pseudo et prénom ‹  grizzly is da name.âge ‹ vingt-et-un mes biquets. comment as-tu trouvé le forum? ‹ j'ai vu la lumière sur bazzart pays ‹ france fréquence de connexion ‹ régulière, la fréquence de réponse cependant dépend de mon emploi du temps et de mes dates de rendu de mémoire. votre avis sur le forum ‹ omg. c'est long à tout lire, mais dis donc que ça vaux le coup. smiley préféré‹    gif qui décrit le mieux votre personnage‹

Spoiler:

I. CHAPITRE UN : STATUE D'INNOCENCE
l'air marin, tu ne t'es toujours pas habitué à l'odeur, à la rugosité de ton existence sur les berges. l'air marin, c'est comme une douce épine que tu fais rouler sur tes paumes. piquante, mais presque inoffensive. c'est ta vie, en un résumé très précis. tes mèches de cheveux tombent devant tes yeux, elles te cachent la vue des flots venant cogner contre les barques de papa. il est parti pêché, il rentrera ce soir. quand tu dormiras. quand maman l'aura assez attendu. quand ils se retrouveront, avec leurs cicatrices et leurs souvenirs de guerre. t'as été leur ode. leur ode à la vie. t'as été conçu dans la crainte que demain n'existe pas. t'es né dans un monde fraîchement libéré de conflits évidents. tu grandis avec un avenir possible, non, toi, on ne t'enfermera pas quelque part pour te couper, pour t'examiner, tu ne seras pas ta mère. t'es toi, t'es l'enfant qui fait sauter le courant la nuit depuis quelques temps. bientôt tu devras partir, tu le sais, pour te former. loin de maman, loin de papa. t'es triste, un peu. tu pleures, parfois. mais maman te prend dans ses bras, elle te dit ça ira, mon bébé, on viendra te voir.. tu arrêtes alors de pleurer, tu relèves le buste. t'es un gentil petit garçon, tu regardes le ciel et dans les nuages tu vois des formes d'animaux. tu inventes des noms pour les poissons que tu connais pas trop. t'es un gentil garçon. un gentil petit garçon.


le bracelet, il est jaune. t'aimes bien le jaune. c'est le soleil, c'est certains poissons, c'est de rares chemises ou jupons. on ne te regarde pas comme tu pensais qu'on te regarderais. t'es qu'un gosse. t'es pas dangereux, n'est-ce pas ? pourquoi ces regards, pourquoi cette méfiance. tu sais compter, on te l'a appris, papa te l'a appris. tu sais faire la roue aussi, ça t'a appris tout seul. t'es pas dangereux. t'es un enfant plein de vie, qui sourit beaucoup et aime inventer des histoires. tiens, ton papa n'est plus pêcheur, non, il est aventurier. oui, il parcourt tout aksana à la recherche de nouvelles espèces. si, si. et ta maman elle est tellement belle qu'elle pourrait devenir impératrice. si, si. t'es pas dangereux. t'es nymrod. t'es qu'un gosse. on devrait pas te regarder comme si t'étais une bombe à retardement, juste parce que ton bracelet est jaune.

II. CHAPITRE DEUX : STATUE D'ARROGANCE
tu commences à oublier l'air marin. tu sais plus trop si ça pue le poisson avant ou après la marée. tout le temps, surement. t'as oublié le bruit des orages contre les tuiles de la maison. et quand maman chante. personne chante à l'académie, pas autant que maman, pas aussi bien. t'oublies qui tu étais avant qu'on te mette ce bracelet. t'es dangereux, ça t'as compris. tu pourrais électrocuter tout le batiment si t'avais envie. mais t'as pas envie. tu sais pas qui t'es hors de ces murs. au début, les premières années, maman et papa ils venaient autant que possible. t'étais tellement heureux de les voir, ils te rappellaient que t'es un gentil petit garçon. puis ta voix a commencé à changer, ton corps à grandir, à évoluer. un jour, papa et maman ne sont plus venus. toi t'y a pas vraiment prêté attention, t'étais trop concentré sur l'examens de pratique physique. tu devais être le premier, le meilleur. hors de question de finir adiutor d'un maître de seconde main. tu voulais être le premier, pour être lié au premier. parce que c'est comme ça que ça marche, non ? écrase les autres et tu choisiras où t'élever.


