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under oath. (heira)

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MessageSujet: under oath. (heira) under oath. (heira) EmptyMer 25 Avr 2018 - 20:37



C'est à peine un frisson, qui se déplace à fleur de pierre. La muraille en frémit, mais aussitôt qu'il passe, se fige de nouveau. Car ce n'est rien, qu'on lui susurre. Rien qu'elle, rien qu'Ira. Ce n'est pas l'ennemi qu'on annonce, ni celui que l'on craint – ni l'ami que l'on croit, du reste, mais de cela les vieux murs frôlés n'ont cure, ayant vu rôder tant et plus de traîtrises et malveillances au cours des dernières décennies, sans que jamais leurs fondations ne s'en trouvent ébranlées. Le chaos hurlant d'en bas, qui promet de régurgiter ses diables aux étages d'un moment au suivant, cela oui, le bouleverse, ce vétuste monsieur de castel, car cette fièvre-ci ne lui est pas familière. Au contraire du dérisoire petit bout de spectre qui, face à tel péril étranger couleur de nuit, fait alors si pâle figure dans sa chemise blanche, qu'il se confondrait presque à l'innocuité de quelque somnambule – si toutefois quidam pouvait déceler sa vadrouille clandestine. C'est qu'on l'espère ailleurs qu'ici, en ces quartiers résidentiels, s'évidant de leurs Altesses, escortées en hâte auprès du Trône Embrasé, dans l'espoir que ses feux régaliens refoulent, au dehors, la brusque adversité nocturne. Peut-être l'y trouverait-t-on elle aussi, tout de bronze soit son sang, si la curiosité du fauve, scrutant le cheptel royal, flanqué de ses bergers en cuirasses, depuis le seuil reculé de sa chambrée, ne s'était avisée de son absence. Ex abrupto l'orpheline avait-elle fait faux bond à mère Prudence, davantage manœuvrée par le fouet de ses viscères nouées, tel un animal l'est par ses instincts, que par quelque calcul sournois d'aucune sorte – en cela soumise aux seuls diktats de ce que, outre son Protecteur, la Sacerda révère le plus au monde. À savoir, la loi des Aléas. Favorables parfois, comme à présent, encore que ce ne soit qu'une simple question de perspective. Le malheur des uns se faisant bonheur des autres, ce n'est pas qu'un poncif populaire. Entre elles, c'est un truisme, qui toujours les oppose, inexorable. Sybille contre Ira. Marionnettes aux fils si salement enchevêtrés que le moindre geste de l'une fait éprouver à sa symétrique un calvaire. La méditante a compris cela, lorsqu'à la faveur de ses voyages, lui a été donnée l'occasion d'observer des histoires similaires d'inimitiés inhérentes. Ni la sorcière, ni le maudit chat ne sont jamais responsables ; seules les circonstances les conduisent là. Ici. Cette nuit, dans ce couloir éteint. À ce dénoument-ci.

Alors, non. Nulle perfidie ne régit vraiment celle des deux belligérantes qui, ayant su le mieux tirer profit des opportunités, dégaine son surin d'itinérante, qui en sa manche ne s'est jamais logé là qu'en cas de légitime de défense. Nulle rage n'émeut non plus le poing qui, à la carotide, plante la lame rouillée sans que la cible de tel attentat n'ait eu seulement le temps de se retourner, en percevant contre son râble, à peine le battant de ses appartements clos, un étrange courant d'air, trop chaud pour n'être que le vent. En transe, ou presque, Ira ne lâche pas un phonème. N'explique pas. Ne justifie pas. Car c'était le jeu, Sybille en connaissait les règles ; et elle a perdu, aurait tout autant pu gagner ; et c'est là tout ce que ça lui inspire, à la triomphante, tandis que son éternelle adversaire, paume s'enroulant jusqu'à la garde du poignard, à ses arpions s'effondre. À l'agonie. Est-ce mue par un soudain élan de miséricorde, ou par un simple penchant pour les besognes achevées, que d'un peton piétinant la vertébrale entre omoplates, la sicaire arrache à la béance sa lame, conviant toute la force de ses deux menottes jointes ? Mystère. La caboche inclinée lorgne les bouillons noirs ruisseler sur les dalles, moucheter l'ourlet de son vêtement ; fascinée. Lève prunelles, toutefois enfin, vers ce que la main tordue de l'assassinée lui montre, comme lui révélant quelque secret d'outre-tombe, et qu'elle n'avait ni ouï, ni vu, toute à son atroce hypnose. Un témoin ! feule l'âme coupable, quoique le minois angélique ne se fissure pas du moindre rictus ; autour du manche, la prise se durcit néanmoins, mécanique, avant que les calots exorbités ne donnent un nom aux traits de si divin jugement, qui la surplombe. Hector, ne peut-elle s'empêcher de sourire.
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MessageSujet: Re: under oath. (heira) under oath. (heira) EmptyJeu 26 Avr 2018 - 14:43

