prénom, nom ‹ Heathcliff Clive, Kimora. Il est le dernier né de cette fratrie de cinq frères connue pour leur orgueil et leurs querelles de pouvoir. C'est sous l'impulsion du frère cadet qu'une partie de la famille s'est rapprochée de la cause de Johann Osanos, et Heathcliff a été de ceux qui ont rejoint les rangs de cette résistance. Mais des ambitions plus récentes qui divisent à présent sa famille, il y est étranger puisqu'il revient d'entre les morts. âge ‹ quarante-et-un ans, et il compte bien mettre à profit les années qu'il lui reste pour ravager un quelconque espoir de paix, afin de pouvoir ravir son œil d'un monde à feu et à sang à l'instant de rendre son dernier souffle. date et lieu de naissance ‹ le démon a vu le jour durant une rude nuit de l'hiver 2123 au sein de la demeure familiale sur les terres d'aguarinui. statut matrimonial ‹ marié à vingt ans, veuf un an plus tard, puis remarié à trente-deux ans. Sa nouvelle épouse s'est trop aisément pensée veuve, elle a bien vite osé le penser mort, et à peine s'est-il libéré de son geôlier tortionnaire que déjà son frère Ivar lui conte un troublant rapprochement avec son adiutor. Un sourire sardonique étirant ses lèvres, il se demande si la traîtresse pensait véritablement s'en tirer à si bon compte, et puisqu'elle a fait de lui un défunt, il compte bien revenir la hanter. sang ‹ il a longtemps été bronze, mais les Kimora ont récemment été anoblis et il est désormais argent au même titre que ses frères et leurs descendances. Mais Heathcliff n'a jamais vraiment accordé une quelconque importance à son sang, car bronze ou argent, rien ne l'empêchera de faire couler le sang de tous les autres. métier ‹ il n'en a plus, puisque tous le pensent mort alors qu'il vient tout juste de se libérer du joug de son bourreau qui le tenait secrètement captif. Mais bien avant ça, il était connu comme étant palefrenier, puis bon à rien, et enfin intendant pour la nation de l'eau lorsque l'amnésie l'a frappé et qu'il œuvrait en secret en tant que soldat pour la résistance. maître de ‹ d'une tare, d'un mêlé auquel il n'aurait jamais voulu lier sa vie pour mieux le mettre six pieds sous terre. Et si le maître peine à tolérer qui que ce soit, ce n'est pas pour un jour réussir à s'accommoder de cette vermine qui ne mérite certainement pas de sa vie dépende la sienne. (détails laissés libres pour le développer avec un futur adiutor) élément ou don ‹ l'eau, cet élément insondable. Il en a hérité comme ses frères de sa mère, mais il a longtemps ignoré cette part de lui tout comme il ignorait sa mère. Autour de lui, ils étaient nombreux à s'efforcer de le maîtriser, mais lui n'y a jamais vraiment porté un tel intérêt, et son sang froid a toujours été tel que son pouvoir ne se manifestait que rarement malgré lui. Mais si aujourd'hui il sait malgré tout maîtriser un minimum son élément de manière défensive, il ne le doit qu'à sa seconde épouse, car c'est elle seule qui l'a amené à adopter une autre approche de l'eau et qui l'a aidé à faire de son élément un allié. allégeance ‹ officiellement, il s'apprête à retrouver sa place auprès de la résistance derrière Johann Osanos. Il a servi cette cause durant dix années de sa misérable existence, et il s'est fait capturé lors d'une mission pour celle-ci deux ans plus tôt. Cependant, son allégeance est toute autre officieusement, puisqu'il n'en a plus aucune et qu'il n'a d'yeux que pour le chaos qu'il veut répandre insidieusement comme le poison placé subtilement dans un verre de vin rouge peut se répandre inexorablement dans les veines du condamné. compétences ‹ cruauté, torture, manipulation. Il a toujours plus ou moins flirté avec la cruauté toute sa vie durant, puisque dès son plus