Le regard perdu dans le vague, les voix s'entremêlaient autour d'elle. Liza souriait mais ce n'était qu'une illusion. Douce apparence destinée à tromper tout le monde. Elle devait se montrer forte pour sa nation. Si quelqu'un venait à penser que la nouvelle dirigeante d'Aerinstin n'assumait pas sa nouvelle place, elle attiserait peut-être les convoitises. Liza n'était pas un monstre. Elle n'était pas insensible au sort de son père. Elle s'en voulait d'avoir été si loin mais elle ne le regrettait pas. C'était nécessaire pour assurer un semblant de paix avec les Griffith. Oleg Valaeris devait payer pour ses fautes. Liza n'avait pas pu le protéger de son crime. Elle avait néanmoins garder dans l'ombre l'influence de sa mère dont elle s'était occupée. Elle vivait désormais dans une aile du palais et elle était surveillée. Liza s'en méfiait énormément, surtout depuis qu'elle avait fait arrêter Oleg. Sa cousine Elvira n'avait pas été épargnée, surtout quand elle avait découvert qu'elle rêvait de l'évincer pour prendre sa place. Une folie qui l'avait fait rire sur le moment mais qui avait brisé ce qui restait de son affection pour elle. Liza s'était assurée de l'envoyer le plus loin possible d'Aerinstin en la fiançant à un maître du feu. Une punition encore trop douce pour cette harpie. Elle se sentait seule et trahie. Les mêmes émotions que devait ressentir son père à cet instant. Elle était entourée par ses proches mais Tina lui en voulait encore et Andrei n'était pas sorti de son coma. C'était finalement peut-être ça le poids de la couronne invisible. Perdue dans ses pensées, Liza sursauta en entendant les applaudissements s'élever. L'union entre Cal Oshun et Saeko Yinren venait enfin de se terminer. Des festivités qui éveillaient en elle des inquiétudes plus personnelles. Elle ne pouvait que faire le lien entre cette union royale et son propre mariage à venir. Elle s'était rapprochée de Maven, peut-être trop vite. Elle se demandait s'il n'avait pas profité de sa faiblesse. Liza était déjà perturbée par la mort d'Isaiah Griffith au moment des attentats. Perdre Andrei n'avait fait que la plonger dans une grande détresse. Elle avait appris à connaître les masques du jeune homme. L'amant. L'ennemi. Le confident. Le monstre. Elle pensait le connaître mais elle ne le fréquentait que depuis peu. C'était naïf de sa part de croire qu'il était enfin de son côté. La belle était revenue à Volastar dès le lendemain de sa nuit avec Maven. Elle n'avait pas osé lui adresser la moindre lettre, ni réclamer sa présence. Un silence qui n'avait fait qu'accentuer ses angoisses. Alors même qu'elle venait de prendre la tête de Aerinstin, l'avait-il dupé pour la poignarder en plein coeur ? Avait-il tout raconté à Isaure ? Ses points faibles et ses craintes, ses envies et ses désirs ? Liza ne voulait pas affronter cette réalité. Cette vie dans laquelle Maven l'aurait trahi de la plus vile des façons. Elle était soulagée de ne pas être à proximité de la famille impériale. Les Valaeris avaient été placés relativement loin par rapport aux Oshun. Une décision qu'elle ne contestait absolument pas. Elle était peut-être lâche la gamine. Lâche de ne pas vouloir affronter la source de tous ses maux. Elle craignait d'être confrontée à sa probable trahison. Désormais qu'il avait eu ce qu'il voulait, peut-être avait-il changé d'avis. Peut-être pensait-il avoir gagné. Un soupir étira ses lèvres tandis que