life's a game but it's not fair, i break the rules so i don't care. So i keep doing my own thing, walking tall against the rain. Victory's within the mile, almost there, don't give up now. Only thing that's on my mind is who gonna run this town tonight.

          Une fois de plus, c'était à la faveur de la nuit que Maven laissait son cœur brisé s'exprimer. Cette humanité qu'il tentait toujours de réprimer, cette faille béante dans sa carapace de monstre. Cette faiblesse qu'il ne s'expliquait pas et qu'il tentait de garder secrète. Sauf à cette divine, cette beauté qui avait ravi son cœur, quelques années auparavant. Cette princesse aux cheveux de jais et au regard d'azur, son ennemie héréditaire qu'il aimait pourtant plus que certains membres de sa propre famille. Merle Osanos, enfant de la nation de l'eau. Ennemie de la couronne. Reine de son cœur. Ils s'étaient apprivoisés, chassant craintes et suspicions. Un couple totalement invisible aux yeux d'autrui mais, pourtant, d'une sincérité sans failles. Les sentiments amoureux l'avaient pris au dépourvu, le faisant se sentir faible, presque vaincu. Lui, l'enfant abandonné, l'enfant brisé, perverti, transformé était devenu un amant doucereux, presque tendre. Le contact de la jeune fille l'avait changé. Radicalement. Aussi secrète et torturée que lui, elle lui avait pourtant appris à reprendre contact avec ce qu'il craignait le plus. Son cœur. Son âme. Le ciel étoilé était le seul témoin de leurs ébats, de cette intimité qui grandissait un peu plus chaque jour. Le prince en était presque venu à détester le soleil brûlant et à ne pas souhaiter voir ces années à l'académie se terminer. Parce qu'une fois délivrés de cette détestable institution, le terrible monde leur ouvrirait de nouveaux ses bras. Et ce serait alors le retour sur le devant de la scène, sur l'échiquier politique royal. L'inimitié entre leurs familles respectives achèverait le travail. La fin était inévitable. C'était certain. Prédit. Et il ne chérissait que plus encore ces moments passés avec elle. Loin de tout. Seuls face à la lune. Comme toujours. Du moins, c'était ce qu'il croyait. Mais le Destin avait décidé de jouer un drôle de tour aux deux amants, ce soir-là. La solitude qu'ils prisaient tant n'était finalement pas totale. Après plusieurs baisers brûlants et mains baladeuses, Maven se redresse soudain, à l'affût. Il était certain d'avoir entendu quelque chose. Chien d'Isaure, dressé à repérer le danger avant que ce dernier ne se fasse connaître, il sentit les flammes naître au creux de ses mains. Deux silhouettes se profilèrent alors dans la nuit. Une plus grande que l'autre, avec les mêmes traits que la belle qu'il tenait dans ses bras, encore quelques instants auparavant. Un Osanos, à n'en pas douter. Quant à celle qui hantait ses pas, ce n'était autre que Saeko. Cette fille que Maven côtoyait depuis sa plus tendre enfance, puisque les Yinren et les Oshun étaient des alliés ancestraux. D'instinct, il se plaça devant Merle. Comme pour la protéger. Pour la cacher aux yeux de ces deux intrus. Il sentait la tension naître en lui, comme une sorte de peur sourde. Si sa liaison avec la nièce de Johann était connue, alors de grands troubles étaient à prévoir. L'impératrice ne le pardonnerait jamais. Jamais. Elle préférerait voir Maven tomber en déchéance, plutôt que de le laisser se compromettre avec ses ennemis. « Saeko. Hyppolite. » Son regard ardent se braqua sur celui de la belle brune, cherchant à découvrir ses intentions cachées. Peut-être serait-elle son bourreau. Ou bien, la gardienne de son secret. « Tu devrais raccompagner ta cousine. Je dois parler avec Saeko. » Habitué à être obéi, il se contenta de rester immobile. Il n'était pas un stratège, ni un manipulateur. Mais il allait devoir la jouer fine, pour espérer obtenir le silence de Saeko.

