Ton précieux maître de la terre avait été pris tout au long de la journée. Le jeune ambassadeur avait enchaîné les réunions, dont une suffisamment importante pour qu'elle le garde durant de longue minute en compagnie de son cousin. Tu te doutais du sujet évoqué par les deux maîtres de la terre. Isaiah. Le jeune frère de ton double était sur toute les lèvres. Son ombre planait au dessus des membres de la famille Griffith, un fantôme qui les suivait à chacun des pas qu'il faisait, une douleur qui leur poignardait de cœur, au delà des apparences.  Même toi, tu t'en sentais bouleversé. Il fut un temps où les trois garçons traînaient ensemble, inséparable et lié. De part leur proximité, ils avaient forcé celle de leurs adiutor. Nahia était rentrée dans ta vie. Il était rentré dans ta vie... Et il en était sorti. Tu avais encore des difficultés à penser à lui sans éprouver une vague de colère et de douleur. le simple fait de prononcer son prénom ravivait les blessures de cette perte, ce deuil que tu n'avais pas encore réussi à surmonter. Tu te laissais submergée, bien trop souvent. Une inspiration profonde alors que tu t'éloignais du sac de frappe contre lequel tu t'acharnais. Les gouttes de sueur perlaient contre ta peau.  Tes mains venaient se poser contre tes hanches alors que tu prenais cette inspiration profonde, pour calquer ton souffle à un rythme plus régulier. Tu ne pouvais t'empêcher que le lien qui t'unissait à Adonis n'était pas une si mauvaise chose que cela. Rien ne pourrait t’arracher à lui, même pas la mort... Tu n'aurais pas à connaître l'horreur et la détresse d'avoir à vivre dans un monde où il n'existait plus. Son dernier souffle sera aussi ton dernier. Tu n'aurais pas à connaître ça... C'état déjà douloureux de vivre avec son absence, alors tu n'imaginais pas une seule seconde ce que celle de ton précieux maître te coûterait.  C'est là que tu l'as sentie, cette présence, familière et étrange à la fois. Nahia était tout ce qu'il restait de votre trio. Tu connaissais le bruit de ses pas, la façon qu'elle avait de se mouver. Tu te tournais avec lenteur vers elle, un sourire sur tes lèvres, un sourire qui s’éteignit en découvrant ses traits. Il y avait quelques choses. Tu le voyais. tu la connais suffisamment pour pouvoir déceler cela chez elle. Une moue dubitative, un sourcil qui se soulève en guise d'interrogatoire. Et finalement, les mots sortent de ta bouche. C'est aussi grave que cela en à l'air?

Un soupire qui vient fendre tes lèvres à sa révélation. Tu savais sans savoir. Un vulgaire accident te semblait faux. Peut être parce que tu n'acceptais pas la perspective qu'il vous ait été arraché sans une raison valable. C'était plus facile de pouvoir exhorté sa douleur sur un coupable. Tu la suis du regard. Tu lui prête une oreilles attentives, sans la couper. Ses mots réveillent inévitablement la douleur, mais aussi la crainte qui te poursuit depuis toujours. Etre inefficace dans la protection d'Adonis t'es insupportable.Tu t'entraînes, chaque jour un peu plus, pour que cette perspective n'arrive jamais. Tu te dois d'être infaillible, imbattable, insurmontable. Pas seulement parce que ta vie est reliée à la sienne, mais parce qu'il est amené à faire de grande chose, pour sa nation, pour Askana. Il est ce prince sans couronne, promis à un avenir certain. Tu finis par approcher d'elle, glisser ta main contre celle qui t'es tendue. Tes doigts se glissent naturellement entre les siens. Tu dévores la distance pour te retrouver face à elle, pour que tes yeux accroches les siens et qu'elle ne puisse plus les détourner. Cela n'arrivera pas, Nahia, tu es bien plus forte que tu ne le penses, bien plus forte qu'il ne l'était. Il n'y a rien d'irrespectueux là dedans, c'est une vérité, difficile à prononcé, mais une vérité tout de même. Vous aviez toujours su qu'il était le plus faible de vous trois. Tu laisses échapper un soupire. Encore. Lasse de cette douleur qui te poursuit à chacun des pas que tu fais. Tu pivotes, tu te places à côté d'elle, ton épaule contre la sienne, ton dos contre le mur. Tu ne lâche pas cette main que tu tiens précieusement. Tu sais ce qu'il compte faire pour les venger? Les venger. Douce ironie. Ce n'est pas eux qu'il venge, c'est lui, le maître, l'adiutor que vous avez connu sombre dans l'oubli, il est celui qui n'a pas été capable de protéger son maître. Quoi qu'il arrive, nous serons toujours là l'une pour l'autre. C'est tout ce qui importe. Si seulement tu savais à quel point tu te trompais... A quel point elle allait être amené à s'éloigner de toi. A quel point elle allait mettre sa vie en danger.