Launondie dégoise sa transe et son Gardien l’entend. Ça pue la mort à mille lieues ; une odeur qu’il connaît bien, vers laquelle, sans une once d’hésitation, le charognard se précipite toujours. Après avoir quitté l’État-Major, c’est jusqu’aux balustrades du fronton qu’il se rend pour toiser la ville bâtie par ses ancêtres être immolée sous ses yeux fauves. Partout, des voix, élevées dans le ciel nocturne comme une tempête aux sinistres inflexions, partout, des tripes, de la bidoche que l’on découpe, garnissant les pavements et égouts de la saveur qu’a la défaite. Babylone tremble dans la sorgue vénéneuse. Pourtant et malgré le courroux qui l’emporte, le Dragon, tout haut perché, savoure la mélopée que Guerre chante dans chaque particule de l’atmosphère ; c’est son monde, ça, son royaume s’il en est, fait de poussières mordues et de lames empourprées. Un lieutenant le rejoint, l’un des rares à avoir pareillement veillé, sa panique est palpable mais une tension autrement plus lourde écrase les émois des deux militaires. Le devoir. Chez l’un, droit et juste, sensiblement contraint, chez l’autre, absolu, déterminé par une furia à peine disciplinée — le premier prend ses ordres du second et s’esbigne aussi vite qu’il est arrivé. Fermer les portes du palais. Poster des soldats tout le long de l’enceinte. Ralentir l’ennemi. Il aurait pu ordonner de vider les coffres, de cacher l’or. Il aurait pu sommer qu’on détruise les documents classés de son département, qu’on brûle les plans. Mais à cet instant précis, l’homme ne projette aucun échec ; il n’y consent même jamais. On ne foule pas Flamaerin d’une botte d’émule sans provoquer sa grogne et celle de ses armées, comme si ces ergs frusquant la nation abritaient son ichor bouillonnant et que la moindre brèche devenait pour lui une intolérable blessure. Le poitrail se défend d’un grognement comme il tourne talons et revient jusqu’à l’État-Major. D’autres soldats ont regagné les lieux pour s’armer — lui-même engaine une épée courte qu’il place non loin de son holster. Les ordres fusent derechef. De même que les premières informations ; ce sont les chiens d’Anders Pollux qui attaquent ; le roi a mandé à ce que tous les nobles se regroupent dans la salle du trône ; de tous les Oshun, seul Maven a été aperçu ; des belligérants ont déjà pénétré le Palais. Il ne s’attarde pas. Ses soldats sont tantôt dispersés pour retrouver les brebis encore égarées de sa famille, tantôt regroupés afin d’aller enforcir les portes et seconder les compagnons qui en décousent.

Sur son chemin, trois sauvageons entrés par miracle se ruent successivement sur lui et récoltent soit sa lame, soit son feu — ses balles, il les sauvegarde pour plus tard, une, en tout cas, rêve de se loger dans la cabèche du Satané Lambda, de lui trouer sa gueule comme celle de sa gamine fut probablement forée. Il écrase là une main, là un pied, se désintéresse des carcasses primitives laissées derrière lui — leur infligerait même davantage de supplices s’il en avait le temps, eux qui osent venir ici, eux qui servent l’Exécré. Approchant de ses quartiers à grands pas, il débouche sur une galerie et voit celle qu’il traquait précisément dans ces couloirs. Sybille a toujours eu le sommeil lourd. Il se l’était imaginée endormie, bercée par les cris vagis telle la madone chthonienne qu’elle est, omise des gardes et des dieux qui la patronnent ; il n’avait pas tout à fait tort. Alors qu’il se dirige vers la stature de l’épousée, un voile blafard couvre soudain ses traits, précédant une corole purpurine germant sur sa poitrine et de laquelle surgit un museau acéré. La carrure masculine s’arrête subito. Il est vrai, oui, qu’il n’accoure jamais plus vite qu’à l’endroit du trépas, et cette fois-ci encore, comme un augure de mauvais ton, la Camarde prend les traits de sa femme pour jeter sur lui le regard du blâme. Mais la perte ne devient réelle qu’au moment où sa belle amie s’effondre pour laisser naître dans son ombre l’enfant terrible au sourire candide. Les canines blanches de l’agneau luisent dans la pénombre et, un instant, tapissent sur les chairs noueuses de son Altesse un effroi primordial — elle est, ainsi lovée dans les ténèbres, ainsi couverte du sang de sa proie, aussi belle qu’horrible. Les semelles amorcent une enjambée, et puis une autre, sans que les prunelles altières ne quittent celles animales de la nymphette, sans, non plus, que l’attitude du Capitaine ne trahisse ses pensées — en lesquelles gisent des abattis indénombrables de troubles. Ce n’est qu’une fois auprès d’elles, une fois sa rotule mise à terre et l’épée rengainée que de sa pogne libre il retourne les épaules qui portèrent, longtemps durant, une kyrielle de faix férocement maîtrisés. Cet acte ultime joué pour leur drame n’aura pas été son plus glorieux ; dans un murmure pierreux où ronfle le dégoût, il avise l’assassin — ou le fatum. « Elle méritait mieux. » Et ses lippes se tordent si bien qu’il a le masque, soudain, d’un danger grossier qui ne sait plus vers quelle cible se ruer. Ses phalanges rabattent les paupières pétrifiées, s’écroulent sur le portrait qu’elles caressent subrepticement, puis sur l’échancrure où pend le collier qu’il lui avait offert un soir d’été secoué par les hirondelles et leurs amours naissantes, mais finit par replacer le corps à l’exact endroit, dans l’exacte position. Toute sensiblerie repoussée par l’urgence de l’instant. Par ce pragmatisme miasmatique, sans nul doute sordide, qui prévoit plutôt qu’il ne s’attarde ; car c’est maintenant vers la Sonhal qu’il se redresse, et sans ni l’empoigner, ni la toucher, lève le canon de son arme jusqu’au front juvénile. L’acier glacial frôle la carne tiédasse. Menace à tout instant de vomir sa pétarade. À tout crime son châtiment et celui-ci plus que tout autre apostrophe l’âpreté du sieur qui n’a qu’une seule et unique question à poser. « Pourquoi, Ira ? » Cependant calme, la phonation distingue chaque syllabe avec force minutie — car de la réponse livrée dépendra le verdict, dépendra même tout.
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MessageSujet: Re: under oath. (heira) under oath. (heira) EmptyVen 27 Avr 2018 - 1:38