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          « Merle. Maven. » Le prince grimaça, tentant de garder le contrôle. Il ne pouvait pas vraiment administrer une correction digne de ce nom à l'héritière Yinren. Leurs familles étaient bien trop intimes pour cela. Pour une fois, il aurait apprécié la présence d'un mêlé à ses côtés. Un orange, maître de l'esprit, de préférence, qui aurait pu effacer les souvenirs de la jolie brune. Son idylle avec la fille Osanos était son secret le plus précieux. Celui qu'il s'efforçait de garder depuis presque deux ans, déjà. Le seul lien humain qui lui permettait de ne pas complètement se transformer en monstre. De refuser ce destin auquel il était certainement promis. Modelé pour devenir un tueur sans pitié, un traqueur hors-pair, il ne devait qu'à la présence de Merle de ne pas complètement céder. De ne pas passer définitivement dans le côté alléchant de la cruauté sans bornes. Le blond ne réprima que difficilement un grognement alors que les deux maîtres de l'eau s'éloignaient, tiraillé entre les choix qui s'offraient à lui. Il pouvait frapper Saeko jusqu'à ce qu'elle demande grâce et s'attirer, ainsi, son silence. La menacer de faire connaître un sort pire que la mort à son précieux Osanos. Ou bien essayer de discuter. Les deux premières options étaient les plus tentantes. Mais la belle était une maître du feu. Elle était de son côté. Du côté d'Isaure, par extension. Il ne pouvait priver sa précieuse sœur d'une alliée potentielle. « De quoi s'agit-il ? » Maven se rapprocha d'elle, prédateur s'apprêtant à fondre sur sa proie. Son regard ardent braqué sur la frêle silhouette de la brune, il devait lutter pour ne pas se laisser aller à ses instincts primaires. Violents. Sanguinaires. Son esprit était concentré sur une seule idée : protéger la brune aux yeux d'azur, cette femme qu'il aimait du plus profond de son cœur. Qu'il ne quittait qu'avec d'immenses regrets et qu'il était pressé de retrouver, quelques minutes seulement après leur séparation. Il ne laisserait personne porter atteinte à sa douce brune. D'ailleurs, il était plus inquiet pour son sort à elle que pour le sien. Johann Osanos n'était pas le plus grand admirateur de la famille Oshun et réciproquement. D'ailleurs, une haine ancestrale liait ces deux maisons. Ennemis héréditaires, Maven aurait du avoir en tête de faire du mal à Merle, plutôt que de la couvrir de baiser. La torturer pour obtenir des aveux, plutôt que de la prendre dans ses bras. Mais le Destin était un être imprévisible et vicieux, qui aimait à semer discordes et difficultés sur les chemins des êtres qu'il dominait. « Toi et l'Osanos, c'est intéressant. Je ne savais pas. Personne n'est au courant, n'est-ce pas ? » Il espérait pouvoir dissimuler ce qu'il ressentait réellement, tromper la Yinren qui se tenait devant lui. Il n'était ni un menteur habile, ni manipulateur hors-pair. Il ne pouvait compter que sur la faveur de la nuit et sa réputation de monstre pour dompter Saeko. « Le feu et l'eau... Une dangereuse alliance. » Il voulait faire oublier la présence de Merle, mentir quant à leur rencontre nocturne. Il ne pouvait pas risquer que son précieux secret soit découvert et ébruité.

