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La porte n'est pas fermée, du moins pas vraiment. Pour Mace, c'est comme une invitation, il ne se prive de rien surtout quand il s'agit d'elle. Il accède à l'intimité de la rouquine comme si elle ne ressent rien, qu'elle n'a rien à lui dire. Pas de honte ni de gène. Inhumaine. Mace dit avoir tous les droits autant sur son corps que sur sa vie, ses sentiments, ses émotions. Elle n'est rien, Nephtys. Juste une mêlée, une gamine fragile et manipulable. Sienne. Alors qu'il s’installe contre l'encadrement de la porte, les bras croisés contre son torse, la rousse se retourne pour lui faire face cachant hâtivement sa poitrine d'une serviette. « honey... » Mace secoue légèrement sa tête vers le bas, moquerie au visage. « why are u scared ? it's me. just, me. » Ses yeux plongent dans les siens alors que son sourire ne s'efface pas. Il l'observe, domine la situation. Tout d'abord surprise du surnom donné par son Maître mais également de son entrée, Nephtys prit son temps avant de tenter quelque chose. Quelques embarrassantes minutes s'écoulent et dès qu'elle ouvre la bouche, prête à utiliser ses cordes vocales pour, peut-être, l'insulter et lui demander de sortir ou tout simplement pour lui dire de la respecter un minimum, Mace s'approche d'elle pour lui coller l'une de ses mains sur les lèvres et lui tenir la nuque de l'autre. « i told u, honey. you are nothing more than a slave here, don't use the bathroom when everything is dirty. clean the house before ur body. » Sa voix est suave, calme, maître de la situation Mace ne s'emporte pas. Son corps collé contre le sien, ses yeux plongés dans les siens, ils sont proches, peut-être trop ou pas assez. Il aime Nephtys. Il l'aime car il sait qu'il ne peut pas s'en débarrasser, alors il l'aime car il se sait puissant, il sait qu'il mène la danse et qu'elle se laisse guider, qu'elle se prête au jeu d'une certaine manière. Il l'aime d'une manière spéciale, il ne cherche pas l'amour, il cherche l’inquiétude dans son regard, la peur. Il veut la détruire pour la reconstruire à son image, comme il l'imagine, comme dans ses rêves les plus enfouis. C'est une anomalie, une bonne à rien, un animal inutile, un adiutor non-mérité — une créature qui l'obsède irraisonnablement. Ne t'approche pas d'eux, l'une de ses jambes est entre ses cuisses. Ne leur parle pas, les surnoms qui s'installent. Ne les touche pas, une simple serviette l'empêche d'avoir un contact (involontaire ?) avec toutes les parcelles de son corps.

c'est sous la terre que perséphone s’inquiète, incertaine de revoir un jour le monde extérieur. enfermée aux côtés d'un monstre, sa beauté, sa pureté, tout en elle s'illumine ; tandis qu'à l'intérieur, son cœur est épris d'un sentiment néfaste, incurable, rendant son âme aussi noire qu'est celle de son oppresseur.

Ça hurle en bas, les odeurs changent, les visages, les manières.. Un monde caché dans les entrailles d'un autre. La capitale cache sous sa jupe le trou, l'arène, qu'importe son nom ici la couleur du sang est à son apogée. Les mêlés se retrouvent dans une position d'entière domination tandis que les maîtres ont tous les pouvoirs. Nephtys, au centre de l'arène, face contre terre, ne bouge plus. Weiss, du moins c'est ce qui est murmuré, bras croisés contre sa poitrine, récupère aisément son souffle. C'était rapide, quasiment indolore pour lui, quelques sensations désagréables dans la nuque et l'estomac mais rien de très inquiétant. Une défaite de plus que Mace ne digère pas, que l'adiutor va regretter une fois à la maison. Il allume la cigarette coincée entre ses lèvres tandis que ses yeux se bloquent sur le visage un peu trop confiant de la victorieuse mêlée.. Elle qui par son sang n'est rien, n'a pas à devenir quelqu'un. La rouquine sort de l'arène aidée par d'autres participants puis se fait ramener aux côtés du Karstark qui ne détourne pas le regard de l'imbattable. « hey, you ! » Coup de tête dans sa direction, le jeune homme vient poser ses bras contre les barrières, sourire caché aux coins de ses lippes. « nice victory, but, it's not too easy here ? » Il arque l'un de ses sourcils pour lui montrer qu'il cache quelque chose, un moyen de se défouler bien plus et bien mieux. De gagner plus d'argent, aussi. « if u want.. » Mace attrape sa clope de ses doigts, regarde à gauche, à droite, puis d'une voix malicieuse il reprend son affaire ; « i can give u more fight, blood... and money. » Ce qu'elle ne sait pas, c'est que d'autres projets se cachent dans sa petite tête. La détruire, voir son image se briser en petits morceaux. Il veut la faire tomber, mais cherche aussi à gagner quelque chose. Sienne dans les paroles, protectrice seulement de nom, demoiselle qui se fait passer pour ce qu'elle n'est pas afin d’accéder à des parties un peu plus... Intéressantes. Adieux les adversaires de ceux dont le sang est couleur de bronze, bonjour le challenge des autres.

