tu connais le dicton : Le meilleur moyen de se cacher de son ennemi, c’est d’être caché sous son nez. » Elle marque une pause quelques instants. « De toutes façons, je ne pense pas que l’Impératrice mette les pieds dans cette auberge, ou qu’elle envoie des hommes par ici. » A peine avait-elle terminée sa phrase que la porte de l’auberge s’ouvrit dans un fracas et laisse entrer la Garde Royale. Lula pince ses lippes, ravalent ses paroles qu’elle avait dites en étant certaines que personne ne viendrait la chercher ici. Les matraques sorties, les gardes interrogent les ivrognes les plus proches. Son palpitant tambourine dans sa poitrine, c’était comme s’il allait briser sa cage thoracique pour s’extirper de sa poitrine. Ses yeux se posent sur Naos, qui se redresse. La détresse se lit dans son regard, elle a peur, la princesse. Elle tente de le cacher, elle essaie d’avoir l’air d’une simple femme, d’une bronze venue ici pour boire un verre. Peut-être pourrait-elle à nouveau se faire passer pour quelqu’un qu’elle n’est pas ? Elle cherche, son cerveau bouillonne pour trouver une idée pour se sortir de là, pour qu’ils sortent tous les deux d’ici en vie. Un silence de mort régnait dans la pièce, renforçant le sentiment de panique de Lula. Elle expire, elle inspire. Elle tente de se calmer. Elle croise le regard de Naos, qui semble aussi inquiet qu’elle. Ce dernier tente d’avancer vers le garde le plus proche, qui réagit plus vite que l’éclair et le repousse contre un mur. Naos clame qu’il ne cherche pas à se battre, qu’il voulait juste discuter. C’est bien là le problème. Discuter, ils ne savent pas faire. L’armée des Oshuns, de l’Impératrice ne sont que de sanguinaires soldats qui exécutent les ordres sans poser de questions. Lula serre les poings. Elle veut l’aider, elle veut riposter, mais elle ne peut pas. A deux contre la Garde Royale, ils n’ont aucune chance. La violence n’était pas la solution dans ce cas précis. Ainsi, aussi doucement que possible, elle lève les bras en signe de paix, avant de faire vibrer ses cordes vocals. « S’il vous plait, lachez le. Nous ne sommes que de simples amis buvant un verre dans une auberge, nous ne faisons rien de mal. » Sa voix est douce, mielleuse même. Lula n’avait pratiquement jamais parlé ainsi. Ordinairement, sa voix sonnait plus dur, son ton était glacial. En ouvrant la bouche pour délivrer Naos de l’emprise des gardes, elle avait attiré l’attention sur elle. Son palpitant bat toujours aussi rapidement, ses poings sont toujours serrés et ses ongles commencent à s’enfoncer dans ses paumes de mains. Elle tente d’avoir l’air parfaitement sereine, parfaitement normal. Le garde émet un grognement indéchiffrable avant de lâcher le mêlé, il bombe le torse, fier de sa personne et s’avance vers elle. Elle déglutit, mais son regard reste ancré dans celui du garde, elle ne baisse pas les yeux et garde la tête haute. Elle ne doit pas flancher maintenant. Un sourire mauvais s'affiche sur le visage de l'homme en face d'elle. « Nous ne faisons qu'un simple contrôle. Déclines ton identité, petite. » Dans son esprit, tout est embrouillé. Elle ne sait pas quoi dire, ni quoi faire, elle n’arrive pas à assembler les pièces du puzzle qui lui permettront de sortir d’ici en vie. Paniquée, elle adresse un regard à Naos. Il est son dernier espoir désormais.

Cause I'm fast enough to get in trouble, and not fast enough to get away.
And I'm old enough to know I'll end up dying.
And not young enough to forget again.
It's all a fickle game.