la foule se dispersait. Elle était perdue Liza. Depuis qu'elle avait accédé au pouvoir, elle avait conscience que ses décisions n'avaient pas le même poids. Elle ne parvenait pas à faire pleinement confiance à Maven malgré tout ce qui s'est passé. Elle se demandait si elle y arriverait un jour, même bien après leur union. La jeune femme se leva et se mêla à la foule. Elle était loin d'être à l'aise. Elle sentait les regards se poser sur elle, parfois avec insistance. Elle n'était pas dupe. Elle savait très bien que tout Aksana devait savoir ce qui s'était passé à Volastar. Elle s'en moquait. Qu'ils pensent ce qu'ils veulent. Agacée par la foule, la jeune femme fit signe à son adiutor et elle se glissa vers la sortie des jardins. Elle se sentait oppressée même si le mariage se trouvait à l'extérieur. Liza avait besoin de calme. Elle voulait aussi fuir une rencontre fortuite avec Maven. Elle se trouvait bien puérile d'agir ainsi mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. Elle ne savait pas quoi lui dire, ni quoi faire. Ils s'étaient quittés sans doute trop vite après avoir partagé leur première nuit ensemble. Une nuit où ils s'étaient fait confiance et où ils avaient oublié leur nation et leurs allégeances. Elle ne savait pas où elle allait mais elle fuyait le plus loin possible des festivités. Elle ne pouvait décemment pas se cacher éternellement en tant que dirigeante de Aerinstin mais elle voulait juste souffler. Ace semblait inquiet mais il ne disait rien. Il se contentait de la suivre et de la protéger. Tel un véritable courant d'air, la jeune femme s'arrêta au détour d'un couloir et se glissa dans une pièce vide. De mémoire, il s'agissait des multiples chambres vides destinées à accueillir des invités ou des étrangers. Apaisée par le silence et la tranquillité de la chambre, la jeune femme hocha légèrement la tête pour rassurer Ace qui referma la porte derrière lui. Liza ramena ses boucles blondes derrière ses épaules et elle prit place devant la coiffeuse dépourvue du moindre effet personnel. La jeune femme se contente d'observer son piètre reflet dans le miroir. Les cernes s'étaient estompées depuis qu'elle avait dénoncé Oleg à Ariane. Elle semblait presque plus vivante mais elle voyait briller dans ses prunelles le poids qui pesait sur elle. Le poids d'une nation. Elle plongea son visage au creux de ses mains et elle ferma les yeux. Elle tentait de faire le vide dans ses pensées. Une manie qui était née récemment. Elle était parfaitement stoïque, si bien qu'en entendant la porte s'ouvrir de nouveau, elle n'esquissa pas le moindre mouvement. « Ace, laisse moi encore une minute s'il te plaît. » Etonnée d'entendre la porte se refermer, la jeune femme leva les yeux vers la silhouette douloureusement familière qui lui faisait face. Maven. Elle ne s'attendait pas à le voir si tôt. Elle n'était pas naïve au point de penser qu'il n'essaierait pas de la voir et de lui parler. Elle pensait juste qu'il attendrait encore un peu avant de se confronter à elle. « J'espère que tu n'as rien fait à mon pauvre adiutor pour qu'il te laisse passer. » Une plaisanterie un peu facile qui ne dissimulait en rien sa gêne. Tout aurait été plus facile s'il n'avait pas été son fiancé ou si elle ne commençait pas à avoir des sentiments pour lui. S'il avait été un étranger, elle aurait été certaine de ne plus le recroiser, encore moins à l'union de Cal Oshun et Saeko Yinren.

