pseudo et prénom ‹ DOVAHKIIN. camille    âge ‹ 22 ans comment as-tu trouvé le forum? ‹ sur bazzart    pays ‹ France fréquence de connexion ‹ tous les jours sauf les weekends en général votre avis sur le forum ‹ il est si beau, puis ce contexte, c'est à mourir    parrain ? ‹ // smiley préféré‹    gif qui décrit le mieux votre personnage‹

Spoiler:

Du haut de ses douze ans, Dahlia s'incline devant son nouveau maître. Il est le premier auquel elle se voit attribuée. Jusqu'alors elle était indirectement au service des mêmes maîtres que sa mère, dans une famille influence de Greenstall. Si elle ne s'expliquait pas qu'il l'ait gardée aussi longtemps, peut-être aurait-elle dû voir une ressemblance certaine entre sa chevelure et celle du maître de maison. A cet âge-là, Dahlia faisait preuve d'une naïveté déconcertante, entretenue par sa mère afin de protéger le lourd secret de sa conception. Qui souhaiterait se savoir le fruit d'un viol ? Se savoir bâtarde d'un puissant et ne jamais pouvoir jouir du même luxe que son propre sang. Mais malgré, ou plutôt à cause de la génétique, Dahlia est née Lambda et le restera. Une esclave qui, une fois en âge, fut vendue aux Griffith, famille souveraine d'Eartanera. Un léger sourire naît sur le bout des lèvres de la jeune fille. Les autres esclaves avaient peut-être raison de la penser chanceuse. Elle s'en rend seulement compte alors qu'elle échange d'un regard avec le garçon en face d'elle. Plus jeune, plus petit, il lui semblait si inoffensif. Loin de l'idée du maître abusif et violent que Dahlia s'était forgée en grandissant. Si elle acceptait son statut d'esclave, n'ayant jamais connu rien d'autre, elle redoutait néanmoins de se retrouver sous les ordres d'un tyran. Or, Isaiah n'était rien de tel, à peine âgé d'une petite dizaine d'années. Il paraissait même presque intimidé face à elle et l'espace d'une seconde, une seconde seulement, elle le vit comme un petit garçon standard et non comme un prince. Durant qu'une seconde, car dès le premier ordre donné, Dahlia trouva immédiatement son statut d'esclave, et ce pendant les douze prochaines années à venir.

Dahlia marche derrière Isaiah et son adiutor. Six années ont passé depuis son arrivée au palais des Griffith et qu'elle se berce d'illusions en se pensant heureuse. Certes, elle n'est pas mal traitée, elle mange à sa faim et sa seule préoccupation est de veiller au bonheur du jeune prince. Mais elle ne réalise pas l'injustice qu'elle est en réalité en train de subir, elle qui n'a jamais goûté à la liberté. Au détour d'un couloir, le petit cortège qu'ils composent à trois croisent celui du frère d'Isaiah, Adonis. Celui-ci est déjà bien plus âgé, plus âgé même que Dahlia. L'esclave baisse immédiatement les yeux en croisant le regard du prince. Intimidée, elle le sait moins malléable et tolérant que son maître. Tandis que les deux Griffith entament une conversation, une main vient arracher Dahlia à l'assemblée pour l'attirer derrière l'une des innombrables colonnes du palais. Elle n'est même pas surprise par un tel geste. La présence d'Adonis annonce bien souvent celle de Wylan, son esclave. Ce dernier s'empresse de voler un baiser à la brune, qui ne manque pas de le repousser avec pudeur. Ils ne sont pas censés se retrouver en cachette, encore moins sous les nez de leurs maîtres. Désolé Dahlia. Mais tu es si belle. Comment résister ? qu'il dit pour s'excuser, sans pour autant être sincèrement désolé. Wylan il a cette insolence dans le regard, cette fougue, comme si rien ne lui faisait peur, comme s'il avait tout les pouvoir réunis dans les paumes de ses mains. Ne dis pas de sottises. Un jour tu vas nous attirer des ennuis. qu'elle lui répond, malgré ses doigts qui rejoignent furtivement les siens. Elle pèse ses mots. Elle sait que leur relation serait mal vue. Les Humains ne sont pas autorisés à rêver de la sorte. Leurs libertés sont moindres, et aimer en fait partie. Qu'importe. Un jour je t'épouserais Dahlia. qu'il lance avant de s'éloigner, dans un dernier baiser. Dahlia rit et porte ses doigts à ses lèvres. Elle vient de goûter à la liberté. Elle y goûte encore alors qu'elle se voit épouser son Wylan, dans le dos de leurs maîtres. Pour la première fois, Dahlia ose aspirer à un futur autre que celui d'une simple esclave. 