Naos n’était pas un bon juge de caractère, il ne l’avait jamais été. Comme son statut le laissait à penser, le brun tendait à suivre les ordres et se faire bouclier des gens qu’il désirait protéger. S’il était le cœur, s’il était les poings, le brun n’avait jamais été le cerveau, trop impulsif et peu consciencieux que pour espérer porter ce flambeau-là. Pourtant, un sourire aisé aux lèvres, légèrement avachi sur la chaise à côté de l’Osanos, il trouvait chez la jeune femme une douceur qui arrivait à passer ses craintes sous silence. La chope à la main, noyant chacun des déboires dont ils ne souhaitaient certainement pas parler, ils devaient ressembler à deux ivrognes s’étant découverts dans l’obscurité. La réalité n’était pas si lointaine, l’adiutor du prince et la fugitive découvrant l’autre au plus sombre des flots. Prêt à rétorquer une phrase bien sentie sur la possibilité que l’Impératrice puisse gracier cette piètre bicoque de sa présence, le Jagger fut interrompu par la Garde Royale. À peine le bruit de leurs talons sur les pavés se fit entendre que le temps sembla s’arrêter, le mêlé sentant rompre en lui un effroi sans âge s’échappant du plus profond de son thorax. Il était des peurs que le gamin des rues n’avait jamais véritablement oublié, des images qu’il gardait pour lui et qu’il redoutait toujours avec autant de hargne. Pris de court par un des gardes plus nerveux que les autres, Naos se laissa faire face à l’homme qui le repoussait virulemment contre un mur. La mâchoire écrasée contre la pierre, le bras droit tordu dans son dos, le bleu pouvait sentir l’irritation doucement consumer ses veines alors que l’autre refusait de le lâcher. Se secouant sans force, espérant que le garde cesse de le tourmenter de la sorte, il se rappelait les traitements injustes de son enfance, ces pauvres ivrognes exsangues qu’on exhortait de cracher quelques pièces qu’aucun ne possédait. Il se souvenait de ces esclaves sans nom, caché sous la toison de leur nation, n’ayant d’autres mots à la bouche que les précieuses palabres qu’on leur avait répétés tant de fois qu’il ne restait que du vide sous leur crane à part ça. Inspirant longuement, ses poumons imprégnés de cette rage ne demandant qu’à s’échapper de son poing serré, il s’apprêtait à mordre l’animal. Il s’apprêtait à lacérer ceux sur son passage malgré son statut, malgré son nom. Il s’apprêtait à exploser lui qui avait pourtant réussi à ne pas céder jusqu’à cet instant, tenant la farce qu’était sa vie à deux mains pour que jamais ne cesse la mascarade. Sentant les poils s’hérisser le long de son échine, il posa ses prunelles vers Lula avant que le chaos ne s’abatte. Toutefois, celle-ci ne lui laissa pas le temps d’en placer une, soufflant sur les décombres de sa colère alors que de ses mots elle cherchait à défaire les nœuds de cette situation bien trop compliquée. Même s’il voyait toujours rouge, Naos savait qu’il était dans son intérêt de disparaître sans un bruit, sans un dernier cri au lieu de taper dans la fourmilière et observer la haine ravager les rues de Flamaerin alors que les gardes s’abandonnant dans une chasse aux sorcières. Lâchant un soupire, ses prunelles sombres semblèrent s’enflammer de haine alors qu’il pose ses yeux sur son agresseur, ce dernier approchant la maître de l’eau avec un intérêt renouvelé. Les sourcils froncés, contemplant la scène sans savoir que faire pour éviter les questions inévitables, il observait le prédateur s’approcher de sa proie avec une jouissance écœurante. La question fendit l’air avec autant de violence que le couperet fauchant la nuque du condamné. À cet instant, le Jagger pouvait sans mal imaginer la potence pour la jeune femme et une peine infinie pour lui, prisonnier des geôles flétries du Palais des Flammes. Captant les prunelles inquiètes de sa cadette, il ne résista pas à cet appel à l’aide passé sous silence pour ne pas inquiéter les gardes. Malgré les prunelles irritées du reste des hommes présents pour contrôler leurs identités, le mêlé osa s’approcher de son amie, soulevant sa manche pour montrer le bracelet bleu. « Si on me laissait en placer une au lieu de m’obliger à la boucler peut-être que vous pourriez faire votre contrôle d’identité en paix. » Clairement irrité, le brun s’arrêta une seconde, hésitant quant à la suite des évènements. S’il osait défier la couronne, s’en prendre aux gardes peut-être pourrait-ils espérer s’en sortir en un seul morceau. Néanmoins, si ne serait-ce qu’une personne présente venait à se souvenir de ses traits, il se verrait confronter au passage à néant de tous ses efforts. Des années d’oubli de soi passé sous silence alors que ne lui resterait que le carmin de ses fautes pour lui rappeler son labeur. « C’est une lambda, son maître à ses papiers. On vient de la capitale et on était là pour le festival d’été. » Le cœur battant au rythme des tambours d’une lutte qui ne semblait avoir de fin, Naos fourra une main dans sa poche alors que le garde le regardait avec une suspicion grandissante. « On était au festival et on a plus de blessure qu’il n’en faut pour le prouver. On est des gens simples qui ne cherchent pas les problèmes. » Le regard posé sur le garde, jaugeant ce dernier de toute sa stature, le Jagger n’avait pas l’air si inoffensif que cela. Ce que l’autre sembla remarquer, ce dernier s’approchant encore plus de Lula en observant le mêlé. « Ca c’est à moi d’en juger. Maintenant, j’aimerais bien entendre la petite lambda parler. » Un sourire mauvais étirait les lippes trop fines du garde, celui-ci prenant un malin plaisir à s’infiltrer dans l’espace personnel de l’Osanos, faisant volontairement ressentir à Naos son impuissance dans leur situation. Il aurait pu crier haut et fort qu’il était l’adiutor du prince, souffler son nom à toutes les oreilles que ça ne les aurait pas tirés d’affaire. Puis, comment justifierait-il cette incartade ? Lui, un mêlé si haut placé mettant sa chair aux enchères pour une simple lambda. Les yeux plantés dans ceux de Lula, il l’enjoignait de soutenir cette mascarade, détournant son regard presque aussitôt afin d’envisager leurs issues de secours.

