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( BROKEN AND LOST SOULS ) // tobias

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Eros Griffith
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‹ CRÉDITS : AV/MORRIGAN.
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‹ AGE : trente-un ans, à s'étendre là où il ne devrait pas, à décevoir son père, son sang, sa lignée. à se battre avec les poings, à croire en une religion qu'il ne respecte pas. vilain petit canard, c'est pourtant l'aube de ses grands jours, là où il devrait prouver sa vertue, son pouvoir, sa force.
‹ STATUT : marié, amoureux d'un fruit interdit, l'alliance qui pend à son doigt n'est que le revers d'une alliance mal construite. une maître de la terre pour la vie, une maître de l'air qui le détruit.
‹ SANG : argent, noblesse qui se veut bafouer, déchue peut-être, c'est par la traitrise qu'ils ont gardé leur statut. eros n'en veut pas, n'en a jamais voulu et pourtant il se tare de responsabilités qui n'auraient jamais dû être les siennes.
‹ METIER : sacerdos, haut-prêtre d'une religion qui l'a fasciné dès sa plus tendre enfance, eros est l'enfant de la foi des sept. immorale, trompeur, il se joue de cette religion interprétée à sa propre faveur.
‹ ALLEGEANCE : l'allégeance ne fait sens pour plus personne, puisque qu'il se voit déjoué de ses anciens objectifs. sa seule fidélité est vouée à ses dieux, au diable le reste.
‹ ADIUTOR : un frère, tobias, qu'il a perdu aux frais d'un virus pénible et terrible.
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MessageSujet: ( BROKEN AND LOST SOULS ) // tobias ( BROKEN AND LOST SOULS ) // tobias EmptyDim 28 Jan 2018 - 18:02


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Assis-là au bord de l’eau, il regarde ses mains tremblantes, les épaules voutées, le corps décontenancé. Eros il est plus rien qu’un spectre, et la réalisation vient enfin se noyer dans son être, cette âme qui grise, alors qu’il tente vaillamment de laver les hémoglobines de ses doigts ; sans grand succès. Teintées du sang des ennemis, des mutants, il a tué ce soir, pour une cause qui lui semble valoir les peines et les rancœurs, mais alors qu’il tente de se rafraîchir, il ne ressent rien d’autre qu’une culpabilité crue qui vient le bouffer dans les entrailles. Il se souvient du regard de Kaz, de l’étonnement, du choc, puis de la haine, de la haine de l’avoir frappé et presque tué. Il a évité tous les maîtres de la lave, incapable d’en blesser un, ou de lui ôter la vie, par principe ou souvenir à Adonis, à qui il a ce soir, donné son dernier Adieu. Parce qu’il n’a jamais été plus un traître, à l’instant où il a levé les armes contre ses anciens amis, contre des gens avec qui il a combattu pour voir le cadet monter sur le trône. Il a envie de pleurer, chialer comme un enfant, déverser la frustration et la tristesse dans ce torrent d’eau, montrer à ses Dieux qu’il est pas l’homme fort qu’il laisse paraître, que lui aussi parfois, il a besoin d’une pause, qu’il a besoin de respirer et de mettre sens à ce nouveau chaos. Il a jamais été contre la guerre, ou le sang, il a jamais été contre tuer ou égorger, mais cette fois-ci c’est différent, parce que si ça paraît être la chose correcte à faire, ça paraît aussi faux, hyppocrite. Parce qu’il s’est non seulement détourné de sa nation, mais aussi de tout ce qu’il connaissait auparavant. Il penche sa tête, la fait tomber entre ses mains encore rouges, alors qu’il tente d’inspirer, d’expirer, les yeux explosés par la fatigue, il n’y a que rougeur et boue sur ses joues, alors qu’il ne ressemble à rien qu’à une épave. Les iris folles, qui bougent, bougent et bougent encore dans ses orbites, ne s’arrêtent plus, alors qu’il contemple l’ampleur et les conséquences de ce massacre. Ce massacre qu’il a guidé, qu’il a supervisé et provoqué. Un vote parmi tant d’autres, mais Eros était là, aurait pu dire non, aurait pu se détourner de cette cause, de cette religion, qui semble après coup, complètement erronée et folle.