jeune âge il a des difficultés à ressentir de l'empathie pour son entourage pour mieux se délecter de plus en plus souvent de leurs misères, et les décennies passant cela n'a fait qu'empirer pour mieux atteindre son apogée dernièrement : il est mort dans cette cage et seuls ses vieux démons ont triomphé de l'horreur quotidienne. Concernant la torture, son frère Ivar est la preuve vivante de ses méfaits, mais ce n'est que récemment que cette compétence a prise une toute autre ampleur lorsqu'il a lui-même été victime d'un nombre incalculable de tortures ces deux dernières années, et c'est ainsi que lui ont été données les idées et que le moindre scrupule de les mettre en œuvre s'est définitivement envolé. Enfin, au sujet de la manipulation, Heathcliff est aujourd'hui déterminé à obtenir ce qu'il veut, il aspire à tous les retourner les uns contre les autres, et il a la patience nécessaire pour avancer peu à peu ses pions et manipuler lentement mais sûrement les esprits sur lesquels il jette son dévolu. localisation actuelle ‹ les terres d'aguarinui, il s'apprête à jouer les revenants pour hanter cette épouse qui s'est crue veuve trop vite et se dirige donc vers leur ancienne demeure qui fut un jour celle d'un couple heureux. groupe ‹ aqua vitae. avatar et crédits ‹ Cillian Murphy + box&shock.

Ivar ‹ Heathcliff, il n'aurait jamais dû être conçu, il est une erreur tardive qui vient agrandir une fratrie tumultueuse de quatre frères. Il y a toujours eu quelque chose de dérangeant, chez cet enfant. Un frisson mordait souvent à pleine dents l'échine des domestiques lorsqu'ils hasardaient un œil méfiant sur les méfaits du garnement, et c'est même parfois sa propre mère qui se trouvait prise d'un malaise face à l'être de ses entrailles. Car dès son plus jeune âge, il laisse entrevoir une part de lui, sombre et sauvage, qui ne le quittera jamais vraiment, pour finir plutôt par définitivement annihiler ses rares qualités. Était-il condamné dès sa naissance à se faire dévorer par ses vieux démons ? Ces démons voraces, que son frère Ivar connaît mieux que personne, lorsque le dernier né de la fratrie n'a eu de cesse de martyriser ce frère de six ans son aîné dès l'enfance : le gamin avait déjà la poigne qui laissait des traces violacées sur ses avant-bras, il se jouait de lui, le pliait à ses moindres volontés. Il porte d'ailleurs nombre de cicatrices par la faute de ce qu'Heathcliff prétendait être des jeux, sa mâchoire s'est même retrouvée cassée une fois, et la peau de son dos est partiellement brulée sur son flanc gauche. L'âge de raison n'est jamais venu lorsque, aujourd'hui encore, son petit frère se délecte toujours de l'ascendant terrible qu'il peut s'octroyer sur lui. Ivar a été son souffre-douleur attitré toute sa vie durant, si bien que de tous ceux qui se sont confrontés de près ou de loin à la noirceur de sa carcasse, c'est lui qui le craint et le hait plus que quiconque dans ce royaume, et si quelqu'un doit faire courir la bête à sa perte, ce sera lui. Il était d'ailleurs le seul à être persuadé que son frère n'était pas mort ces dernières années, parce que cela aurait été trop facile de se débarrasser du monstre de son existence mutilée sans coup d'éclats. Non, s'il veut Heathcliff hors d'état de nuire, il devra s'assurer lui-même que ses manigances vont bien l'achever une bonne fois pour toute. Souliman ‹ Comment penser cela possible de trouver un allié loyal au beau milieu de la défiance et des luttes de pouvoir cruelles qui ont agité cette fratrie depuis le tout début ? La plus grande rivalité restant celle des plus âgés, lorsque les ambitions démesurées de Souliman et Frederik n'ont eu de cesse de tuer dans l'œuf l'éventualité d'une entente cordiale. Et