naos & lula
(intrigue i épisode ii) fickle game.

Elle ne faisait que regarder, elle n’intervenait pas avant quelques secondes. Comme si l’’image du visage de Naos plaquée contre la pierre froide du Firekiro s’imprimait dans sa mémoire pour rester graver à jamais. Imbéciles de gardes. Ne savaient-ils rien résoudre par la non-violence ? L’Impératrice leur avait-elle lavé le cerveau pendant leurs entrainements pour qu’ils ne restent plus que des machines bourrues ? Les poings de la Osanos se serrent, elle est crispée. Les mots s’échappent de sa bouche sans qu’elle ne s’en rende réellement compte. Elle venait de lui demander de lâcher son ami, elle venait d’attirer l’attention sur elle et par conséquent, elle allait devoir inventer toute une histoire concernant sa présence ici. Lorsque l’un des gardes s’approche, elle ne baisse pas la tête, ses prunelles bleutés restent ancrées dans celles de l’homme en face d’elle. Son palpitant bat vite, trop vite, mais elle tente de ne pas laisser les battements l’embrouiller. Il faut qu’elle réfléchisse, rapidement. La question qu’il finit par poser lui fait l’effet d’une douche froide, d’une gifle qu’elle savait qu’elle allait recevoir sans vraiment se douter du moment où on lui infligerait cela. Un contrôle d’identité, comme au festival. La dernière fois, Naos était intervenu. Elle l’avait vu en s’enfuyant, il discutait avec les gardes en la regardant, en lui trouvant une excuse. Cette fois encore, il allait devoir intervenir. Lula était complètement paralysée, seuls ses yeux lancés des éclairs. C’est comme si son corps ne lui obéissait plus, comme si les mots ne voulaient pas sortir de sa bouche. Et pour dire quoi de toute façon ? Aucune excuse, aucun nom ne lui venait à l’esprit. Elle était incapable d’assembler des mots pour construire une phrase. A cet instant précis, elle se sentait idiote et incapable. Le seul mouvement qu’elle fut capable de faire, c’est d’adresser un regard à Naos, qui encore une fois venait la sauver. Il se rapprochait d’elle, montrant son bracelet aux gardes affichant un air irrité et renfrogné. Une lambda. Elle regardait Naos, prise au dépourvu. Elle s’attendait à ce qu’il la fasse passer pour un membre de sa famille ou un quelconque autre maitre, mais pas une lambda. Lula prônait l’égalité des sangs, l’égalité entre les maitres, les mêlés et les lambdas, et elle était tout de même surprise. Une telle réaction venant de sa part l’énervait intérieurement. Elle pestait silencieusement contre elle-même en essayant de feindre sa surprise. Cependant, son excuse est plausible, mais les gardes se montrent méfiants. Peut-être sont-ils plus intelligents qu’ils en ont l’air finalement? « Ca c’est à moi d’en juger. Maintenant, j’aimerais bien entendre la petite lambda parler. » Le ton qu’il emploie fait frissonner Lula. Elle aurait envie de se terrer dans un coin et ne plus bouger jusqu’à ce que tout cela soit terminé, mais elle ne peut pas. Ses yeux quittent les prunelles de Naos avant d’atterrir dans les sombres yeux du garde. Il faut qu’elle résiste, qu’elle affronte ses craintes comme elle l’a toujours fait. Elle se déglutit, puis se racle la gorge en toussotant. Il faut qu’elle ait l’air crédible, elle se doit de l’être. Lorsqu’elle voit le sourire mauvais qu’affiche cet homme, elle doit se faire violence pour ne pas lui en coller une. Ce sadique prend un malin plaisir à les questionner. Prendre un air renfrogné et irrité s’avère moins difficile qu’elle ne l’aurait cru. « Que voulez-vous que je vous dise de plus ? Il a déjà mentionné le fait que j’étais une lambda et que mon maître avait gardé mes papiers. » Ses yeux lancent à nouveau des éclairs. Elle est à la fois terrifiée et énervée face à une telle personne. « Tu m’as l’air peu frêle pour une lambda. Et même si tes vêtements ne sont pas des plus beaux, ils ne sont pas