do i wanna know if this feeling flows both way? (vedara)

im dreamt about you nearly every night this week
how many secrets can you keep?
'cause there's this tune i've found that makes me think of you somehow
and i play it on repeat
until i fall asleep
do i wanna know
if this feeling flows both way?

ft/ @"Amara Greylin"

La nuit était tombée depuis quelques heures quand Veda sortit de sa cachette. Elle devait faire du repérage au sein de la capitale, pour le compte de la ligue. C’était la première fois qu’elle avait une mission seule, et à son flanc pendait une sorte de gros couteau de cuisine tranchant qu’on lui avait refilé au cas ou. Pas vraiment une arme, mais ça lui permettrait de se défendre et d’éviter de se faire reprendre par le gouvernement. Ses yeux presque translucides brillaient dans la nuit. Elle ignorait quel produit on lui avait inoculé, mais celui-ci donnaient à ses yeux une légère lueur phosphorescente. Elle aurait pu porter des lunettes aux verres teintés pour éviter d’être repérée dans le noir, mais sa mission en aurait été compromise. La jeune femme avait alors opté pour un capuchon qui retombait un peu sur ses yeux. Elle pouvait toujours voir, mais évitait d’être trop visible en retour. La brune devait chercher les points faibles de la ville. Les possibles bouches d’égouts, les maisons délabrées, celles qui étaient abandonnées. Veda gardait constamment une main à sa hanche, autour du manche de son couteau. Elle observait tout autour d’elle, gardait l’oreille aux aguets et faisait attention à ce qu’il y avait sous ses pieds. La prendre de court aurait été un miracle. L’expérience de sa jeune vie avait forger un tempérament vigilant et attentif. Craintif, avant qu’une orange ne bousille son esprit. Désormais il n’y avait plus aucune place pour la crainte, elle n’était que colère et ressentiment. Au détour d’une ruelle, son regard tomba sur une bouche d’égoût qui avait été déplacée. Elle s’approcha, mais entendit un bruit dans son dos. Alors elle fit mine de tourner dans une ruelle, et quand elle se senti suivre, elle se retourna vivement. L’enseignement d’Ido était précieux, plus encore aujourd’hui. Elle se rappela des gestes que son ami lui avait appris, et plaqua la femme contre le mur d’une maison, son couteau de cuisine sous sa gorge. Déjà, une larme de sang glissait contre la lame effilée de l’objet qui se transformait en arme dans les mains de Veda. Son regard translucide se posa sur le visage de celle qui l’avait suivie.

C’était elle. Amara. Veda la dévisagea un instant, interloquée, presque perdue. Son regard glissa sur le filet de sang qui tâchait la lame et ses doigts. C’était une maître, elle méritait la blessure. Veda hésita, elle aurait voulu la décapiter sur le champs mais s’abstint. Elle ignora pourquoi. Ses tripes remuèrent, et elle sentit le besoin viscéral d’arrêter de blesser la jolie blonde. Veda recula vivement, laissant pendre l’arme au bout de son bras, le long de son flanc. « Qu’est-ce que tu fais là ? » le ton de la brune est dur, tranchant comme le couteau qui avait blessé la peau de porcelaine de son aimée. Sauf que Veda ne se souvenait plus d’avoir aimer.