Il entend des bruits derrière lui, mais les ignore, qu’on vienne le tuer, qu’on vienne l’assommer, ça sert plus à rien de se battre ou de répliquer. C’est tomber dans l’oubli, c’est troquer une humanité, un cerveau encore fait, contre de la bouillie, contre des mensonges, contre une cruauté sans pareille. Et sur le champ de bataille il se croyait encore fort, plein d’adrénaline, plein de force, mais maintenant que tout retombe, c’est la déchéance, c’est la chute sans fin, c’est le moral qui se grise, c’est la gueule qui se défigure. Dans son dos une présence se fait plus prenante qu’une autre, Eros se retourne brusquement pour croiser le regard de Tobias, il soupire, c’est long, c’est douloureux, et un sanglot vient se nicher dans sa gorge, alors qu’il laisse tomber sa tête sur ses genoux. Il tente de cacher le tremblement dans ses mains, dans ses bras, dans ses jambes. Il tente, tant bien que mal d’agir normalement, mais il a l’air fou, avec ses yeux qui ne savent fixer que le vide, avec ses doigts qui dansent pour ne pas s’arrêter, avec cette tignasse collée dans un nœud noué, avec ses habits déchirés, teintées de sang, comme le reste de cette carcasse vide. Il grogne comme un animal, comme le monstre qu’il est devenu, et donne un coup de pied dans une pierre, incapable d’user de son élément qu’il a à tout jamais bafoué pour sa religion. – Qu’est-ce qu’on a fait Tobias ? – Qu’il murmure dans une supplication, alors qu’il prend ses cheveux dans ses deux mains et qu’il tire, peut-être pour se faire du mal, peut-être pour comprendre. Un râle s’échappe de sa bouche. – Ils ne me pardonneront jamais. On est des monstres, on est, on est plus rien.. – Il ne comprend plus rien, plus rien à ce qui l’entoure, à ce qui n’a jamais été. Tout ce qu’il sait, c’est qu’il a tué ce soir, et qu’il y a laissé une partie de son âme.
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Anne-Marie Osanos
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‹ AGE : QUARANTE-SEPT; l'élixir introuvable, c'est le temps qui afflige son corps, la jeunesse n'est plus depuis longtemps déjà.
‹ STATUT : MARIEE; la déesse s'est détournée du kraken, fuyant sa folie et ses idéaux corrompus, elle ne l'a jamais aimé.
‹ SANG : ARGENT; insouciance de l'ichor, elle est vivante avant tout, à la sève vermeille et précieuse.
‹ POUVOIR : EAU GUERISON; fluides changeants, mais demeurant en son sein, elle se voit désormais bénie de la compassion faite pouvoir, permettant à la déesse de soigner les plus malheureux.
‹ METIER : MERE; le giron criant à l'absence de la progéniture, les jambes parcourant milles lieux pour les retrouver.
‹ ALLEGEANCE : ENFANTS; lula et hyppolite passeront avant tous, elle ne s'intéresse guère aux batailles de couronne et ne cherche que la paix d'antan.
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MessageSujet: Re: ( BROKEN AND LOST SOULS ) // tobias ( BROKEN AND LOST SOULS ) // tobias EmptyLun 29 Jan 2018 - 18:13

Les ombres s’emparent de la cité eartanerienne. Nuit noire et silhouettes obscures raflent les ruelles étroites de Greenstall, les spectres volent silencieusement au-dessus des pavés. Aucun bruit ne vient déchirer l’immensité de la nuit. La ville entière est étouffée par l’air lourd et pesant, présage funeste des prochains instants.