si Heathcliff a nombre de travers à son actif, lui n'a jamais été corrompu par la tentation du pouvoir. Alors il aurait pu rester spectateur de ces querelles fraternelles, voire les tempérer, mais très tôt il a davantage pris le parti de l'aîné de la famille. Souliman lui ressemble, la cruauté a toujours semblé l'habiter lui aussi, mais son intérêt pour ce grand frère est surtout du fait qu'il est l'aîné auquel tous les avantages de la famille doivent incomber, et forcément la tentation de lui rendre la tâche plus compliquée et de le faire courir tôt ou tard à sa perte s'est invitée dès son plus jeune âge à son esprit. Pour ça, sa relation avec Souliman est l'illustration la plus implacable de la patience infinie dont il peut faire preuve pour parvenir à ses fins, car dès le tout début il a eu un sourire carnassier au coin des lèvres à l'idée alléchante de faire tomber l'aîné à qui tout était promis, et plutôt que de percuter ses acquis de plein fouet, il s'est rapproché de lui, il l'a flatté, il a eu ses arrières, pour mieux entrer dans l'intimité des faiblesses qui pourraient le conduire à sa perte. Il se trouve aujourd'hui au plus près de Souliman, et si la plupart pense qu'ils ont su dépasser les différends familiaux pour trouver en l'autre un allié loyal, ils ne se méprendront plus très longtemps : l'heure est bientôt arrivée de faire chuter le patriarche de la famille Kimora. Cassandre ‹ Heathcliff, il n'était pas seul à commettre les méfaits qui ont ponctué sa jeunesse, ils étaient deux à imaginer mille-et-une façons de tourmenter leur entourage. Cassandre, dont la famille était voisine à leur domaine, a toujours été une redoutable alliée qui lui était inséparable. Ils étaient une influence néfaste l'un pour l'autre, ils n'avaient de cesse de se retrancher mutuellement dans leurs vices : seul un être répondant d'autant de travers et de névroses pouvait l'aimer véritablement, et c'était tout ce qu'a été la jeune femme pour lui. Jamais Heathcliff, le véritable Heathcliff, celui qui ne refoule aucune part de sa terrible nature d'être et qui assume toute la noirceur de ses vices, a pu aimer aussi inconditionnellement et irrévocablement. Cassandre était une part de lui, de son propre être, tout comme il était une part d'elle. Leur amour n'avait rien de pur pour autant, il était violent, tempétueux, à l'état brut, une passion dévastatrice. La jalousie qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre était aussi terrible que les déboires qu'ils s'imposaient l'un à l'autre, lorsqu'ils complexifiaient sans cesse ce qui n'avait pas lieu d'être, et que leurs échanges étaient constamment parasités par l'orgueil, la revanche, la mauvaise foi. Ils se jouaient inlassablement l'un de l'autre, tant pis pour ceux qui étaient des dommages collatéraux, et qu'importe si cela revenait à s'enliser dans ce cercle vicieux qui leur causait du mal autant qu'il les exaltait. Leur mariage à l'aube de leur vingtaine ne pouvait que faire sens, mais à des plaisirs violents vient une fin violente, et à force de se pousser mutuellement à se consumer de bout en bout, il ne resta bientôt d'eux que des cendres. Cassandre avait bien condamné Heathcliff à l'enfer et à la damnation dès l'âge de huit ans au détour d'un énième de leurs coups d'éclats, et c'est ce qu'elle lui a donné. Leur mariage fut alors un éclair tonitruant mais éphémère d'un an, et leur histoire s'acheva par la mort en couches de Cassandre. Sa disparition fut un déchirement pour son mari, une perte si titanesque pour donner naissance à cet être insignifiant : leur fils, Hector. Hector ‹ Heathcliff ne s'est jamais incommensurablement lié à ses parents ou à un quelconque membre de sa famille, à la place de ça il