Sa mémoire la piégeait à nouveau. Elle marchait, mais ne savait plus avec certitude pourquoi elle était dehors à cette heure-ci. Il était tard, la nuit était tombée depuis un moment déjà. Amara se souvenait vaguement d'avoir pris la décision de rester un peu plus longtemps au laboratoire aujourd'hui. Elle souhaitait garder un œil sur ce collègue qu'elle haïssait plus que tout, et qu'elle savait capable d'abuser des âmes damnés qui hantaient leurs cellules. Elle s'en voulait toujours de n'avoir rien pu faire pour Veda, alors elle s'efforçait d'éviter cette horreur aux autres. Les heures avaient défilé sans qu'elle ne s'en rende compte, et la voilà désormais, à presser pas dans les rues silencieuses de Brezin. Oui, c'était pour ça qu'elle n'était pas rentrée chez elle plus tôt. Elle s'en souvenait désormais. Poussant un soupir exaspéré, la blonde jetait des coups d’œil inquiets autour d'elle, tressaillant au moindre bruit qui dénotait du calme ambiant. La jeune femme ne vivait pas loin de son lieu de travail, mais elle détestait avoir à se déplacer seule. Constamment inquiète, toujours sur le qui-vive. Une énième cicatrice de son passé obscure. A chaque coin de rue, elle appréhendait de voir surgir la brune qui hantait ses pensées, la reine de ses cauchemars. Elle savait que si son Adiutor choisissait de revenir, elle ne ferait pas le poids. Elle espérait seulement que son esprit, contrairement à son corps, saurait lui résister. Elle connaissait l'illusion désormais, elle n'était plus une novice. Elle saurait démêler le vrai du faux, non? En tout cas, c'était ce dont elle se persuadait dans l'espoir de se rassurer. Mais Amara n'avait jamais été une très bonne menteuse, et même elle n'était pas convaincue. Ses sens furent alertés par un mouvement dans la périphérie de sa vision. Ses iris se fixèrent sur une silhouette sombre encapuchonnée. Le visage n'était pas visible, mais ce corps appartenait à une femme, et pas à Feyre. La Graylin aurait pu la reconnaître entre mille, mais ce qui la rendait d'autant plus certaine était la conviction que jamais la brune ne se cacherait. La Mêlée était fière et se déplaçait toujours la tête haute. Elle voulait qu'on sache qui elle était, et jamais elle ne se rabaisserait à se déplacer tel une vulgaire fugitive. Amara était écœurée de voir à quel point elle connaissait sa bourreau sur le bout des doigts. Elle la connaissait même mieux qu'elle ne se connaissait elle-même, après tout ce qui lui était arrivé. Figée, elle resta quelques secondes à observer cette inconnue qui lui paraissait pourtant familière, même de dos. Cette démarche fuyante, ce corps fin mais musclé, tout lui rappelait une personne dont le manque la consumait lentement. Un mouvement de tête de la jeune femme suffit à Amara pour capter un aperçu du regard glaçant bien dissimulé sous la capuche, ces iris translucides qui brillaient d'une faible lueur dans l'obscurité. Veda. Son cœur cogna plus fort dans sa cage thoracique, alors que son corps s'activait sans avoir reçu d'ordre jusqu'à la ruelle dans laquelle la brune avait disparu. Elle ne l'avait plus vu depuis longtemps, trop longtemps. Elle savait que cette séparation était inévitable, lorsqu'elle l'avait libéré. Elle avait même espéré, au fond d'elle, que l'humaine ne revienne plus jamais dans la Capitale. Plus elle était loin, plus elle était en sécurité. La revoir ici emplissait la jeune femme de joie, autant que ça la rendait morte d'inquiétude. Elle ne cherchait plus à être discrète désormais, alors que le bruit de ses pas résonnait sur les murs en pierre des bâtisses. Avant même qu'elle ne puisse réagir, la blonde se retrouva plaquée contre l'un des bâtiments, une lame froide contre la peau délicate de son cou. La sensation désagréable d'une coupure, alors que la peur se reflétait désormais dans les prunelles de la fille de l'air. Elle scrutait le visage de la lambda, à la recherche de l'expression rassurante qu'elle y trouvait inscrite d'ordinaire. Mais elle n'y vit rien de tout ça. Juste une vague surprise, presque un sentiment d'inconfort. Veda recula finalement, laissant Amara recommencer à respirer, elle qui ne s'était pas rendue compte qu'elle avait retenu son souffle dès lors qu'elle avait senti le métal contre sa gorge. Sa main se porta naturellement vers son cou, vers la petite plaie qui tâchait ses doigts de sang carmin. La voix de la brune était dure, rien à voir avec le ton qu'elle employait d'ordinaire lorsque ses paroles lui étaient destinées. Le ventre de la scientifique se serra, elle ne comprenait rien. « Je rentrais chez moi. » Sa voix à elle était hésitante, rendue tremblante par les émotions qui l'assaillaient. Incertaine, elle se décida finalement à faire un pas vers la femme qu'elle aimait. Ses doigts rougis par l'hémoglobine se tendirent vers la Kimora, désespérée de pouvoir la toucher, de pouvoir sentir la chaleur de sa peau sous ses doigts. « Je pensais que tu étais partie, définitivement. » Elle mourrait d'envie de la serrer dans ses bras, d'enfouir son visage dans son cou et de se laisser submerger par ce parfum qui hantait ses rêves la nuit. Elle aurait voulu l'embrasser, et lui poser mille et une questions. Mais le visage de Veda lui intimait de rester à distance. Amara sentait que quelque chose n'allait pas, mais elle ne réussissait pas à saisir quoi.