misérables comme ceux que portent les lambdas. » Elle soupire. Encore un qui pensent les lambdas inférieurs, qui les considèrent comme des misérables. Elle a envie de lui cracher au visage, mais ne fait rien. Elle ne répond pas non plus. Elle se contente de regarder le garde et attend. Il jette un regard au mêlé avant de reporter son attention sur la Osanos. « Je ne sais pas qui vous êtes, mais vous devez être d’une grande valeur si vous mentez sur votre identité. » Il est si près d’elle qu’elle peut sentir son haleine de chacal lorsqu’il s’adresse à elle. Naos n’avait pas menti sur la sienne, il n’avait simplement pas dit son nom. Son palpitant s’accélère, sa respiration commence a être de plus en plus saccadée. Elle tente de ne pas le montrer, mais ça devient de plus en plus difficile. Ca y est, les gardes ont compris qu’ils étaient importants et ils vont les emmener au Palais. L’homme se retourne et s’adresse à la cavalerie qui est restée à l’entrée du Firekiro. « Hé ! Venez par ici, on va les embarquer. On verra ce qu’ils auront à dire devant sa Majesté. » Sa mâchoire se crispe suite à ses dernières paroles, elle ne peut rien dire. D’habitude, elle se montre beaucoup plus spontanée, plus dynamique, mais elle a peur. Peur de mourir. Elle sait parfaitement que les membres de la résistance ont pour obligation de se trancher la gorge lorsqu’ils sont capturés. Et elle ne veut pas mourir, elle ne veut pas se tuer, elle veut continuer de se battre jusqu’à son dernier souffle. Elle voudrait s’enfuir, courir à perte d’haleine avec Naos pour aller le plus loin possible d’ici. Malheureusement, elle est tétanisée à l’idée d’être fait prisonnière comme sa tante et ravagée par la colère en même temps. Duel intérieur qui l’empêche de bouger. Et puis, même si l'histoire de Naos était un véritable échec, elle voulait rester un minimum convaincante et jouer la lambda apeurée. Son regard se porte sur Naos, le regard encore plus paniqué que quelques instants auparavant, si c'est possible. Elle se dit que c’est fini, qu’ils n’ont plus aucune chance de sortir d’ici vivants.

Cause I'm fast enough to get in trouble, and not fast enough to get away.
And I'm old enough to know I'll end up dying.
And not young enough to forget again.
It's all a fickle game.

Tout instant était une lutte pour les individus de l’étoffe du Jagger. Un combat permanent pour conserver l’équilibre du monde rien qu’un instant de plus, porter plus longuement cette mascarade à même les épaules et espérer tromper l’univers jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien sous l’étoffe de ses mensonges. Leur situation était précoce, le mêlé redoutant de n’avoir plus de carte à jouer dans ce tour de force si brutalement asséné par la couronne. Naos pouvait sentir ses poils se hérisser le long de son échine alors que le garde s’approchait de Lula en se gorgeant du maigre pouvant ayant été placé entre ses mains. Les poings serrés, se retenant de faire une plus grande scène que ce n’était déjà le cas, il quitta les prunelles de l’Osanos pour observer l’assemblée de poivrot passé au crible. La majorité des naufragés étaient déjà trop imbibés par la stupeur de leurs ambres que pour lutter contre les gardes zélés n’hésitant pas à offrir quelques coups tout en leur arrachant des aveux qu’ils ne possédaient pas. La bile remontait le long de la gorge du brun alors que ce dernier se faisait violence pour ne pas sauter à la gorge du premier venu. Lui qui avait passé sa vie à défendre la couronne, en oubliant la réalité du carmin réchauffant ses veines, jamais il n’avait pleinement oublié l’horreur et l’effroi que ces oiseaux de malheur menaient à toute porte. Sous la peur et les doutes, personne n’était sain et sauf à Aksana. Surtout pas l’adiutor de l’héritier, celui-ci même qui fantasmait la chute de cette famille dans son entièreté.