Deux ombres prennent la fuite dans la nuit noire. Elles dépassent les portes du palais pour parcourir les ruelles peu éclairées de Greenstall. Dahlia et Wylan ont pris la décision de se marier sur un coup de tête, mais cette escapade nocturne n'en est pas moins réfléchie, loin de là. Cela fait des semaines qu'ils prévoient cela, s'assurant d'abord de trouver quelqu'un pour les marier, puis quelqu'un qui les laisserait filer en douce pendant que les Griffith dorment. Ils sont jeunes et insouciants, ils courent vers leurs futur, vers leurs bonheurs. Plus rien ne peut les arrêter et ils en ont conscience. Leur détermination aura eu raison des règles. C'est le premier pas vers la transgression, vers la rébellion. Un échange de quelques pièces leur ouvre la porte vers leur vie maritale, dans la plus grande clandestinité. L'officiant se presse de les réunir face à un document pré-rédigé à leurs noms. Procédons sans tarder. Wylan, veux-tu prendre cette jeune femme pour épouse ? qu'il prononce en chuchotant. Il fait fi des formules habituelles, le temps ne joue pas en la faveur des clandestins. Oui je le veux. qu'il dit avec douceur, un large sourire sur son visage. Le regard plongé dans celui de sa fiancée, l'esclave savoure cet instant, qu'il souhaite gravé à jamais dans sa mémoire. Ce mariage, c'est le leur, et personne ne pourrait leur enlever ça, pas même les maîtres. Leur bout de liberté. Dahlia, veux-tu prendre cet homme pour époux ? qu'il demande à présent à la concernée. Cette dernière est rayonnante, l'amour lui sied à ravir. Oui, je le veux. qu'elle répond à son tour. Les amoureux prennent le temps de s'échanger un baiser, cette fois sans la retenue qu'ils ont pu avoir entre les murs du palais des Griffith. Ils se hâtent ensuite à signer les papiers attestant de leur union, et les voilà maris et femme, jusqu'à ce que la mort les sépare.  