Le premier coup est porté, et le cri primitif déchire la sorgue. L’ichor vermeil découle des macchabés figés dans leur dernier souffle, leurs visages décorés d’une grimace que la mort apaise. Le voile funeste se dépose sur la capitale de la terre, vif et rapide, et la Déesse sépulcrale s’avance de sa démarche gracieuse dans les diverses rues de la ville. La femme sourit, sa grande robe noire trainant derrière elle, le tissu précieux trempant dans le sang déversé en son nom. Auprès d’elle suivent les sept silhouettes au nom de qui tout ceci est perpétré. Les dieux bénissent de leurs regards éteints les meurtres commis à leurs pieds. La purge a débuté.

Tobias sourit. Il a le visage pâle, tâché ci et là de larmes sanglantes. Les boutons noirs se colorent de la folie qui s’est épris de son esprit, rondes billes à l’encre abyssine. Aliénation virale qui a embaumé son cœur, libéré l’oiseau de sa cage : délivrance jubilatoire dont l’écho se répercute sur la lame grenat de sa claymore. Les pantins tombent devant lui, les fils coupés, les faibles murmures s’échappent d’entre leurs lèvres tordues. Il est le marionnettiste ce soir, jouant avec les pauvres hommes, les misérables femmes, et tranchant les cordes à leurs bras, leurs jambes. La vie s’échappe de leurs corps affreux. Mutants, il crache. Abominations, on lui a murmuré cela ce soir. Des créatures à tuer, indignes de la protection des Dieux. Des déviants dont il faut se séparer. Pour leur bien à tous. Alors Tobias, il écoute, et il obéit. Il plante, il tranche, il blesse. Il tue. Et il ne regrette pas.
S’il a perdu Eros dès le début de la soirée, dans l’euphorie du moment, il n’est pas seul. Sonya est à ses côtés, perdue dans son ombre, le visage immaculé de toute sa candeur. « Il bouge encore. » Fluette petite voix qui chante à ses oreilles, et la lame tombe, à l’instar de la tête de l’innocent. Les yeux roulent dans leur orbite, sans point d’attache, sans but précis si ce n’est celui de faire face à la mort. Sonya se penche et referme sans plus de sentiment les paupières du mort, indolente meurtrière. Et Tobias de tendre la main, et elle de l’attraper, leurs sourires éclatant dans l’obscurité de la nuit. Ils avancent en harmonie, mélodie funeste de leur silence. « C’est leur regard, que j’aime le plus. Bleu, vert, noir, tous se teintent de la même nuance de peur. C’est… revigorant. » Tobias se retourne vers sa comparse. Il n’y a personne d’autre dans la ruelle.

Ce n’est que plus tard qu’il quitte les sombres venelles de Greenstall. La claymore ensanglantée rebondit contre les pavés, derrière lui. Sur son visage, un sourire béat. Il erre, éreinté, sa chemise blanche devenue rouge, marron, sang et boue. Ses doigts, à force d’enserrer la poignée de son épée, le tirent. Et, au loin, la silhouette si familière. Le frère, l’ami, le double. Le guide. Eros. Alors Tobias s’avance, guilleret, innocent meurtrier, le regard fou, les lèvres fleuries. Et le bruit de ses pas éveille l’attention de l’autre, qui se retourne brusquement, avant de lâcher un long soupir d’entre ses lippes, coloré faiblement de ce sanglot regret. Un sursaut qui brusque son cœur, qui lui serre le palpitant, alors que le frère s’abandonne, tremblant et frissonnant, l’adrénaline quittant son corps pieux. Il ne comprend pas tellement, ils ont fait le bien ce soir ; pourquoi se sentir mal ? Il regarde le double, interdit dans toute sa hauteur, les bras ballants. Il bouge pas, il en a perdu la faculté, son cœur malmené par les grognements