Elle est en hauteur, Aléa, à l'abri des regards, mais surtout du sien. Elle se sent perdue, elle ne sait plus trop où est sa place. Il y a tant de personnes qui gravitent autour du beau prince, tant de gens prêt à tout pour lui, pour le satisfaire... Des maîtres pour la plupart. L’écho de la rage qu'elle s'était découverte lors de son absence venait furieusement la hanter et son aversion pour les maîtres ne faisaient que se renforcer. Elle ravalait cette rage, mais elle continuait à lui ronger les entrailles, à peser contre son cœur. Elle ne pouvait se permettre de penser comme cela, pas si elle voulait rester au côté de son précieux. Si son éloignement avait attiser sa rancœur vis à vis de son père, elle avait aussi renforcé l'amour que la belle éprouvait pour l'enfant de la terre. Elle le toisait, adossée à un mur, dans l'ombre, la protectrice suivait chaque mouvement de sa moitié, elle veillait sur lui à distance alors qu'il s'entraînait avec des guerriers de sa nation. Les bruits de pas se font entendre derrière elle. La mêlée quitte le pan de mur contre lequel elle est adossée d'une simple impulsion de son pied. Son regard sombre se coule sur les ténèbres d'où se détache bientôt la silhouette familière du cousin Griffith. Un sourire vient fendre les lèvres de la fille au bracelet azure.  Isaak Griffith. Quel plaisir de se retrouver en la présence d'un des princes de Greenstall. Un sourire malicieux qui vient fendre les lèvres de la brune. Elle sait y faire pour dissimulé son trouble, pour masquer ses émotions. Elle se planque, la Dochain, parce qu'elle a peur que quelqu'un d'autre puisse découvrir à quel point elle crève de l'intérieur. Elle ne sait plus, elle est perdue, elle ne sait pas comment exister au delà d'Adonis... Elle ne sait même pas si elle en a véritablement envie. Il est son âme sœur, irremplaçable moitié, elle n'imagine pas vivre sans lui... Mais elle n'est plus certaine qu'il en soit de même pour le beau brun. Elle ne le désirait pas, pas de cette façon, jamais, elle l'aimait aussi, comme elle n'avait jamais aimé auparavant. Elle croyait partager quelques choses de fort et d'unique, mais elle doutait, de plus en plus, de la véracité de ses espoirs ridicules. Elle laisse échapper un soupire alors qu'elle se détourne du Griffith pour s'adosser contre la rembarre du balcon. Alors, comment vas-tu, petit prince? Tu m'as ramené ma Nahia? Nahia, précieuse Nahia, les choses étaient tellement compliqués et pourtant, si simple.

Nahia va bien. Aussi bien que l'on puisse aller lorsque le pouvoir que l'on contrôle depuis des années nous file entre les doigts. Comme pour donner vie aux mots qu'elle pense sans prononcer, un vase s'élève pour venir se fracasser contre le mur le plus proche. Une ombre passe sur les traits de la sublime enfant bleuté alors qu'elle détourne son regard, pour s'accrocher ailleurs, fuyante. Nahia allait aussi bien que possible. Aussi bien qu'elle... Ce qui ne voulait plus dire grand chose. Cela fait un moment que tu es revenue, je m’excuse de ne pas avoir croisé ta route plus tôt. Elle sourit, alors que les rire léger glisse d'entre ses lèvres. Elle hausse les épaules, la mêlée, parce qu'il ne lui devait aucune excuse, il ne lui devait rien, rien du tout. Tu ne me dois rien Isaak, ma vie n'est plus lié à la tienne... Ma vie n'est d'ailleurs plus liée à personne. Elle suinte le désespoir, Aléa, alors que le murmure crève d'une voix abyssale. Elle est presque nostalgique du temps où elle devait jonglé entre les deux cousins, protectrice de l'un et de l'autre à la fois, un temps où elle était bien plus qu'une vulgaire mêlé, trop attachée à son ancien maître pour le quitter... Mais elle l'aimait. Elle l'aimait et elle était perdue, la fin du lien avait tout changer, avait distribuer les cartes... L'avait changé, elle et les avait peut-être changer, eux, si bien qu'elle ne savait plus ce qu'elle était pour Adonis. Je vois que le grand bol d’air que tu as pris n’a pas empêché certaines choses de demeurer intactes. Elle sourit, douloureusement, alors que ses yeux viennent irrémédiablement accroché la silhouette du prince de la terre, là, au loin, inconscient de la présence de son ancienne protectrice. Elle aurait aimé que rien n'ait changé entre eux, mais ce n'était pas le cas... Elle ne pouvait se mentir, pas face à ce qu'elle ressentait aujourd'hui. Ou peut-être a-t-il permis à quelques fleurs de germer, comme elles ont germé chez moi ? Elle se redresse instinctivement, fière et droite, comme pour échapper au radar du Griffith sur lequel s'abat son regard sombre. Elle pince les lèvres alors qu'elle soupire, secoue la frimousse à la négative, repartant se perdre du côté de son précieux Adonis. Elle le sent s'approche, elle sent le contact et baisse le regard, presque apeurée qu'il puisse lire en elle, l'ampleur de ses sentiments. Je l'ai toujours aimé... Je l'aimerais probablement toujours... Mais plus rien n'est comme avant, alors je ne sais pas, je ne sais plus ce que cela peut bien signifier. Elle relève son regard, elle ne l'accroche pas au vide, non, mais à celui qui en a laissé un dans son cœur. Elle le repousse de ses pensée, parce qu'elle n'arrive pas à savoir ce qu'ils sont devenu. Maudit scientifique qui se sont pris pour des dieux, modelant l'homme comme s'il n'était rien. Mais je suis heureuse pour vous. Vous. Lui et Nahia. Elle savait, elle avait toujours su. Elle tourne son regard vers lui, avec un sourire doux et franc, mais teinté d'ombre. Comment as-tu su?