Le sol dur et froid du caveau des Osanos, elle le sent encore sur sa peau. Elle frisonne, elle est morte de froid même si elle est ensevelie sous les couvertures et qu’elle dort profondément. Meli-mélo de sentiments font rage à l’intérieur, tandis que son cerveau mène une lutte acharnée entre la vie et la mort. Lula bouge, elle parle. Elle dit des phrases incompréhensibles, des sons presque inaudibles et elle s’agite, encore et encore. Des phrases lui reviennent en mémoire, des phrases prononcées avec une voie familière, avec la voie de Diana. « Lula.. » Elle sent la panique dans la bouche de sa sœur, cette panique qui ne fait qu’accroitre la vitesse de son palpitant. «Ne t'avise pas de fermer les yeux, parce que si je dois venir te chercher en enfer pour te tuer moi-même je le ferai. » Phrase qui l’aurait fait sourire, même rire, dans toutes autres circonstances. « Je peux te sauver, je peux te sauver. » La voix tremblante lui fait provoque comme électrochoc. Elle revit ses derniers instants, du moins ce qu’elle croit être ses derniers instants. Elle sent la main de Diana se poser sur sa nuque, elle sent la pierre froide qui orne le sol du caveau, elle sent l’odeur de son sang, elle se rappelle de tout. Mais par dessus tout, elle se rappelle de la panique et de la peur de mourir. Elle n’était pas prête à cela. Elle ne voulait pas mourir, et certainement pas de la main de sa sœur. « Je dois te sauver. Je suis tellement désolée Lula. Je suis tellement désolée. » Désolée, Diana est désolée. Elle revoit son regard horrifié lorsque le poignard de glace a pénètre sa sœur pour déchirer ses entrailles et la situation n’a aucun sens. Tout s’embrouille, elle ne comprend rien. Elle ne s’est pas rendue compte qu’elle utilisait son nouveau don, ni qu’elle gesticulait dans tous les sens pour que Diana lui obéisse. Dire qu’elle se croyait totalement vulnérable, désarmée face à la perte de son élément, la voilà maintenant plus dangereuse qu’avant. « Je ne peux pas te laisser mourir. Écoute moi Lula. Je ne vais pas te laisser mourir ici, et maintenant. » Lula sent la panique monter, même si l’événement s’est déjà produit. Chaque mot laisse transparaitre plus de panique. « Souviens-toi de ce que je t'ai dis, mon cœur, souviens toi. »  Mon coeur. Cela faisait une éternité qu’elle ne l’avait pas appelé ainsi. Lula, bien que gelée, sent son cœur se réchauffer en entendant ses mots. Dans la peur de perdre sa sœur, la Diana froide disparaît pour laisser place à la grande sœur que Lula connaît. C’est cette grande sœur qu’elle aimerait côtoyer chaque jour, mais elle sait qu’elle ne peut pas changer Diana et que malgré cette froideur quotidienne, elle perçoit la flamme qui l’anime. « Je t'ai demandé de vivre et d'être heureuse. Je t'ai demandé d'être courageuse et de survivre. » D’un geste purement mécanique, elle se touche le front. Elle sent un souffle chaud sur sa peau glacée et des lèvres se poser dessus. « Je t'ai demandé de vivre et d'être heureuse. Je t'ai demandé d'être courageuse et de survivre. » Courageuse, elle n’était plus certaine de l’être. Après tout, même Diana lui avait dit qu’elle était devenue lâche en rejoignant Merle. Et même si elle était en colère après Diana, Lula prenait tout ce qu’elle disait très au sérieux et ses paroles –très douloureuses bien que dites sous le coup de la colère-, l’impactaient. Lula se crispe en sentant de l’eau sur son abdomen. Eau qui pénètre dans la plaie pour penser ses blessures. « Et, tu m'as promis. Tu m'as promis que tu le ferais. » Sensation étrange qui l’envahit lorsque Diana use de son don pour la sauver. Mélange de douleur et plénitude, mélange qui la fait se crisper sous sa couette. Elle ne cherche même pas à comprendre la situation, elle ne capte pas tout de suite que sa sœur est en train de la guérir avec un nouveau don, non, elle reste à croire que c’est une simple maitrise de l’eau