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house of the rising sun. (circe)

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house of the rising sun. (circe) Vide
MessageSujet: house of the rising sun. (circe) house of the rising sun. (circe) EmptyLun 18 Sep 2017 - 23:52

damaged people are dangerous,
they know how to make hell feel like home.
circe / nurie
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Le crépuscule offrait un nouveau visage aux rues de Launondie. Dépouillée de son animation traditionnelle, de ses marchés aux mille senteurs, de ses habitants aux tenues richement ornementées, la capitale se transformait en un camaïeu de gris loin de ses couleurs bariolées. La lueur des lanternes réfléchissaient contre les murs de pierre des maisons, créant des ombres monstrueuses, difformes, capables de glacer le sang si l'on se laissait aller à une imagination débordante. Pourtant, c'était aux balbutiements de la nuit que Nurie trouvait le plus de plaisir à découvrir Launondie. Ses allées et venues étaient limitées, dictées par les besoins des personnes qu'elle servait au Palais des Flammes, dont la silhouette se dessinait encore même à l'autre bout de la ville grâce à ses lumières éclatantes, symbole de la grandeur des Oshun. Obtenir l'autorisation de quitter le Palais, même pour quelques heures, devenait une mission en elle-même, de celles qu'elle relevait plus aisément que d'autres. Furtive, elle disparaissait aux regards, se terrait dans les recoins du château, attendant l'occasion propice pour s'échapper discrètement et ne revenir que quelques heures plus tard. Elle mettait en pratique toutes ces heures passées à s'entraîner, pour se rendre aussi anonyme, aussi dispensable que possible. Nurie était Lyra plus qu'elle n'était elle-même, mais son naturel la rattrapait chaque fois qu'elle découvrait un message de la Résistance. Ces messages – codés, naturellement – se voulaient volontairement évasifs, au cas où ils auraient été découverts et il lui fallait parfois plus longtemps pour comprendre leur sens que pour se rendre effectivement au point de rendez-vous. Le message qu'elle avait reçu la veille de Circe, en revanche, était aussi limpide que l'eau d'Aguarini. Noire comme la brume du crépuscule. Elle n'avait besoin d'aucune autre information pour deviner qu'elle le rejoindrait au Corbeau Brumeux, taverne en plein cœur du quartier désolé de Launondie, celui dans lequel nul n'osait s'aventurer à moins d'entretenir de sombres desseins – ou d'espérer des rencontres discrètes, peu importe leur nature. Pas besoin d'autre information non plus pour comprendre qu'il lui faudrait attendre la couverture offerte par la tombée du jour, celle qui lui permettrait de traverser toute une partie de la capitale, capuchon sur sa tête baissée, sans jamais soulever l'attention. Compte tenu des récentes tragédies et de la méfiance accrue du pouvoir en place, la plupart des habitants se terraient dans le confort de leur maison sitôt le soleil couché, laissant aux personnes comme elle la liberté d'aller et venir sans se faire prendre. Pour autant, Nurie se montrait aussi alerte que d'habitude, davantage peut-être à présent que sa mission impliquait de jouer les agents doubles dans l'endroit le moins sûr de l'Empire pour elle. Souvent, elle songeait aux mille et une façons qu'elle aurait d'être exécutée si jamais elle venait à être démasquée. Sa préférence allait naturellement à la tête coupée d'un geste net, pour la rapidité et l'absence de douleur. Le pire aurait sans doute été de croupir dans une cellule au cœur des cachots du Palais pendant des mois, la solitude finissant probablement par lui faire perdre la raison. Des histoires sur les prisonniers du Palais, elle en avait entendu des dizaines. Entre rumeurs et vérités, les domestiques ne manquaient pas d'échanger des informations avec une avidité répugnante, sans doute satisfaits d'être de l'autre côté.

Elle pénétra dans la taverne une fois la lune haute dans le ciel, scanna d'un regard méfiant les lieux. Le Corbeau Brumeux regorgeait de la lie du Royaume : criminels, traîtres, voleurs, ou clients trop avinés pour se montrer raisonnables. Mais elle lui offrait également la distraction dont elle avait besoin. Ici, personne ne lui demanderait de montrer patte blanche, personne ne s'intéresserait aux raisons de sa présence. Ne demande rien, et on ne te demandera rien en retour, ainsi que le lui avait expliqué Coren la première fois qu'il l'avait rencontrée, quelques semaines plus tôt. Elle ne s'étonna pas du choix de Circe de se rendre ici à son tour : ils pourraient discuter sans craindre les oreilles indiscrètes, à condition de se montrer prudents. Par mesure de précaution, Nurie garda la main posée sur sa dague, coincée dans une ceinture bon marché sous sa cape. Si la clientèle, peu fréquentable, devrait en principe la laisser tranquille, elle préférait se montrer méfiante. Des hommes aux intentions peu louables pouvaient toujours chercher à obtenir des faveurs et se montrer un peu trop insistants. Cela lui était arrivé une fois, la deuxième fois qu'elle s'était rendue ici, et il avait fallu toute sa force d'esprit pour ne pas noyer dans un verre d'eau le vaurien aux mains baladeuses. Maverick adorait lui rappeler cet épisode, quand bien même il continuait à affirmer qu'elle n'avait alors rien risqué – si cela avait été le cas, il serait naturellement intervenu, prétendait-il. Nurie n'en croyait pas un mot, il s'était montré terriblement passif et incapable de reconnaître le potentiel danger, ce qui, avec lui, n'avait rien de très surprenant. Son regard finit par se poser sur la silhouette de Circe, reconnaissable entre mille quand bien même il lui tournait le dos. Rassurée par sa présence (ce qu'elle n'aurait évidemment jamais admis, pour des raisons évidentes de dignité) elle le rejoignit d'un pas pressé, ignorant quelques commentaires que son passage souleva de la part de types aux yeux injectés de sang. Elle s'installa de l'autre côté de la table en bois, s'autorisant seulement alors à baisser sa capuche pour montrer son visage. « Thorsten » salua-t-elle d'un hochement de tête. Il était toujours Thorsten, jamais Circe, jamais autre chose. Si elle lui accordait plus de confiance qu'à la majorité des membres de la résistance, une partie d'elle persistait à se montrer méfiante en sa présence, sans doute parce qu'il n'était pas réputé pour faire dans le sentimental – et, ce qu'elle n'avouerait là encore jamais, parce qu'il était impressionnant. « Heureusement, tes messages sont moins cryptiques que ceux de Coren » se moqua-t-elle, un rictus étirant ses lèvres. Ses traits se firent plus sérieux dans la seconde qui suivit. « J'ai trouvé le maillon faible. » Il lui avait fallu plusieurs semaines pour s'infiltrer dans le Palais et, plus important, y trouver une place. Son sang de Bronze l'empêchait évidemment de jouer les esclaves, et même le rôle de domestique semblait bien trop au-dessous de son rang pour qu'on le lui propose. Si elle avait modifié l'intégralité de son identité, se faisant appeler Lyra, elle n'avait pas été capable de se faire passer pour une humaine : pour être efficace, un mensonge se devait d'être maîtrisé dans les moindres détails et Nurie n'avait pas la moindre idée de ce à quoi la vie d'une humaine pouvait ressembler. « Thyra Oshun. Elle possède le nom, mais pas l'héritage. » Et elle était de loin la plus facile à amadouer, tant son amour des belles choses, à commencer par les beaux atours, était évident.