t'es vraiment pas un mauvais élève. t'as juste une grande gueule. t'es très bon, en pratique, en théorie, mais t'as une arrogance qui te vaux trop d'ennuis. on dit de toi que t'essais de te créer une valeur, que t'essais de faire oublier que t'es qu'un fils de pêcheur, d'une mêlée paumée et d'un maître d'eau qu'a décidé de tourner le dos à son élément pour se consacrer à une vie de misère. t'es un miséreux et tu parles trop fort pour qu'on le tolère. t'es consigné une fois, deux fois, trois fois, trop de fois. t'as pas envie de te calmer. on t'as refusé le droit à être quelqu'un de bien le jour où on t'as mis un bracelet jaune. tu comptes bien être un petit con. mais un petit con doué.


ta paume touche la sienne. ses habits s'écrasent contre ton corps. tu le connais même pas. tu sais pas qui c'est. il sait pas qui t'es. mais déjà ton front est contre le sien et vos corps vibrent, s'unissent, à peine majeurs, déjà condamnés à n'être plus rien sans l'autre. tu protégeras l'inconnu au péril de ta vie. tu le connais pas. tu l'aimes pas. t'en as rien à faire de lui. c'est un maître de l'eau, comme ton père. t'es déçu, en fait. t'aurais aimé partir pour tes contrées éloignées, des terres inconnues. mais non. à cause lui, tu retourneras dans tes décors de misère, dans l'odeur d'eau salée. vos paumes suintent de lien. la fatigue, vive, tenace vous vous allongez. il a peur. tu le sens, que le plus fort des deux, là, c'est toi. et t'es pris d'un élan de patriotisme. là, allongés, à deux doigts de sombrer dans l'inconscience, tu le fais glisser contre toi, au creux de tes bras. même dans le sommeil, tu le protégeras. parce que maintenant, ta vie, c'est lui, et sa vie, c'est toi.

III. CHAPITRE TROIS : STATUE D'ARGILE
tu bouges pas. si tu bouges il risque de te piquer avec son aiguille. tu te contente de regarder en face de toi, avec l'air aussi ennuyé que possible. parce que oui, tu t'ennuis, jouer les modèles pour un maître de l'eau destiné à habiller les grands noms d'azurite, ce n'est pas exactement ce que tu escomptais quand on t'a parlé de jouer les protecteurs à vie. tu t'imaginais déjà aux côtés d'une tête couronné, tu t'étais battu pour ça, pour être le premier, le meilleur. maintenant t'es bon qu'à lever les yeux au ciel en espérant que daeron pique pas à côté. il te regarde, mordille sa lèvre inférieur. tu le regarde. il te dit que tu devrais moins manger, que tu tends le tissue avec ton ventre détendu. tu fronces les sourcils, te redresse, le regarde. et là il te gifle. tu comprend pas. t'entends pas tout ce qu'il te dit, mais à partir de ce moment là tu ne t'ai plus jamais affaissé. gaspillé du tissu, faut changer les coupes, matériaux plus cher que ta vie. tu comprend pas vraiment ce qui l'a énervé, mais il l'est. tu te lèves, t'ôtes les étoffes qui t'entourent et tu sors de la pièce. hors de question d'être un larbin. t'es un molosse, pas un caniche.