Veda sentait des vagues de rage s’écraser contre sa conscience déchirée. Lacérée par un monstre, elle ne reconnaissait plus ce sentiment qui tordait ses tripes, et qui lui donnait une légère nausée. Ce sentiment qui envoyait des décharges à un coeur qui ne se souvenait pas d’avoir déjà battu aussi fort, avec autant de vie. « Je rentrais chez moi. » répondit la blonde. Veda le regarda un instant, laissa ses iris translucides glisser sur le carmin qui tâchait les doigts de la blonde. Elle avait provoqué ça, mais ne ressentait pas de culpabilité. Si elle le voulait, la blonde pouvait la tuer aussi facilement que si elle n’était rien. C’était ça, le mal des maîtres. Un pouvoir trop grand, si grand que même leurs rois leur en interdisait l’usage. Une preuve de plus, pour Veda, que ce pouvoir devait être éradiqué. « Je pensais que tu étais partie, définitivement. » Veda eut un léger rire, un peu sinistre, dans cette ruelle vide. Elle ne riait jamais, Veda. Elle ne comprenait aucune blague et trouvait que rien n’était drôle. Si ce n’est la stupidité, ou l’ironie. La brune avait ri parce qu’elle pensait qu’Amara avait été stupide de croire qu’elle était partie. Veda frotta la lame de son arme sur le pan de sa cape et posa son regard sur Amara. « Pour aller où, hein ? Vous les maîtres vous êtes partout. Vous pullulez dans les moindres recoins, même les plus infâmes. » Elle s’approcha, pointant son couteau sur Amara comme si elle pointait un doigt accusateur sur elle. « Ici au moins, je suis loin d’être la seule à tous vous détester. » souffla Veda. Autrefois la brune se serait enfuie. Elle serait partie retrouver Rita, aurait vécu à ses côtés et n’aurait pas cherché à faire autre chose. Mais sur le chemin pour retrouver sa sœur, on l’avait attrapée et elle avait été fourrée entre les mains de Feyre Mormont, une orange qui était une véritable bouchère des esprits. Elle l’avait détruite, et avait au passage détruit tout ce qui la liait à Amara. Son amour, et plus encore. Elle l’avait faite la haïr en la faisant haïr les maîtres. Veda laissa tomber son bras et le couteau le long de son flanc. « Tu travailles toujours au laboratoire ? » La brune savait que, grâce à elle, Amara voyait d’un autre œil les humains qu’elle était censée étudier et sur lesquels elle devait parfois faire des expérimentations horribles et douloureuses. Veda en rêvait encore la nuit, elle se réveillait parfois avec l’impression qu’on lui ouvrait le thorax, encore. Avec le sentiment qu’elle avait été droguée, mais rien de tout ça n’était vrai. C’était juste son corps qui se souvenait. Comme il se souvenait maintenant, alors qu’elle se sentait inexplicablement attirée par la blonde. Elle n’avait pas oublié, Veda, leurs moments passés ensemble. Mais elle ne savait plus bien ce qui relevait du rêve, de la fantaisie, et de la réalité. Elle ne savait plus ce qu’elle ressentait, où elle en était. Quelqu’un chose au fond d’elle criait d’embrasser cette fille, alors qu’autre chose, de plus puissant, urgeait Veda de tuer Amara sur le champs.