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MessageSujet: Re: house of the rising sun. (circe) house of the rising sun. (circe) EmptyMar 26 Sep 2017 - 16:47

Les secrets que vous pensez bien gardés, scellés à double-tour dans les coffres de votre esprit, font trop de bruit. Vous croyez les protéger en les emmurant ; vous en augmentez l’écho. Vous croyez les taire ; vous les criez. Nurie Eriendar lui avait hurlé son plus grand secret à peine avait-il sondé ses esprits pour vérifier que ne s’y cachait pas une très, très mauvaise raison d’entrer en résistance. Ce qu’il avait trouvé à l’intérieur était inespéré, et propulsait Nurie au rôle d'agent du chaos privilégié. Il avait fait défiler, dans la tête de l’apprentie résistante, les différents scénarios qu’elle s’offrait à elle-même de sa propre mort (vous faites tous ça dès que vous prenez des risques sérieux). En y lisant une volonté déterminée d’être décapitée proprement, il sut qu’elle était la femme qu’il lui fallait. La mission d’agent-double au sein même du palais Oshun était faite pour un tel agent : elle se pensait dévorée par la vengeance, il avait vu sans le lui révéler son nihilisme profond. Elle était maigre et nerveuse, toute faite de tendons et de liens électriques, de même que lui, de muscles tendus, de poésie crue. Il était de ces gens auxquels le malheur seyait comme une cape cousue sur-mesure ; pas à elle. Silencieux, furtif, il avait déposé sur sa chevelure d’un brun doré la couronne du chaos, après l’avoir retirée de sa propre tête. Ce trône ne dépendait ni du destin, ni de la volition. Il se transmettait dans un rituel qu’un puriste aurait trouvé négligeant, en bon ignorant. De même qu’un bourgeois lambda considérait le Corbeau comme le dernier des bouges, contenant la lie de l’humanité, Circe y régnait comme un roi dans son château. Deux heures avant leur rendez-vous, il avait grimpé sur les hauteurs, erré le long des murailles, afin de pouvoir descendre du ciel jusqu’à la taverne en s’assurant de n’avoir pu être suivi à pieds. Miteuse, crasseuse, la maison du soleil levant pour qui savait la voir – à commencer par les anges noirs descendus des murs gris de Launondie – leur offrait un refuge non seulement tout indiqué, mais aussi merveilleusement ritualisé. Vous ne réalisez jamais pleinement ce qu’un mendiant veut dire lorsqu’il affirme que la rue est sa maison. Vous y percevez une métaphore. Une comparaison. Jamais vous n’y verrez l’euphémisme éclatant. L’image nette. La rue sale et barbare, il y était né. Il y avait rampé à quatre pattes, le plat des mains dans la boue des trottoirs, les ongles enfoncés dans le purin des rigoles. Il avait recréé un monde à l’intérieur de ce microcosme, et jamais Circe Thorsten ne s’était comporté différemment que ce soit dans une villa ou dans le dernier pub de la dernière rue de la capitale. Il régnait sur un monde qui n’existait pas encore, et que seuls quelques visionnaires pouvaient percevoir – se délectant de sa vision apocalyptique dans un grand éclat de rire. Dans le paysage de cet après, Nurie pouvait apparaître certaines fois. Il était donc parfaitement logique de la rendre servante dans un palais éphémère, elle qui était déjà reine d’une nation à venir, bâtie de cendres froides, d’amoncellement de pierres brisées, de fœtus d’idéaux noyés. Une beauté toute baroque qui trouvait ses prémices ici même, dans la lie de la lie, près de la cheminée sur une chaise branlante où il l’attend.

Masqué par le large rebord briqué de la cheminée, il est invisible à Nurie entrant dans l’auberge. Un sourire moqueur étire les lèvres du mêlé lorsqu’il perçoit la bosse de sa main par dessous sa cape. Toute personne ici posant les yeux sur elle remarquerait ses doigts enserrés autour d’un poignard. Le fameux « truc » de la nana armée pouvait bien intimider les gardes du palais les plus enhardis, mais dans un lieu comme le Corbeau, cela n’avait jamais effrayé personne – tout au moins risquait-elle d’attiser la bestialité sexuelle de quelques tarés du coin. Curieux de savoir ce qui va arriver – si Nurie va avoir besoin de sortir cette foutue dague ou non – il tourne sa chaise en silence et se coupe de la contemplation du comptoir. Son esprit s’ouvre alors comme un magnétophone qu’on allume, et chaque pensée lui parvient avec la puissance d’un vent violent. Une bande passante à rendre dingue. Des milliards de milliards de lignes à l’épaisseur quasi invisible se succèdent les unes les autres, défiant tout repère spatial humainement établi. Il s’agit d’y plonger et de tenter, en apnée totale, de pincer entre deux doigts celles qui appartiennent à Nurie Eriendar – dont le matricule, dans ce cas précis, ne sert strictement à rien. Il sait qu’elle traverse la grande pièce en sa direction, puisque les pensées admiratives et salaces se succèdent, toujours plus près de lui. La finesse de ses cheveux se distingue par-dessus sa cape, l’amande de son regard et la pureté de sa peau n’échappe à personne ici. Une jeune poupée au milieu des souillons usées par le temps, les coups et la lassitude, ça ne passe pas inaperçu. Elle tire une chaise de l’autre côté de la table et s’adresse à son profil, l’appelant par son nom de famille. Il ferme brutalement son esprit et revient au mode d’écoute traditionnel, se tournant vers elle, le regard brillant d’un intérêt amusé. Il était plus avenant de passer la soirée à fomenter auprès de Nurie qu’auprès des éternels soldats demeurés qui pullulaient dans les souterrains de la ville. — Nurie, comment ça va ? Il demande d’un ton détaché et amusé – dont elle ne saisira sans doute pas l’ironie légère, parce qu’elle lui est intrinsèque – l’appelant par son véritable prénom de manière stratégique (les rôles sont inversés étant donnée l’importance et le danger sa mission : entre la réalité et la couverture, c’est désormais la couverture qui l’emporte. Comme il le lui avait expliqué, il valait mieux qu’une Nurie que personne ne connaît soit repérée près de Circe Thorsten qu’une Lyra que le palais Oshun devait, peut-être, parmi ses milliers d’employés, garder en mémoire). Il sourit légèrement à l’entente de sa remarque au sujet du responsable des espions de la résistance. Coren avait souvent tendance à se croire dans une pièce de théâtre romantique révolutionnaire. Rendre les choses plus compliquées les rendait, à ses yeux, plus simples. A ceux de Circe, la simplicité donnait lieu à la simplicité. Un autre style. — Navré que tu ne partages pas sa passion du mélodrame, répond-il tout en la suivant d’un bon pas dans son changement de sujet – il se contrefout de Coren, mais il est curieux des informations qu’elle a à apporter. Après tout, il a fait un choix risqué mais dont il est certain : ne pas la former. L’envoyer dans le palais sans la moindre couverture, autre qu’un prénom qu’elle s’est choisit. Aucune formation à l’espionnage, aucun entrainement au mensonge. Elle y allait au pur hasard, et c’était encore la meilleure des improvisations, du moins pour Circe, la plus convaincante. Le mensonge humain était une vaste plaisanterie aux yeux d’un télépathe. Thyra Oshun. Il hausse un sourcil, puis un index, commandant deux boissons identiques au barman pour elle et lui, avant de reporter son attention sur Nurie. — D’accord. (signe chez Circe qu’il prend l’information au lieu de la rejeter, qu'il la suppose détentrice de détails complémentaires à ceux qu'il possède déjà au sujet de la cible) — Avec qui couche-t-elle ? (question signifiant pour Circe : 1) peut-on payer / assassiner certains de ses plans culs, 2) est-elle attirée par les femmes, auquel cas, Nurie pourrait-elle servir d’appât) — Qui est son adiutor ? (sous-entendant pour Circe : du moment que ce n’est pas un vert, je me le fais ce soir même). Le barman, dont on voit le ventre avant le reste du corps, dépose sur la table deux chopes débordant de mousses, sans même les regarder. Un bourgeois prendrait cela pour de la négligence, dans les bas-fonds, cela s’appelle du respect. Un symbole de mise en retrait de la part du directeur de l’établissement signifiant : je vous laisse à vos affaires et cela ne me concerne en rien. Circe attrape sa pinte et observe Nurie par-dessus, dans cette même attitude de relaxation et de bon temps quasi sensuelle qui n’a rien à voir avec la teneur de leur réelle conversation.