azurite, c'est beau. enfin...si. si c'est beau. tu voulais juste être ailleurs. ton souffle est calme, apaisé presque. ton visage se tourne vers ta gauche quand le bruit des draps qui bougent se fait entendre. tes yeux tombent sur sa silhouette endormie. il s'est faufilé là pendant la nuit. vous avez rien fait. non. jamais. vous n'avez jamais rien fait. parce qu'il est trop haut pour toi et que toi...toi tu sers pas à ça. toi tu te contentes de le suivre partout. les rendez-vous avec des noms que tu retiens pas, des gens importants, moins importants, t'entends les yuan qui vont de poches en poches, les commandes de jupon, d'ensemble coûteux. daeron est pas n'importe qui. tu le sais. jeune tailleur recommandé à azurite, il apporte une touche de fraîcheur. bientôt il surpassera son père. ce jour-là, tu seras à ses côtés. comme hier, comme ce soir, comme chaque fois qu'il décide de se glisser contre toi parce qu'il n'arrive pas à te savoir trop loin de lui, hors de sa surveillance. vous n'êtes pas bon l'un pour l'autre, vous le savez. tu étais trop fier et trop arrogant, il a voulu te mater. il l'a fait. violemment. il a fait de toi un cerbère vidé de toute substance, de toute volonté. chaque tentative d'opinion, d'action venant de toi, il te l'arrache à coup de poings, à coup de mots, à coup d'eau. c'est malsain. c'est vital. vous avez vingt-trois ans, ça fait des années déjà que ça dure.
ses yeux papillonnent, ils s'ouvrent, ils scrutent le plafond puis tombent sur toi. il te sourit. l'espace de quelques minutes, il a oublié qui vous étiez censé être. y a trop de responsabilité sur ses épaules, il peut pas les partager et elles l'étouffent. au fond, il sait que ce qu'il ressent pour toi, ça ne vous mènera nul part, et il s'en veut, et il se débecte de ne pas avoir pu tomber amoureux de quelqu'un de plus profitable a son statut. il dit bonjour, tu dis bonjour. sa peau laiteuse témoigne des heures passées sur des croquis sans daigner sortir la tête de l'atelier. il te parle de launondie, de la mise à sac par les résistants. il te dit que si ça ne tenait qu'à lui, ils seraient déjà tous sous les barreaux ou six pieds sous terre. tu dis rien. t'écoutes. t'apprends. t'as pas le droit de donner ton avis.
plus tard, tu le retrouves furieux dans son atelier, une de ses commande pour dragondale a été annulé, une commande importante. les osanos ne sont plus des alliés, la nation de l'eau n'est plus dans les bonnes grâces et avec cette chute s'accompagne l'annulation de tant de commandes...tu t'approches, t'essais de le calmer, il t'attrape par le col et te cogne contre un mur. vous êtes à force égale. tu te défais de sa prise, tu l'insultes, tu lui rappelles que t'es le seul à le protéger jusqu'à la mort. tu lui hurles que t'es pas une poupée ou un soldat de plomb, que t'es un humain, que t'as le droit au respect. Sans t'en rendre compte, tu lui cris que tu l'aimes. il se fige et tu t'en vas. pendant cinq jours, vous ne vous parlez pas.


tu te tiens droit, attentif, aux aguets. seize septembre, la quasi-totalité de la nation de l'eau assiste au couronnement de merle osanos. toi, t'en penses rien. daeron, lui, il approuve. tout près de toi, il te chuchote ô combien l'empire est bon. ô combien cal oshun est la réponse. il te dit qu'il a foi en l'avenir. il te dit qu'un jour il créera une robe pour la reine osanos. tu fermes les yeux, t'essais de te concentrer sur ce qui vous entoure. tu le protèges. tu fais ton devoir de chien de garde. tu l'écoutes d'une oreille. tu sens sa frénésie, sa joie. toi, elle te donne le vertige.


ton front sue, ton corps boue. tes yeux, ils tremblent si fort que tout est confus. le virus. t'en as entendu parler avant d'être touché. t'as essayé d'en protéger daeron. t'as échoué. t'aurais pas pu le sauver de ça. tu sens presque son corps à côté, mais c'est faux, il est loin, plus loin, à l'autre bout presque de la demeure. lui aussi tremble, lui aussi a froid, puis chaud, puis croit voir des lumières vacillantes sur les moulures de l'atelier. tu sais pas depuis combien de temps ça dure. c'est long, c'est intense, et en même temps tu as totalement perdu la notion des jours, des nuits, des heures et des minutes.

ça fait dix jours maintenant, bientôt onze. la fièvre est toujours présente, elle te donne l'impression de nager dans un bassin d'eau tiède. t'es mal à l'aise, tout le temps. t'as la nausée et parfois tu t'électrocute sans faire exprès. juste le bout des doigts, puis tout le lit, puis en fait c'est une ampoule qui explose. tu sais pas ce qui se passe. t'as envie de croire que c'est encore ta tête qui te joue des tours. mais non. t'entends les lambda parler, t'entends la cuisinière vociférer que si t'arrêtes pas bientôt avec la lumière tu vas finir à la cave pour le restant de tes jours et ô diable l'union-machin-chose. daeron. où est daeron ?