Le son qui échappa des lèvres de Veda fit frissonner Amara. Elle ne reconnaissait pas la femme dont elle était amoureuse, et qui se tenait devant elle. Jamais elle ne l'avait vu ainsi. Elle ne savait que faire de cette haine qu'elle lisait dans son regard et qui lui brisait le cœur. Trop de questions se bousculaient dans son crâne, trop de questions auxquelles elle désespérait d'obtenir des réponses mais qu'elle n'osait pas poser à la brune. Le ton de sa voix était froid, glacial même, et ses paroles acerbes, ses mots aussi tranchants que la lame du couteau qu'elle lui pointait dessus. Amara était terrorisée, et elle s'en voulait tellement de se montrer aussi faible et apeurée. En particulier face à cette femme qui détenait son cœur et dont elle n'aurait jamais dû avoir peur. Veda était cette personne qui l'avait apaisé, qui la faisait se sentir bien et en sécurité. Si différente de la tornade qu'était Feyre, et c'était ça qui avait toujours rassuré la jeune femme. Mais désormais, plus rien ne semblait avoir de sens. Tout ce à quoi Amara s'était accroché pour ne pas sombrer semblait lui filer entre les doigts, sans qu'elle ne puisse rien y changer. Le cœur de la jeune femme semblait avoir un penchant pour les histoires compliquées, mais la douleur qui s'y apparentait devenait difficile à supporter. « Nous ne sommes pas tous les même. » Le ton de sa voix était craintif, mais Amara refusait d'être comparée à ces maîtres qui ne respectaient ni les mêlés, ni les humains. Elle ne valait pas beaucoup mieux, elle en avait conscience, mais elle avait plus de considération pour la vie des autres que beaucoup d'entre eux. Élevée dans une société qui lui avait toujours inculqué que les lambdas et les mêlés étaient des curiosités, elle avait fini par se faire sa propre idée sur la question. Un peu tard, peut-être, mais elle avait tout de même fini par ouvrir les yeux sur cette réalité qu'on essayait de lui vendre. « Oui. » Mais c'est difficile. C'était ce qu'elle avait envie de dire à sa compagne, mais les mots lui semblaient mal venus. Car Amara avait le bon rôle dans l'histoire, ça n'était pas elle qui était à plaindre. Elle n'était pas celle sur qui l'on faisait des expériences, elle était le bourreau, pas la victime. Alors la blonde décida de s'abstenir. « Tu m'as tellement manqué. » Elle espérait que ses mots éveilleraient quelque chose chez la brune. Mais au fond, elle savait que quelque chose était brisé, elle le voyait. Peut-être que Veda avait réfléchi, après tout ce temps séparées. Peut-être qu'elle avait fini par lui en vouloir pour ce qu'elle lui avait fait subir - même si Amara avait toujours été douce avec la brune. Et la fille de l'air ne pouvait pas la blâmer pour ça. Elle avait même été étonnée au début que la lambda ne la déteste pas. Ça avait fini par arriver, au final, mais la blonde aurait aimé que cela ne se passe avant qu'elle ne soit si attachée à la Kimora.

Le frisson qui prend la blonde n’échappe aps au regard acéré de l’humaine. C’est comme si le produit qu’ils avaient injecté dans son sang, et qui avait altéré ses yeux pour la vie, avait aussi rendu sa vision plus claire et précise. Peut être était-ce le cas, elle n’en savait rien et n’était pas formée pour le savoir. La brune s’en fichait, mais ce frisson, elle l’avait vu et elle n’avait pas compris pourquoi il remua quelque chose dans son coeur meurtri. L’ancienne rat de laboratoire se sentait attiré par la blonde, mais elle savait qu’elle ne devait pas se laisser dupper. Les maîtres ne les respectaient pas, alors Veda et les autres humains devaient s’imposer. « Nous ne sommes pas tous les même. » Veda eut un rire sinistre, froid et menaçant. Elle s’approcha, son couteau de cuisine pendant toujours au bout de son bras, à son flanc. « Facile à dire. » Fit-elle simplement. C’était trop facile de déclamer que certains maîtres étaient bons, et que d’autres ne l’étaient pas. Ainsi allait la vie, et pourtant les maîtres ne faisaient aucune différence entre les humains. Tous bons à l’esclavagisme, ou aux expérimentations si ils n’étaient pas assez dociles. « Oui. » répondit la jolie blonde. Oui, elle travaillait toujours au laboratoire. Elle sentit son cœur lui faire mal, mais ne sut pas pourquoi. Pourquoi est-ce que ça lui importait, tout d’un coup ? Veda dévisagea la blonde, elle se demandait toujours si ce qu’elle avait vécu avec elle était vrai ou non. L’avait-elle rêvé ? Est-ce qu’Amara avait déjà réellement posé ses lèvres sur les siennes ? L’avait-elle soignée après des expérimentations ? L’avait-elle vraiment réconfortée quand elle la trouvait en train de sangloter dans son lit ? « Tu m'as tellement manqué. » Veda lâcha son couteau, qui tomba sur les pierres de la rue avec un bruit métallique qui résonna contre les maisons aux alentours. Veda ne pouvait plus détacher son regard presque translucide des prunelles de sa belle. Elle hésita, un instant, mais quelque chose dans son cœur et dans sa tête se débloqua. Elle se souvint, l’espace d’un instant, qu’elle aimait cette blonde et son corps ressenti le besoin urgent de le lui rappeler. Veda s’approcha, elle plaqua à nouveau Amara contre le mur, mais plus dans le but de la menacer. Non, au lieu de poser une arme contre sa gorge, elle glissa ses lèvres contre sa bouche. Veda bougea ses pieds, approcha tout son corps de celui de la scientifique et la colla un peu plus contre le mur. Elle ne fit que prendre ce que son cœur réclamait à grands cris. Un baiser qui allait lui faire perdre le souffle, et la tête, à nouveau. Veda glissa ses doigts dans la chevelure blonde et soyeuse d’Amara, et l’attira contre elle, l’empêcha de s’échapper. Elle était sienne, n’est-ce pas ? Veda pouvait se l’approprier, juste quelques secondes. Et puis soudainement ça jaillit dans son cerveau.