est bien incapable de se soucier du sort de qui que ce soit pour mieux se ravir de leurs déboires même, il est cruel et n'a que des ressentiments à donner à défaut d'affection, alors d'où aurait-il pu lui venir le désir d'être père ? Tant et si bien que, loin d'éprouver un amour filial à l'égard de son fils, il le hait dès la première bouffée d'oxygène qui vient s'engouffrer dans ses poumons et qui le fait crier à gorge déployée, alors que ce parasite en est venu à vivre aux dépends de sa bien-aimée. Il est peut-être le père biologique d'Hector, mais il n'a jamais eu une quelconque initiative paternelle à son égard. Il aurait pu étouffer l'enfant de ses mains dans l'obscurité de cette nuit fatidique, ou lui laisser la vie sauve pour mieux rendre son existence misérable en guise de représailles, mais il n'a jamais eu ni le cœur à tuer la descendance de Cassandre, ni celui de se confronter jour après jour à la haine viscérale que lui inspire cette vermine. Alors il l'a envoyé auprès de ses grands-parents maternels avant même qu'il n'ait atteint sa première semaine, et ce sont eux qui l'ont élevé dans l'affection et l'attention dont il était incapable, et ces derniers ont toujours veillé à tenir le père éloigné de son enfant quand, même lorsqu'il paraîtra profondément changé par son amnésie, ils lui refuseront une quelconque place auprès d'Hector. C'est ainsi que l'enfant a certainement échappé à une existence de misère et de violence, alors que les années qui suivent la mort de son épouse ne sont qu'une mort à petit feu qu'il se donne à son tour : il s'enlise et s'enfonce dans les profondeurs abyssales de son chagrin qu'il noie dans l'ivresse, il se bat et trompe autrui, il enfonce la tête des autres sous l'eau pour espérer s'octroyer l'appui nécessaire pour voler une bouffée d'oxygène salvatrice, mais à la place de ça il semble plutôt se vouer à une mort précoce lorsqu'il est bientôt victime d'une tentative de meurtre en représailles des torts innombrables qu'il a commis. Et s'il échappe à la mort de justesse, celle-ci a gardé le moindre de ses souvenirs en otage alors qu'il se réveille amnésique. Johann ‹ Heathcliff est dorénavant une page blanche, il a tout oublié de ses vices et de son chagrin, et face à l'apparente peur et à l'animosité qu'il inspire au plus grand nombre de son entourage, il ne demande qu'à ce qu'une direction lui soit donnée pour espérer trouver une place où se conforter. Il n'a plus de mauvaises intentions, ni de particulièrement bonnes d'ailleurs, il aspire seulement à se déterminer une identité salvatrice car il ne peut s'accommoder de la donnée inconnue qu'est désormais son existence, ce quotidien de l'ignorance qui le frustre et l'écorche à vif. Il s'efforce de démontrer sa bonne foi, et d'anciennes proies de sa cruauté lui accordent parfois le bénéfice du doute, mais ça n'a jamais été le cas d'Ivar qui ne se dit pas dupe un seul instant de l'image adoucie que lui donne son amnésie : il sait que sous l'eau dort la monstruosité ou qu'il prétend cette innocence comme un énième de ses jeux sadiques. Il en reste qu'Heathcliff est, non plus le loup affamé, mais la brebis égarée, et il ne peut être que réceptif lorsque son frère Frederik l'introduit auprès de Johann Osanos. Très vite, il omet alors la profonde affliction que lui cause son amnésie pour mieux s'oublier dans les rangs de la résistance. Heathcliff se découvre alors des idéaux qu'il partage bientôt avec ses compagnons insoumis, mais pas seulement : s'il a véritablement l'espoir de contribuer à rabattre les cartes pour un royaume plus juste, il renoue par la même occasion avec un goût certain de la violence, celui-là même qui bien souvent l'exalte trop et le retranche dans des