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MessageSujet: Re: house of the rising sun. (circe) house of the rising sun. (circe) EmptyMer 27 Sep 2017 - 0:40

Elle s'était souvent demandé ce que ça lui faisait, de pouvoir pénétrer l'esprit des gens autour de lui, de violer leur intimité sans permission pour s'y approprier tout ce qui faisait d'eux des êtres humains : leur conscience, leurs souvenirs, leurs désirs, leurs rêves, leurs peurs, sans que personne ne puisse l'en empêcher. Elle se rappelait de la sensation qu'elle avait éprouvée lorsqu'il s'était invité de force dans son esprit à elle, sondant l'honnêteté de ses intentions : comme si on avait immergé son corps tout entier dans de l'eau glacée, dont la prise l'enserrait sans qu'elle ne puisse se débattre et le faire sortir de sa tête. Il y avait tout vu, absolument tout, et parce qu'elle ne s'était jamais entraînée à combattre ce genre d'attaque, il n'avait pas eu besoin d'insister. De son enfance à la découverte des cadavres de ses parents, de sa rencontre avec Maverick à la lettre trouvée dans les affaires de son père, de Nurie Eriendar à Nurie Kemble, dernière héritière de sa maison, offrant l'option que personne n'aurait pu envisager dans une guerre qui jusqu'alors semblait trop manichéenne. Les bons, contre les méchants. La résistance contre l'empire. Et au milieu, une silhouette frêle d'apparence, sur laquelle on n'aurait rien misé mais qui se gorgeait de l'adrénaline que provoquait le désir de vengeance. Elle était l'as dans la manche, l'atout improbable et, plus important encore, elle n'en avait même pas conscience. Le simple fait qu'elle puisse tout changer était complètement étranger à Nurie, parce qu'elle ne s'intéressait pas aux jeux de pouvoirs. Elle ne voulait pas remplacer un pouvoir dictatorial par un autre, n'accordait qu'une confiance limitée aux Osanos et se méfiait de leurs intentions, qu'elle soupçonnait de ne pas être aussi nobles qu'ils le prétendaient. Circe était l'agent du chaos, comme elle, celui dont l'allégeance ne pouvait être influencée par quelque chose d'aussi trivial qu'une couronne, fut-elle en or massif. L'un et l'autre partageaient des similarités imperceptibles au premier regard : qu'auraient pu avoir en commun une fille de l'eau et un mêlé maître de la manipulation mentale au passé trouble, si ce n'est une cause semblable ? Mais derrière leurs différences, ils se rejoignaient dans le désir étrange de ne pas faire tourner la roue mais de s'en débarrasser, purement et simplement. Par ce simple fait, et parce qu'il avait gardé le secret de son identité, elle avait accordé à Circe plus de confiance qu'elle ne l'aurait fait avec qui que ce soit d'autre, à l'exception de Maverick. Elle l'observa avec attention, se demandant s'il s'imprégnait des bruits et pensées alentours en dépit de son regard fixé sur elle, ou s'il se concentrait seulement sur ce qu'elle avait à lui raconter. Tout ce dont elle était sûre, c'était qu'il n'était pas dans sa tête : elle l'aurait senti, comme elle l'avait senti la première et unique fois. Elle lui était reconnaissante de ne pas l'obliger à s'ouvrir à lui, pas parce qu'elle avait quelque chose à cacher mais parce que l'idée de subir sans pouvoir contrôler la dérangeait profondément, surtout quand il s'agissait de quelqu'un censé être son allié. Elle ignora sa question, percevant un double-sens qu'elle ne se donna pas la peine de chercher à comprendre – Circe avait des raisonnements qui ne l'atteignaient jamais, ils ne partageaient ni le même mode de pensée, ni le même humeur – et préféra rentrer dans le vif du sujet. Elle refusait de s'attarder ici plus que nécessaire, tandis que son absence au Palais risquait de se faire remarquer. Elle ne s'offusqua même pas de l'entendre utiliser son véritable prénom, jugeant qu'il était peu probable que qui que ce soit la connaisse ici. Elle jeta un nouveau regard autour d'elle, dévisageant la clientèle malfamée du Corbeau Brumeux. Non, aucun noble du Palais ne se serait aventuré ici, ils auraient trop peur de salir leurs précieuses étoffes ou de se faire agresser. Ces gens-là ne connaissaient rien du monde véritable sur lequel ils prétendaient pourtant exercer leur pouvoir. Ils ne comprenaient pas le peuple, aucune de ses strates, et encore moins ceux qui venaient se divertir dans un endroit aussi peu recommandable que cette taverne. Elle ricana au commentaire sur Coren. Il n'était pas foncièrement mauvais, seulement stupide – selon ses propres standards, du moins. Il se comportait comme si tout ça n'était qu'un jeu aux règles simples, le genre de jeu dont il pouvait sortir victorieux. Son étroitesse d'esprit n'avait d'égale que sa loyauté envers la résistance, ce qui le rendait naturellement dangereux. Il n'y avait rien de plus effrayant que quelqu'un incapable de remettre en question son univers et Nurie s'était plusieurs fois fait la réflexion qu'elle préférait l'avoir de son côté, ne serait-ce que pour s'éviter de devoir tuer un membre important de la résistance – non qu'il ne mît pas sa patience à rude épreuve à chacune de leurs interactions. « Pas moi. S'il était à ma place, m'est avis qu'il reverrait sa passion pour le mélodrame » répondit-elle en haussant les épaules. Coren n'avait pas la moindre idée de ce qu'une mission d'infiltration représentait en terme de danger. Elle ne sous-estimait pas son rôle, ni même les risques qu'il prenait en se battant pour la résistance, mais il se trouvait dans l'action, dans l'immédiat, dans le tuer ou être tué. Tout ce qu'elle ne faisait pas, et qu'il n'aurait jamais pu comprendre car il manquait de subtilité. Nurie n'hésita pas à rentrer dans le vif du sujet, mentionnant Thyra avec une totale indifférence. La princesse n'était pas une mauvaise personne, son plus gros défaut étant probablement sa vanité. Mais elle se trouvait du mauvais côté, celui où Nurie ne se trouvait pas, et devenait de fait une victime collatérale de la résistance. Elle l'utiliserait, aussi souvent et aussi longtemps que nécessaire pour mener à bien sa mission, indépendamment de toute forme d'affection qu'elle pourrait nourrir à son égard. Les enjeux étaient clairs depuis le départ : s'infiltrer signifiait se fermer émotionnellement, ne donner à personne la possibilité d'être utilisée ou influencée. Il fallait être certaine de sa force d'esprit, autant que de la cause défendue et si Nurie doutait parfois de l'une comme de l'autre, elle avait jusqu'à présent démontré qu'elle était une membre fiable et aussi loyale que possible. Elle écouta les questions de Circe, attendant qu'il ait fini avant de lui répondre. Elle avait compris dès leur premier échange qu'il ne souffrirait