Elle était peut-être naïve Liza. Naïve de penser qu'elle n'allait jamais revoir Maven. C'est enfantin de croire que tout cela n'avait été qu'un rêve. Candide de se laisser penser que leur nuit n'était qu'un souvenir qu'il valait mieux oublier. Elle avait presque réussi à faire taire le manque, très vite remplacé par le malaise. Le silence s'était immiscé entre eux. Un poison distillé par la distance qui les séparait. Elle avait réussi à oublier ses caresses, ses lèvres contre les siennes et sa présence. Leur nuit était devenue un songe, un rêve flou. Elle en était venue à se dire que rien de tout cela ne s'était passé. Liza en était presque convaincue, jusqu'au mariage. Elle l'avait évité du mieux qu'elle pouvait. Elle avait pris la fuite, comme une lâche. Elle n'avait pas voulu affronter son regard et ses questions sans réponse. Elle n'en avait pas la force. Pas après ce qu'elle avait fait pour sa nation et sa famille. Pas avoir après trahi papa pour le jeter dans les prisons froides de Eartanera. C'était encore trop tôt pour affronter Maven. Elle n'était pas prête à entendre ces mots qui la terrifiaient tant. La trahison qui se profilait au loin. Elle s'était attachée à lui, Liza. C'était une erreur. Une bêtise qu'elle allait sûrement payer un jour ou l'autre. Mais elle tenait à lui. Elle savait qu'il allait lui briser le coeur. Maven s'y était fait une place. Il avait brisé ses barrières et le mur de glace qui l'entourait. Il était le seul à pouvoir le lui briser. Le seul avec Andrei. Et il se tenait là, avec ses ecchymoses et sa lèvre fendue. Liza était paralysée. Elle ne pouvait pas mettre de mots sur ce qu'elle ressentait mais elle ne pouvait esquisser aucun mot ou aucun geste. Elle restait là, à le regarder sans bouger. La belle princesse de glace. Elle se demandait si c'était une illusion de plus. Elle était presque tentée de l'effleurer du bout des doigts pour y croire. Liza voulait sentir sa chaleur sous son épiderme, son souffle sa paume. Elle avait envie d'y croire sans vraiment le vouloir. « Disons qu’il ne risque pas de nous interrompre. » Fin du rêve. De l'hésitation. C'était lui. Ce n'était pas un songe. Elle s'inquiétait à peine pour Ace tant elle était envahie par les doutes et les interrogations. Elle se demandait ce qu'il avait à lui dire pour l'avoir suivie. Elle ne voulait pas se surprendre à espérer quoique ce soit. Leur nuit les avait rapproché mais pas au point d'annihiler totalement la méfiance qui subsistait entre eux. Un Oshun et une Valaeris. Drôle d'équation dans un monde en proie au feu et à la destruction. « Le mariage n’était pas à ton goût, pour que tu t’échappes ainsi ? » Ce n'était qu'une obligation due à son rang et à son devoir. Tout bon argent avait été convié aux festivités. Il ne s'agissait pas là d'un simple évènement mais de l'union du prince héritier. Elle n'avait pas eu d'autre choix que de plier l'échine et de fouler à nouveau la terre de Launondie. Elle était devenue reine. Une reine sans couronne et sans pouvoir officiel, mais une reine tout de même. Les lippes scellées par le choc de sa présence, elle l'observait en silence. Il devait sûrement penser à leur union prochaine. Au poids que cela représentait. Il n'y avait pas de retour en arrière. Pas de sortie. Pas d'excuse. Une fois mariés, il allait avoir ses propres devoirs lui aussi, surtout depuis qu'elle était devenue la dirigeante d'Aerinstin. Il allait prendre son nom, sa nation. Elle, s'il le voulait toujours. « J’ai appris ce qui s’était passé, chez toi. Oleg, Elvira, Andrei. Je suis désolée. Mais félicitations pour ta couronne… Tu dois être au comble du bonheur… » Les dents serrées, elle ne fixait désormais plus que son reflet dans le miroir. Elle était furieuse, Liza. Elle aurait aimé qu'il soit avec elle. Elle avait eu besoin de ses proches plus que jamais. Elle avait été seule pour faire face. Seule avec son adiutor. Andrei n'était pas là. Maven non plus. Elle s'était sentie abandonnée. Seule. Elle avait détesté ressentir cela. Elle n'avait pas mesuré l'emprise que le maître du feu avait développé sur elle et ça lui faisait