WITHOUT A SOUL, MY SPIRIT'S SLEEPING SOMEWHERE COLD UNTIL YOU FIND IT THERE AND LEAT IT BACK HOME. WAKE ME UP INSIDE, WAKE ME UP INSIDE. CALL MY NAME AND SAVE ME FROM THE DARK. BID MY BLOOD TO RUN BEFORE I COME UNDONE. SAVE ME FROM THE NOTHING I'VE BECOME.

Isaure est lasse. Ennuyée, frustrée, mais surtout en colère, en colère contre elle-même, contre ce qu’elle a provoqué et surtout contre son jugement ; Elle a accepté de rentrer, elle a accepté de faire demi-tour et retourner dans les bras du grand méchant loup. Et les regrets l’assènent enfin. C’était une erreur, une stratégie tombée à l'eau, alors qu’elle se noie maintenant dans un ennui complet. Enfermée derrière quatre murs, dans une chambre qui lui appartenait autrefois, elle n’est à présent, que la réminiscence, la ruine d’un elle passé. Elle n’est plus ce qu’elle était, mais tout le problème réside là, car qui est Isaure Oshun qu’une âme vengeresse, qu’une âme prête à ne répandre que la déception ? Elle se doute que son jumeau doit jubiler enfin, alors qu’il sait qu’elle a tué leur mère, alors qu’il tient entre ses mains une énième tentative à agrandir ses maux. Car Isaure n’a jamais mâché ses mots en sa présence et si elle est rongée par les remords, elle ne saurait lui montrer de la pitié. Elle crache sur ce sentiment, elle crache sur tout ce qu’on peut l’accuser d’avoir fait, d’avoir été. Elle a cru bon de libérer le prince de la terre, elle a cru bon de fuir à ses côtés pour sauver sa propre peau, laissant derrière elle, une traînée de personnes. Son cadet, sa cadette, son propre sang à qui elle avait promis fidélité et loyauté. Mais comme toute autre chose elle les a trahi, elle les a abandonné. Et ça fait d’elle une lâche, une vérité bien amère mais qu’elle doit apprendre à accepter. Personne n’est venue la voir, parce qu’elle est si insignifiante dans ce monde, parce qu’elle n’est rien qu’une sotte faite de rêves et d’illusions qui l’ont si cruellement rattrapé et fauché. Elle se rend compte des erreurs qu’elle a fait, de tous les faux-pas, des ambitions mal placées, de la vengeance si fièrement déglutit alors qu’elle a enfoncé la dague dans le torse de maman. Elle secoue la tête, le regard perdu dans les vastes jardins du palais, jardins qu’elle ne pourra jamais plus revoir. Elle se doute que Cal la fera exécuter, qu’il la tuera pour trahison. Et peut-être qu’elle le mérite, peut-être que c’est le karma qui viendra enfin la rattraper et lui rendre ce qu’elle a répandu avec ses mots, avec ses ambitions, avec ses ordres et cette autorité qui n’était jamais sienne à s’accaparer. Les pensées virevoltes, s’entrechoquent, alors qu’elle sent ses doigts se lier dans un poing. Elle veut se battre, mais accepte l’ironie de la chose : elle n’a plus rien pour quoi se battre. Sans but, sans objectif, Isaure n’est plus qu’une et même chose, une carcasse vide. Un fantôme d’autrefois, une lubie éteinte, une passion qui s’est au fil du temps faite démanteler morceau par morceau, pour ne laisser en son sein que doutes et peurs.