décisions peu réfléchies. Le voilà donc à nouveau familier d'une fureur voisine de celle qui l'habitait à l'époque où il avait encore toute sa mémoire, bien qu'il en use cette fois-ci à des fins bien moins cruelles. Hilde ‹ C'est notamment la fureur du résistant qui a fini par attirer l'attention d'une autre bronze, alors que trois ans après que le fardeau de l'amnésie ne lui ait affaissé les épaules, il fait la rencontre de l'aînée des Wolffhart, et Heathcliff n'aurait su expliquer pourquoi, mais il a aussitôt eu l'intime sentiment d'être irrémédiablement lié à Hilde, bien au-delà de l'attirance qui l'a assiégé à la vue de la belle aux cheveux d'ébène. Et si l'homme n'a aucun souvenir de son premier mariage, Hilde est pourtant l'exacte opposé de Cassandre, aussi altruiste et paisible que sa défunte épouse était égoïste et colérique, mais puisqu'il n'est plus vraiment ce qu'était le Heathcliff de la première heure, il trouve bientôt un havre de paix auquel il n'osait aspirer en sa compagnie. Lui qui est pourtant si réservé, il se retrouve désarmé devant Hilde qui lui inspire instantanément une confiance aveugle, si bien qu'il en vient à lui confier sans tarder toutes les vulnérabilités qui sont les siennes et qu'il n'avait eu de cesse de fuir jusqu'à présent. Et soudainement, il ne souffre plus de son ignorance passée lorsqu'il sait qui il est désormais à ses côtés, il connaît bientôt le cœur qui est le sien en sa présence, celui qui s'apaise dès lors qu'elle est là tout près de lui, et il caresse avec tendresse les contours de l'amour qui nait et se renforce. La jeune femme est pourtant tout ce que la bête avide qu'il était ne mérite pas, mais puisqu'il a été contraint à se réinventer au détour de son amnésie, il ne peut que se raccrocher à l'irrépressible désir d'être un homme meilleur pour elle, et il ne doute pas qu'il est en tout cas la meilleure version possible de lui-même à ses côtés, puisqu'il ne peut que se tempérer pour elle, il se découvre attentionné et honnête, et il apprivoise même l'impensable grâce à cette femme lorsque naît bientôt le désir de fonder une famille avec elle. Alors lorsqu'il l'épouse, il se marie à Hilde, mais aussi à leurs espoirs et tout ce qu'il veut être pour elle, cette identité qui s'est tissée comme étant la sienne dès lors qu'il a fait sa rencontre. Leur mariage sera dès lors tout ce que n'avait pas été sa première union, soit non pas l'insanité d'une passion tempétueuse destinée à se consumer en un éclair, mais la douce promesse d'un avenir à se chérir et s'honorer. Pourtant, Heathcliff ne peut se soustraire indéfiniment à ses vieux démons, et il finit par renouer toujours plus avec sa jalousie d'antan face à la familiarité et la promiscuité du lien qu'a Hilde avec son adiutor, Talweg. Il ne veut pas être cet homme-là, pétri de jalousie et de doutes, alors il a tenté de se raisonner, mais rien n'y fait et il croit déceler à chaque fois qu'il les aperçoit ensemble une ambiguïté aussi intense qu'indéniable. Tant et si bien que c'est plus fort que lui, il finit par confronter son épouse à ce sujet, et la seule ombre au tableau de ces cinq premières années de mariage seront les discutes au sujet de ce qui l'unit véritablement à Talweg. Priam ‹ Il en fut ainsi jusqu'à l'hiver 2160, une nouvelle décennie qui leur fut fatidique. Ils étaient pourtant heureux, toujours insatiable l'un de l'autre, et ils se trouvaient à l'orée d'une nouvelle vie tant espérée à trois : Hilde était enceinte, et le couple aspirait au bonheur d'être parent, quand ce fut finalement la mort, cette traitresse, qui leur arracha leurs rêves et leurs espoirs avant même qu'ils n'aient pu l'étreindre dans leurs bras. C'est au cœur d'une nuit froide de