Déplacé, n'ayant pas sa place au mitant de telle épouvantable fresque, le portrait dévore ce trait de gaieté en trop, corrige avec les dents ce défaut comme on gomme, d'une esquisse, la bavure d'un faux-mouvement. Car non, ce n'est pour le moins pas situation plaisante, et si l'irruption soudaine de l'homme adoré a, l'espace d'un instant, éclipsé la noirceur du cadre qui l'entoure, bientôt la gravité d'Hector ricoche sur sa sienne frimousse. Statufiée, désormais moins actrice que figurante, elle l'observe tandis qu'il fléchit rotule, puis s'apitoie. « Elle méritait mieux », déplore-t-il, couvrant d'un regard, écrasant comme pierre tombale, le faciès distordu par un pénible dernier râle. Hideuse mégère qui, dans la mort, donne à voir enfin sa véritable trogne ; celle qui, tant de fois, visita en secret les terreurs nocturnes de l'enfant abhorré. Quoique désormais vengée, Ira tressaille pourtant comme ce bambin désarmé qu'elle était jadis, d'ainsi voir sourdre ce visage inhumain. Si fort, que le cœur lui grimpe au bord des lèvres, bouffées à sang – lors même que son Protecteur, lui, effleure la dépouille de sa Persécutrice, sans se douter. Que non, Sybille n'était pas digne de fin plus honorable. Car, évidemment, Hector ne sait pas. Plus qu'une hypothèse, c'est une intime conviction. Parce qu'elle ne s'en est jamais plainte. Au fond, la gamine redoutait que l'affreuse eut raison, lorsqu'elle argüait, sûre d'elle, qu'Hector n'accorderait pas autant de crédit à la parole d'une vermine qu'à celle de son épouse, et qu'il n'hésiterait pas une minute à la jeter dehors, dès lors qu'elle oserait proférer telle accusation. Ainsi préféra-t-elle se persuader, en silence, que non, jamais il n'aurait pu cautionner qu'on la traita de telle sorte que, bien qu'adulte, elle craindrait encore de croiser la scélérate dans un lieu désert, ou en perdrait le sommeil de le savoir, lui, au loin, dès qu'appelé hors de Launondie, le Capitaine était contraint de quitter l'enceinte du palais, la livrant à son insu aux griffes de la harpie impunie. Alors, de fait, ne méritait-elle pas qu'on la respecte ; peut-être ne méritait-elle pas , non plus, qu'on l'exécute sur ce seul motif qu'elle fut infecte – sinon quoi la race humaine serait en voie d'extinction. De cela, Ira convient sans mal, à présent qu'elle est en âge de raisonner. Mais il lui en aura fallu, des années, à méditer sur cette pulsion meurtrière bouleversant ses entrailles aussitôt la blonde surgissait-elle en sa mire, pour en piger l'authentique visée. Celle-là même qu'on lui commande de divulguer, sous la menace du canon braqué sur sa cervelle. « Pourquoi, Ira ? »