peur. Elle n'aurait pas dû être aussi troublée par son absence. Ce qui l'enrageait le plus, c'est qu'il semblait penser qu'elle avait enfin tout ce qu'elle voulait. Sa couronne. Elle n'était pas la plus heureuse. Elle avait dû trahir son père et le faire condamner pour son crime. Elle avait dû le livrer à Ariane pour sauver les siens et se sauver elle-même. Liza n'était pas au comble du bonheur. Elle ne se réjouissait pas d'être à la tête de Aerinstin. Elle n'avait pas voulu y arriver comme ça. Elle avait imaginé la retraite de son père. Son couronnement avec Andrei et ses côtés. Maven n'était qu'une illusion apportée au rêve pas son imaginaire. Elle réalisait avec violence qu'elle idéalisation leur relation alors même que les doutes subsistaient. Elle s'en voulait d'être finalement si semblables aux filles de son âge. Les belles princesses qui attendaient leurs princes charmants. Elle avait une meilleure opinion d'elle, Liza. A croire qu'il la rendait faible. Elle détestait cela. Elle le haïssait pour l'adoucir de cette façon. Il y a encore quelques mois, elle serait restée impassible face à Maven. Elle aurait simplement répondu avec la plus grande diplomatie et elle lui aurait souri comme pour le provoquer. Il y a quelques mois, cela ne l'aurait pas rendu folle de ne pas avoir de nouvelles et de regretter son absence à l'arrestation de son père. Il y a quelques mois, elle n'était pas tombée amoureuse de lui. Cette évidence la frappa en un éclair. Elle ne l'acceptait pas, pas encore. Elle était encore plus furieuse contre lui. La Valaeris se leva sans la moindre convenance et elle se jeta sur lui. Tout simplement. Les poings serrés, elle martelait son torse avec fureur. « Où étais-tu ? » Les larmes brillaient dans ses prunelles claires plus désemparées que jamais. « Comment peux-tu penser que je suis comblée ? Comment oses-tu prétendre que je vais bien ? » Les coups diminuaient à mesure que la jeune femme craquait. Liza n'avait jamais fait preuve d'autant de sincérité avec Maven. Jamais elle n'avait osé dévoiler autant ses émotions. « Où étais-tu quand j'avais besoin de toi ? » Quand ses pleurs s'élevaient dans le palais des Valaeris ? Quand elle était déclarée dirigeante de la nation et qu'elle prenait place suite à son père ? Quand elle était brisée et que personne n'était là pour la serrer dans ses bras ? Où était-il quand elle avait besoin plus que jamais de quelqu'un ? Cela lui importait peu de parler de leur nuit ensemble. La gêne avait été surpassée par les évènements d'une plus grande ampleur. Le Oshun n'avait pas été là pour elle. C'était tout ce qui comptait. Pas les ébats. Pas l'étreinte. Son absence. C'était son absence qui la blessait le plus. Il aurait pu venir. Il aurait pu se douter qu'elle allait s'effondrer. Nul ne pouvait condamner sa famille sans en payer le prix. Nul ne pouvait rester infaillible devant le fardeau que cela représentait. Liza était restée seule. Où était Maven ? Probablement avec Isaure. La seule qui comptait à ses yeux. La seule qu'il aimait assez pour rester avec elle. C'était elle qu'il avait choisi. Elle et personne d'autre.

La faiblesse. Un des plus vieux ennemis de la princesse. Un cauchemar qui se matérialisait sous ses yeux. La fière Elizaveta Valaeris était réduite aux pleurs et aux accusations. Elle suffoquait, en proie aux flammes invisibles qui brûlaient dans son coeur à cause de lui. Il avait réveillé son palpitant léthargique. Il avait brisé l'armure de glace qu'elle s'était forgée au fil des années. Tout s'était écroulé. Tout. Et il en était le responsable. L'ennemi. Le monstre. L'amant. Il s'était glissé dans ses pensées et dans son coeur sans même qu'elle ne le réalise. Le pire c'est qu'elle ne savait toujours. Jeu ou réalité. Elle ne savait pas si le garçon du feu avait gagné la partie ou juste une simple idylle. Elle se détestait, Liza. Parce qu'elle avait perdu. Parce qu'il était un Oshun. Parce qu'il était du côté de Isaure. Elle le haïssait tout autant. Ils étaient peut-être destinés à se marier un jour ou l'autre mais ils demeuraient toujours des ennemis. Des adversaires. Une vision