pour hydrater ses plaies. Puis, douleur horrible qui lui ronge les entrailles lorsque ses blessures sont en train de se refermer. Elle laisse échapper un cri de douleur, cri qui affolera certainement les alentours, mais ça, elle n’en a pas conscience. « Je suis désolée, mais nous ne pouvons pas rester là. » Il faut partir, elle a raison Diana. Comme toujours. Mais partir où ? Elle a envie d’ouvrir la bouche, de lui crier que c’est elle qui devrait fuir et non pas Lula. Que Lula n’est pas en danger, que quelqu’un finira bien par venir la chercher. Mais c’est au dessus ses forces, ses yeux restent clos, malgré toute la volonté qu’elle déploie pour les ouvrir. « Je vais devoir te déplacer. » Elle sent la cape de sa sœur entourer sa poitrine. L’odeur de Diana, la rassure, elle sent comme une chaleur envahir son corps si froid. Elle se voit marcher, faire quelques pas lorsque Diana la force à se relever, mais elle ne se souvient plus de la suite. Elle se souvient avoir eu mal. Le souvenir s’arrête, ne laissant qu’une phrase pour sceller ce regrettable moment. « Je vais te sauver, je te le promets.. » Elle est en sueur, elle a trop chaud alors qu’elle pensait être morte de froid quelques instants plus tôt. « Diana ! » S’écrit-elle en se réveillant et en s’asseyant brusquement dans son lit. Enfin, un lit qui n’est visiblement pas le sien. Les yeux grands ouverts, elle ne prend même pas le temps de voir ce qui l’entoure, ni de détailler la pièce, elle ne pense qu’à Diana. Elle se voit encore dans le caveau, elle ne voit pas la chambre, ni les personnes qui pourraient être à ses côtés, elle ne sait pas si elle est seule ou si quelqu’un veilles sur elle. Elle sent encore la douleur infligée par le trident, infligée par Diana. « Diana, Diana ! » Crie-t-elle une nouvelle fois, laissant la panique l’envahir. Cette dernière pourrait aussi bien être proche, comme dans une prison du Palais d’Azurite. Elle pourrait même être dans la pièce qu’elle ne la verrait pas, tant la panique aveugle ses yeux. Son palpitant bat vite, trop vite. Et il ne ralentira pas tant qu’elle n’aura pas croisé les ambres de son ainée.

Step one, you say we need to talk, he walks, you say sit down, it's just a talk.Elle a les yeux rivés vers la falaise et ses vagues. Ses vagues fracassantes, qui viennent s'effondrer sur les roches aux dents dévorantes. Un peu comme le trident qu'elle avait eu entre ses mains quelques heures plus tôt, et la poitrine de sa sœur. Elle ferme les yeux un bref instant, serrant aussi ses poings. Ses ongles s’enfoncent dans sa paume et elle peut sentir les gouttes d'hémoglobines se frayer un chemin sur ses doigts. Elle a le souffle qui s'accélère, à mesure qu'elle entend le bruit des vagues, à mesure qu'elle les entend se fracasser contre la roche dure et froide. Elle a l'impression de ressentir, encore et encore, la glace rencontrer le feu du palpitant de Lula. « Ma reine. » la voix n'est qu'un murmure. He smiles politely back at you, You stare politely right on through. Some sort of window to your right. Elle rouvre les yeux, et inspire doucement. Ses doigts restent ancrés dans sa chaire, tandis qu'elle se redresse et se retourne vers son interlocuteur. « Comment va t-il? » Il bouge sa tête à la négative. « Aucun changement? » Il répond une nouvelle fois à la négative. Elle lève les yeux vers le manoir, s'attardant près d'une fenêtre qu'elle sait être la sienne. Le virus avait profondément touché Salazar, comme il avait touché tout Aksana. Le savoir aussi mal, l'affligeait. Et si elle avait été dotée d'un don unique et fabuleux, elle était certaine qu'elle n'était pas capable de le soigner. Et c'était ce qui la dérangeait le plus, le fait de se savoir incapable de l'aider. « Et pour ma sœur? » Il détourne le regard un instant. « Les blessures de Lula étaient.. » Elle le coupe d'un geste de la main. « Princesse Lula. » Il fronce les