aucune interruption lorsqu'il parlait, et attendait de ses interlocuteurs qu'ils respectent ce qu'il avait à dire. Une choppe mousseuse fit son apparition sur la table, servie par un barman ventripotent mais discret. Elle accueillit la première gorgée avec satisfaction – elle ne bénéficiait pas de ce genre de boissons au Palais, à son grand regret – et s'autorisa finalement à répondre point par point. « Ca n'a pas d'importance. » Elle avait longuement réfléchi à la meilleure réponse à lui donner, et celle-ci était la seule à lui être venue en tête. « L'esprit féminin a le mérite d'être plus subtil. Je peux l'atteindre sans que personne n'ait à recourir au chantage ni à la violence. » Comprendre : sans que personne ne s'en prenne à personne, à moins qu'elle ne précise le contraire lors d'un futur rapport. « Tu es passé à côté de l'essentiel. Elle a le nom, mais pas l'héritage. » répéta-t-elle calmement. « Ce qui veut dire qu'elle ne joue pas de rôle majeur, donc qu'elle n'a jamais été préparée à cette éventualité. Ca veut aussi dire qu'elle n'a aucun rôle politique, et que ses journées sont aussi superficielles qu'elle. » Un sourire satisfait étira ses lèvres qui goutèrent à nouveau à la choppe. « Elle aime les belles choses, à commencer par les belles robes. Et qu'est-ce que je faisais avant de rejoindre la résistance ? » Elle n'apporta pas de réponse, laissant à Circe le soin de se rappeler de toutes les informations qu'il s'était appropriées dans son esprit et de faire le lien avec son passé de couturière. « Je ne pouvais pas espérer mieux. Tu as devant toi la nouvelle couturière du Palais des Flammes, au service de Thyra Oshun. »
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MessageSujet: Re: house of the rising sun. (circe) house of the rising sun. (circe) EmptyMar 3 Oct 2017 - 15:17

Coren avait beau essayer sans arrêt de se creuser la tête sur des questions qui demandaient un effort intellectuel plus que limité, il n’était pas étranger au danger. Il faisait même corps avec lui, devenant le danger à certains moments, par sa hardiesse flirtant avec l’inconscience, son assurance en lui-même et, logiquement, en toute entreprise dans laquelle il s’engageait corps et âme. Circe avait combattu aux côtés de l’officier des espions, il était connu du mêlé depuis longtemps pour avoir non seulement brillé dans les combats illégaux des arènes, mais aussi pour avoir entrainé des mêlés. Ses doigts étaient barrés de cicatrices dues aux sessions d’entrainement : feu et foudre passés lacéraient sa vieille chair mutilée. Le regard intrigué de Circe posé sur Nurie étudie sa capacité à se centrer sur elle-même, au détriment d’une observation plus radicale des autres. Si Coren avait été « à sa place », lui assure-t-elle, il prendrait plus au sérieux les dangers qu’elle encourrait. Sauf que Coren avait bel et bien été à sa place. Croyait-elle qu’un simple demeuré avide de jeux dangereux était devenu officier d’espionnage au compte de Johann Osanos, sans même avoir apporté la moindre preuve tangible de sa compétence ? Quiconque se laissait prendre au jeu de Coren prouvait qu’il en était dupe. Tout ce que Coren faisait était semblant. Semblant de ne rien prendre au sérieux, semblant de connaître abusivement des règles qui le dépassaient, jouant l’idiot léger pour vous faire croire que vous étiez l’intello et le stratège des deux. Mettre sa vie en retrait pour vous convaincre que la vôtre valait mieux que la sienne. Ne pas s’y fier. Nurie n’était pas une très bonne espionne, il fallait l’admettre. L’espion par excellence n’existait pas, ou à peine. Porté par rien si ce n’est un vide intérieur croissant. Un être dévoré par son envie de vengeance représentait, de base, une palette d’émotions bien trop fournie pour faire un bon espion. Coren, en revanche, avec ses airs d’un instant, de ne s’attacher qu’à la seconde près et de n’avoir aucun plan, aucune profondeur, était l’homme de la situation. Aussi détaché, morcelé que Nurie était pleine, entière. Il suffisait de la voir entrer dans cet auberge avec son poignard à la main, prête à défendre sa vertu, pour comprendre qu’elle n’était pas du métier. Elle ne se résignait à rien, ne laisser personne décider pour elle. Or, l'atout premier de l'espion se logeait dans sa capacité à laisser l'autre prendre sa place. N'importe quel autre. De même lorsqu’elle répond aux questions du lieutenant par une négation de l’importance de ces mêmes questions, elle lui montre son incapacité à l’espionnage. Un léger sourire barre les lèvres de Thorsten tandis qu’il l’écoute sans la couper, ses yeux brillants posés sur elle. Elle commence par s’auto complimenter – l’esprit féminin, dont la subtilité dépasse de loin celui de l’homme, serait un pré-requis à la compréhension de la mission qui l’occupe. Le sourire de Circe tressaille légèrement. La suite ne manque pas de lui plaire : heureuse d’avoir trouvé en sa cible du palais un point commun entre elles deux, elle lui fait part de sa nouvelle fonction de couturière pour le membre le plus inutile de l’échiquier Oshun. Il laisse quelques secondes s’écouler après la fin de la tirade de l’espionne, puis s’étale en arrière, le dos craquant contre le dossier de sa chaise. Ses deux mains s’élèvent et frappent l’une dans l’autre, en une série d’applaudissements concrets. N’était-ce pas le but de ce compte-rendu, être félicitée ? A défaut de lui apprendre quoi que ce soit d’utile, il avait surtout visée à démontrer l’utilité de Nurie au sein du palais des flammes. Circe était à l’origine de son placement là-bas en tant qu’espionne : il pensait avoir fait un choix stratégique, et se foutait entièrement du fait qu’elle lui prouve par a + b qu’il avait pris la bonne décision. Une fois la congratulation arrivée à terme, il se penche à nouveau vers elle, aimable. — A mon tour d’essayer d’être subtil. Thyra, je te la laisse, et j’espère en effet que tu t’en occupes – peu importe que tu lui fabriques des robes ou du steak haché – puisque c’est la cible que tu t’es choisie, c'est ton affaire. Je suis heureux de savoir que tu fais ton job – à présent je vais tenter de faire le mien, et j’aimerais que tu m’aides un peu. Il joint ses mains l’une dans l’autre par-dessus de la table, sans vriller son regard du sien. — Nous avons déjà des informations sur les profils de chaque membre qui compte à l’intérieur du palais – notamment au sujet de leur hiérarchie sur l’échiquier en cours et à venir. Par conséquent : as-tu quelque chose à m’apprendre que je ne sache pas déjà ? Tout ce qui peut servir directement la mission de Nurie n’a d’importance que pour Nurie. Quant à lui, il a tout un écosystème à bâtir autour des