Cylindre glacé sur lequel ses iris s'en vont loucher, avant de basculer sur le barillet et de ramper enfin, depuis l'index taquinant la gâchette, jusqu'aux calots la ciblant. Ce, sans s'affoler, sans broncher. Quoiqu'il ne fasse pas l'ombre d'un doute qu'en lui faisant face, ce soit son trépas qu'elle regarde droit dans le blanc de l'œil. Car la réponse, l'unique qu'elle soit en mesure de lui céder, finira de le convaincre que son cas est fichu, et que la pathologie dont elle souffre ne connaît nulle autre cure que celle-ci. Maladie dont il avait essayé de la guérir, déjà en cette chaude nuit d'été, un an et demi auparavant ; et de fait, s'en était-elle crue libérée, un moment, au terme d'une misérable convalescence, entre les hauts murs de sa geôle. Mais, de plus belle, la fièvre était revenue, s'était propagée derechef à l'instar d'une vilaine peste. Il aurait dû lui arracher le cœur lorsque, se faisant alors Prophétesse de sa propre perversité, elle l'en avait ardemment supplié. Car il est méchant, Monsieur, ce cœur-là, l'avait-elle averti, Capable du pire. N'avait-il donc pas compris, que son sinistre augure avait valeur de serment ? L'émail affranchit alors le labre, ourlé des traces de morsure que son tourment, autrement invisible, a infligé à sa pulpe fragile. « Parce que... », ânonne-t-elle, son instrument vocal, à froid, ne produisant que notes ténues, mais pas bredouillantes pour autant, car il n'y a guère certitude plus assurée que ce mobile de meurtre sans appel, qu'elle lui murmure là, au-dessus du cadavre de l'obstacle encore tiède, « Je n'ai pas renoncé à vous, c'est tout... » Comme si c'était une banalité. Une évidence. Marquant une pause, tandis que son surin lui tombe des mains, la meurtrière sans remords actionne d'une main le chien, et de l'autre enveloppe la bouche à feu. Puis tire alors cet ultime et odieux constat : « Allons, qu'on en finisse, cette fois... saisissez cette seconde opportunité, ou je continuerai de vous le faire regretter. »
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MessageSujet: Re: under oath. (heira) under oath. (heira) EmptyVen 27 Avr 2018 - 13:46

« Parce que... » Mais ça n’est pas assez. Et puisque ça n’est pas assez, c’est à la pléiade de nerfs embobinant son corps que revient le droit de réagir — enfin. Ils tiraillent les chairs et bandent les muscles si sèchement qu’un tremblement bilieux anime l’échine du paterfamilias face auquel épouse et fille adoptive se tuent et s’immolent ; l’une d’ores et déjà froide devient le parterre de celle qui, bientôt, devra périr. C’est ainsi, avec Hector, la raison à ses cruautés que le cœur ignore. Il est dangereux de s’abreuver à la rivière ignée coulant près des rivages dudit myocarde, c’est là que ses amours trempent, des monstres à écailles si dures, si acérées, qu’un geste d’eux et ils saignent son âme. Ira l’a, bien des fois, sans s’en douter, dilacéré de toutes parts ; son existence seule était une plaie qu’il appréciait autrefois ouatiner de sel et, aujourd’hui encore, aujourd’hui surtout, il pourrait vouloir capituler, se donner tout entier à ces menottes frêles quoiqu’empourprées — ça serait là sa perte. Ce Parce que a l’accent d’Eneo, concubine aux caprices fous dont il ne supportait pas l’insolence ; ce Parce que est un legs, transmis par sa génitrice à l’enfant du chaos ; aussi ce Parce que ne vaut-il pas qu’il se trahisse, pas après quatre décades passées à cuirasser ses affects et à sacrifier tout ce qui peut être démoli sur cet autel où se juchent les vautours de sa sienne volonté. « Je n'ai pas renoncé à vous, c'est tout... » Et soudain tout s’ankylose. Avec une facilité déconcertante — témoignage, s’il en faut, du pouvoir qu’a la créature sur son maître — elle abolit le sort qui lui était pourtant, dans les secondes à venir, promis. Peut-être n’attendait-il que cela, l’Infâme, qu’elle lui prouve son tort, qu’elle lui crache à la gueule cet opium dont il dépend tant — quand bien même elle mente, il ne saurait de toute manière pas voir la différence, lui qu’elle aveugle tant, lui qu’elle rend esclave tandis que seigneur il se promulgue à la face du monde. La patte féline s’enroule autour de l’arme et en actionne les rouages criminels. « Allons, qu'on en finisse, cette fois... saisissez cette seconde opportunité, ou je continuerai de vous le faire regretter. » Pas de simulacre, donc, pas alors qu’elle se propose, cette fois encore, comme pâture ; et tandis que la flavescente croit être en équilibre au bord de quelque précipice, elle devient, en vérité, plus en sureté que jamais. La peine palpite certes et le deuil de sa vieille amie ne se fera pas sans querelles, mais il ne s’agit pas de cette mort vaine qu’il pensait devoir venger. C’est une preuve, de la plus funeste des espèces, que le sang est un sacre les unissant tous deux, boucle bouclée d’assassins épris au-delà de toute mesure.  