IV. CHAPITRE QUATRE : STATUE A TERRE
t'as peur. il a peur. en fait, tu pleures. et lui il a les yeux qui brillent. les vitres du salon sont brisées.  quelle idée de venir prendre des vacances en ces temps de trouble. quelle idée de retourner dans la résidence secondaire. quelle idée tordue. vous auriez dû rester à azurite. c'était dangereux, d'être entouré d'autant de gens alors que les corps se transforment et que les éléments sont hors de contrôle. sur le chemin t'as failli l'électrocuter d'ailleurs. mais il t'en a pas tenu compte, il a même rien dit. il sentait que lui aussi changeait. t'as jamais vu daeron avoir peur. mais là, sur le sol du salon, dans tes bras tremblants, tu vois la terreur dans ses yeux, celle d'une âme qui crie qu'elle veut pas mourir. les hommes de pollux sont rentrés dans la maison sans frapper, sans prévenir. ils ont pris daeron, ils t'ont regardé, ils t'ont dit que t'étais libre. et ils lui ont enfoncé une lame dans le ventre, plusieurs fois, et ils sont repartis aussitôt. il tremble, il dit des choses qui n'ont pas de sens, c'est le sang qui trouble ses paroles, il se mêle aux mots, aux larmes sur les joues. tu te sens bouillir, trembler, tu te perd. et d'un coup une déflagration percute les dalles du salon, les murs de brique et vos deux corps. c'est toi. c'est toi qui a fait ça. son corps, à lui, tu le regardes, tu geins. il est brûlé. électrocuté. il est mort. les cloques se forment sur son visage, sur ses mains, là où tes paumes sont jadis passées. tu beugles comme un loup acculé. t'es moche. t'es au bord de perdre la raison. pourquoi tu meurs pas. pourquoi tu meurs pas. pourquoi tu meurs pas.


tu pensais pas te retrouver un jour sur un bateau. c'est presque inespéré. ça fait déjà quelques jours que t'es à bord du rafiot. t'as réussi à négocier ta présence, avec quelques pièces dérobées à ton ancien maître...ce souvenir te donne la nausée et une envie pressente de chialer. t'es à terre, t'es détruit. et t'es sur un bateau. t'as airé quelques jours dans la nation de l'eau, à essayer de comprendre ce qui se passait, comment continuer sans daeron, pourquoi t'étais encore là. puis les informations sont parvenues à tes oreilles. t'as essayé de retrouver papa et maman. t'es retourné sur les berges de ton enfance. t'as retrouvé la maison, les barques, mais pas tes parents. papa est sûrement mort, maman aussi. t'en sais rien. au fond, t'espères qu'ils ont fuit. mais pour aller où...toi même tu sais pas vraiment pourquoi t'es sur ce bateau. t'as appris que l'empire avait été dissout, que saeko yinren avait été répudié, qu'elle attend une fille. t'sais pas pourquoi, mais ça t'a parlé. tu t'es dit...oui, tu t'es dit, si maintenant t'es libre d'aller où tu veux, t'iras à cézéra. pour l'enfant. pour le protéger. pour décider de qui tu vas suivre. l'air est froid, très froid. fin janvier. une nouvelle année, déjà. tu te sens à l'ouest, totalement perdu. t'es en deuil. t'es vide. t'espères que tu pourras trouver quelque chose pour toi là-bas.


t'arrives à reprendre le contrôle, la plupart du temps. t'es content. tu crois que tu l'es, c'est ça être heureux ? tu sais pas. t'as perdu tout ces savoirs. faut réapprendre. les éclairs dans tes doigts et ta tête n'en font plus autant à leur guise qu'avant. t'étais dangereux. maintenant moins. tu comprend mieux pourquoi on te regardait comme ça quand t'étais gamin. t'étais un danger. maintenant t'es une arme qui sait plus dans quelle direction tirer. t'aimerais apprendre à être autre chose. est-ce seulement possible ? t'arrives à cézéra. t'arrives en sachant pas ce qui t'attend. t'espères. oui, au fond, tu espères que ta place est là.