cibles du palais que l’espionne lui désigne. — Cible un personnage, donne-moi quatre éléments, ceux de ton choix. Un prénom d’adiutor, celui d’un être qui compte, celui de son amant ou de sa maitresse, son met favori, son péché mignon, la personne qu’il ou elle hait ou avec laquelle il ou elle se dispute trop souvent, et je me chargerai de reconstruire son histoire et de deviner son avenir. La résistance est un ramassis de cerveaux dont, à plusieurs niveaux, l’unique tâche est de tisser des toiles d’araignées. Des liens entre des êtres à éliminer, à rapprocher, à corrompre. La résistance n’a aucune morale tant que son but intrinsèque n’est pas atteint. — Si tu n’as pas envie que nous enquêtions sur Thyra en même temps que toi, c’est tout à fait possible, assure-t-il avec sincérité. Certains espions de la résistance donnent d’autres noms que ceux dont ils font leur cible personnelle et principale, et laissent les autres (notamment des mêlés verts) se pencher sur des cibles moins prioritaires à leurs yeux, ou celles qu’ils ne parviennent pas à harponner. Sans se départir de son sourire, Circe décroise les mains et attrape sa chope. — Loras Harlaw, de la nation de la terre, par exemple. Est-ce un sujet d’étude raisonnable ? Il accentue le dernier mot, parce qu’il n’a pas fallu longtemps au télépathe qu’il est pour entrevoir en un flash les ébats de l’espionne avec le serviteur Oshun, leurs paroles échangées entre deux souffles brûlants. Les souvenirs sensuels et sexuels sont les plus flagrants pour l’esprit humain, les plus faciles à sentir, parce qu’ils laissent leur empreinte et sur le corps en même temps que sur l’âme.
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MessageSujet: Re: house of the rising sun. (circe) house of the rising sun. (circe) EmptyJeu 5 Oct 2017 - 23:42

Nurie ne se considérait pas comme une personne possédant un orgueil démesuré. Elle avait grandi dans un univers simple, peut-être même simpliste, ne détenait aucune capacité particulière en-dehors de la maîtrise de son élément aquatique, ne brillait pas au combat, n'était sans doute pas la plus stratège du lot, ni la plus intelligente, ni rien. Elle était moyenne, dans tout, elle l'avait toujours été, possédait la faculté de ne pas se démarquer et donc de se rendre invisible. Pourtant, elle ne put s'empêcher de sentir son orgueil piqué au vif par le retour de Circe. Elle ne s'attendait pas à ce qu'on lui décerne une médaille, mais aurait apprécié une forme de reconnaissance, n'importe laquelle, signifiant qu'elle avait fait du bon travail. A écouter le mêlé, on aurait dit qu'elle avait accompli ce que n'importe quel idiot moyen aurait réussi à faire dans son sommeil, neutralisant les efforts et le danger de sa mission d'un ton si désinvolte qu'il en devenait profondément condescendant. Des hommes condescendants, elle en connaissait, le Palais en regorgeait, mais généralement ils l'étaient envers les femmes de par la différence de leur statut et par tradition un rien machiste. Mais elle ne s'était jamais confrontée à quelqu'un comme ce foutu Thorsten qui de toute évidence se pensait largement supérieur à la moyenne, suffisamment pour lui répondre comme on l'aurait fait à un gosse. Nurie fronça les sourcils, croisa les bras contre sa poitrine. Elle ne boudait pas – elle n'en avait jamais été capable – mais se demanda le plus sincèrement du monde ce qui la retenait au Corbeau Brumeux puisque Circe semblait tout savoir mieux que tout le monde. Elle le laissa parler, vu le plaisir qu'il prenait à s'écouter (à défaut de bouder, elle pouvait au moins faire preuve d'un peu de mauvaise foi enfantine), se contenant de rouler des yeux aux moments appropriés, de tapoter des doigts sur la table en signe d'impatience ou d'observer la clientèle les entourant. Lorsqu'il cessa – enfin – de parler, elle s'autorisa à lui rendre un regard, nettement plus méprisant que celui qu'il lui accordait, similaire à celui que son professeur d'histoire lui lançait à l'Académie lorsqu'elle se montrait dissipée : à la fois compréhensif et condescendant, comme s'il avait le savoir infini, maîtrisait bien des choses qui échappaient à l'espionne, mis au courant d'un grand secret qu'on la jugeait indigne d'entendre. « Excuse-moi, je croyais que ma mission était de m'infiltrer dans le Palais, je n'avais pas compris que ça incluait qu'on me parle comme si j'avais cinq ans et que j'étais incapable de faire mon boulot correctement » protesta-t-elle, vexée. Ce n'était sans doute pas la plus grande démonstration de maturité, mais elle n'avait pas pu retenir la frustration. Comme souvent, Nurie se laissait dominer par ses émotions : la vengeance, le désir, la loyauté, l'inquiétude, la colère ou, à cet instant précis, cet orgueil dont elle se croyait dénuée. « Si tu sais déjà, Thorsten, pourquoi ne pas prendre ma place et trouver toi-même ce dont tu as besoin ? » Il aurait sans doute une dizaine de réponses différentes et hautement insultantes à lui donner, mais Nurie n'avait pas la patience de l'écouter la rabaisser avec cette nonchalance caractéristique, aussi fit-elle le choix de poursuivre sur sa lancée. « Je ne m'infiltre pas pour te donner des informations que tu possèdes déjà, je m'infiltre parce que je peux ébranler leur monde de l'intérieur, ce que personne ne semble capable de faire à l'extérieur. Tu veux des informations sur des gens pris au hasard ? Cherche quelqu'un d'autre, car rien de ce que j'ai à t'apprendre ne t'intéressera. Nous savons tous les deux que tu aurais pu prendre de bien meilleurs espions pour faire ce travail-là et t'obtenir des renseignements, et je suis persuadée que ce n'est pas pour ça que tu m'as donné cette mission. » En temps normal, Nurie se serait sentie victorieuse, satisfaite de sa rhétorique, mais le rictus de Circe lui fit comprendre que sa réponse n'avait pas la moindre importance et ne changeait en rien sa vision d'elle. « Enquêtez sur Thyra, ça m'est parfaitement égal, si tu crois que je ne suis pas capable de faire la part des choses... Les Oshun sont sur le point de s'entretuer, les frère et sœurs du prince héritier ne rêvent que de voir sa tête sur une pique et chacun commence à réfléchir à des alliances extérieures. Thyra semble être la seule à soutenir encore son cousin, mais je suis certaine que son allégeance peut changer tant qu'elle conserve ses privilèges. Voilà, c'est la seule information que j'ai à te donner. Si tu n'es pas satisfait, je t'en prie, annule ma mission, ça ne me pose aucun problème. » Il semblait ne pas comprendre – ou se moquer royalement – la logique de Nurie, poussée sur le long-terme. Les résultats ne seraient pas immédiats, mais seraient