« Messire…! » La mâchoire flanche et se désaxe, puis c’est aux épaules de se tourner pour lorgner le quidam survenu dans son dos. Salina, l’une de ses esclaves, se tient à quelques mètres de là, époumonée, échevelée, elle a trotté dans tous les sens pour le trouver et à présent que le tableau tombe sous ses yeux, une défiance transie d’effroi la saisit. Le sieur scrute la lambda, flottement de soupçon que son silence appuie. « On… on vous… un messager pour vous, un certain Marcus, je l'ai envoyé à l'État-Major... » Et tout du long d’observer la carcasse étendue au sol dans son lagon vermillon, biglant de temps en temps sur le museau de la petite aux nippes éclaboussées. « Dis-lui que j’arrive. » Salina balbutie quelque chose, toupille et s’en va. Le canon que l’Oshun tient quitte le front adoré et se rive avec diligence à l’endroit de l’humaine. Un coup part. Abat la servante d’une balle dans le crâne. Elle s’effondre avec fracas, emportée par l’élan raté de son galop. Au même instant, l’exécuteur rengaine son flingue, se penche, ramasse le poignard délaissé, et harponne l’une des mains sales pour entraîner la Sacerda à sa suite. Ils enjambent feue sa femme, rejoignent le second cadavre auprès duquel tombe derechef la lame qui ricoche quelques coups sur le dallage avant de s’installer à quelques centimètres de la dextre inerte. Le simulacre conviendra lorsque viendra l’heure de retrouver Sybille et d’échafauder quelques piètres supputations dans un climat tel où les signes convergent nécessairement tous vers l’ennemi. Sans plus un mot, Protecteur et Pupille — paumes farouchement enlacées — se fraient un chemin dans les corridors. Le dos musculeux du héraut qu’il connaît peu, quoique suffisamment pour le savoir à la botte de Skonos, se dessine quelques minutes plus tard à l’extrémité d’un couloir. « MARCUS. » Le mêlé fait volte-face et cavale jusqu’à eux deux. « La cité est assiégée, ils ont commencé à encercler le palais, on perd du terrain chaque seconde qui passe…! » À peine le temps d’arriver à leur hauteur que le Capitaine rétorque. « Les nobles sont regroupés dans la salle du trône, nous nous y rendons. Tu étais avec Elle ? » L’autre opine en reprenant son souffle. « Akram Khodja était là aussi. » La pogne massive de l’Altesse s’écrase sur le pommeau de son épée comme des clameurs retentissent plus loin. L’autre s’enserre davantage autour des doigts féminins. Ses orbes quittent les ombres à présent tues et en reviennent au mêlé. Une lueur absconse ternit le bleu de son regard, comme si l’évidence s’imposait enfin et à son plus grand dam. « Les Khodja, qu’ils évacuent les citoyens et détruisent les entrepôts alimentaires. Je veux que cette ville soit vide de tout », qu’il grogne, la rage aux babines. « Aux soldats, qu’ils saccagent l’artillerie lourde postée sur les remparts et emportent autant d’armes qu’ils pourront avec eux, ceux éloignés de l’arsenal assisteront les Khodja. Maintenant va. » Mais un poing rattrape le col du reître qui est incessamment approché du supérieur. « Si tu nous trahis, je veillerai personnellement à ce qu’Aksana devienne ton enfer et celui de quiconque d’autre qui te soit proche. » Les phalanges relaxent leur proie, les deux mâles se jaugent et l’autre décanille finalement. Encore sous le coup de son âpre fièvre, il vrille cette fois son faciès vers Ira, qu’il n’a pas lâchée. La gravité de la situation le cogne douloureusement. Il aurait dû préparer Launondie, il aurait dû préserver ses effectifs au lieu d’envoyer des troupes sur Dryang, il aurait dû porter davantage attention aux assauts portés sur Foushin, Seagiun et Hsratar. L’orgueil l’a dévoyé. Il pensait la capitale immortelle, sauve de tous. Le voilà pourtant qui ordonne qu’on dépiaute Sa Belle pour ne rien abandonner à l’ennemi ; le voilà qui échoue. Les serres se lèvent à nouveau mais ne viennent pas, au contraire de leur précédent captif, rudoyer les nippes de la naïade ensanglantée. Elles trouvent la rondeur doucereuse d’une joue qu’elles bercent et câlinent, pour l’approcher ensuite et laisser à ses lippes le plaisir — peut-être le dernier — de goûter au charnu du bec au grand jamais embrassé. En ce désir qui rampe sur lèvres, une tristesse incandescente roussit la tendresse du geste pourtant immense. Adieu éphémère avant de regagner le cheptel claustré, avant que tout ne se précipite fatalement.