Les palabres soufflées par la maître de l’eau ressemblaient à des bouteilles lancées à la mer. Rien de plus que des mots oubliés qui feraient le tour de la terre sans jamais atteindre leur destinataire. L’homme jeta un regard dégouté à l’Osanos, jugeant d’un coup d’œil la tenue de celle qu’il imaginait d’inférieure naissance. Il ne se doutait pas que sous la sueur et la suie se cachait quelqu’un de plus haute descendance qu’eux tous réunis. Il ne voyait rien si ce n’était son dégout pour les humains et le plaisir à peine dissimulé qu’il prenait à torturer les deux égarés sur son chemin. Les mots du garde réveillèrent chez le Jagger une rage sur laquelle il ne sut jamais poser de muselière. Cette haine qu’il ressentait vis-à-vis du monde et de l’univers de l’avoir fait imparfait quand de sa sœur ils avaient fait un jouet. Rien de plus qu’une femme enfant portée par les vents, forcés de se plier au gré des doigts d’un maître lui rompant les os sous le poids des tâches lui étant imposées. Le fiel dégoulinant de ses lèvres entrouvertes sous le choc, le mêlé sentait ses poings trembler alors qu’il se consumait sous le besoin qu’il avait de s’user les phalanges. Les prochaines paroles du garde semblèrent délasser quelque chose dans le buste de l’homme, ce dernier observant la porte d’entrée et le reste de leur bataillon pressé à l’entrée en attendant leurs ordres. L’ensemble de la garde réunie était une force de frappe trop puissante pour lui, peu importait à quel point le Jagger pouvait être bon, ce dernier n’était pas divin. Il connaissait la limite de sa force et surtout la limite de ses poings. Il savait ne pouvoir se sortir de cette situation à l’aide seule de sa rage, mais ne doutait pas une seconde que la solution soit moins alambiquée qu’il n’y paraissait.
Ses yeux cherchèrent un instant le regard de Lula dans une vaine tentative de la rassurer. Si le chaos devait s’abattre sur l’auberge, il voulait juste lui promettre qu’il l’arracherait à la mêlée. Si pas par obligation, en l’honneur de cette sœur que d’autres avaient sauvée quand lui n’avait pas été là pour la protéger. C’est alors que le glas sembla sonner, le garde s’amusant ostensiblement de son rôle et du destin tragique des pauvres égarés qu’il allait offrir en pâture aux lions. Naos eut à peine le temps de s’approcher de Lula que déjà les hommes de pierre à la porte semblèrent finalement se mouvoir dans un même élan. Pris de court, il arqua un mouvement en direction de la porte, insufflant toute sa volonté au bout de ses doigts alors que l’entrée de la bâtisse se refermait sur des soldats médusés. Les hommes déjà à l’intérieur de l’auberge se tournèrent immédiatement vers le mêlé et sa compagne de mauvaises. « Qu’est-ce que… » Avec un plaisir nonchalamment affiché, ses lippes retroussées telle la gueule béante d’un animal montrant les crocs, il écrasa son poing droit dans le nez du garde, le faisant enfin taire. Son bras toujours tendu vers la porte, maintenant le reste des lions hors de la taverne, Naos attrapa le col de l’homme avant de dire : « Si tu touches à un seul cheveu de ma sœur, une lambda si bien vêtue, ils ne retrouveront rien de ta carcasse quand j’en aurais fini avec toi. » « Tu seras exécuté pour ton impudence ! » Un rire mauvais s’échappa des lippes entrouvertes du Jagger, ce dernier lâchant le garde alors que deux autres le plaquaient au mur. La porte s’ouvrit finalement en un craquement sec à l’instant même où l’auberge cédait sous les talons d’une garde royale enragée d’avoir été ainsi dupée. Deux hommes le maintenant contre un mur, le garde zélé les tourmentant depuis son arrivée s’approcha le nez en sang alors qu’il enjoignait à d’autres d’attraper Lula. « Je vais te faire regretter tes menaces, saloperie de mêlé ! » Le premier coup qu’il reçut le faucha en plein plexus solaire, troublant son souffle alors que ses poumons se soulevaient douloureusement. Haletant comme un animal blessé, les yeux levés vers le plafond, il cherchait à retrouver son souffle alors qu’une seconde salve de coups le fauchait dans les côtes. « Tu vas perdre ta tête pour avoir osé t’attaquer à l’adiutor du prince. » Cracha le Jagger au visage de son bourreau entre deux inspirations troublées. Contre toute attente, le poing du garde s’immobilisa alors qu’il observait la brune en s’interrogeant sur la signification des propos du poivrot pendu au mur. « La lambda s’appelle Oona Jagger, même mère, un père différent. Ce qui fait de moi Naos Jagger et de toi quelqu’un de vraiment trop con. » La voix encore un fil ténu s’échappant de ses lippes, Naos reprenait son souffle avec difficulté suite aux coups lui ayant enfoncé plus encore les côtes. Les prunelles se posant avec naturel sur la silhouette de sa sœur d’un instant, il lui offrit un sourire défait plus amoché qu’il ne voulait bien le laisser entendre.