efficaces. Thorsten pouvait remettre ses capacités d'espionne en cause autant qu'il le voulait, cela n'influencerait pas sa méthode. Ne restait alors que la possibilité de faire marche arrière, de tout arrêter, elle reprendrait son rôle insignifiant au sein de la résistance et s'épargnerait la mise en danger quotidienne directement dans la gueule du loup. Elle avait donné son allégeance à la résistance, mais n'avait jamais prétendu qu'elle y ferait une grande différence. Le nom de Loras lui arracha une grimace de surprise, rapidement remplacé par un regard noir à l'adresse du mêlé. Il s'était infiltré dans sa tête, piochant volontairement la partie dont elle n'aurait jamais parlé autrement. Sans doute s'imaginait-il que ce nom provoquerait une réaction défensive de sa part, ou qu'elle tenterait de se justifier. Elle avala une gorgée de l'ale amère, défiant Thorsten du regard. « Simplement parce que tu es capable de lire dans la tête de tes interlocuteurs ne t'octroie pas le droit de le faire sans permission, Thorsten » rétorqua-t-elle d'un ton ne souffrant aucune réponse, relativement inhabituel venant d'elle. « Mais si tu veux tout savoir... Raisonnable oui. Pertinent, probablement pas. C'est un espion à la solde de l'Impératrice, un bourreau, un homme de main, appelle-ça comme tu le voudras. Je me suis rapprochée de lui parce qu'il se montrait un peu trop méfiant et que je tiens à garder ma tête sur mes épaules, plutôt qu'à côté. Un problème avec ça ? Un commentaire à faire sur ce que je fais de mon temps au Palais, peut-être ? » Un rictus narquois étira ses lèvres. S'il pensait toucher une corde sensible en mentionnant Loras, voilà au moins une chose sur laquelle il se trompait. Nurie faisait ce qui était nécessaire pour survivre, même si cela impliquait de fréquenter intimement le bourreau.
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MessageSujet: Re: house of the rising sun. (circe) house of the rising sun. (circe) EmptyMar 10 Oct 2017 - 12:29

La reconnaissance était sans doute l'émotion la plus absente de la palette dont était pourvu Circe Thorsten. L'idée de faire quelque chose « pour » autre chose lui était aussi étrangère que celle de sauver la vie d'un pair de façon désintéressée. Il faisait et pensait pour rien – un résultat sans doute autistique dû à son pouvoir télépathe l'obligeant sans arrêt à faire partie d'un tout qu'il n'avait aucunement réclamé. L'irritation de Nurie lui parvenait nettement, ses pensées à fleur de peau entraient en lui et coulaient dans son esprit, sa gorge et son ventre comme de l'eau dans le lit habitué d'une vieille rivière. A ses yeux, Nurie ne lui avait pas été utile pour l'instant. S'il fallait en discuter, il irait même jusqu'à affirmer qu'il lui avait été plus utile que l'inverse : il lui avait donné l'opportunité d'entrer dans le palais pour réaliser une partie de ce à quoi elle aspirait, et qu’il avait lu en elle. En échange, il n'avait encore aucune information tandis que Nurie se frayait un chemin habile parmi la noblesse déchue des Flammes, au contrôle d’elle-même et de sa mission. L’autonomie qu’il lui laissait était hors du commun, pour une résistante. Peut-être s'attendait-elle à l'impressionner, il n'en savait rien : il ne se posait pas la question. Le regard de la brune s'assombrit et, lorsqu'elle ouvre la bouche, c'est pour se perdre en inutiles justifications. Impassible, il l'écoute en lui donnant ce laisser-passer qu'il peut bien octroyer à une jeune recrue de la résistance, encore peu habituée à recevoir des ordres – ce qu'elle va pourtant devoir finir par accepter. Elle se fait croire qu'il ne comprend pas. Ni sa logique, ni son plan. Elle imagine qu'il a mal vu dans son esprit, mal interprété les tableaux de ses rêves, aperçus par flash avec autant de netteté qu'un ciel d'automne un matin de soleil, qu’il est passé à côté de son intelligence. — Je sais que les Oshun sont sur le point de s’entretuer, Nurie, répond-il d’un ton las. — Ce que je veux savoir, c’est qui d’autre peut participer au crime généralisé. Qui s'enferme dans ce palais que je n'ai pas encore vu. A commencer par les chiens les plus fidèles, les braves bêtes parées de leur loyauté à toute épreuve : les premiers à se retourner contre leurs maitres, si on sait leur tendre l’os le plus alléchant. Son regard bleu croise celui de l’espionne, et décroise. — Si tu n’as rien d’autre à me donner, alors tu me fais perdre mon temps. Bien que j’apprécie le moment, suggère-t-il en levant sa chope à son encontre dans un toast esquissé, et vidant une longue gorgée de son contenu. Son esprit s’ouvre aux alentours, à la moindre parcelle de suspicion et d’intérêt trop marquée qui pourrait leur être dirigée. Rarement un homme en alerte n’a eu l’air aussi dégagé, aussi ennuyé que lui. Lorsqu’il fait allusion à Loras, une cible qui pourrait peut-être devenir de choix si tant est que l’homme s’éprend de la résistante, véritable intruse dans le palais, Nurie lui adresse un regard choqué. Quand elle se décide à lui répondre, sans doute ne prend-elle pas conscience, comme c’est le cas depuis le début, de son état. Comme beaucoup dont la clairvoyance leur fait défaut, Nurie Eriendar se fie à l’apparence de Circe Thorsten : calme, détendue, souriante, quasi amicale et apte à l’écoute. Comme bien d’autres avant elle, elle pense pouvoir s’autoriser la vexation, la répartie cinglante, et même à lui donner un ordre. Il a toujours été ainsi. Ambigu et ambivalent, profondément dualiste sur ses intentions. L’humain qui n’est ni télépathe, ni particulièrement perspicace, apprend à connaître Thorsten toujours la seconde fois. La première se passe ainsi, exactement comme maintenant. Mais cela n’arrive jamais qu’une fois. Peut-être qu’il le fait exprès. Nurie s’est laissée dépasser par son prisme de subjectivité, tout entier tourné vers elle et son égo. Elle lui crache une question rhétorique, puis une seconde, la tête haute, les yeux jetant des éclairs, dans une attitude de princesse dont elle ignore toute la dangerosité. Elle ne sait pas encore qu’elle se méprend, s’élance face à une armée invisible. Ses armes sont un rictus éphémère qu’il voit déjà couler le long de son visage, des joues au rose soutenu par sa tirade, en passe de laisser place au blême. Ainsi qu’un petit poignard à l’intérieur de sa cape, dont la lame émoussée ne tuera jamais personne. Les doigts de Circe entourent sa chope avec douceur, comme s’ils ne faisaient que la frôler. Son regard métallique se resserre autour des pupilles de la femme qui lui fait face, dont les contours s’effacent peu à peu à mesure qu’avec dureté et sans la moindre retenue, il avale tout entier le noir de ses yeux.