sourcils un instant, incline légèrement la tête en signe de pardon et de respect. « Les blessures de la princesse étaient sévères, bien que vous ayez réussis à les arrêter. Il lui faudra du temps avant de récupérer, mais si nous lui octroyons les bons onguents et médicaments, elle pourrait vite être remise sur pied. » Elle abaisse légèrement la tête, et continue de planter ses ongles dans sa chaire. Tout cela était de sa faute. Si elle n'était pas celle qui lui avait voulu du mal, si Lula s'était emparée de son corps, c'étaient ses mains à elle qui avaient agit. « Je peux vous demander ce qu'il s'est passé ? Savoir pourrait peut-être nous aider à savoir comment soigner ses blessures. » Between the lines of fear and blame, You begin to wonder why you came  Elle arque un sourcil. Il voulait plutôt savoir si, comme les bruits couraient dans le manoir, elle était celle qui avait voulu tuer sa sœur. Mais que pleine de remords, elle l'avait ramené ici pour être soignée. Elle tourne la tête légèrement vers l'océan, avant de se retourner à nouveau vers l'infirmier. Where did I go wrong? I lost a friend « Un trident. » voilà sa seule réponse. Elle pose ses ambres dans ses prunelles. «Maintenant, allez sauvez ma sœur. » Il s'incline et retourne vers le manoir. Elle reste un instant tournée vers la bâtisse, avant de river à nouveau ses yeux vers l'océan et le reflet dansant de la lune sur ses flots.

Elle pénètre dans la chambre, un vase d'eau entre les mains. Elle le dépose sur la table de chevet, avant de se tourner vers sa sœur. Elle est endormie, mais agitée. Somewhere along in the bitterness. Diana reste un instant interdite, tiraillée par la peine, la détresse, et l'amour qu'elle éprouve pour elle. Elle a oubliée sa colère, elle a oubliée la rancoeur. Tout ça ne compte plus. Parce qu'elle a faillit, une fois de plus la perdre. Aymeric, Atalante, Rei. Son père aussi, tué par sa propre ambition. S'il respirait toujours, l'homme qu'elle avait aimé et chérit n'était plus. Les siens se faisaient décimés un à un, par la guerre. Elle ne pouvait souffrir d'autres pertes. Elle ne pouvait pas rester fixé sur les erreurs du passé, et garder toute la haine qu'elle avait éprouvée envers Lula. C'était impossible. Pas dans ces conditions. Elles se devaient d'être là, l'une pour l'autre. And I would have stayed up with you all night, Had I known how to save a life. Elle mordille sa lèvre inférieure, puis vient embrasser le front de sa sœur. « Je t'aime. » murmure t-elle dans un souffle. Le myocarde se serre, venant déchirer le palpitant. Elle soulève la couverture, et regarde les bandages sur le corps de sa sœur. Elle vient les délier, lentement et pose ses yeux sur les cicatrices rouges. Son palpitant manque un nouveau battement et son souffle s'accélère. « Je suis tellement désolée, mon cœur. » Elle inspire profondément. Let him know that you know best, Cause after all, you do know best, Try to slip past his defense. « Tu iras bien, je te le promets. » Elle fait un mouvement de la main, et l'eau quitte le vase avant de venir se poser sur le ventre de sa sœur. Elle fait quelques mouvements des bras, tentant à nouveau de la soigner. Si l'eau commence à s'illuminer de la lumière bleutée que dans le caveau, les lumières s'affaissent rapidement. Without granting innocence, Lay down a list of what is wrong, The things you've told him all along, And pray to God he hears you. And I pray to God he hears you. Elle essaie à nouveau, mais n'arrive à rien d'autre qu'à créer de brefs éclats. Elle fait revenir l'eau dans le vase, fait disparaître les quelques gouttes d'eaux encore présentes sur sa sœur, puis la bande à nouveau. Elle lui remet la couverture sur le corps. Elle serre les poings puis se dirige vers la fenêtres. Les rideaux sont abaissés, et la pièce est toujours plongée dans la pénombre. « Diana ! » Le cri la fait se retourner d'un seul mouvement. Where