fuyant l’émail de ses dents immaculés. Il voit ce corps qui tremble, adrénaline oubliée, regrets arrivant par milliers, et il ne sait que faire. Il fait un pas, recule de deux. Il danse sur ses pas, gringalet maladroit. Sonya le double et s’assoit près du héros, son regard profond si noir. Si mauvais. « Il te ressemble. » qu’elle siffle, un rictus affreux sur le visage. « Vous êtes aussi sales l’un que l’autre. Le sang de vos victimes vous colle sur la peau. Ça coagule. Ça partira pas. » Elle rit, mais personne ne l’entend. Personne ne la voit, cette manifestation de la folie jaffarine. « A jamais marqués par vos actes ! »
Tobias sursaute quand le frère tape du pied dans une pierre. Il ressent sa colère, son ire regrettable, ses doutes accaparants. Il ressent tout ça, et il ressent aussi ce néant qui l’habite, là où autrefois lui était lié Eros. Trou béant qui fore son palpitant, qui lui abîme l’éther. Un manque qui accentue la folie, un besoin qu’il cherche à combler. Et parce qu’il a peur de le perdre, peur d’être rejeté, il se rapproche, il s’accroche. Parce qu’Eros n’est plus sien, il le sera, Tobias. Il l’écoute, et il le suit. Qu’importent les choix, qu’importent les directions. Il est l’ombre du maître, malgré ce lien anéanti. Echo sinistre. « Qu’est-ce qu’on a fait Tobias ? » Murmure plaintif, agonie mendiante. Les yeux se rencontrent, noirs dans noirs, encres profondes qui se reconnaissent instantanément. Tobias est perdu. Sonya a disparu, il la cherche néanmoins, s’échappe de l’emprise du maître, laisse son regard errer sur les berges. Elle n’est pas là. « Ils ne me pardonneront jamais. On est des monstres, on est, on est plus rien… » Articulation qui rappelle le mêlé à lui, à eux, à ce corps si démuni. L’épée claque contre les pavés, lâchée subitement, le sang caillant sur l’acier. Le grand fou s’accroupit, sa main se pose, plate, dans le dos du double. Le sourire éclaire son visage rougit. « On a nettoyé le royaume des affreux. » La voix s’illumine, l’âme se perd dans les paroles plus tôt entendues. Elles sont, sans hésitation, les plus rationnelles qu’il n’ait jamais entendu. A ne pas contredire. Paroles de dieux. « Qu’importe le pardon, lorsque nous aurons la grâce des dieux ? » Les mots se posent sur l’horizon, l’intonation cache sa folie par son calme et l’espoir qu’il transporte. Tobias attrape les mains du compagnon, l’oblige à arrêter de s’infliger ses maux. Il vaut mieux que cela. « Tu as porté leur parole, ce soir. » Une fierté qui ne peut se négliger, une vanité que Tobias ne cessera de lui répéter. « Les autres n’étaient pas innocents. C’étaient des affreux, des mutants. Ils ne méritaient plus la vie. » Sourire qui s’élargit et corps qui se relève. L’excitation bombe son endocarde. « Quant aux autres… » Il s’éloigne, rattrape son épée rougeoyante sur laquelle il s’appuie. « Ils ont fait leur choix. » Articulation froide qui tombe aussi nettement que le couperet qui est tombé, ce soir, sur les nuques de ses victimes.
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‹ SANG : argent, noblesse qui se veut bafouer, déchue peut-être, c'est par la traitrise qu'ils ont gardé leur statut. eros n'en veut pas, n'en a jamais voulu et pourtant il se tare de responsabilités qui n'auraient jamais dû être les siennes.
‹ METIER : sacerdos, haut-prêtre d'une religion qui l'a fasciné dès sa plus tendre enfance, eros est l'enfant de la foi des sept. immorale, trompeur, il se joue de cette religion interprétée à sa propre faveur.