février que son épouse se réveille en sursaut, et le terrible supplice à l'issue fatale commence : des contractions, des cris, la douleur lancinante qui s'éternise, un jour, puis deux, des pleurs, des peurs, des sages-femmes qui défilent à son chevet mais ne sont d'aucune aide, la fatigue puis l'inconscience, la fièvre, des corps fébriles, toujours plus de sang, du sang partout, le silence enfin, un espoir, et pour Heathcliff une terrible impuissance. Le corps sans vie ne répond pas aux gestes des sages-femmes, et celui-ci se retrouve bientôt dans ses bras maladroits. Si pâle, si fragile, Priam ne vivra pas pour un jour apprendre à marcher, courir, ou tomber amoureux. Face à cette implacable réalité, les avant-bras ensanglantés et l'échine prise d'un frisson au détour du vent glacial qui s'engouffre toujours dans la chambre, son regard s'attarde sur l'enfant mort-né, puis sur son épouse inconsciente que les sages-femmes s'évertuent à maintenir en vie, et brusquement il se souvient. Il n'aura fallu que d'un millième-de-seconde pour que, face à la terrible familiarité de l'instant, les souvenirs reprennent place en un éclair dans sa mémoire jusque-là ignorante. Car Heathcliff a déjà vécu un accouchement à l'issue fatale, et si son fils a survécu à cette époque, il risque de perdre Hilde tout comme Cassandre lui a été arrachée par les affres de l'enfantement. Et si sa seconde épouse finit par survivre, ce n'est que pour vivre avec lui la lente agonie de leur mariage qui se retrouve toujours plus dévalisé de sa substance. C'est qu'Heathcliff n'est dorénavant plus vraiment l'homme qu'elle a connu et épousé, il n'est plus seulement la version de lui-même amnésique et attentionnée, lorsque la bête cruelle qu'il a été a ressurgi si bien qu'il se retrouve pris en étau entre ces deux hommes qu'il a un jour été, qui ont chacun aimer désespérément une femme différente, sans savoir qui il est désormais. Tiraillé entre ces deux identités contraires et assailli par les doutes, il se demande s'il peut seulement concilier ces deux natures d'être qui ont tour à tour été la sienne. Est-ce que le sombre Heathcliff qu'il fut peut être cet homme, bon et prévenant ? Est-ce qu'il peut toujours être un bon mari pour Hilde lorsque la tentation de ses vieux démons se fait toujours plus pressante ? Il a vraiment essayé, de se tempérer, d'omettre son essence originelle pour elle, pour son mariage, mais il ne peut réprimer constamment la violence qui l'anime si bien que ses brusques écarts ne font qu'accroitre la distance qui éloigne le couple, alors qu'il était déjà si lointain de sa femme, lui qui se fait toujours plus silencieux et qui semble ne pas partager son chagrin face à la mort de Priam. Aristide ‹ Ce statu quo précaire ne cesse de se détériorer et connaîtra une nouvelle fin tragique un an et demi plus tard. Peu de temps après avoir retrouvé la mémoire, Heathcliff a réalisé à rebours que ce n'était probablement pas des idéaux qu'il partageait avec les résistants, mais qu'il avait peut-être plutôt inconsciemment le goût du chaos qu'ils peuvent causer au détour de leurs actions coup de poing. Et quelle meilleure alternative que de suivre le sillon tracé par Johann Osanos pour retrouver cette violence ? Alors si la disparition de son amnésie l'a laissé dépouillé de tout espoir bienveillant pour le royaume, il en reste que les actions de la résistance pourraient lui procurer le délice d'un Aksana écorché à vif, tant et si bien qu'il continue de lutter aux côtés des résistants, non plus par conviction, mais par intérêt. C'est ainsi qu'en novembre 2162, il se retrouve au premier rang d'une mission orchestrée par Johan Osanos, mission qui finit rapidement en débâcle, et Heathcliff se