Ils se sont senti pousser des ailes, les deux jeunes mariés. A tel point qu'ils n'ont pas tardé à concevoir un enfant. A tel point que Wylan a pour plan de s'échapper avec sa famille. Wylan a toujours eu les yeux plus gros que le ventre. Sa fougue et sa témérité n'ont fait que croître à la suite de leur mariage et c'est à son retour de mission avec Adonis que Dahlia prend conscience de la situation. Emballes tes affaires Dahlia, prenons la fuite dès ce soir ! qu'il s'exclamait en tournant autour de Dahlia. La main posée sur son ventre légèrement arrondi, la brune fronce les sourcils. Wylan, tu es fou. Où irions-nous ? Avec quels moyens ? Oublies-tu que je suis enceinte ? C'est trop dangereux. elle tente de le sermonner. Contrairement à son époux, elle a toujours eu les pieds sur terre. Était-ce par peur ou bien par courage ? La peur de partir. Le courage de rester. Encore aujourd'hui elle regrette d'avoir pris cette décision cette nuit-là. Regardes. dit-il en sortant une bourse pleine d'argent de son sac pour l'enseigner à Dahlia. Avec ça nous pourrions partir, loin. C'est le moment où jamais Dahlia, allons-y. il tente de la convaincre. Mais au lieu d'y voir une opportunité à saisir, l'esclave y voit là un grand danger. D'où vient cet argent Wylan ? Qu'as-tu fait ? elle n'est pas dupe, elle sait bien qu'Adonis ne lui aurait jamais donné une telle somme. Et si cela ne vient pas de leur maître, cela ne peut venir que de l'un de ses ennemis. Wylan joue à un jeu dangereux et il ne semble pas bien en connaître les règles. Elle réalise qu'il n'aurait jamais du revenir par le palais, qu'il aurait du prendre la fuite dès son retour. Rien, il s'agit simplement de l'argent de ma mission. des paroles dans le vent. Ses mensonges n'atteignent même plus les oreilles de sa femme, elle a tout compris bien avant qu'il ne cherche à se défendre. Tu dois rendre cet argent immédiatement. Tu m'entends ? Tu ne peux pas garder ça. Fais-le pour moi je t'en prie. qu'elle le supplie. Mais tout est déjà perdu. Je fais justement ça pour toi, mon amour. répondit-il confiant, avant de partir se coucher. Dans la même nuit, Wylan disparu et ce n'est qu'au bout de quelques semaines qu'on retrouva son corps dans la rivière.

Ses cris sont d'autant plus déchirants qu'à son accouchement. Il y a quelques semaines, Dahlia donnait prématurément naissance à un petit garçon. Le choc d'avoir retrouvé le corps de Wylan avait provoqué la naissance de leur enfant, épreuve que la brune a vécu seule, dans un coin du palais. Elle se souvient avoir appelé de nombreuses fois son époux, pour qu'il lui donne du courage. A moins que c'eut été pour qu'il les emmène tous les deux avec lui, loin des malheurs et des souffrances. A cet instant, Dahlia avait pensé vouloir mourir, mais à présent elle se rend compte que cela n'a rien à voir avec ce qu'elle est en train de vivre. Il y a quelques semaines, la mort l'effrayait encore. Elle se refusait à mourir en laissant un orphelin derrière elle. Mais aujourd'hui, elle n'a même plus d'enfant pour lequel se battre. Leur fils a succombé au mal qui le rongeait depuis sa naissance. Un mal causé par sa condition de prématuré, mais aussi d'esclave. Les Griffith se sont refusés de venir en aide à la jeune mère et son nouveau né. Trop cher qu'ils disaient. Ils ne voulaient sûrement pas avoir à dire à haute voix qu'une vie esclave ne vaut rien. Que cette tragédie n'est qu'une punition supplémentaire pour sa trahison, à elle et Wylan. Se marier en secret. Trahir Adonis. Elle pouvait s'estimer heureuse d'être encore en vie. Or elle ne l'était pas. Son corps encore meurtris par le travail enduré quelques semaines plus tôt ne cessait de lui rappeler que tout cela avait été vain. Tant de souffrances pour si peu. Pour une existence malheureuse. Un calvaire qui allait encore durer quelques années. Quatre pour être précise. Quatre années à être au service d'Isaiah, à côtoyer de près ou de loin Adonis, le meurtrier de son maris, le briseur de ses rêves. Quatres années, et ce jusqu'à la mort brutale du jeune prince.