Sujet: Re: intrigue i episode ii - fickle game (nala) Sam 16 Sep 2017 - 13:08

naos & lula
(intrigue i épisode ii) fickle game.

Les yeux du Jagger tentaient vainement de rassurer l’Osanos. Son cœur battait à tout rompre à l’idée d’être emmené au Palais, devant l’Impératrice. Cela n’arriverait jamais, puisque Lula devrait se trancher la gorge avant. Se trancher la gorge. Elle frissonnait à cette idée. En était-elle vraiment capable ? Etait-elle assez courageuse ? Un mouvement sur le côté, celui des hommes en train de se rapprocher, attirait son regard. Ils arrivaient, ils obéissaient à leur chef pour s’emparer d’eux et les emmener tout droit dans la gueule du loup. Son premier réflexe fut de reculait, mettant un peu plus de distance entre le garde à l’haleine de chacal et elle. Lorsque les portes se fermèrent brusquement pour empêcher les gardes d’entrer, Lula sursautait. Naos. Il était un bleu, il pouvait faire ça. Un faible sourire naissait sur les lèvres de la jeune femme, voyant que Naos commençait à mieux contrôler la situation. Elle suivait ses gestes du regard, chaque coup qu’il portait au garde était un gain de temps pour elle. Peut-être avait-il une chance de s’en sortir ? Peut être. Elle, elle ne pouvait rien faire. Il n’y avait pas d’eau dans l’auberge, sauf si par miracle elle arrivait à atteindre sa gourde, tombée sous la chaise où elle était assisse quelques instants plus tôt. Elle se retournait, histoire de chercher sa gourde tandis que le Mêlée clouait l’homme contre le mur, prétendant que Lula était sa sœur. Il fallait qu’elle se dépêche, elle n’avait plus beaucoup de temps. Et c’est là qu’elle vit cette foutue gourde. Dans un bruit sourd, la porte s’ouvrait laissant entrer des hommes armés et Lula s’empressait de plonger pour récupérer l’objet qui pourrait lui sauver la vie. Elle s’emparait d’elle, la dissimuler sous son gilet et s’empressait de se relever comme si de rien était. Personne ne l’avait vue. Le Jagger était trop occupée avec le garde, ce dernier était trop en colère pour voir plus loin que le bout de son nez. Deux hommes plaquèrent alors Naos contre un autre mur pour le maintenir. Le rictus qu’affichait le chef était mauvais à présent que le mêlé ne le frappait plus. Il ordonnait au garde de saisir Lula, de l’immobiliser. Elle n’eut pas le temps de réagir qu’ils étaient déjà derrière elle, lui tenant fermement les mains et les épaules. Impuissante, voilà comment elle se sentait. Alors le garde fit la seule chose qu’il savait faire pour se défendre, pour se venger d’avoir été frappé par le Bleu. « Non ! » Criait Lula presque implorante. Elle ne le connaissait pas bien, ce Naos, mais elle en savait assez sur lui pour savoir qu’il était un homme bien et qu’il avait de l’honneur. Jamais il ne la laisserait se faire capturer, elle le savait. Elle en était convaincue jusqu’à ce qu’il dise être l’adiutor du prince. Le cœur de l’Osanos loupait un battement. L’adiutor du Prince ? De Cal Oshun ? La certitude qu’elle éprouvait quelques instants auparavant s’était vite envolée. Pourquoi l’adiutor du Prince l’aidait elle ? Il aurait mieux fait d’aider les soldats à la capturer, à l’emmener voir l’Impératrice et son maitre, le Prince. Il aurait surement gagné un bon prix. Les