Andrei,

Il m'est apparu, sur le chemin qui séparait la place publique de la chambre que j'occupe à Greenstall en attendant de rentrer chez les miens, que la nation de l'air venait de perdre sa plus grande figure de sa nation, mais que tu venais surtout de perdre un père. Cela fait déjà plusieurs heures que je me demande s'il est bon ou pas de coucher ces mots sur le papier, ou si même tu daigneras les accepter. Mais le fait que nous n'ayons jamais véritablement réussi à nous entendre et que la guerre nous sépare, plus encore que l'animosité qui a toujours régné entre nous, ne m'empêche pas de me sentir peinée. Il semble évident que justice a été rendue, mais il m'est incapable d'arrêter de songer au fait que ma nation t'as arraché un être qui, je le sais parfaitement, comptait plus que tout pour toi. Te voilà amputé d'un parent, comme moi. Regardes ce qu'il a fallût pour que nous nous trouvions un seul point commun - le pire de tous, qui plus est. Des condoléances sont de mise, et je te présente les miennes, les plus sincères.

Je voudrais que tu saches qu'Oleg a su rester aussi digne que possible. Mais il avait tout de même l'air triste. Je pense qu'il pensait à vous tous. Je pensais à vous aussi. À toi.

Peut-être ne recevras-tu plus jamais le moindre mot de ma part, ni n'en entendras de nouveau. Mais qui sait ? Quoiqu'il en soit, si un jour nous sommes amenés à nous retrouver, j'espère que le monde ira mieux.

Pensées,

Braelyn,

C’est surprenant de recevoir une lettre de ta part, surtout après la façon dont nos chemins se sont séparés. C’est surprenant aussi, dans la mesure où aucune lettre ne fut échangée entre nous malgré les nombreux mois que nous avons passés en tant que fiancés. Une fois ma surprise passée, j’ai pu alors lire les mots que tu me décernes dans une tranquillité moindre. Les frontières sont contrôlées, mais tu le sais déjà. Pourtant, tu as pris le risque de m’écrire tes pensées, et de raconter à l’orphelin ce qu’il n’a pu voir. Je pense ne pas me tromper quand je dis que tu peux comprendre ce que je ressens en ce moment, les émotions qui me traversent - et surtout le cruel manque du parent aimé.

Tu as connu mon père, et tu es son élue, parmi tant d’autres. Pour avoir assisté à ses derniers moments, et envoyer des mots réconfortants à son fils privé d’adieux, je te remercie. Je pense, également, qu’il te remercie, qu’importe l’endroit où il a atterrie. Et que depuis-là, il sourit face à son choix. Il t’aurait sans doute appréciée comme fille, mais voilà une chose qui n’arrivera pas. Je m’emporte, et je finis donc là mes divagations.

Malgré la passion qui ne fut mienne à ton égard, je souhaite que la guerre t’épargne toi et tes proches.
Nous méritons mieux, je l’espère du moins.