retrouve blessé et bientôt fait prisonnier par le gouvernement de l'impératrice. Il est alors passé pour mort, lorsqu'en réalité il est torturé dans les cachots du palais des flammes dans l'espoir qu'il avoue de précieuses informations sur les plans de Johann Osanos, mais ils découvrent rapidement qu'un orange allié a altéré sa mémoire avant qu'il ne soit capturé, et il ne leur est donc plus d'aucune utilité. Ils auraient alors pu s'en débarrasser et l'achever, mais un maître du feu, proche de Camilla Oshun, a appris entre temps qu'Heathcliff Kimora est leur prisonnier, et il tente d'offrir un prix pour la vente de celui-ci. Un mois après sa capture, il devient alors le captif d'Aristide Nielsen et il voit la dernière fois le jour le 12 décembre 2162 alors que les deux années qui suivront il les passera dans l'obscurité des bas fonds de sa demeure. Si Aristide voulait tant Heathcliff quitte à déverser nombre de yuan à cette fin, c'est parce que ce vaurien a terni la réputation de sa fille aînée quinze ans plus tôt alors qu'il l'a amadoué pour le plaisir de se jouer d'elle et qu'il l'a incité à se dévergonder et s'émanciper du joug paternel pour mieux l'abandonner seule et impure dès qu'il s'est lassé de celle qu'il a vu comme un jouet. L'honneur des Nielsen souffre encore de cet affront, et en guise de représailles il a l'intention, non pas de le tuer si c'est pour abréger ses souffrances, mais au contraire de prolonger celles-ci au détour d'un nombre incalculables de privations et de tortures. Chaque jour a désormais son lot de supplices, et son tortionnaire s'attache à torturer tour à tour chaque cellule de son corps et de son esprit sans jamais se lasser un seul instant de la douleur de son prisonnier. Pourtant, Heathcliff accueille bientôt cette souffrance en ami, l'insanité le pousse même à rire aux éclats lorsque son corps est mutilé ou brûlé, et s'il a toujours eu le goût d'infliger du mal à autrui, il découvre que ce mal il l'embrasse même lorsqu'il lui est infligé. Face à l'horreur, son humanité n'a cessé de céder du terrain pour espérer tolérer l'intolérable, et ce sont ses vieux démons qui ont envahi chaque recoin de l'habitable de sa carcasse laissée à l'abandon. Ce n'est pas pour autant qu'Heathcliff voulait se laisser victime de ce misérable Aristide, et dès que l'opportunité se présentait il tentait de se libérer en usant de son élément de manière, non plus défensive, mais offensive, et il a longtemps échoué avant d'enfin parvenir, un soir de novembre 2164, à maîtriser la gorgée d'eau que venait d'avaler son tortionnaire. Celui-ci était venu narguer l'assoiffé de son verre d'eau, et bientôt il se retrouve avec la menace de voir cette gorgée d'eau l'étouffer si son prisonnier se décide à la faire s'engouffrer dans ses poumons. Il le libère alors de ses chaines sous l'impulsion de l'espoir fou d'avoir la vie sauve, mais le Heathcliff qui se redresse et s'extirpe de l'ombre de sa captivité n'est plus qu'une bête incapable d'une quelconque pitié, et c'est dans l'obscurité de la nuit étonnamment chaude pour la saison qu'il massacra Aristide, sa femme, et ses enfants. De ces deux années de tortures, il en ressort alors affamé et déshydraté, les privations et la captivité ont vidé son corps et ses muscles de leurs substances, sa peau est désormais marquée de cicatrices et de brûlures, il y a aussi perdu sept phalanges et trois orteils ainsi que son humanité ; mais de ses pertes, il se relèvera et assouvira cet appétit de chaos qui a été éveillé en lui. Heathcliff ‹ Tous l'ont cru mort, et en un sens il est effectivement mort les pieds et poings liés dans les bas fonds obscurs de cette demeure qui fut ainsi sa tombe. Il est mort, mais il tient encore