Maître. Elle recule, brusquement, marche sur le manche de son couteau sans y faire attention et pose la main sur sa bouche. Elle essuie ses lèvres humides, ses doigts tremblent. « Amara… » un souffle, à peine audible. Elle hésite. Doit-elle fuir ? Recommencer ? La tuer ?

Oui, c'était facile à dire. Mais Amara ne pouvait offrir aucune preuve à Veda pour affirmer ses paroles. Elle ne comptait que sur le bon sens de la brune, sur les moments qu'elles avaient partagé, sur les souvenirs qui devaient forcément être encore là, quelque part, sur les sentiments qu'elles partageaient l'une pour l'autre et sur la confiance qu'elles avaient réussi à bâtir. Mais tout ça semblait appartenir à une autre époque, presque à un autre univers. Car la brune n'était plus celle que la scientifique avait connu. Elle n'était plus la même, changée par une force inconnue aux yeux de la blonde. Et ne pas savoir pourquoi, c'était bien ça qui tuait la fille de l'air. Elle avait tellement de questions qui se bousculaient dans sa tête, qu'elle aurait souhaité poser à la lambda, mais qu'elle n'osait pas formuler de peur d'empirer cette situation qui relevait déjà du cauchemar. Amara aurait souhaité se réveiller, maintenant, car même si ne pas voir Veda la faisait souffrir, c'était toujours plus supportable que l'avoir en face d'elle et ne pas pouvoir la serrer dans ses bras, l'embrasser, lui murmurer à l'oreille toutes les choses qu'elle avait envie, non, besoin, de lui dire. C'était toujours plus supportable que de faire face à la femme qu'elle aimait et d'avoir la boule au ventre. La blonde sursauta lorsque sa compagne laissa tomber son couteau. Elle se laissa pousser contre le mur, non sans une certaine appréhension. Mais toutes traces de peur ou d'inquiétude furent effacées lorsque la bouche de la brune vint se poser sur celle de la scientifique. Ses lèvres étaient douces, le baiser aussi. Tout était plus agréable que dans les souvenirs de la Graylin. Elle sentit son cœur se réchauffer, grâce à ce simple contact. L'une de ses mains glissa dans la nuque de la jeune femme, l'autre se logea sur sa taille. Peu importe le sang qui tâchait ses doigts, qui risquait de déteindre sur la peau de sa bien-aimée. Rien n'avait d'importance. Jusqu'à ce que Veda ne s'éloigne, emportant une partie du cœur de la blonde avec elle. Amara ne supportait pas la distance qui la séparait de la brune. Alors, malgré la voix hésitante de cette dernière, malgré l'incertitude qui dansait dans ses prunelles, elle avança et attrapa ses mains, plongeant son regard dans celui, translucide, de l'humaine. « Je ne sais pas ce qui t'es arrivé, Veda, je n'ose même pas l'imaginer. Mais.. ne te laisse pas ronger par la haine. Je sais que tu te souviens de ce qu'on avait. Accroche-toi à ça. » Et l'espoir luisait dans ses iris. Elle voulait tellement que Veda l'accepte. Elle savait qu'au fond, tout était toujours intact. Leur histoire, leurs sentiments. C'était ça, qui donnait de l'espoir à Amara.