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MessageSujet: Re: ( BROKEN AND LOST SOULS ) // tobias ( BROKEN AND LOST SOULS ) // tobias EmptyLun 26 Mar 2018 - 22:14


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Oisivement, il a la tête penchée, déposée sur ses genoux, échoué à une conscience à laquelle il pensait encore pouvoir échapper. Mais Eros est naïf, presque stupide d’avoir pensé une seule seconde pouvoir se détacher du courroux de sa culpabilité. Une action entreprise, des cauchemars jusqu’à la fin de sa vie. Tuer n’est pas un problème, ça ne l’a jamais été, ses mains peuvent être baignées de sang, il s’en fout, mais tué ce qui s’apparente à un fratricide, c’est intolérable. Ça cogne contre sa caboche, un tambour en colère, une haine viscérale portée à ceux qui n’ont pas mérité la mort plus que lui à cet instant. Baigné dans sa mare de regrets, il sent pourtant la poigne de son frère, de son double, s’accaparer son épaule. Un support sur lequel s’attarder, une épaule sur laquelle pleurer. Parce qu’il doit avoir l’air pitoyable, on pourrait presque le plaindre, alors que ses actes sont la conséquence de cette putride culpabilité. On devrait le lyncher, lui crier qu’il a eu tort, tort sur toute la ligne, qu’il mérite pas de l’amitié, des liens du sang, de l’attention qu’on lui porte. Parce qu’il a tué de sang froid ce soir, il a pas cherché à comprendre, à demander si c’était mérité ; ils étaient probablement plus saints que lui, probablement plus bons que lui. Mais ressasser n’a jamais rien apporté qu’il se chuchote, cette voix qui lui insuffle qu’il n’a pas à s’en vouloir, qu’il a fait ça pour ses Dieux, pour eux. Mais c’est la balance qui se perd, des mots envoyés, des piques lancées, une guerre effervescente qui vient ternir l’esprit, le jugement. – On a nettoyé le royaume des affreux. – et jamais plus la vérité n’a piqué qu’à l’instant où Tobias l’a déblatéré. Et si c’était eux les affreux ? et si finalement c’est eux qu’on aurait dû nettoyer ? et si c’était eux qu’on aurait dû oublier dans ce torrent de sang. Les mains toujours enserrées autour de sa tête, il masse ses tempes avec une fébrilité ridicule. Ils ont fait ça pour les Sept, c’était justifié, pleinement assimilé quand il s’est engagé dans le combat, quand il a enfilé son armure, quand il a quitté ses appartements, quand il a dit à Hissa de se protéger. Il savait. Alors pourquoi maintenant il ne sait plus ? pourquoi maintenant que c’est terminé, il a la vengeance des regrets ? – Qu’importe le pardon, lorsque nous aurons la grâce des dieux ? – Et pourquoi ce n’est pas son discours à lui ? pourquoi Eros n’arrive-t-il pas à prendre la valeur de ces mots en bouche ? pourquoi il doute ? pourquoi il s’affaire aux remords alors que l’acte est fait, terminé. Qu’il ne peut de toute façon pas retourner en arrière. Il grogne entre ses dents, prêt à ravaler tout commentaire désapprobateur. Si ses Dieux savaient, s’ils l’entendaient, ils douteraient. Douteraient de sa foi, de sa conviction, et ça le grise que davantage. Parce que sa vie n’a toujours été qu’un partage, qu’une distinction entre religion et famille, entre foi et honneur. Et ce soir, il a troqué l’honneur, il a troqué la loyauté, pour un blason éclaboussé de sang et d’hémoglobines. Tobias attrape pourtant ses mains, les détachant de la tête en ébullition, et les yeux du gosse se lève à peine vers ceux du frère. Il a pas la tête à accepter, à assimiler le discours, quand il sait, bien profondément, que Tobias a tort. Que lui non plus ne va pas bien, qu’il y a un truc disjoncter dans son cerveau, qu’il est pas le double, ce frère en armes. Et pourtant, il ne relève pas, ne relèvera pas, parce que s’il perd