tes iris translucides croisent les siennes, et y'a quelque chose qui se brise, une digue qui cède, un contrôle qui s'dérobe. t'as plus rien d'un homme ; t'es cerbère gardien d'inépuisables enfers, incarnation d'une are infertile, de la putain de fatalité qui t'colle à peau comme un manteau cousu à tes vieux os. t'enrage, incapable de de te défaire d'emprises humaines, t'étouffe, crache ta bile sous les coups qui t'plient en deux. l'impuissance, la rage, l'angoisse, l'insoutenable et terrible angoisse ; ça t'éclate le cœur à te l'arracher de la poitrine, ça s'démène dans une cage thoracique qui a recelé trop de souffrances pour une seule vie, pour un seul homme. une poigne sauvage agrippe ta tignasse de jais pour pas que t'en rate une miette, du spectacle d'elle sur le fil du rasoir, entre les bras d'assassins qui sont pas les tiens. tu l'savais, que ça allait finir comme ça, qu'à trop te côtoyer elle allait s'brûler les ailes et que c'est ta carcasse qui se consumerait pendant que ses poussières te brûleraient les yeux. t'es maudit, et tu l'as damnée parce que c'était plus facile, de sombrer à deux. l'éclat d'argent danse, vif, froid, trace sur sa gorge un long fil d'écarlate comme il fend ton myocarde d'une interminable et sanguinolente lézarde.

y'a un hurlement inhumain qui résonne, au loin.
il crève entre tes lèvres, et tu sais que c'est l'tien.


@hettie wolffhart ; 266 mots