Tu étais accablée par la perte, mais pas par le geste, pas réellement du moins. Tu avais connu la violence bien avant d'entrer sur l’échiquier politique, tu avais goûter à la face sombre de l'humanité à tel point que ce genre d'injustice ne t'étonnait plus. L'homme t'avait déjà révélé sa véritable nature, il t'avait déjà montré son véritable visage, il t'avait déjà prouvé à quel point il pouvait être injuste. Cela ne t'ébranlait pas. Pas plus que le fait qu'il soit mort parce que son maître l'était. C'était le lot de chacun d'entre eux... A tes yeux, c'était l'ordre des choses, bien plus acceptable qu'un adiutor tombe à cause de son maître qu'un maître qui tombe à cause de son adiutor. C'était votre rôle, à vous, les protecteurs. Tu étais bien trop fidèle à la cause pour ne pas en connaître les risques. Ce qui était désolant, c'est que l'on oublie ce sang mêlé, comme si son existence n'avait pas la moindre importance... Et pourtant il en avait. Il était mort avec son maître, en le servant, il méritait les honneurs pour être tombé de cette façon. Tu ressentais la détresse de Nahia. tu ne supportais pas la savoir ainsi, mais tu ne parvenais pas à trouver les mots pour la sortir de cette torpeur. Poourquoi est-ce que cela faisait aussi mal? Tu n'en savais rien. peut-être parce que c'est cette douleur qui te distinguait des morts. Eux n'était plus capable de ressentir quoi que ce soit. Tu n'allais pas lui répondre cela. Non. Ce n'était pas ce dont elle avait besoin d'entendre. Tu serres sa main, délicatement, quelques pression de ton pouce contre sa paume, des caresses réconfortantes. Il n'y a pas de raisons pour que l'on soit séparé les uns des autres. Pas maintenant. Adonis va voukoir garder Isaak auprès de lui... Et pourtant où est Isaak, tu l'es aussi. Tu y croyais. Tu avais besoin d'y croire. Tu n'imaginais pas une seule seconde que l'on puisse lui demander de partir, loin, de toi, de lui, de vous. Mais ce n'était qu'une mêlée... On pensait rarement au mêlé. c'était la première fois de ta vie que tu ressentais une telle injustice. Comme si vos vies n'avaient de l'importance que parce qu'elle était liée à celle des maîtres. Un jour, on se réveillera et ça fera moins mal. Je ne penses pas que l'on puisse oublier, il y aura toujours le manque et l'absence, mais on apprendra à vivre avec cette douleur. On oublie jamais rien, on vit avec ces blessures, elles te forgent et te transforment, parfois, elles te rendent plus forte... Parce que tu connais la souffrance, tu sais ce que tu as à perdre et tu te bats encore plus fort pour garder ta vie telle qu'elle est.

Tu te perdais dans le fil de tes pensées. Sa présence apaisait les douleur de ton cœur. Tu avais l'impression d'être vide, cruellement vide. la douleur t'avait épuisée à tel point que tu te sentais incapable de ressentir quoi que ce soit.Tu n'avais jamais ressentis une douleur aussi vive. Ton cœur s'était déchiré au même moment que le sien. Deux souffrance qui éclatait à l'unisson, fulgurantes et dévastatrices. L'espace d'un instant, la détresse était si vive que tu ne parvenais plus à décelé la douleur de ton maître et de la tienne, elles se mêlaient et s'entremêlaient, trouant votre cœur. Il ne pourrait jamais cicatriser, pas complètement, la plaie était bien trop profonde pour pouvoir se refermer un jour. Après avoir été affligé par un mal aussi destructeur, toutes les émotions qui t'entouraient semblaient être dépourvue de saveur... presque inexistence. Tu avais l'impression d'être une carcasse, de ne plus arriver à être humaine, parce que les sentiments te laissait impassible, pas suffisamment forts pour couvrir l'intensité de ce que tu avais ressentis. Tu tenais la main de cet autre, cette seule autre qui te restait, sans te rendre compte que tu la serrais peut-être avec un peu trop de force. Jusqu'à ce que sa voix ne vienne t'extirper de tes songes. Tu n'eus pas l'occasion du répondre que le monde extérieur éclatait. Elle se redressait, sa main toujours dans la sienne. Tu mis quelques secondes supplémentaire avant de l’imiter et de te redresser à ton tour. tu ne lâchais pas ta main, non, tu avais besoin d'elle. Si seulement tu savais qu'elle aussi allait t'être arraché... Pire, qu'elle serait d'accord de s'éloigner, après ce que vous aviez vécu. Alors, ton monde s'écourlerait à nouveau, sans que tu ne puisses rien y faire. Ton regard cherchais déjà les orbes de ton précieux maître, anticipant son arrivée. Il apparût. Il n'eût pas de prononcer le moindre mots pour que tu ais à comprendre qu'il voulais te parler. Il y avait un lien fort et puissant entre vous, un lien qui ne nécessitait pas toujours l'usage de la parole. Un hochement de tête presque imperceptible et tu le suivais. Non sans avoir serré une dernière fois la main de Nahia pour la relâcher au dernier moment. Qu'est-ce que tu en savais, qu'elle allait partir?
Qu'est-ce que tu en savais qu'il allait te l’arracher... ou qu'elle allait s'arracher à toi? Tu aurais peut être agit autrement si tu avais su. tu l'aurais serré contre toi, tu l'aurais supplier de rester là, de ne pas partir. mais tu ne savais pas, alors tu es partie, sans un regard en arrière, rejoignant ton maître comme tant de fois auparavant.