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Dernière édition par Hector Oshun le Ven 27 Avr 2018 - 20:55, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: under oath. (heira) under oath. (heira) EmptyVen 27 Avr 2018 - 20:28

Aux paupières de buter contre cernes couleur de cendres, lorsque tinte le cristallin carillon de voix, au revers de l'échine paternelle. Intrusion salvatrice de l'esclave, qui écope à sa place du pruneau que sa dextre a logé en chambre ; soudain, les voilà complices d'un double-meurtre ; soudain, du redresseur de torts, le Protecteur néglige le blanc manteau pour camper son flanc, au banc carmin des assassins. Quand bien même aurait-il pu l'abattre sous l'œil d'un témoin, toutes preuves de sa Justice pointant de concert en la direction de l'accusée, qui n'a pour seule réaction, que de froisser d'une paume l'étoffe de sa chemise souillée, à hauteur de cette pulsion lubrique improbable lui enflammant le bedon. C'est d'un sursis, toutefois, que la blâmable présume qu'on la gratifie, et pas d'une grâce, tandis que les yeux fermés, elle consent, sans résistance, à ce qu'on la traîne qu'importe où, dans l'au-delà ou bien ailleurs, vers son dernier instant ou seulement le suivant. Sans crainte, absolument aucune. Car sa main dans la Sienne, Ira n'a peur de rien. Alors, soudée à lui au point d'usurper, dans son dos, la préséance à sa haute ombre, elle suit et le talonne, trottant parfois pour ne serait-ce qu'ajuster son allure à la démarche martiale, jusqu'à ce que cet émissaire, annoncé tantôt, ne soit à portée d'apostrophe. Prêtant esgourde à l'état des lieux, elle ne risque une œillade au profil altier d'Hector qu'en percevant, au travers des éclats furieux hérissant son phonème, un danger plus latent, plus sombre. Saccager l'artillerie, est-ce à dire que la bataille est perdue ? La môme se souvient de ces leçons de stratégie militaire, dont elle fut naguère l'élève clandestine. Séances auxquelles son royal cousin Cal, amusé par les pitreries de l'enfant-chat singeant ses soporifiques précepteurs, l'autorisait par son silence à assister. Dans le jargon, les directives fulminées ont un nom : la politique de la terre brûlée. Une bien jolie tournure pour ne désigner, cependant, rien de moins qu'une sommation à la retraite.

De ses phalanges encroûtées, l'enfant soucieux, aux sourcils froncés, effleurent les métacarpes en lesquelles sa joue tiède s'est logée. Moue qui se sclérose, tétanisée, lorsqu'il fait à sa lippe balbutiante... quelque chose, qui lui est étranger, mais pas déplaisant... Tendresse qu'elle n'ose cependant pas même recueillir du bout des lèvres, et moins encore retourner à l'envoyeur ; tout à fait troublée, ayant fait ici preuve d'autant de répartie que son modèle en marbre, la Jouvencelle finit néanmoins par lamper, timidement, sitôt le labre hispide s'est-il derechef éloigné, la saveur délectable de ce qui fut son tout premier baiser. Sapidité qu'elle explore encore, tandis que, tout aussi brusquement, le motif de telle démonstration d'affection – en soi terriblement insolite – lui dérobe un grondement courroucé. Freinant des quatre pattes et bridant l'élan de l'Adoré de ses deux serres jointes autour de son avant-bras, que la palpable nervosité crispe, l'ivre de rage se déporte d'un bond en travers de trajectoire. « Ne vous faites pas tuer », qu'elle feule, à hauteur du museau, à bout portant duquel son haleine ignée s'est hissée, menaçante. Car elle sait, qu'en dépit de la débâcle annoncée et ce malgré les catastrophiques conséquences auxquelles le Capitaine fait montre de s'être d'ors et déjà résigné, qu'Hector n'est pas de ceux qui capitulent, qui décampent sous quelque feu que ce soit. Loin d'elle de suspecter qu'il tienne en si haute estime ces valeurs d'honneur et d'abnégation, qu'il prône pourtant devant ses hommes et fils. Non, son flair, à l'endroit du Dragon, est ô combien plus acéré qu'il ne le suppose, sans doute. Et ce qu'elle renifle, tandis qu'elle le jauge, truffe à truffe, c'est sa soif de sang, sa faim de chair – appétits dévorants, aux saints-noms desquels le Guerrier livrerait sans hésiter sa sienne barbaque, comme on immole un sacrifice sur l'autel. « Vous m'avez choisie. Tout à l'heure. » Aux orbes déments de rouler sur les contours sculpturaux du portrait que ses paumes moites encadrent. « Choisissez-moi, encore. Plutôt que la guerre. S'il vous est donné de trancher. Préférez-moi, encore. » Dans le ton, nulle détresse. Ce n'est ni la prière d'une fille de soudard en appelant à la tutelle des dieux, ni la supplique d'une fiancée éplorée redoutant de ne plus voir revenir quelque joli cœur ; non. C'est un ordre. Pur, et simple. Le seul et unique, d'ailleurs, que la gamine ait jamais martelé à quiconque. Qu'il lui revienne. Quand bien même ne serait-ce que pour la punir à son retour. C'est là tout ce qu'elle a toujours désiré. Qu'il lui revienne. « J'ai aussi une faveur à vous demander... » Ce disant, soupire alors, en s'effaçant. « Frappez-moi, ici..., s'il vous plaît » Du doigt, tapote alors l'ove d'une pommette, encore rouge du précédent accès de fureur passionnelle. « Faut qu'on croit », se contente-t-elle de préciser, toute tâchée d'un cruor qui n'est pas le sien, et dont il lui faudra justifier la provenance ; car seul Hector peut, pour son méfait, l'inculper et la sanctionner. À nul autre tribunal on ne la présentera vivante. « Fort, comme je le mérite. »
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MessageSujet: Re: under oath. (heira) under oath. (heira) EmptySam 28 Avr 2018 - 14:12