debout, lorsque ce sont ses vieux démons qui se sont relevés de son trépas. Et si ses bonnes intentions en avaient déjà pris un coup lorsque la mémoire lui avait fait retrouver la tentation de la cruauté, ces années de tortures lui ont porté le coup fatal : chaque jour où il a été captif, la meilleure version de lui-même qu'il a été grâce à Hilde n'a eu de cesse de mourir à petit feu et de se recroqueviller toujours davantage dans un recoin de son esprit pour finalement disparaître complètement. Il ne reste dès lors plus que le Heathcliff de la première heure, celui qui s'est toujours abreuvé du mal qu'il peut causer et qui est avide de la souffrance des autres pour lesquels il n'éprouve aucune empathie. Et si déjà durant sa jeunesse il était vu comme une bête sauvage, aujourd'hui ces deux années de tortures qui lui ont été infligées ont achevé de désinhiber le plaisir qu'il peut tirer de sa cruauté, et il est désormais devenu la pire version de lui-même sans Hilde pour l'inspirer. Dorénavant, il n'a plus aucune retenu à causer les souffrances de quiconque croisera sa route si l'envie lui prend, non pas par vengeance de ce dont il a souffert, mais parce qu'il le savoure. Et à cette fin, celle de se délecter toujours plus du mal causé, il a le lugubre dessein de contribuer à répandre toujours plus le chaos à Aksana : tant qu'il ne sera pas mis hors d'état de nuire, il n'aura de cesse de tout faire pour ébranler tout espoir de paix. Bianca ‹ La noirceur désormais imperméable d'Heathcliff n'a pas pour autant entièrement terrassé les affections passées qui ont pu s'infiltrer au détour son être fêlé alors que ses démons n'avaient pas encore pris complètement le pas sur sa nature d'être, mais néanmoins ces ports d'attache que sont encore sa famille ou Hilde n'impliquent pas qu'il pourrait leur être plus clément : il peut bien darder un regard et considérer ce qui les lie, il n'aura aucun scrupule à leur imposer nombre de tourments à eux aussi. Toutes ses relations sont désormais à l'image de celle qui l'a uni à sa chère Cassandre, lorsque le mal qu'il cause s'est dorénavant uni à part entière à sa façon d'aimer. Il a aimé sa défunte épouse autant qu'il en était capable, quand pourtant elle est aussi celle à qui il a causé le plus de misères – qu'elle lui rendait avec dévotion –, et c'est le même sort qui menace chacun de ses proches vivant encore. Le souvenir de Cassandre et de leurs déboires affectifs est d'autant plus vivace qu'il retrouve bientôt la sœur de la défunte qui l'obsède et le hante. Si seulement Bianca n'avait pas une ressemblance physique frappante avec sa sœur perdue, Heathcliff n'en serait très certainement pas venu à rôder sans cesse autour d'elle tel qu'un vautour le ferait au-dessus de sa tête, mais la familiarité des traits de son visage est réelle si bien qu'elle le fascine toujours plus. Pourtant la troublante ressemblance s'arrête là, lorsque Biança est aussi douce et naïve que Cassandre était cruelle et manipulatrice, mais ce caractère opposé est loin de freiner l'intérêt d'Heathcliff pour celle-ci alors que l'obsession grandit et le dévore chaque jour un peu plus. La jeune femme est aveugle au danger que lui fait courir cette relation licencieuse lorsqu'elle est perméable à l'influence néfaste que l'homme exerce sur sa vie et, flattée de toute l'attention qui lui est portée quand bien même celle-ci a tout de malsaine, elle ne voudrait surtout pas qu'il se lasse d'elle et qu'il l'abandonne. Alors puisqu'elle ne peut s'y refuser, elle se retrouve peu à peu corrompue par ces vices qu'il partageait autrefois avec sa bien-aimée Cassandre, et les voilà ainsi tous deux prisonniers d'un lien indéfectible duquel aucun bien ne pourra en réchapper.