Bras et jambes écorchés, Dahlia ignore son corps qui la supplie de s'arrêter. La mort d'Isaiah a été annoncée un peu plus tôt dans la journée. Cette nouvelle l'a attristée, elle a même pleuré. Puis elle s'est giflée. Puis insultée. Pourquoi devrait-elle pleurer la mort d'un prince, quand celui-ci n'a pas pleuré la mort de son fils. Quand il n'a pas cherché à le sauver. La sauver. Elle était trop bonne Dahlia. Elle pensait qu'au moins une personne ne la considérait pas comme un objet. Quel comble pour une esclave. Alors elle n'a pas hésité une seconde. Comme prise de folie, elle a laissé tomber son panier, et a déguerpi. Elle s'est mise à courir. Elle refuse de croire à un quelconque instinct de survie, car à cet instant là plus aucune pensée de traverse son esprit. Elle pourrait bien mourir dans la minute qu'elle n'en aurait rien à faire. Quitte à mourir, autant que cela soit libre et hors de ce palais. Comme Wylan l'aurait souhaité. Lui est mort comme un chien, probablement sous les coups des hommes d'Adonis, peut-être même sous les yeux de ce dernier. On ne saura jamais. Dahlia ne ferait même pas confiance au prince pour lui dire la vérité. Dans tous les cas, elle sait qu'il mentirait. Pour la faire souffrir. Pour sauver sa peau. Quoi qu'il en soit, Wylan est mort et rien ne pourra le ramener. Au loin, Dahlia distingue des silhouettes. Leur allure n'a rien à voir avec celle de gardes qui pourraient la rechercher. Ils lui sont d'ailleurs étrangement semblables, étrangement humains. Ils se précipitent vers sa direction tandis qu'elle s'écroule sous leurs yeux. Comme si elle remettait sa vulgaire vie entre leurs mains.

Dahlia plie avec le plus grand soin le courrier qu'elle vient de rédiger. Un sourire carnassier flotte sur son visage, faiblement éclairé à la lueur d'une bougie. Jusqu'alors anonyme, Dahlia Lancaster vient de donner un sens à son nom, qu'elle a utilisé pour signer sa lettre. Cela fait des mois qu'elle prévoyait de rédiger ces mots. Des mois qu'elle s'entraîne sans relâche pour l'armée de Pollux, des mois qu'elle gravit les échelons, et à présent leader de la western tribe, Dahlia a enfin le pouvoir de mettre ses menaces à exécution. Le pouvoir de traquer celui qui a détruit sa vie. Ce monstre qui ne se souvient probablement pas d'elle. Il l'a certainement oublié aussi facilement qu'il a assassiné Wylan. En un claquement de doigts. Mais elle ne l'a pas oublié. Elle a pensé à lui, nuit et jour. Il est devenu son obsession, son but ultime. Lorsqu'elle se bat, elle imagine que c'est face à lui qu'elle se trouve. Elle se délecte à l'avance des lames qui transperceront sa chair, de sa voix qui l'implorera certainement d'épargner sa vie. Si Dahlia aurait presque oublié de visage de son Wylan, celui d'Adonis reste bien clair dans son esprit. Pour cause, cette vendetta est certainement la seule chose qui lui a donné la force de survivre jusqu'à présent. La cause humaine, la cause de Pollux, elle y tient, certes, mais pas autant qu'à la mort de sa proie. Cette fascination macabre pour ce maître, elle ne se l'explique que par sa haine et sa souffrance. Pourtant, lui, ne sait rien de tout cela. Il vit sans se douter qu'une de ses lames finiront par le trouver. Son esprit est libre tandis que celui de Dahlia est obnubilé. Injustice. Alors, Dahlia elle a pris une feuille et une plume. Elle s'est mit à parler d'elle. Qui elle est, d'où elle vient. Ce qu'elle compte faire, et pourquoi. Elle s'adresse directement à Adonis et elle lui annonce sa mort imminente. Il doit savoir. Lui aussi doit se coucher la nuit en pensant à elle, en craignant pour sa vie. Se réveiller en sursaut avec l'impression d'avoir deux mains enroulées autour de son cou. Oui, elle se réjouit d'avance de l'instant où il lira ces mots. Dahlia attrape sa bougie et fait couler quelques goûtes de cire sur la lettre, afin de la sceller, tous comme leurs destins le sont.