Les lippes s’ôtent à regret de la pulpe envahie, fruit douçâtre à peine savouré, effleuré, apprécié. Il aurait aimé dévorer chaque once de lèvre pour y allonger son incisive passion, mais le temps, hélas, et comme de coutume en ce Bas-Monde, presse. Cependant et lors même qu’il s’apprête à l’emporter loin de cette galerie aux angles opaques — et donc risqués —, la chatte l’attrape et rauque à son nase une roideur qu’il ne lui connaissait pas ; mais qu’il soupçonnait quand même, mussé à revers d’orbes malins et trempe acérée. Bientôt verbeuse, la Sacerda éploie tout un tas d’apostilles qu’il auditionne avec sérieux, non pas par déférence, non plus parce qu’il convient aux oukases édictés, mais bien par hypnose, comme découvrant ce soir de guerre qu’Ira n’a décidément plus rien de l’enfant qui crapahutait sous ces voussures les surplombant encore. Giclée dont il conchie la nature honteuse, sa fierté, plus vraiment paternelle, troue le linceul de ses pensées jusqu’à le traverser complètement pour venir humecter son faciès ; un sourire à peine distinct accueille ce Préférez-moi, encore, acquiescement silencieux et non moins franc, car ce qu’elle ignore sûrement c’est qu’aucune mort ne saurait jamais vraiment l’éloigner d’elle. « Toujours », qu’il articule à voix basse. Et qu’elle n’en doute point. Si démiurges il y a vraiment dans cette empyrée taiseuse où les prières s’égarent, ce n’est pas par leur molle volition qu’ils parviendraient à le retenir dans quelque paradis ou enfer. D’aucuns le diraient menteur, bonisseur prêt aux pires ruses pour calmer le trouble impérieux de l’Hirondelle, mais son sien trépas n’a jamais été sujet de déboire sinon qu’une évidence ; l’apothéose de cette longue corvée qu’aura été sa besogne de mortel. Comme soudain rabroué par un doute d’un tout autre ordre, la pogne s’écrase contre celles harponnées à ses frusques et le regard assène son autre. « Mais je t’interdis de me préférer, moi, à la vie, le jour où elle me bannira de ses pénates. » Et d’insister, d’une noire phonation qui n’attend aucun refus, car il sait que sa Pupille est ainsi ; fatale et fataliste. « M’entends-tu ? » Puisque longtemps durant, il veut pouvoir la hanter, longtemps durant, il veut pouvoir ondoyer dans ses songes et la retrouver dans d’oniriques savanes où leurs corps s’écrasent et se désirent. Les doigts s’éprennent un instant de la peau, langueur dont ses yeux clairs souffrent pareillement en scrutant ceux de la Sonhal, jusqu’à ce qu’il se résigne à lâcher l’âme clandestinement emprisonnée.

Il la toise alors, elle et son minois qu’il lui faut tourmenter. La nymphe comprend les enjeux, elle s’y plie plus vite qu’escompté et le Capitaine, stratège increvable, apprécie son balbutiement de rouerie. De leur abjecte complicité résulteront soit bien des maux, soit bien des sursis, et le paterfamilias refuse d’abandonner son œuvre de toute une vie aux minables ergots de la déchéance. Nul ne doit savoir quelle main réelle a précipité son épouse dans la fosse aux ruines ; ils ne comprendraient pas — qu’un même feu les anime tous deux, incendiaire, pillard. Le gnon part, cogne, et la force, à peine réprimée, foudroie sûrement la carne blafarde tant il est vrai que l’ire se profile sans peine dans le battoir masculin. Il lui en veut et lui en voudra, certitude tenace qui jette sur la tendresse auparavant déclinée une ombre en laquelle cabriolent leurs futurs orages. Les prunelles lorgnent l’ecchymose qui fleurit sur pommette et la fine entaille par laquelle s’écoule déjà une larme purpurine ; convaincu, il opine. Puis dicte. « Tu étais avec Sybille, vous fuyiez toutes deux pour me rejoindre lorsque Salina est apparue arme au poing. Elle t’a assénée ce violent coup dont tu portes la trace avant de poignarder sa maîtresse dans le dos. T’emportant alors avec elle, menacée par sa lame, tu n’as eu d’autre choix que de la suivre jusqu’à ce que j’arrive quelques pas derrière et ne l’abatte. En résulte cette souillure poissant ton habit. Tu étais bien trop près de la pauvrette pour t’épargner l’éclaboussure de mes représailles. » Il saisit à nouveau la patte maigrichonne et ils reprennent leur marche vers la salle du trône. « Sybille n’a jamais traité Salina qu’avec rudesse, c'était là son unique chance de pouvoir se venger. Elle escomptait probablement rejoindre ses chiens de semblables une fois son forfait dûment accompli. » La langue claque, comme si l’homme aux récit trompeur se persuadait seul d’avoir assisté à tel chapitre. Reste que leur version se doit être unique et sans failles. Un masque imprégné réprime sans grande difficulté les ridules de sa gueule comme ils approchent peu à peu de leur destination.
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MessageSujet: Re: under oath. (heira) under oath. (heira) EmptySam 28 Avr 2018 - 23:32