did I go wrong? I lost a friend. Somewhere along in the bitterness. Elle s'approche à pas rapide vers son lit, dans lequel vient de se redresser la princesse. « Chut, chut, je suis là. » Elle se pose sur les couvertures, prenant soin de ne pas brusquer sa sœur. Elle est paniquée, la gamine. « Diana, Diana ! » Elle ne la voit même pas. Toujours plongée dans une torpeur, dont elle seule est la coupable. Le palpitant de Diana se serre à nouveau, alors qu'elle tend ses bras vers sa sœur. Moment d'hésitation. Elle était peut-être le monstre, celle qui avait tentée de la tuer, dans son esprit. Elle ne savait pas quelles chimères s'étaient installées dans l'âme de sa sœur.  And I would have stayed up with you all night. Had I known how to save a life. Elle finit par l'enlacer, avant de venir posé un baiser sur son front à nouveau. « Je suis là, je suis là. » Elle observe sa sœur, et la pousse légèrement pour qu'elle reste allongée. « Ne bouge pas trop, tes cicatrices sont fragiles » dit-elle doucement. Elle l'observe un long moment plongeant ses ambres dans ses saphirs. « Nous sommes à mon QG, je ne sais pas de quoi tu te souviens exactement mais.. tu as été blessée. » Je t'ai blessé, veut-elle rajouter. Mais elle ferme sa bouche, et passe sa langue sur ses lèvres. « Ne bouge pas trop, et reste calme, tu veux? » dit-elle. Elle se redresse, et attrape un verre d'eau. « Tiens, bois. » Elle apporte le verre aux lèvres de sa sœur, puis le re-dépose sur la table de chevet. « Tu es ici en sécurité, personne ne viendra te faire de mal. » rajoute t-elle, se voulant rassurante.

Son cri brise le silence qui règne dans la chambre de la Reine de l’eau. Elle crie, une fois, deux fois sans s’apercevoir que celle qu’elle cherche est à ses côtés. « Chut, chut, je suis là. » Elle ne l’entend pas, Lula. Trop absorbée par le cauchemar qu’elle vient de faire. Un cauchemar qui est malheureusement la réalité. Ce n’est que lorsque Diana finit par l’enlacer qu’elle revient à la réalité. «  Tu es là. » Laisse-t-elle échapper en serrant sa sœur aussi fort qu’elle peut le faire, au point qu’elle doit certainement l’empêcher de respirer. Elle pose sa tête dans le creux de son cou et sent toute la frustration s’envoler. Elle n’avait jamais eu aussi peur que la veille, elle n’avait jamais sentie la vie être sur le point de lui échapper ainsi. Ses yeux grands ouverts se ferment lorsque son ainée dépose ses lippes sur son front en sueur. « Je suis là, je suis là. » Sa respiration est saccadée, haletante, mais elle ralentit lorsque ses saphirs croisent les ambres de Diana. Cette dernière la pousse à s’allonger de nouveau et Lula suit le mouvement. Autrefois, elle serait certainement restée assise pour montrer à Diana que ce n’est pas elle qui commande et qui doit lui dicter sa conduite, mais elle en a marre, Lula. Elle sait que maintes fois, elle s’est comportée comme une gamine insupportable. Elle sait que malgré tout ce qu’elle a pu faire d’impardonnable, Diana est toujours là pour elle. Et elle ne veut plus laisser ses gamineries interférer dans leur relation. Non. Elle veut être la personne forte et courageuse que Diana voyait en elle avant qu’elle ne parte aux côtés de Merle. « Ne bouge pas trop, tes cicatrices sont fragiles. » Par réflexe, elle se touche l’abdomen. Lorsque ses doigts effleurent les plaies, elle grimace et se raidit. Elle avait presque oublié ce qui c’était passé, inquiète de retrouver sa sœur. « Nous sommes à mon QG, je ne sais pas de quoi tu te souviens exactement mais.. tu as été blessée. » De tout. D’absolument tout. A nouveau, elle revoit le regard paniqué de Diana lorsque son trident s’enfonce dans ses propres entrailles. Elle ne comprend pas, Lula. Le geste et l’expression de sa sœur sont contradictoires. Instinctivement, elle s’enfonce un peu plus dans les draps pour mettre un peu plus de distance. Mouvement de recul purement