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« C’est bête, je croyais que cette guerre entre l’eau et le feu s’était terminée il y a des années de cela. » Le prince Oshun grimaça, conscient de s’être un peu trop avancé. Il n’était pas un stratège, un as de la diplomatie et il le réalisait encore un peu plus lors de cette opposition à l’enfant Yinren. Maven était impulsif, ne prenait pas le temps de réfléchir. Pourtant, il se devait de garder son calme ou son secret n’en serait plus un pour très longtemps. Sans savoir comment s’y prendre, il savait pourtant intrinsèquement qu’il devait trouver un terrain d’entente avec la jolie brune. Ou la tuer, si elle refusait de coopérer. Sa famille était prête à tout pour rester dans les bonnes grâces de Camilla et c’était cette même loyauté qui faisait frémir le monstre du feu. Car c’était cette loyauté qui pourrait le perdre, puisque le patriarche Yinren avait tout intérêt à parler de sa relation avec Merle. Maven n’était pas l’enfant chéri du royaume, loin de là. Et nombreux étaient ceux à vouloir le voir chuter de cette position imprenable d’enfant Oshun. S’il était né dans une autre famille, il savait que sa tête aurait déjà été séparée du reste de son corps. Autoritaire, violent, explosif, indiscret, mal-élevé. Voilà ce qu’il était réellement. Le chien Oshun, l’ombre au tableau de cette famille prétendument parfaite. « Peut-être, mais les vieilles inimitiés ont la peau dure. » Il s’avançait prudemment, le jeune prince. Il devait faire preuve de prudence et de patience. Deux qualités qu’il était loin, très loin, de posséder. Mais il serrait les dents, s’efforçant à rappeler l’image de la jolie Osanos dans son esprit pour calmer les pulsions sanguinaires de son cœur. Son instinct de protection avait toujours été surdéveloppé. Isaure. Weiss. Merle. Trois noms. Trois femmes pour lesquelles il était prêt à donner sa vie. La sœur, l’amie, l’amante. Un trio infernal auquel il obéissait aveuglément, suivant les ordres subtils des trois divinités. S’il le fallait, il était même prêt à mettre fin à la vie de Saeko. Sans remords. Sans pitié. Maven était d’une fidélité indéfectible et, plus que cela, il ne pouvait prendre le risque de mettre la reine de son cœur en danger. Camilla devait tout ignorer des sentiments violents qui agitaient le cœur meurtri de son fils. « Mais tu sais mieux que moi que les alliances les plus dangereuses sont aussi les plus savoureuses ? » Le monstre blond grogna, serrant convulsivement les poings. Ses jointures blanchies étaient prêtes à craquer, sous l’effet de la rage dévastatrice qui déferlait en lui. Il réalisait seulement à quel point il ne devait pas sous-estimer le joli visage qui se tenait en face de lui. Elle aussi s’était compromise avec un Osanos. Ils auraient dû être dans le même camp. Pourtant, Maven doutait de pouvoir faire confiance à une créature de la trempe de Saeko. Il sentait les flammèches, si familières, crépiter au bout de ses doigts. Le feu était une extension de propre être, faisait partie intégrante de lui. Sans pouvoir autant avoir été instruit sur l’art de le maîtriser comme ses aïeux, le prince utilisait le feu de manière offensive. Trop offensive, même, peut-être. « Fais ce que tu veux de tes nuits, cela n’a pas la moindre importance pour moi. Il y a un monde qui sépare les manœuvres politiques et ce que désire notre cœur. » Elle parlait bien, la fille du feu, Maven devait le lui accorder. Mais le serpent n’était-il pas le plus dangereux et charmeur des prédateurs ? Le maître du feu aurait aimé pouvoir tourner les talons et croire qu’effectivement, il était libre de faire ce qu’il voulait. D’aimer qui il voulait. Mais le monde dans lequel il évoluait était bien trop terrible pour qu’il puisse en être ainsi. « Cela n’a peut-être pas la moindre importance pour toi, mais il n’en est pas de même pour nos chers parents. Cessons de jouer, veux-tu ? Même si la guerre avec la nation de l’eau est terminée, je sais que ton patriarche n’est pas le plus grand fervent admirateur des Osanos. »