paroles du Jagger interpelèrent le garde, puisqu’il s’immobilisait, ne lui affligeant pas le prochain coup qui lui était destiné. Personne ne disait rien, tout le monde retenait son souffle. Même Lula le regardait, le regard plein de surprise et d’incompréhension. C’était peut être fini. Son regard passait de Naos à son bourreau, attendant le verdict. « L’adiutor du Prince… » Répétait-il sous la surprise. Il reculait, à la fois surpris et mal à l’aise. Il ouvrit la bouche, mais rien ne sortait. Il ne savait pas quoi dire, bien trop sous le choc. Reprenant ses esprits, ne voulant pas admettre s’être trompé, avoir été un con de première, il tentait de rester fier et les laisser simplement s’échapper. « Bien. Vous pouvez partir, pour cette fois. » Lula écarquillait les yeux. Ils les laissaient partir sans faire plus de vague. Miracle auquel elle n’avait plus cru. Elle s’empressait de rejoindre Naos, lui passant le bras par dessus son épaule pour le soutenir et l’aider à marcher. Elle ne regardait pas le garde, ne voulant pas qu’il la reconnaisse au dernier moment. Elle avançait avec difficulté, Naos accrochait à elle jusqu’à la sortie tandis que les gardes reportaient leurs attentions sur des ivrognes. La lumière du jour frappait les prunelles de l’Osanos en plein fouet, elle plissait les yeux pour voir quelques choses et pour pouvoir continuer à avancer. Le poids du Jagger la ralentissait, mais peu importe. Ils n’avaient pas besoin de fuir pour l’instant. « Tu es vraiment incroyable, tu sais ça ? » Un sourire naissait sur ses lèvres, elle était tellement contente d’être sortie de la vivante et à ses côtés. Un petit rire s'échappait de ses lippes, elle était soulagée. Lorsqu’ils furent à quelques mètres de l’auberge, assez loin pour que les gardes ne les voient plus, Lula posait délicatement Naos sur le sol. Elle s’agenouillait en face de lui et sortait sa gourde. « Tiens, bois-en une gorgée. » cela lui ferait le plus grand bien. Elle était consciente qu’elle lui donnait une partie de l’eau qui lui pourrait lui servir d’arme, mais elle était redevable envers Naos. Sans lui, elle serait surement morte ou pire, prisonnière et dans un cachot du Palais. Néanmoins, malgré la confiance aveugle et inexplicable qu’elle avait envers le Bleu, une question lui brulait la langue. « Pourquoi tu ne pas dénoncé ? » Elle marquait une pause, fixant les prunelles de Naos. « Je veux dire, tu es l’adiutor du Prince, tu aurais pu me faire arrêté dès que tu as su qui j’étais, lors du festival.» Sa relation avec Naos était plus ou moins étrange. Elle aurait du se montrer méfiante, comme on lui avait appris; ou être distante. Mais bizarrement, elle se sentait proche de lui et lui faisait confiance. Sans attendre, d'un geste totalement spontané et irréfléchi, elle s'avançait vers lui pour le prendre dans ses bras. « Merci Naos, merci.» Soufflait-elle en le serrant davantage. Et d'un coup, cela paru comme une évidence. Il lui rappelait Aymeric, le frère qu'elle aimait tant.

Sujet: Re: intrigue i episode ii - fickle game (nala) Dim 24 Sep 2017 - 0:54

Cause I'm fast enough to get in trouble, and not fast enough to get away.
And I'm old enough to know I'll end up dying.
And not young enough to forget again.
It's all a fickle game.