qu'elle tentait d'adopter pour faire cesser les lamentations. En vain. « Liza … » Echec et mat. Il allait sûrement mettre un terme à la comédie. Les yeux clos, elle attendait la sentence. Le moment où son coeur naïf se briserait pour la dernière fois. Elle n'était plus princesse de rien. Elle était juste une gamine sur le point de connaître une rupture. Misérable. Elle se foutait bien qu'il l'appelle ainsi. Elle se moquait bien des bras qui entouraient désormais ses épaules. Ce n'était qu'un écran de fumée qui annonçait l'orage. Elle refusait de croire le contraire. Elle osait à peine imaginer leur vie après la tempête qui allait s'abattre sur elle. Elizaveta Valaeris se faisait pitié à cet instant. Frêle et tremblante dans les bras d'un homme. Un homme qui avait su gagner son coeur à son insu. « Je ne savais pas. Je ne savais pas, tu peux me croire, parce que sinon … » Sinon quoi ? Il ne serait pas venu. Il serait resté aux côtés de sa reine. De celle à qui son allégeance allait. Jamais il n'aurait abandonné sa précieuse Isaure pour elle. Liza n'était qu'une mission donnée par la Oshun. Un but à atteindre. Une nation à gagner. Il le lui avait avoué. Liza ne pensait pas que cela avait changé. Elle restait sur ses gardes tout comme lui. Même après tout ce qui s'était passé, leur relation restait incertaine. « Je n’imaginais pas que tu puisses vouloir de moi là-bas. C’est chez toi, après tout et on sait tous les deux que je n’y suis pas vraiment le bienvenue … » Des excuses. Un prélude à la victoire prochaine. Les larmes de la belle se tarissaient au profit de la colère qui étreignait son être. Maven savait qu'il allait devenir un Valaeris. Il savait qu'il allait devoir faire de la nation de l'air son foyer. Il savait. Maven était un Oshun. Il avait dû apprendre comme beaucoup l'arrestation de Oleg. Il avait dû entendre parler de l'implication de sa fille aînée. Il savait. « J’aurais voulu être là, tu sais. Mais tu ne m’as rien dit. Pas un mot, pas une lettre. Difficile de penser que tu voulais que je me tienne à tes côtés sur le trône. » Blessée plus que vexée, la belle recula. Ses prunelles claires étaient plongées dans le regard du prince du feu. Ses iris n'exprimaient que la colère et la déception. Maven ne la connaissait pas aussi bien qu'il semblait le penser. Un gouffre les opposait malgré toutes les tentatives, tous les échecs. « Si tu avais vraiment voulu être là, tu serais venu. Je ne voulais pas de toi à la droite du trône. Je voulais de toi à mes côtés. » Une confession difficile. Presque aussi difficile que laisser les larmes s'échapper. Sans doute une preuve de faiblesse supplémentaire. Un point de plus pour Maven. Elle était perdue la gamine. Partagée entre le coeur et la raison. Les sentiments et le devoir. « Pourquoi n’irais-tu pas bien ? Je ne comprends pas. » Elle n'avait plus les mots. Aux yeux de Maven, tout allait dans sa vie alors qu'elle n'avait jamais été aussi seule et perdue depuis longtemps. Il n'y avait rien de beau dans le fait d'avoir trahi son père. Rien de jouissif au réveil de Andrei. Personne n'avait été là pour la soutenir. Personne. Elle avait dû subir tout cela seule. Elle ployait devant Maven. Rien n'allait. « Dis-moi qui tu veux que je tue et je le ferais. » La proximité avec Maven ne l'empêchait pas de se sentir à mille lieues de lui. Un sourire triste étirait ses lèvres tandis qu'une de ses mains effleurait « Je ne suis pas Isaure, Maven. Tu n'as pas à tuer qui que ce soit pour moi. Jamais je ne te demanderais une telle chose.  » Elle était lasse, Liza. De cette histoire impossible. De l'amant terrible qu'il représentait. Des complots. Des manigances. Des jeux de pouvoir. Ses lèvres se posèrent sur le coin de ses lèvres tandis qu'elle se libérait de son étreinte. Son adiutor l'attendait déjà près de la porte. C'est avec le coeur lourd qu'elle quitta son refuge. Le masque de l'héritière avait déjà regagné son visage. Rien ne laissait paraître le désarroi qui régnait en elle. Liza se sentait plus seule que jamais. Abandonné par les siens. Incomprise par Maven qui lui préférait sans doute sa soeur.