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« Ça t’effraie à ce point ? » Il faisait celui qui ne comprenait pas, peignant un air interrogateur sur son visage abîmé. Jamais le prince n’avouerait ressentir autre chose que de la colère ou une indéfectible loyauté. Il devait préserver cette réputation terrifiante. A tout prix. Alors oui, Maven le terrible, le chien des Oshun, le monstre d’Isaure avait peur. Peur que son cœur soit mis à nu, dévoilé. Mais il n’allait certainement pas exposer ainsi ses sentiments à l’enfant Yinren, cette femme qu’il ne connaissait pas. Sa relation avec Merle était le plus grand secret du prince, le plus précieux aussi. Celui qu’il chérissait infiniment. « Qu’est-ce que tu veux exactement, Maven ? » Il ne le savait pas lui-même, tiraillé entre des idées contraires. La seule chose dont il était certain, c’était qu’il regrettait de s’être fait prendre ainsi. Il aurait dû entraîner sa précieuse dans les ténèbres de la nuit, plutôt que d’aller à la rencontre de l’autre duo. Le prince se flagellait intérieurement, maudissant sa vaine curiosité. Il voulait retourner dans le passé et annuler la scène qui se déroulait devant lui. Il voulait tuer Saeko, pour s’assurer que jamais elle ne parlerait. Il voulait évoluer dans un autre monde, dans un univers où il serait libre d’aimer l’âme qu’il désirerait. Merle était la gardienne du cœur de Maven, celle qui l’avait subjugué et totalement perdu. Celle pour qui il était prêt à tout, quitte à se mettre en danger. Il ne pouvait accepter l’idée qu’elle puisse être blessée « Mon silence ? Tu l’as déjà, puisqu’il est lié à ton propre silence. Je me trompe ? Mh, à moins que tu veuilles autres choses de moi ? » L’Oshun s’adossa à un arbre, dardant son regard ambré sur la fille du feu. La conversation était à son zénith. Enfin. Elle atteignait ce point culminant qu’il recherchait, depuis leur rencontre à la faveur de la lune. Maven allait devoir jouer ses cartes et adroitement, qui plus est. Il ne pouvait pas se permettre la moindre erreur. Acrobate tourmenté par les vents, un seul mot pouvait le faire tomber pour toujours. Prudence au lieu d’impulsivité, calme au lieu de fureur. Le terrible allait devoir prendre sur lui, pour résister à ses instincts toujours plus primitifs. « Il me semble que nous allons pouvoir trouver un accord, sans effusion de sang, finalement. Silence pour silence, nous ne nous sommes jamais vus cette nuit, jamais croisés. » Il s’approcha de la céleste, sans aucun bruit. Prédateur silencieux, pouvant fondre sur sa proie sans même que cette dernière s’en rendre compte. Il aurait pu ne faire qu’une bouchée de la belle Saeko. Sa réputation désastreuse était plus que fidèle sur les capacités sanguinaires du jeune blond. Il voulait qu’elle sente le danger qu’il représentait et, encore plus, sa chance d’en réchapper totalement indemne. C’était presque une faveur qu’il lui faisait là. « Cependant, si tu t’avises de prononcer le prénom de Merle, la mémoire pourrait vite me revenir. Et, de nous deux, tu serais celle qui en paierait le plus le prix. » Arrogant, insolent, il faisait preuve de beaucoup plus d’assurance qu’il n’en ressentait en vérité. Il était un Oshun, intouchable par définition. L’Impératrice ferait payer les Osanos, mais pas lui. Après tout, elle était prête à tout pour protéger les apparences. Pour présenter sa famille comme la plus unie et solidaire de toutes.