(soundtrack)

Le lac de Baeri est bleu comme la glace dans lequel se reflète un ciel écarlate. Tu peux encore ressentir ce froid qui brûle l’intérieur de ta gorge, la fumée blanche qui s’évade de ton ventre et t'entoure d'un halo pur. Les aigles qui traversent une ligne dans l’atmosphère sont gris comme la terre, leurs yeux dessinent des cercles au-dessus des toits noirs des maisons. L’odeur du sang te parvient avant même la réminiscence de cette vision. La tiédeur du littoral laisse place à un gel délicat déposé en fine couche sur la poignée de la porte. Moisissure légère que tu effrites en ouvrant. L’intérieur d’un ventre ouvert sur toute sa longueur dégage une violente odeur de merde mêlée au fer du sang séché, collé sur le plancher tout le long du bois – sillon brillant sur lequel s’attardent tes yeux. Les corps mutilés du père et de la mère ont mené un combat sans appel. Détaille le pourtours de sa gorge tranchée sans délicatesse, sa peau dentelée rongée de sang caillé. Les yeux de l’homme sont grands ouverts semblent te regarder fixement sans t’avoir jamais vus. Qui es-tu qui seras-tu à jamais qui étais-tu dans une autre fois un souvenir absent du sang. La femme a une paupière arrachée, dévoilant son orbite griffée, l’hémorragie ayant dévasté son cerveau dégorgeant lentement par le trou entre l’arcade et l’œil. Tu oublies si facilement. L’intrusion dans l’esprit est parfois douce et invisible, telle que tu ne t’en souviens pas. D’autres fois elle est comme un chien se jetant gueule ouverte dans tes souvenirs, s’ébrouant dans la vision de tes cauchemars et léchant tes abysses en relevant sa gueule de ton lac horrifique, le sang de tes rêves éveillés dégoulinant de sa langue. Tourne autour des corps inertes de tes parents, disparus mutilés morts. Le liquide de la bière s’est gelé entre mes doigts, l’eau tremble, prête à éclater tandis que des larmes viennent nourrir la peau de tes joues. Toi et quelle armée contre moi. Une main sur laquelle tombent des pleurs se dépose contre la chevelure de la mère aux mèches recouvertes de sang séché poisseux – l’odeur de ta gerbe bileuse embrase la pièce et se s’emmêle dans le souvenir de la merde, des entrailles du père dégoulinées sur le sol. Sa bouche est ouverte dans un rictus démontrant une souffrance infernale. A la place des dents manquantes, parfois arrachées, parfois brisées, des amas de chair bleuie, hématomes gonflés. Je te ferai vivre pour l’éternité dans ce souvenir, le seul que je te laisserai. Je ferai de ces visions ton monde, ce passé ton présent indissoluble. Je me baigne dans ton traumatise, me repais de ton chaos intime, je dévore ta mémoire. Lorsque ces visions sont devenues souvenirs, alors elle a trouvé la force de revivre. Quand le présent s’est effacé pour laisser place à l’imparfait, elle a inspiré une gorgée d’air pour devenir valkyrie. Je ferai de ton passé ton présent. Souviens-toi. Les aigles qui traversent une ligne dans l’atmosphère sont gris comme la terre, leurs yeux dessinent des cercles au-dessus des toits noirs des maisons. La tiédeur du littoral laisse place à un gel délicat déposé en fine couche sur la poignée de la porte.
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MessageSujet: Re: house of the rising sun. (circe) house of the rising sun. (circe) EmptyLun 16 Oct 2017 - 23:00

Elle le savait dangereux. Combien d'histoires avait-elle entendues à son sujet, racontant les faits de gloire d'un homme dont le comportement le rendait semblable à un automate sans la moindre émotion. Mais sans doute par naïveté, ou peut-être par cet orgueil dont elle se croyait pourtant si peu pourvue, elle le sous-estimait. Pas avec les autres, mais avec elle. Nurie avait supposé qu'il nourrissait un intérêt particulier à son égard, qu'il comprenait parce qu'il avait vu. Il n'y avait rien à lui cacher, rien qu'il ne soit en mesure d'attraper entre les griffes de son esprit, et elle s'imaginait que cela la protégeait. Peut-être voyait-elle en Circe Thorsten l'homme plutôt que le monstre, capable non seulement de voir mais de comprendre la complexité du fil d'émotions sur lequel elle perdait chaque jour davantage le contrôle. Nurie se battait sans être certaine de savoir pour quoi, ne croyait en aucune autre cause que la vengeance et savait pourtant que l'assouvir ne la satisferait jamais pleinement car elle serait toujours seule. Elle avait tout perdu, mais ne cherchait à rien gagner, avançait sans la moindre idée de ce que lui offrirait le futur, se méfiait de tout le monde et de personne à la fois. Elle voulait la vengeance, mais aussi la rédemption, être entourée et solitaire, être femme guerrière et enfant effrayée. Et même lorsqu'elle ne voulait rien de tout ça, son univers la forçait à toujours choisir, à n'être jamais qu'une partie d'elle-même sans savoir laquelle ni pourquoi. Elle existait, et c'était déjà une problématique suffisante. Alors elle avait cru que Circe savait, qu'il excuserait l'orgueil, l'égo piqué au vif d'une gamine qui voulait jouer à l'adulte, à l'aventurière intrépide. Elle avait cru qu'il la pardonnerait de se prétendre intouchable parce qu'elle n'avait plus que cela pour se défendre et se protéger du monde. Elle se trompait. Circe n'excusait pas plus qu'il ne pardonnait, ne tolérait ni médiocrité ni confrontation. Elle le sut à l'instant où il planta son regard dans le sien, pénétrant son esprit avec violence. Le décor du Corbeau Brumeux s'évanouit, pour laisser place au souvenir de l'indicible. Il plongea de force son esprit dans la régurgitation insoutenable d'un matin d'hiver. La voix du télépathe guida la scène, l'obligeant à revivre chaque geste, chaque sensation, chaque émotion aussi violemment que la première fois.