Tobias, alors il perdra l’ancre à cette terre. La seule raison qu’il soit encore là aujourd’hui, qu’il ne se soit pas jeté dans le combat pour y crever. – Tu as porté leur parole, ce soir. – Il l’a fait, c’est vrai, mais était-ce la bonne parole ? était-cela bonne chose à faire ? il soupire, siffle entre ses dents, car Eros sait, il sait qu’il ne trouvera jamais de réponse satisfaisante à ses interrogations. – Les autres n’étaient pas innocents. C’étaient des affreux, des mutants. Ils ne méritaient plus la vie. – Mériter la vie. Un propos intéressant, trop vague pour en faire sens. Eros lève les yeux vers le ciel, la nuit sale qui tombe, est tombée et ne le lâchera probablement plus jamais. Parce que c’est avec aujourd’hui qu’il devra vivre jusqu’à la fin de ses jours, c’est avec le savoir qu’il a failli à son nom, à son sang, à ses principes d’autrefois. Il est devenu un autre et ce n’était de toute façon qu’une question de temps avant que ça ne se produise. Et au lieu de repousser, il a poussé le vice jusqu’au bout, jusqu’au point de non-retour. – Quant aux autres… – que Tobias lui insuffle en se relevant, s’appuyant sur l’arme assassine. Son double déposé aux pieds de l’épave. Cette même arme avec laquelle il a tué, il a tué ses frères, ses sœurs et par extension, Adonis. – Ils ont fait leur choix. – Personne n’a le choix. Personne n’est méritant ou ne l’est pas. C’est un jeu de pouvoir, de reconnaissance, en crever un pour s’assurer de sa propre pérennité. Qu’étaient-ils devenus ? un rien, probablement, le néant. – Ton argument est biaisé Tobias. Qu’est-ce qui fait qu’ils méritent plus de mourir que nous ? peut-être qu’ils ont leurs propres dieux qui leur disent que nous sommes les monstres. – Et c’est par cette logique qu’il se morfond davantage, parce que c’est blasphème de parler d’autres religions, c’est blasphème que de douter de la conviction des Sept. – Ce que tu ne sembles pas comprendre, c’est qu’en tuant des mutants ce soir, c’est comme si j’avais tué mon frère, et.. – Et ça le dépasse, ça le fatigue, ça le crève. – Et y a rien qui peut justifier ça, si ? – Allez, rassure-moi, s’il te plaît, je t’en supplie. – Quel Dieu encourage la mort, la destruction et la trahison? – Il n'y en a pas. Le problème est, a été, sera toujours son interprétation et ses actes de lâche.
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MessageSujet: Re: ( BROKEN AND LOST SOULS ) // tobias ( BROKEN AND LOST SOULS ) // tobias EmptyMer 20 Juin 2018 - 18:31

Main dans la main, c’est ainsi qu’ils avaient toujours été. Des frères de mères différentes, dont le sang de l’un n’était l’écho de l’autre, mais l’argent se faisait pourtant le reflet du cuivre. Liés, à jamais — qu’importe si la maladie les avait séparés, c’est l’un auprès de l’autre qu’ils se tenaient, qu’ils se tiendront toujours. Pour ce que personne, jamais, ne pourra prendre leurs places.
Leurs regards se croisèrent, océan et humus. Tobias lu en ces iris à peine dévoilés le mal-être qui assiégeait l’âme du partenaire, malgré les paroles convaincantes qui noyaient ses lèvres — les noires articulations se répandaient contre les parois de son âme, depuis longtemps tapissées par la folie purgative. Assénant le double de ces propos perroquets, qu’il avait lui-même entendu de cette bouche désormais boudeuse, il ne voyait pourtant pas le regard sombre s’éclairer. Pourquoi tant de doutes, quand là ne faisaient-ils que le travail divin qu’on leur avait missionné ? Il semblait si sûr de lui, lorsqu’il avait répandu le miel de ses convictions aux tympans du mêlé, sans grande difficulté à le convaincre de le suivre — Tobias le suivrait n’importe où. Mais rien, pourtant, ne semblait apaiser les tourments du frère.