machinal, car elle n'a pas vraiment peur de Diana. Elle fronce les sourcils d’incompréhension mais ses prunelles restent ancrées dans celles de son ainée. « Ne bouge pas trop, et reste calme, tu veux? » Lula acquiesce, laissant Diana la materner. « Tiens, bois. » Elle avale l’entièreté du verre, assoiffée, et remercie Diana d’un geste de la tête. L’eau hydrate sa gorge sèche et bizarrement, lui permet d’éclaircir ses idées. « Tu es ici en sécurité, personne ne viendra te faire de mal. » Personne ne viendra te faire de mal. Cette phrase résonne dans sa tête, faisant echo. Ironique lorsqu’on sait que celle qui l’a mise dans cet état, selon Lula, c’est Diana. Elle ne comprend pas, elle qui disait ne pas vouloir la tuer et qui a finit par le faire. Ou du moins essayer de le faire. La princesse reste silencieuse quelques instants, hésitante. « Je.. - » Elle s’arrête, cherchant ses mots. «  Je me souviens de tout, enfin je crois. » Elle laisse sa phrase en suspend, laissant de côté le souvenir douloureux à propos du trident déchirant ses entrailles. Elle fixe Diana, guettant la moindre réaction chez son aînée qui pourrait expliquer la situation. « Je me souviens de toi, avec ce trident. » Difficilement, elle déglutit. Les larmes lui montent aux yeux, parce-qu’elle n’a pas envie d’énoncer à haute voix ce qu’il s’est passé au caveau. Elle n’a pas envie d’admette ce que sa sœur à fait et qui, pour elle, avait l’air d’un geste volontaire. Elle baisse les yeux quelques secondes, puis adresse un regard décontenancé à Diana. «  Et je me souviens de ton regard, lorsque tu m’as poignardé. » Son regard était paniqué. Oui, c’est cela. Totalement paniqué. Diana ne comprenait pas ce qu’il se passait tout comme Lula ne comprenait pas non plus ce qu’elle était en train de manipuler sa sœur. « Je ne comprends pas, Diana. » Il n’y a plus une once de panique dans sa voix, mais de la peur. Sa voix tremble, elle laisse transparaitre l’incompréhension dans laquelle patauge Lula à cet instant. Elle sait qu’il s’est passé quelques choses, qu’il y a eut un problème, une chose qui lui a échappé. Diana n’aurait jamais pu la poignarder, elle en était persuadée malgré les faits prouvant le contraire. « Pourquoi est-ce que tu m’as poignardé ? Est-ce que je t’inspire de la haine à ce point ? » Ses questions, elle les pose calmement. Elle n'hausse pas là voix, laissant l'incompréhension vis à vis de ce geste. Elle s’arrête pour soupirer, elle s’emballe, elle laisse la panique l'envahir. Elle secoue la tête, comme si cela pouvait effacer ses dernières paroles, et pose une toute dernière question. « Que s’est-il passé exactement ? » Elle voulait le point de vue de sa sœur, elle voulait savoir ce qui avait bien pu la pousser à faire ça. La version de Diana la réconforterait peut être. Douce illusion qui allait être brisée quelques instants plus tard.

Elle tressaillit la déesse, frisson presque imperceptible qui parcourt son épiderme et son échine. Elle reste plantée dans les saphirs de sa sœur, avant de baisser le regard. Elle se souvenait de tout, elle aussi. De son point de vue à elle. Et elle ne pouvait qu'imaginer ce que sa sœur avait ressentie. Elle savait qu'elle ne s'était pas rendu compte d'avoir utiliser ses nouveaux pouvoirs contre elle, elle l'avait compris dans le regard de sa sœur. Mais, les choses étaient délicates.  « Pourquoi est-ce que tu m’as poignardé ? Est-ce que je t’inspire de la haine à ce point ? » La question est brutale et le palpitant de la reine est assiégé par d'innombrables émotions. Torrents archaïques qui viennent lui faire du mal, qui l'acculent dans un coin et l'empêchent de respirer. Elle ne sait pas quoi dire. Elle veut se défendre, lui faire comprendre qu'elle a tort. Mais la vérité est tellement terrifiante, qu'elle ne sait pas encore laquelle elle préfère. Sauver l'âme de sa sœur, en lui faisant croire que oui, elle la détestait. Annihilant ainsi toute relation qu'elle pourrait avoir avec elle. Ou lui faire comprendre, qu'elle avait été le problème, pas le contraire. Et ainsi, lui donner la sensation, qu'elle n'était désormais qu'un monstre. Une sirène mangeuse d'hommes. Elle observe sa sœur, le cœur un peu lâche. « Que s’est-il passé exactement ? » Elle veut la vérité, elle ne veut pas de mensonges. Et elle est assez grande. Diana lui a toujours dit d'arrêter de faire l'enfant, et elle tombe enfin face à la femme, celle qu'elle a toujours voulu voir en elle. Celle qu'elle a vu, avant même que la princesse ne s'en rende compte elle-même. Elle est courageuse, prête à affronter les abysses qui se dresseront devant-elle. Peut-être avait-elle toujours eu besoin de ça, de ce déclic d'avoir frôlé la mort. De l'avoir peut-être accueilli l'espace d'un instant en son sein. Elle vient déposer sa main sur la sienne, caressant doucement les doigts de la naïade. « Après le virus, certains d'entre nous ont gagnés une aptitude. » dit-elle sur un ton presque incertain. « J'ai obtenu un pouvoir de guérison, en plus de ma maîtrise. » dit-elle. Elle fronce les sourcils, passe une main dans ses cheveux et replace une mèche de ses longues boucles derrière son oreille. « D'autres, ont gardés leurs maîtrise et peuvent toujours commander aux fleuves. » rajoute t-elle. Comment lui dire qu'elle, elle avait obtenue une maîtrise que les Sept détestaient, qu'ils voulaient voir anéantie ? Comment lui dire, que maintenant plus que jamais, elle allait courir le risque de perdre sa vie à chaque instant parce que des moines avaient jugés qu'elle n'était qu'une ignominie ? « D'autres, comme toi, ont perdus leur faculté à maîtriser l'eau. Hilde est dans ce cas là. » Elle tient toujours la main de sa sœur, comme si elle ne voulait pas la voir partir. Comme si elle cherchait à lui prêter du réconfort. « Certains de ces maîtres là, ont hérités d'une maîtrise ancienne, qui a toujours été mal vue par notre peuple. La maîtrise du sang. » Elle plonge ses ambres dans les saphirs de sa sœur à nouveau. « Ils peuvent contrôler les gens, leur corps, faire en sorte qu'ils fassent ce qu'ils désirent. Et je pense, je suis quasi certaine, que c'est ce qu'il s'est produit dans la crique. » Elle laisse le temps à sa sœur d'ingérer cette nouvelle. De l'entendre et d'essayer de la comprendre. « Je ne te déteste pas Lula, et je ne veux pas te tuer. Je n'aurai jamais pu le faire. » Elle serre un peu plus sa main. « Je t'aime. »

Plus les minutes s’écoulaient, plus ses souvenirs devenaient clairs. Sa question résonne dans la pièce, laissant le vide s’installer. Lula regarde sa sœur, attendant qu’elle lui donne une explication. Oui, parce-qu’elle va lui en donner une bonne, une explication. C’est Diana. Elle a toujours réponse à tout, elle a toujours une explication plausible et rassurante. Penser que sa sœur lui a fait du mal, c’est au dessus de ses forces. Elle n’arrive pas à l’imaginer faire ça, même si les flashbacks qui lui reviennent en mémoire s’évertuent à démontrer le contraire. Lula frémit au contact de la main de sa sœur contre la sienne et machinalement, elle a un mouvement de recul. Bien vite, elle s’empare à nouveau de la main de sa sœur et la serre aussi fort que possible. Elle est prête à entendre la vérité, Lula. « Après le virus, certains d'entre nous ont gagnés une aptitude. » Oui, ça elle le savait. Elle savait aussi qu’elle n’arrivait plus à contrôler son élément, mais jusqu’à présent, aucun autre pouvoir ne s’était manifesté. « J'ai obtenu un pouvoir de guérison, en plus de ma maîtrise. » Lula écarquille les yeux, à la fois étonnée et impressionné par la nouvelle faculté dont Diana a hérité. Le pouvoir de guérison, c’est un véritable don. La cadette pose la main sur ses blessures qui ont déjà cicatrisé et elle comprend que sa sœur l’a guérit. Mais tout n’est pas clair, les