(quinze ans) La porte claque dans son dos. Mace veut partir, ne plus être avec eux, alors il s'égare dans les ruelles d'Azurite, ces ruelles sombres, éloignées des foules. Il ne supporte plus le comportement des siens. Ce comportement protecteur comme si sa vie était fragile, comme s'il n'était pas capable de se défendre tout seul. C'est l'impression de ne pas exister qui le pousse à devenir totalement différent du Mace d'autrefois. Posant son dos contre l'un des murs, il se calmer et commence à réfléchir à son avenir. Seulement, il était loin, très loin de s'imaginer qu'il allait se jouer cette nuit. Un rire gras résonne sur sa droite, dans la noirceur de la ruelle, tournant sa tête par mécanisme, Mace fut surpris de voir une porte se fermer et un homme se tenir devant elle. « ... holly shit, » Pour dire vrai, Mace ne s'est jamais éloigné bien loin des grandes places. Il n'a pas l'habitude de s'aventurer dans les entrailles de la ville (malgré les rumeurs à propos de la sûreté d'Azurite comparée à d'autres capitales), bien trop peureux pour ça. Fronçant légèrement les sourcils en voyant que l'inconnu n'était pas au meilleur de sa forme, certainement une bonne dose d'alcool dans les veines, Mace recula d'un pas de loup cherchant à être le plus discret possible. Bam. Son dos percute quelque chose, ou plutôt quelqu'un. Un long filet de salive lui traverse la gorge tandis que la personne face à lui se rapproche. « it's him no ? the little devil. » Perdu dans ses pensées, Karstark fait travailler son cerveau plus vite que pendant ces quatre dernières années passées à l'académie. Leonara avait raison en disant qu'il allait s'attirer des ennuis, mais comment pouvait-il imaginer les retrouver ici, là, maintenant, ce soir. C'est cette voix rauque qui l'aida à retrouver leur identité, deux garçons venant de Launondie, deux masses qu'il n'aurait pas du taquiner. « the little asshole, yep, » Alors qu'il ouvre la bouche pour répondre à ses deux nouveaux meilleurs amis, c'est avec une douceur remarquable que l'inconnu face à lui vient agripper sa gorge de ses doigts. « i'm so sorry, i-i, » Les doigts serrent, la respiration se fait difficile, l'articulation encore plus. « i'm sorry sir, » Pas le temps de tenter une nouvelle excuse, la main libre de son bourreau termine contre son arcade gauche faisant saigner le gosse bel et bien fragile. Lâchant enfin prise, Mace tombe au sol, ses genoux cognent contre les dalles. Il vient coller l'une de ses mains à sa gorge qu'il masse hâtivement et l'autre contre sa blessure, il grimace, souffre. « i-i, i didn't want, » Le deuxième vient claquer son pied contre le dos de l'adolescent, le faisant tomber au sol comme une pauvre merde. Une fois tombé, il le retourne et s’assoit sur son estomac, plongeant ses yeux dans les siens et lui tenant la mâchoire fermement pour qu'il n'esquive pas son regard. « too late. » Il est jeune. C'est ce que Mace voit en premier. Sa jeunesse, son visage pas bien plus âgé que le sien. Facilement dix-sept ou dix-huit ans, pas plus, pas moins. C'est là que Mace comprend qu'il est dans une mauvaise posture. Il est peut-être à l'académie. Pas le temps de réfléchir qu'un deuxième coup vient cogner sa gueule d'ange, puis un troisième et un quatrième. Du sang coule de ses lèvres, de sa bouche, il s'est mordu la langue par surprise. Sa mâchoire inférieure lui fait mal, son nez également. Mace ne dit rien, ne pleure pas, se laisse faire. Ne riposte pas. Comme si payer pour ce qu'il a fait était légitime et normal, qu'il se laissait punir pour son irrespect. Payer pour avoir insulté ces deux garçons, pour avoir craché sur les pompes du premier, pour s'être foutu d'eux devant une dizaine de personnes. Ne rien faire pour ne pas avoir pire.

et que les larmes salées
s'écrasent au sol
002. destroy my life,

Ça fait deux ans qu'ils ne lâchent pas le gosse. Ça fait deux ans que le monde semble être contre lui. Ça fait deux ans qu'ils viennent toucher son corps sans même qu'il ne réplique. Mace est un lâche. Il n'ose pas se défendre de peur d'être écrasé aussi vite qu'une mouche. Ça fait deux ans qu'il ne ressent plus les choses, ça fait deux ans qu'il est mort. Mort depuis les rires, depuis les coups, mort dans la chambre. Mace c'est le gamin qui dehors garde le sourire, donne envie d'hurler, de danser sous la pluie, de parcourir le monde ; et dès qu'il se retrouve encerclé des deux démons, il n'est plus rien, juste un fantôme, un moins-que-rien. Ça fait deux heures qu'il est libre. Ça fait deux heures que les deux mecs sont allongés, qu'ils ne respirent plus. Ça fait deux heures que son dos lui fait mal, que du sang stagne sur son menton. Ça fait deux heures qu'ils ont bu leurs derniers verres. Ça fait deux heures que Mace est installé sur le lit, recroquevillé contre ses genoux, des larmes qui roulent sur ses joues.

ça fait deux heures que tout ça lui manque.
goût à la violence, aux problèmes,
c'est l'adolescence qui forge la vie.