« Ton argument est biaisé Tobias. Qu’est-ce qui fait qu’ils méritent plus de mourir que nous ? peut-être qu’ils ont leurs propres dieux qui leur disent que nous sommes les monstres. » Las étaient sa voix, son regard. Las était-il. Etat qui ne pouvait plaire au jaffarin assassin, lui qui prospérait sur l’ichor versé, sur l’adrénaline spadassine. « Il n’y a pas d’autres dieux que les nôtres. Tu réfléchis trop, Eros : accepte ton destin, embrasse-le, il est tien. Et il est glorieux. » qu’il parla, faisant trainer la lame derrière lui alors qu’il s’approchait de nouveau de cette carcasse abandonnée. Qu’il voit, le frère, le bien qu’ils avaient fait ce soir-là ! Protecteurs du sol divin, défendeurs des valeurs sacrales. Ils avaient nettoyé le royaume des impurs, et permettraient ainsi le développement de leur grande nation. Ils seraient les acteurs du renouveau, les pourfendeurs héroïques, et des chansons seront écrites en leur hommage. Qu’il voit, enfin, le frère, ce que lui savait déjà.
« Ce que tu ne sembles pas comprendre, c’est qu’en tuant des mutants ce soir, c’est comme si j’avais tué mon frère, et… Et y a rien qui peut justifier ça, si ? » Le soupir s’échappa, traitre, des lippes entrouvertes. Il ne comprenait pas, Tobias, pourquoi tant de défiance hantait Eros, lorsque ce soir avait été glorieux. « Quel Dieu encourage la mort, la destruction et la trahison? » Tobias s’assit à côté du prince — drôle de scène à côté des canaux : argent et serviteur, et une main dans le dos, et les jambes pendant dans le vide. Il ne laissa pas le silence s’installer plus que de rigueur, et aussitôt s’était-il installer auprès d’Eros, qu’il lui répondit. « Adonis est vivant, je doute pas qu’il ait réussi à échapper à nos paires. » Fourbe qu’il était, le prince rebelle avait sûrement réussi à glisser entre les mailles du filet. Et bientôt, il reviendrait, et les mordrait tous avec plus de vigueur que jamais, balayant les valeurs que Tobias protégeait si bien — lignée, et héritage, et religion, tant de mœurs qu’il ne pouvait se résigner à abandonner, parce que voilà tout ce qu’il lui restait, à cet orphelin abandonné des siens. « T’as pas porté la main sur lui. C’était pas lui, c’en étaient d’autres. C’était pas lui, ok ? » Qu’il répéta une dernière fois, appuyant sa poigne sur l’épaule du frère, l’attirant par là à le regarder — plonge tes yeux dans les miens et vois la vérité, mon frère : nous n’avons rien fait de mal ce soir, célébrons enfin notre victoire.
« Et ne doute pas des dieux, ils valent mieux que nous tous. » Articulation réprobatrice, le mépris ne pouvait avoir sa place entre eux, entre leurs seigneurs, pour ce qu’ils entendaient tout, et n’hésiteraient pas sur la punition à lancer sur les païens. Il était protecteur, l’adiutor, comme il l’avait toujours été envers ce maitre — déformation professionnelle que voilà. « Ils ont parlé, et nous nous devons de les écouter. C’est toi-même qui me l’a dit. » Qu’il retournait les mots contre leurs propriétaires, qu’il montrait à Eros l’absurdité de son attitude — ressaisis-toi.
« Ah ! j’ai tué 6 personnes ce soir. Tu aurais dû voir la lueur dans leur regard ! » Voilà que revenait en son regard la folie fiévreuse, et le désir sanguin qu’il avait découvert ce soir-là. Un jeu auquel il prenait plaisir, rien qu’un jeu, un jeu où il incarnait le destrier de la Mort, hilare devant les âmes fauchées. « Exaltant. » soupira-t-il, le regard océan se perdant sur l’horizon, et l’eau rougeâtre qui coulait à leurs pieds.
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