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« Tu n’es pas obligé d’être aussi menaçant. » Le petit prince secoua la tête, passablement amusé. Être menaçant était sa seule arme, sa seule protection. Le masque derrière lequel il se dissimulait. Son cher bouclier qui le présentait comme invincible, parce qu’intouchable, aux yeux du reste du monde. On n’attaquait pas impunément le chien Oshun, la terreur de toutes les nobles familles. Celui qui n’avait ni limite, ni conscience. Celui qui ne connaissait pas les bonnes manières ou la retenue. Le monstre qui rôdait dans les plus hautes sphères d’Aksana, mais que personne ne réussissait à dompter. Guerrier sauvage, arme de destruction massive. La belle Yinren n’avait aucune idée de ce qui pesait sur les épaules du blond, de la pression familiale, de la haine viscérale et du manque invivable de sa Déesse. Elle n’était qu’une douce créature qui passait son temps à se regarder dans le miroir, pour Maven. Il avait une piètre estime de la gente féminine, à l’exception bien entendu de son aînée qu’il aimait tant. « Je t’ai dit que tu avais mon silence. Point. Je n’ai qu’une parole … Alors ce n’est pas la peine de sortir les crocs, Maven, parce que je ne te veux aucun mal. Pas plus que toi. Ce ne serait pas dans ton intérêt que je disparaisse ou qu’il m’arrive quoi que ce soit d’autre. » Les paroles semblaient avoir une grande importance pour la brune alors qu’elles n’étaient que du vent, dans l’esprit du terrible. Rien ne comptait plus, ni n’était plus significatif, que les actes. Maven était manipulable, inculte des pratiques du monde. Il ne savait discerner le vrai du faux et devait en permanence se méfier d’autrui, de tous ceux qui n’étaient pas lui. « Je suis intouchable, tu le sais aussi bien que moi. Le public dirait que tu as fugué, que tu as disparue dans la nature ou que sais-je d’autre. » Son statut d’Oshun avait ce seul avantage de le rendre insensible à la loi. Il était au-dessus d’elle, protégé par celle qui dirigeait le royaume d’une main de fer. Il était libre de commettre les pires atrocités, ses crimes seraient toujours camouflés.  « C’est si facile de prononcer de tels mots et d’aller courir auprès de ton père pour tout raconter. Je ne suis pas stupide, Saeko. » Contrairement à ce que le monde entier pouvait croire.

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« Justement Maven. Tu es stupide. » Et malheureusement, ce n’était pas la première fois que le prince était qualifié de la sorte. Stupide, peu clairvoyant, limité, naïf, manipulable. Des attributs qui ne faisaient guère plaisir au maître du feu, au soldat loyal, au guerrier émérite. Alors il grogna, l’enfant de Flamaerin. Parce que si elle n’avait pas été d’une aussi haute naissance, voilà bien longtemps que la douce Saeko n’aurait plus été que plaies et hématomes. « Ne laisse pas ta méfiance transformer tes alliés en ennemi, tu en as déjà bien assez. » Mais comment pouvait-il agir autrement ? Lui qui avait été trahi de si nombreuses fois et ce, même par son propre sang. Il était le chien d’Isaure et la future impératrice avait inculqué quelques principes à son cadet. Le premier d’entre eux était notamment de ne croire personne. Jamais. D’être perpétuellement sur ses gardes. La brune ne pouvait donc pas attendre de lui qu’il agisse autrement. Elle ne le connaissait nullement, la fille du feu. Petite poupée protégée par plus grands qu’elle, la Yinren ne semblait aucunement comprendre la dangerosité du monde dans lequel ils évoluaient. « Quelle preuve attends-tu de moi ? Puisqu’aucun mot n’arrive à te convaincre de ma sincérité ? » Le pire, dans cette histoire, c’était que l’Oshun ne savait pas. N’en avait aucune idée. Les mots ne lui inspiraient aucunement confiance et il n’y avait pas d’actions que la belle pût faire pour le détendre. L’animal était toujours sur ses gardes. Véritable prédateur prêt à réduire ses proies en charpie, si l’occasion se prétendait. « Tu es bien plus intéressant que je ne le croyais, Maven Oshun. » « Et toi, bien plus intelligente que je ne le pensais, Saeko Yinren. » Et il pensait chacun de ses mots, comme toujours. Il ne savait pas jouer avec la manipulation recelée dans les paroles. Il en était incapable, à la vérité. « Rien ne pourrait me convaincre de te faire confiance. Excepté peut-être le temps. Alors voilà ce que je te propose. » Il s’avança, toujours menaçant, car telle était son attitude naturelle. Ses yeux dorés trouvèrent aisément les prunelles sombres de la jeune femme. « Je te laisse partir. Sans te faire aucun mal. Mais si j’entends quelque chose. Le moindre chuchotement au sujet de Merle, je te tuerais. Mais avant cela, je m’assurerais de faire le plus de dégâts possibles. Ton cher et tendre subira les fruits de ma colère. Voilà quel est mon marché, fille du feu. »