Présent le pas claquant dans les couloirs du monastère familial, que peut-il bien arriver à Eurus pour qu’une servante débarque ainsi à sa porte essoufflée, quelle nouvelle terrible peut bien arriver avec une messagère ne donnant pas même une information autre que le nom. Stoppant net face au bois des portes du salon, Beathan prend une goulée d’air qu’il expire lentement, véritable acteur d'un spectacle de marionnettes, il préserve sa face calme habituelle, l’inhumanité habitant les traits de celui capable d’agir en toutes circonstances, devant ignorer ses sentiments s’il le faut. Hautain, il pousse enfin les portes, il n’a pas le temps d’approcher et de saluer qu’elle l’insulte déjà. Sous son propre toit, l’inconnu use de Wheatdrop telle l’insulte, croyant avoir la moindre emprise sur ta vie et celle d’Eurus, donnant un avis qu’elle ferait bien de se garder, allant jusqu’à espérer pouvoir juger de tes capacités en désirant les écrasants alors qu’elle ne fait qu’insulter celle au nom de qui elle est venue.
Maintenant qu’il a écouté, qu’il a vu ses manières et ses caprices, elle attend bêtement une réponse à toutes ses choses qui la dépasse alors qu’elle croit savoir. Ces genres de gens ignorants, certain d’être maître du temps et de l’espace sont ceux qui t’inspire le plus de pitié en ce bas-monde. Il est temps de lui donner la leçon. Les yeux fixé sur elle, assis l’un en face de l’autre autour de la table basse, il la quitte du regard, négligeant son existence pour se servir un verre tout en lui proposant. Raclant sa gorge pour parfaire son élocution, il montre qu’il est le maître ici et que personne ne peut lui donner d’ordre. « Bonjour. » Une pierre tombant dans l’eau, simple mot lancé. Il jette un regard ardent, noir de suie sur elle qui devient le centre de la pièce sans qu'elle n'est plus aucun droit pour l'instant, le maître parle, l'élève écoute. « Je crois bien qu’Eurus ne vous a pas envoyé. Non, taisez-vous, écouter moi maintenant. » Ordre donné sur la menace, elle ferait bien d'obéir. « J'ai écouté, à votre tout. Je la connais, jamais elle n’insulterait quelqu’un de cette manière, elle est honorable dans ses actes et pour me dire ça elle serait venues en personne. La prochaine fois que vous vous annoncez au nom d’un autre, aillez la décence de vous montrer à sa hauteur, d’agir avec dignité pour ne pas la couvrir de honte. Jusqu’ici vous n’avez démontré qu’une grossièreté sans failles, à l’encontre de tout ce que j’ai pu voir des Osoryd, famille du feu des plus respectables. Alors, avant toute autre question, veuillez décliner votre nom, expliquer quelle relation vous entretenez les Osoryd et surtout, qui croyez-vous êtres pour déterminer qui je suis, ce que sont mes capacités et quel avenir dois-je choisir ? » La dernière partie concerne davantage l’amour-propre blessé au vif sous son propre toit, il ne joue pas dans la même cour, il est un Wheatdrop, famille de la terre, mur froid et glacial il montre l’exemple sans la moindre gêne. Elle n’est qu’idiotie, croyance désespérée qu’on échappe à sa vie si facilement parce qu’on est noble, elle n’a aucune idée de ce dont elle parle et s’insurge d’un rien. « Et calmez-vous, sinon j’appelle la garde et vous ne ferez pas long feu ici. » Politesse froide et tranchante, la menace est palpable, qu’elle geigne ailleurs si sa lui plaît, mais le temps de Beathan n’est pas infini et il a des projets à mener. « Je vous en prie, parlez. » Dernière insulte à son interlocutrice, si elle ne comprend pas il va lui faire comprendre qui domine.

Les insultes, les insinuations, l’incapacité ont réprimé sa propre stupidité, la liste ne fait que commencer, cette femme n’en finit pas de s’enfoncer dans sa propre misère spirituelle. L’écoute est long, trop longue, mais l’impolitesse de la coupée serait se montrer indigne de son rang. « Écoutez vous parler. Franchement, avez-vous seulement réfléchit aux conséquences ? » Il fallait à nouveau la remettre à sa place, après avoir écouté ses nouveaux affronts, elle a osé aller jusqu’à la menace. « Pas une seconde on ne peut vous prendre pour une Osoryd. Vous ne tiendrez pas plus d’une dizaine d’heures sous le poids qu’implique un tel nom. » Le monde des nobles est bien différent de celui des mêlées ou même des lambdas, aucun ne se vaut, n’est mieux que l’autre, mais elle n’en entrevoit pas l’irrespect porté dans ses mots. « L’honneur n’est pas qu’une armure, c’est aussi un fardeau. ‘Nous autres’ le portons parce que nous savons notre chance d’être né dans une bonne famille, nous le portons parce qu’il faut qu’une partie de nous défend ceux qui ne le peuvent pas eux-mêmes. » Et c’est pour que plus personne n’ait à le porter, qu’il n’y ait plus personnes à défendre que Beathan souhaite plus que tout voir l’impératrice déchue de son trône, récupérer la couronne de granith pour la terre et laisser le reste du monde aux autres chefs, chacun sachant parfaitement comment gouverner son propre pays mieux que quiconque.