A nouveau, ses pas la guident jusqu'à leur maison. Sa main ouvre la porte, son nez assailli d'un parfum putride et reconnaissable entre mille : celui de corps en décomposition. Elle découvre le cadavre de son père d'abord, les yeux ouverts de stupeur la fixant sans même la voir, sa bouche offrant un sourire de l'ange sinistre et édenté. L'odeur du sang lui soulève le cœur et elle porte une main à sa bouche pour retenir la bile. Sa gorge a été tranchée sans ménagement, laissant une plaie béante inondée du liquide épais. La vision l'oblige à fermer les yeux, et elle voudrait ne jamais les rouvrir. Elle le fait pourtant, distingue les entrailles du père, les tripes en partie sorties de son corps replet et dont l'odeur à nouveau manque la faire vomir. Elle ne pleure pas, trop sidérée pour ne serait-ce qu'y songer. Elle s'attarde ensuite sur le corps sans vie de sa mère. Elle lui apparaît vulnérable pour la première fois, pathétique même, au visage si mutilé qu'elle en est presque méconnaissable. C'est cela, plus que le reste, qui lui arrache le premier sanglot. Les larmes se mettent à couler, incontrôlables, identiques à celles qu'elle versait après un cauchemar, lorsqu'elle hurlait pour que sa mère vienne la rassurer. La douleur dans sa tête est si violente qu'elle l'imagine fissurer son cerveau en dos, la faire exploser en-dehors de son crâne pour rejoindre les entrailles de ses parents, rendus misérables avec une passion sauvage. Elle se souvient, Nurie, elle se souvient de tout. Mais la douleur est amplifiée, magnifiée par le contrôle de Circe. Il l'oblige à revivre en double, à la replonger contre son gré dans le souvenir, seconde après seconde, actrice de sa propre mémoire, du carnage des Eriendar. Il l'oblige à en jouer les spectatrices aussi, force son esprit à s'attarder sur des détails qu'elle a ignorés la première fois. Il lui impose la vision insoutenable que son esprit avait volontairement occultée parce qu'elle était intolérable. Elle manque d'air, n'ose pas respirer de peur de dégueuler elle aussi ses tripes sur le sol. La voix de Circe résonne dans sa tête, se cogne contre chaque recoin de son crâne et elle envisage la possibilité qu'elle ne survivra pas à cette intrusion, que la douleur est trop forte pour ne pas la rendre folle. Les mécanismes de son cerveau ne suffisent pas à la protéger, elle hurle sans que le moindre son ne traverse ses lèvres. Elle le supplie mentalement d'arrêter. Ca fait trop mal, je ne peux pas. Arrête ça, je t'en prie, tu vas me tuer. Ses poings se serrent par réflexe, la vague de puissance est aussi forte qu'incontrôlable. Elle ne maîtrise plus rien, mais sent son pouvoir gonfler dans ses veines, la traverser de part en part, plus fort qu'il ne l'a jamais été.

Le bruit de l'explosion la ramena à elle brusquement, repoussant Circe hors de sa tête pour l'obliger à retrouver le présent. L'intrusion laissa un sillon douloureux dans sa tête, comme une migraine impossible à chasser, mais sa vue se recentra sur le décor de la taverne. Tout autour d'elle, un à un, les tuyaux guidant l'eau d'un endroit à l'autre éclataient, faisant jaillir des geysers sous la pression de ses mains. Elle tourna la tête pour mieux se rendre compte, tandis que les clients se levaient brusquement, à la fois surpris et effrayés. Qu'un tuyau se perce aurait pu être un accident. Mais la probabilité que tous explosent en même temps était infime, insignifiante même sans l'intervention d'un Maître de l'Eau. Nurie reposa son regard sur Circe, lui-même passablement étonné de la violence de son pouvoir. Elle ne l'avait jamais utilisé de cette façon, avec une telle force, et si elle n'avait pas été aussi surprise, elle aurait sans doute eu une pointe de fierté en découvrant l'étendue de ses capacités. Excepté qu'ici, l'utiliser équivalait à la peine de mort, et qu'elle tenait suffisamment à sa vie pour ne pas crier sur tous les toits qu'elle en était l'instigatrice. « Il faut qu'on parte » souffla-t-elle à l'attention du résistant. Elle ne comptait pas s'attarder et leur donner une chance de l'identifier, alors que le barman se mettait déjà à hurler à l'attaque d'un Maître. Trouvez-le, attrapez-le et appelez la garde impériale, ordonnait-il à ses clients, eux-mêmes trop stupéfaits pour véritablement agir. Nurie se leva, resserra sa cape sur elle pour couvrir son visage. Circe fit de même, et ils déguerpirent avec rapidité et discrétion, profitant d'une porte dérobée pour rejoindre la rue sans être inquiétés. Elle pouvait encore sentir le déferlement de puissance dans son corps, mais l'effort l'avait épuisée. Ses jambes tremblèrent, menaçant de ne pas pouvoir soutenir son poids trop longtemps, et elle s'appuya contre le mur du Corbeau Brumeux, inspirant et expirant lentement l'air frais des nuits de la capitale. L'un comme l'autre restèrent silencieux. Nurie n'aurait pas su quoi dire, de toute façon. La fureur, la douleur, le chagrin, la peur se mélangeaient en elle, mais si l'objectif était de lui apprendre une leçon, elle l'avait retenue. Une part d'elle ne put s'empêcher de se demander si Circe la considérerait d'une façon différente. S'il verrait en elle l'ombre de la guerrière, dont l'esprit brisé pouvait pourtant survivre à une intrusion qui aurait sans doute rendu fous beaucoup d'autres, dont la puissance du pouvoir restait encore à découvrir. Et elle chassa la pensée de sa tête, car la dernière chose qu'elle cherchait était l'approbation d'un homme capable d'une telle démonstration de sadisme. « Il est inutile que je m'attarde ici, ils vont donner l'alerte d'une seconde à l'autre » fit-elle, incapable de savoir si elle s'adressait à lui ou à elle-même.
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