Elle observe le papier froissé sur la table. Les nouvelles d'Adonis. Elle inspire un moment, puis place le papier sur la flamme de la bougie. Il crépite, puis s'enflamme. Ses ambres se perdent sur cette page enflammée, sur la fumée qui s'élève et doucement emplit ses narines. Elle attend, laisse la flamme lui lécher les doigts brièvement, puis regarde le papier calciné finir en cendres. Ils finiraient tous comme ce papier. Tous autant qu'ils étaient. Et même si Diana voulait sauver le monde, même si Diana voulait récupérer son trône, et laisser quelque chose de meilleur aux générations futures, elle finirait de la même manière que ce papier. Elle l'observe un instant, avant de souffler sur les cendres qui, brusquement, s'éparpillent dans l'atmosphère. Elle aussi elle s'éparpillerait, elle aussi elle finirait par remettre son âme aux éléments. Elle se ferait brûler par les flammes ravageuses des dragons, serait balayée par les ailes des cigognes, emmurée par la force des taupes, et ballottée par les flots des tortues. Elle porte une main sur sa poitrine, parce que sa respiration accélère, son palpitant déferle un moment. Souvenir d'une nuit fougueuse, une nuit où elle aurait pu y rester. Lorsque Circe l'avait fait plongé dans ces bassins, lorsqu'il lui avait montrer de quoi il était capable. Ou plutôt, de ce qu'il pouvait faire sans utiliser le maximum de ses capacités. Circe était un être extraordinaire, et puissant. Et s'il ne l'avait pas suivit, s'il avait été introuvable après l'attentat sur le fief de la ligue, Diana ne lui en voulait pas. Elle savait que leurs chemins auraient du se séparer. Elle l'avait toujours su. À partir même, du moment où il était devenu son lieutenant, jusqu'au moment où scellant leurs adieux, ils s'étaient mélangés. Elle l'avait su à ce moment, su comme elle ne saurait jamais personne d'autre. Et elle avait comprit, comprit que Circe ne serait pas son allié dans sa prochaine aventure. Et si ça l'avait attristé un bref instant, elle était rapidement passée à autre chose. Parce que c'était mieux ainsi. Quelqu'un frappe à la porte, et la sort de ses pensées. Elle pose ses yeux sur la porte en bois. « Entrez. » La porte s'ouvre sur Ragnar. Mêlé vert qui avait abandonné son maître, pour se ranger du côté de Diana. Son maître lui, était resté auprès de Johann. « Nous avons reçu des nouvelles de Salazar. » Elle arque un sourcil, et se redresse sur son siège. Il lui apporte la lettre, et se tient droit devant elle. Elle ouvre la missive, et reste interdite. Aucune émotion ne se fait ressentir sur son visage, alors que pourtant, ses yeux s'illuminent légèrement. Il avait rencontré un maître de l'eau, fidèle à la cause. Il l'avait envoyé vers eux, mais voulait taire son nom, au cas où, la missive tombait entre les mains de l'ennemi. Il faisait aussi savoir qu'il arrivait bientôt à son lieu de destination. Elle redresse les yeux sur Ragnar, puis les rabaisse sur la lettre. Elle sourit en lisant le « Avec tout mon amour, » qu'elle sait sincère, mais pour lequel elle ne saisit pas toutes les nuances. Ou, ne veut-elle pas les saisir. « Attendez-vous à l'arrivée d'un maître de l'eau. » Elle referme la lettre, et la brûle à son tour. « Un supposé allié. » reprend-elle. Il abaisse la tête en signe de respect, puis quitte la pièce. Elle sourit, puis tourne sa tête sur les toiles accrochées au mur. Elle admire ainsi des générations et des générations de Wolffhart. Elle reconnaît Hilde, sur l'une des toiles, aux côtés de ses deux petites sœurs. Elle se souvient des heures qu'elle avait elle-même passée, devant le peintre, sans bouger, à attendre qu'il finisse le portrait de sa génération à elle. Elle se souvient d'Atalante derrière ce dernier, la regardant avec un air fier et rieur, tentant de lui faire perdre son sérieux. Et de son père, l'intimant à rester sérieuse. Elle se souvient aussi, des bêtises que son frère lui soufflait dans les oreilles, entre deux pauses. Elle se souvient avoir été heureuse Diana, elle se souvient avoir connu le bonheur. Mais ce dernier lui avait été arraché. Elle ne sait pas combien de temps elle reste dans cette pièce, mais quelqu'un d'autre fini par frapper à sa porte. Elle s'approche, entend à nouveau toquer. Elle entend les chuchotements de deux soldats. « J'hésite toujours, doit on l’appeler princesse Diana, ou ma reine? » Elle entend l'autre soldat murmurer quelque chose d'indistinct, avant de répéter. « Techniquement, elle est les deux. Enfin, c'est une princesse, mais c'est notre reine. » « Elle est la reine de notre royaume. Donc, ma reine, pas princesse. Tu as raison. » Elle ouvre la porte, et se retourne tous les deux en sursautant. Elle arque un sourcil. L'un d'eux devient tout rouge, et n'ouvre plus la bouche. « Il y a.. Il y a.. » Qu'avait-elle fait pour être affublée de pareils soldats? Elle arque toujours un sourcil, puis secoue légèrement la tête en avant, en attente d'autre chose que des bégaiements. « Un ami. Quelqu'un est arrivé, se présentant comme un étant l'un de vos amis. Il vous attend en bas, votre altesse. » Elle lève les yeux au ciel. « Bien. Je serais là d'ici quelques minutes. » Elle referme la porte. Elle se dirige vers un petit meuble, dans lequel elle a mit le peu de vêtements qu'elle a réussi à récupérer. Elle l'ouvre, en sort une tenue et s'habille avec. Elle se coiffe ensuite, enfile des bottes, replace sa bague en saphir sur son index et son collier, puis ouvre la porte.

« Ma dame, ou devrais-je dire, Votre Altesse. » Elle ne s'attendait pas à ce que l'Herendal, soit l'ami qui lui fasse face. Non, elle aurait pu penser à plusieurs personnes, mais pas lui. On ne pouvait pas dire qu'il était son ami. Un ancien allié oui, un camarade de classe, oui. Une ancienne attirance, non réciproque, oui. Mais pas un ami. Elle pose ses yeux sur lui. Son regard s'attarde sur ses boucles brunes, puis sur son visage, avant de descendre sur la tenue du résistant.  « Généralement, lorsque l'on se trouve face à une reine, on ploie le genou. » Elle le regarde un instant, avant de peindre un léger sourire sur son visage. « J'imagine que c'est Lazar qui t'envoie? » Le fait qu'il arrive aussi peu de temps après la missive de son adiutor, ne pouvait pas être une coïncidence. Elle l'observe un moment, sans rien dire. « Nurie n'est pas avec toi? » elle fait mine de regarder derrière lui. Les deux avaient toujours été inséparables, si ce n'est la réelle période où, inéluctablement, ils avaient été séparés. Leurs retrouvailles n'auraient cependant pas dû cesser maintenant. Pas selon ce que la déesse savait de leur relation. Elle lui fait signe de s'asseoir, et va s'installer à l'autre bout de la table. « Pourquoi maintenant? » Elle plonge ses ambres dans les siennes, comme si elle cherchait à s'insinuer dans son esprit. Elle n'était pas Circe. « J'ai fais appel aux résistants, j'ai demandé à ceux qui le désiraient de me suivre. Alors, pourquoi maintenant ? » Elle avait eu la même discussion avec Rhysand, et les réponses avaient été claires venant de lui. Seraient-elles aussi légitime, venant du maître de l'eau ?