Toujours. Adverbe absent au dictionnaire de l'épigone, à qui l'école des vicissitudes a enseigné ceci, que rien ne demeure, et que nourrir l'espoir qu'il en soit autrement, revient à cultiver les graines d'une déception qu'il faudra tôt ou tard récolter. Fruit truffé de pépins, dans la pulpe duquel la môme a déjà mordu, un soir d'été, et dont le jus amer n'a eu de cesse, dès lors, de lui ronger l'âme. Chat échaudé, aux brûlures jamais pansées, Ira se saisit alors de son toujours, ainsi que l'on manipulerait une grenade dégoupillée. Le soupèse, un moment. Hésite à s'en délester. À le jeter loin d'elle, avant qu'il n'explose trop près de son cœur, et ne la blesse, encore. Mauvaise élève, n'en fait rien pourtant, et gobe la bombe, avale le mensonge – sourit, à son tour. Si toujours peut, au moins, signifier jusqu'à l'aube, c'est déjà ça. Risette qui se sauve, cependant, tandis qu'il dresse entre eux l'éventualité de sa mort, s'érigeant tel un nouvel obstacle qu'il lui commande, celui-là, de ne pas franchir. N'exigeant là rien de moins que sa parole qu'elle renoncera ainsi au seul choix que l'existence aurait peut-être encore la miséricorde de lui accorder. À savoir, les termes de son trépas – si tant est qu'elle ne subisse pas aussi cela. Car elle n'a, au fond, jamais rien choisi, Ira. La vie, tout comme Hector, se sont imposés à elle avec une similaire inexorabilité, jusqu'ici. Ne sachant que rétorquer, louvoie et s'en remet à la seule forme d'éloquence qu'on lui connaisse : celle, pure et sincère, de ses blancs silences.

De même souffre-t-elle la mandale. Sans que phonème ne divulgue rien, ni de l'intense douleur se propageant à toute sa chétivité, qui valdingue jusqu'à heurter le mur ; ni de la non moins violente délectation qui s'ensuit, à l'idée qu'il ait pu y prendre un certain plaisir lui-même. Si tel est le cas, il n'en fait pas montre et ça l'amuse, la sale gosse. En témoigne la nitescence espiègle moirant les quelques larmes qu'il lui a extorqué. Intuition tenace, quoiqu'a priori infondée, mais qui de fait s'éternise et s'ancre, au point d'esquisser, à la commissure de ses lèvres tremblantes, le fugace dessin d'une moue rieuse qui accuse. Loin de la choquer, loin de la froisser, l'hypothèse éperonne au contraire une forme de curiosité malsaine. Toutefois, est-ce peut-être là seul produit de son imagination ; ce ne serait pas la première fois, somme toute, qu'elle croit palper en lui quelqu'émoi inexistant. Aussi ne pipe-t-elle mot, et s'applique plutôt à évaluer la mise en scène qu'il orchestre. « C'est dangereux, une version qui commence ainsi, par : Sybille et moi. » Frôlant du bout des doigts le térébrant processus de tuméfaction lui embrasant la joue, la Sacerda observe un instant le Capitaine, du coin de l'œil, sans davantage préciser sa pensée. « Sa-sa...lina m'a ag-agressée... Syb-sybille a... a sur-surgit », qu'elle se met soudainement à balbutier. « Salina... elle a... ô, par les Sept... » Négligeant sa blessure, la menotte rejoint sa symétrique, de part et d'autre du col de la chemise, qu'elles dilacèrent jusqu'à dénuder une clavicule saillante, aussitôt éraflée d'un coup de griffe. Puis, c'est à la crinière que les vandales grimpent, échevelant salement la cabèche. « Elle... re-revenait sur moi qu-quand... Mon-monsieur m'a sauvée. » Sur ses mots, éclate en chauds sanglots. Rien qu'un moment, puis le marbre de son minois se recompose. Aux calots, injectés de sang, de libérer les prunelles de son premier public, tandis que la silhouette de la comédienne se cramponne au bras du Sauveur, tel un chaton molesté. Elle rauque enfin : « Je suis prête. »
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