« Pour ce qui est de la honte, c’est votre problème. Pour ce qui est du bonheur d’Eurus, il faudrait peut-être lui laisser son mot à dire. Je ne crois pas avoir vu un bracelet orange à ton poignet, personne ne sait ce qui peut bien lui passer par la tête au final. » Un sourire retenu, il est vrai que ce côté d’Eurus est plaisant, qu’elle ne soit pas une simple poupée de chiffon mais une femme profonde de personnalité.Maintenant, le coup final, la menace de mort, imagine-t-elle pouvoir sortir d’ici après l’avoir tué sans le moindre problème . Sans qu’elle soit certainement Eurus finissent en prison . Le monde tourne mal, mais pas encore à ce point-là. « Oh, et si tu penses que tes menaces me font peur. Vas-y, tue-moi, j’y suis préparé depuis l’âge adulte. Un nom n’est pas seulement la marque d’une famille, c’est une force, un danger pour les autres noms. Seulement, ça, on ne peut le comprendre que lorsque son propre nom représente un danger pour les autres. » Une mère morte, assassinée sauvagement, sans jamais être vengée, sans que personne ne soit jamais puni pour ce crime en a conduit plus d’un à la folie de la vengeance. « Alors, Jaehaerys Norhalis, fais ce que bon te semble puisque les règles des simples mortels ne t’affecte pas. Mais n’espère pas ressortir d’ici indemne. »
Un sinisme cassant dans la voix, faisant presque apparaître un grain fou dans le regard du Wheatdrop. Une attitude qu'on lui connait peu, provocateur face au ignorant. Cependant, il n’est que dans sa pose habituelle, sans le moindre mouvement supplémentaire, à peine un haussement de sourcils qui diffère de son éternelle face de pierre.

Malheureusement pour elle, il en est de ceux qui vive par la terre, l’obstination est l’essence même de ce peuple ou d’aucun ne ploie genoux face à l’adversité. Que ce soit son adiutor, ses sœurs, sa famille, n’importent quel vivant ou mort, l’amour n’existe pas pour les Wheatdrop. Famille de glaise, homoncule de terre pour la terre, ils ne font qu’exister pour les autres et les dieux, pour ceux qui ne sont pas eux. En conclusion de leur vie, il meurt même sans se soucier de qui ils sont. Porteur du fardeau, Beathan conserve précieusement les souvenirs de cette morte, en accomplissant ainsi son devoir de mémoire envers sa mère, couvrant sa vie d’un voile de mort, 12 ans qu’il rampe estropier, un pied coincé dans la tombe. Elle lui parle de ses choses sans comprendre, sans voir l’étendue du monde, ce qu’elle dit n’a aucun sens pour lui. Il ne veut pas leur infliger la douleur d’une perte, à ses gens précieux sans amour, mais loin de lui que sont ses sœurs, coincé comme lui dans la mort qu’est son adiutor, il n’a finalement rien à perdre en se faisant trancher la gorge ici et maintenant. Plus d’inquiétude, de nuit blanche, de crampe a l’estomac à l’idée qu’une fois encore il a échoué, de sueur froide à l’éveil d’un cauchemar.
Jamais ils ne se comprendront. Elle ne prend pas un instant d’attention pour l’écouter, comprendre ce qu’il essaie de lui dire. Une élève perdue dans le trouble, il ne voit pas comment il peut aider cette pauvre âme perdue hors qu’elle lui saute à la gorge, susurrant la délicatesse de ses pensées à son oreille. « Pour la dangerosité. Tout dépend des circonstances. » Il lui crachait sa réponse au visage, l’accompagnant d’un sourire déchirant le voile, voilà la mort en pleine face, ce désir trop fort pour exister, irrésistible pulsion. À cet instant, la goutte défilant sur sa gorge, il prend une grande inspiration, prête à faire le plongeon, dans l’attente qu’elle lui offre le jugement final de cette vie. Cependant, elle n’en fait rien. Il revient dans son corps après un furtif regard dans l’après-vie. Coup d’œil qu’il attend depuis trop longtemps, qu’il se refuse parce qu’il a un devoir, un nom, une protection qu’il n’a pas demandée.
Déçu, perdu dans ce qu’il croyait être sa fin, le corps sombre prit la forme d’une prison pour l’esprit tourmenté, gouverné par cette chose dont on ne doit jamais parler. ‘Elle ne le tuera pas.’ C’est tout ce qui sonne à ses oreilles, Eurus, la robe, le sang, la médiocrité, il s’en fout, il veut mourir. Lui prendre quoi ?! Il ne veut rien d’elle, rien de ce qu’elle possède ne l’intéresser, rien de ce qui existe ne l’intéresse en fin de compte. Il est un Wheatdrop, vivant dans la satisfaction du rien, dans la démonstration d’une splendeur sans la moindre possession, sans le moindre sentiment, sans la moindre humanité. « Je ne veux rien de toi. » Il regarde ailleurs, détournant le regard de la faucheuse, refusant d’avouer ce qu’il veut réellement. « Part d’ici, ne revient jamais... » Transperçant la fenêtre des yeux, il ne porte pas un regard sur elle. Loin de s’écraser, il lui montre sa vraie nature, solitaire, refusant toutes approches de l’extérieur, à deux doigts de s’enfoncer dans la terre et d’engloutir le monde entier avec lui. Cette salope de faucheuse est devant lui.  « Disparaît maintenant » loin d’une menace, c’est un conseil, avisé lorsqu’on voit de quelle manière ses mains jointent trembles entre ses deux genoux.