morceaux de puzzle ne s’emboitent pas les uns avec les autres. « D'autres, ont gardés leurs maîtrise et peuvent toujours commander aux fleuves. » Elle hoche la tête, sachant qu’il y a une suite. « D'autres, comme toi, ont perdus leur faculté à maîtriser l'eau. Hilde est dans ce cas là. » Lula fronce les sourcils, serrant la main Diana encore plus fort. D’une part, elle est rassurée de voir que quelqu’un dans ce manoir pourrait potentiellement l’aider, mais elle connaît sa sœur, elle sait que lorsqu’elle emploie ce ton, elle s’apprête à dire quelques choses qui risqueraient de l’effrayer. « Certains de ces maîtres là, ont hérités d'une maîtrise ancienne, qui a toujours été mal vue par notre peuple. La maîtrise du sang. » Lorsqu’elle entend ces derniers mots s’extirper des lippes de sa sœur, elle cesse de respirer. La maitrise du sang ? Elle a l’impression de tomber, que le lit sur lequel elle est assise a disparu et que son corps s’enfonce peu à peu dans un gouffre sans fin. Des acouphènes font qu’elle n’entend que partiellement l’explication de sa sœur sur cette maitrise, mais qu’importe. Elle sait déjà en quoi cela consiste, elle comprend qu’en réalité, ce n’est pas Diana qui l’a poignardé mais qu’elle l’a obligé à le faire. Les ambres de Diana sont plongées dans les siennes, mais elle ne les voit pas. « Je ne te déteste pas Lula, et je ne veux pas te tuer. Je n'aurai jamais pu le faire. » Ces derniers mots font écho dans son esprit. « Je t'aime. » Bien sûr que Diana n’aurait jamais pu le faire. Pourquoi en avait-elle douté ? Elle baisse les yeux, l’air ahuri et lâche la main de sa sœur. Ca fait beaucoup d’informations d’un coup. «  J’ai. - » Elle déglutit difficilement, salive acide qui lui fait mal à la gorge. «  Tu. - »  Elle n’arrive même pas formuler une phrase, tellement elle est confuse. Elle secoue la tête et finit par croiser le regard de Diana à nouveau. «  C’est moi qui est fait ça... » La frayeur peut se sentir dans sa voix tandis qu’elle touche à nouveau ses cicatrices récentes. «  J’étais tellement en colère contre toi, contre les reproches que me faisais que j’ai.. » Perdu le contrôle. Elle se souvient de la colère qui l’avait envahi à cet instant et même si elle avait un tempérament colérique, elle savait que cette colère provenait d’une force plus noire, plus obscure. Une force étrangère qui ne l’était plus vraiment puisqu’elle se trouvait à l’intérieur d’elle même. «  Que j’ai contrôlé ton corps. » Sa respiration s'accélère, elle a du mal à respirer. Le flot d’émotion finit par la faire exploser, elle sent les larmes monter. Il faut qu’elle évacue, qu’elle laisse échapper toute sa colère et sa culpabilité. « Je suis un monstre. » Dit-elle plus calmement, presque trop calmement. Elle baisse les yeux, honteuse. C’est vrai, elle était devenue un monstre cette nuit là. Dans les mythes que ses parents lui racontaient lorsqu’elle était enfant, que Diana lui racontait même, les personnes capables de maitriser le sang étaient toujours d’horribles personnages, des… monstres. « Je ne t'ai pas blessé ? Physiquement je veux dire. Mentalement.. qu'est-ce que tu as ressenti ? » Ose-t-elle demander en inspectant sa soeur en espérant ne pas trouver de blessures. Elle finit par ressaisir sa main et la serre à nouveau. « Je suis désolée de t’avoir fait subir ça, tellement désolée. » Elle a du mal à regarder sa sœur en parlant, de peur d’y trouver du dégout. Pensée absurde étant donné que Diana vient de lui dire qu’elle ne la détestait pas. « Je t’aime aussi. » Laisse-t-elle échapper en essayant de se redresser pour prendre sa sœur dans ses bras, en vain. Ses cicatrices lui font trop mal, la force à rester allongé. En reposant son dos contre l’oreiller, elle se rend compte qu’elle ne connaît pas l’endroit où elle se trouve. Elle inspecte les environs, mais rien ne lui permet d’identifier cet endroit. « Où sommes-nous ? »