Le chaos régnait dans l’auberge comme un maître zélé. Rompant sur son passage les côtés du mêlé, le brouhaha incertain de la garde royale emplissait les oreilles du brun qui conservait tant bien que mal ses dernières cartes en main. Naos savait bien avoir déjà par trop de fois joué le tout pour le tout en sortant un joker de sa manche. Il n’était rien de plus qu’un fou posant sa nuque sous le fil incertain d’une épée de Damoclès prête à lui tomber dessus à tout instant. Pourtant, poussant l’oiseau de malheur lui faisant face à se perdre sous le poids de son propre orgueil aveuglant, il attisait le feu de sa rage. Cette rage qui consumait si bien le Palais des flammes, cette bâtisse dont les fondations semblaient reposer sur les cendres de temps d’espoirs sacrifiés. Ravalant la bile lui brûlant la trachée, le Jagger essuya les coups un instant de plus avant d’inverser subitement la balance des pouvoirs en présence. Les prunelles enragées, le souffle court à cause des coups essuyés, il observait son bourreau avec ire et dégout. En d’autres circonstances, le mêlé aurait exprimé l’ouragan que l’homme avait animé en son buste. Il l’aurait dévalé du salé de ses pensées amères, se déversant en salve brisée jusqu’à ce que ses phalanges s’ouvrent à la violence de ce corps à corps défait. Toutefois peu en état de défendre sa propre carcasse, l’échine encore pesée par la violence des attentats, il se mordit la joue jusqu’au sang pour ne pas s’évaporer en un soupir soulager et suspicieux.
Bien qu’il ne pensât pas en avoir besoin, qu’il refusait de l’admettre, Naos se laissa faire sous les doigts de Lula. Reposant une partie de son poids sur les épaules de la brune, il la laissa les trainer loin de l’ouragan à la recherche de l’embellie. Sous les prunelles méprisantes de l’adiutor du prince, les membres conspués de la garde royale détournaient le regard conscient de l’erreur du chien galeux leur servant de chef. Même s’il n’avait jamais voulu ressentir la moindre fierté face à ces chaines à ses poignets, le brun ne pouvait réprimer le plaisir coupable éclosant en son buste à voir ces clébards fuir la queue entre les jambes sous le simple effort de ses prunelles. Les rayons tièdes du soleil étaient un plaisir plus satisfaisant, les rétines du Jagger peinant à s’habituer à ceux-ci dans un premier temps avant que les ténèbres de la taverne n’abandonnent ses prunelles. « Je dois admettre que tu n’es pas la première personne à me le faire remarquer. » Un sourire taquin lui étirant les lèvres, il se laissa trainer un peu plus longuement avant que Lula ne s’arrête pour l’aider à s’asseoir. Refusant d’admettre que cet arrêt lui était nécessaire, il se contenta d’accepter la gourde de la brune avant d’avaler goulument une gorgée de son eau. Le récipient entre les doigts, le brun se concentrait sur son souffle, incapable d’ignorer la peine se dégageant toujours de son thorax violenté. Toutefois, les mots de l’Osanos l’arrachèrent à ses pensées, ses traits se crispant sous l’étonnement alors qu’il ne voyait définitivement pas où elle voulait en venir. Les propos emportés de la jeune femme arrachèrent un silence pesant au mêlé, ce dernier l’observant sans rien dire alors que les secondes s’égrenaient péniblement. Détournant le visage, il passa une main dans sa crinière d’ébène avant de laisser lui échapper un rire franc et étonné. « On va dire que je n’ai pas vraiment la même vision des choses que les individus que je suis forcé de protéger. Si tu ne l’avais pas déjà remarqué. » Et pourtant il se retrouvait incapable d’assener ce coup fatal nécessaire à faire tomber la pièce qui renverserait la partie.
Pris de court par les bras de la brune s’enroulant autour de lui comme une bâtisse se faisant foyer une fois les bonnes personnes installées en celle-ci, Naos lui rendit maladroitement son étreinte. Essuyant ses remerciements sans savoir que faire de ces mots qu’il peinait à porter lui qui ne pensait pas les mériter, il se prit à parler à l’Osanos comme il le faisait si souvent avec Oona. Personnage comique déchiré entre ronchonnerie et instinct paternel mal assumé : « Pour me remercier tu pourrais essayer de rester loin des problèmes plus de deux secondes d’affiler. Ça me ferait du bien de pas devoir te sauver les fesses en permanence. » Se défaisant sans plus de cérémonie de l’étreinte de Lula, il lui offrit un sourire plus tendre que ses mots faussement irrité avant d’ajouter : « File maintenant, ni toi ni moi n’avons intérêt à tenter notre chance là tout de suite. » Et sans rien de plus, ils se devaient de retourner à leurs propres vies. Lui, l’étoile filante forcée de graviter autour d’une famille descendant du soleil pendant qu’elle retournait à la mer.

THE END

Sujet: Re: intrigue i episode ii - fickle game (nala)