Elle entend à peine la porte s’ouvrir, alors qu’à quelques mètres se retrouvent Maven. Son cadet, son tout, son plus preux chevalier, la prunelle de ses yeux, la seule raison pour laquelle une once d’espoir gronde encore dans ses entrailles. Il n’a jamais été que son autre moitié et de voir dans ses yeux cette froideur indomptable, elle sent l’âme tomber, le cœur se briser. Elle a fait quelque chose de mal, et Maven le lui montre de toute sa rage imposante. – Isaure. – Qu’il rétorque, une grimace presque flanquée sur son visage innocent. Et elle voudrait le prendre dans ses bras, lui caresser les cheveux comme autrefois et lui dire doucement, si fragilement que tout ira bien. Que tant qu’ils sont ensemble, tant qu’ils s’ont l’un et l’autre, rien ne pourra jamais venir les terrasser. Mais la froideur, cette stature glaciale ne lui donne la force de s’avancer, de réagir ou même de cligner des yeux. – J’espère que tu as apprécié ton petit séjour à Greenstall. Je crois que les quatre murs de cette chambre seront ta seule demeure, désormais. – Elle s’attend à ces mots venant de Cal, elle s’attend à ces mots venant de n’importe qui mais lui. Parce que Maven n’a jamais été un ennemi, il a toujours été un frère, un allié, un confident, une entité qui la dépassait. Et peut-être que c’est vraiment le karma qui vient la faucher, parce que crever c’est une évidence, mais perdre en ce frère l’allié, l’autre moitié, c’est bien plus cruel que la potence. Et elle s’avance vers lui, bien consciente qu’il ne voudrait de sa proximité. Mais c’est plus fort qu’elle, elle a besoin de voir dans ses yeux la déception, la lassitude et la rage. Parce que ça l’éveille, ça lui fout une gifle, ça la grise, ça la métamorphose. De la princesse n’est plus que des épaules baissées vers l’avant et le cœur battant. – Je suppose que tu ne t’attendais pas à revenir ici un jour. A retrouver ceux que tu as poignardé dans le dos pour un rêve ridicule. – Elle ne sait pas exactement ce qui a pu attiser sa haine. Le fait qu’elle soit partie sans le lui dire, qu’elle a tué leur mère, qu’elle a tourné le dos à son sang, à son rôle ? Elle ne saurait pas même par quoi commencer, lier les bouts, là où ils ont été carbonisé. Il ne reste plus rien de l’ancienne Isaure, de cette fille au menton levé, de cette fille à la langue acérée, aux griffes sorties dans n’importe quelle situation. Il n’y a plus rien qu’un tas de questions sans réponses. – Je ne suis pas sûre de comprendre Maven. – Elle se racle la gorge. Elle ne sait quoi dire, quoi faire, peut-être qu’elle n’ose pas même avancer de peur de le faire fuir ; Elle doit lui expliquer, lui demander pardon pour le tort qu’elle a pu lui causer. – Si c’est parce que j’ai tué Mère, je suis terriblement désolé Maven, je.. – Perplexe mais surtout frustrée, elle ne sait quoi dire. Elle ne peut lui avouer qu’elle regrette, car ce serait lui mentir, ne pas être honnête. – Je m’excuse, mais je ne regrette pas de l’avoir fait, elle le méritait. – Elle vrille son regard dans celui de son frère, ce regard amer qu’elle reconnaît à peine, qu’il n’a jamais, ô grand jamais posé sur sa silhouette. – Je ne sais pas de quoi d’autre tu m’accuses, mais jamais je t’ai trahi Maven, jamais je ne le ferais. Jamais, tu m’entends ? – Elle est à quelques pas de lui et elle voudrait juste lui faire comprendre par un regard qu’il est la dernière personne sur cette terre à qui elle pourrait faire du mal.

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Elle le voit, l’observe et remarque dans ses gestes une rage folle qu’elle ne saurait apaiser ; parce que pour la première fois d’une longue vie alliée, Isaure en est le déclencheur. – Tu mens ! Tu fais que mentir ! Je le sais maintenant ! – Et le princesse reste muette, interdite, peinée, mais surtout choquée. Parce qu’elle ne se souvient pas d’avoir dépassé les bornes, de l’avoir trahi ou d’avoir agi au gré de ses accusations. Que quelques personnes comptent, et Maven en a toujours fait parti, ceux qui l’appellent monstre n’ont jamais rien compris. Isaure tente de comprendre, de compter dans sa tête les fois où elle aurait pu insulter sa fidélité, mais ça n’est jamais arrivé, car Isaure n’en serait jamais capable. Elle aime son frère, c’est indéniable, un fait, une vérité ; et elle pensait ne jamais avoir à le perdre, mais les larmes perlent sur ses joues, et dans un élan malheureux elle voudrait pouvoir les essuyer, le serrer si fort dans ses bras et lui chuchoter que tout irait bien. Que le monde s’acharne, que les Dieux sont colère et obscurité, mais tant qu’ils s’aiment, tant qu’ils s’aident, tant qu’ils s’épaulent, jamais rien ne pourrait venir les ébranler. Et pourtant elle a tort, elle le sait, parce que du lien fort d’autrefois, ne reste qu’une mince poussière d’amertume et de colère. Elle reconnaît en lui cette déchéance, cette tristesse, mais aussi ce sentiment de trahison qu’elle a porté dans le myocarde pendant bien trop longtemps. Elle reconnaît en lui ce qu’elle représente à présent pour lui : un problème, une traitre, un rien. Et ça la grise, ça la déprime, ça fait des soubresauts dans ses entrailles. Elle ne sait pas quoi lui dire, ni quoi faire de peur de le chasser, de peur de l’offusquer davantage, qu’il lui tourne le dos une bonne fois pour toute et qu’elle perde dans ses cris l’intensité de ses franchises. Isaure prie les Sept qu’il lui pardonne, qu’il lui dise ce qu’elle a fait, qu’elle puisse éclairer les points noirs et sortir de ce long tunnel à ses côtés, mais les lèvres toujours serrées, elle n’a d’autre choix que de s’apprêter au gourou de son silence. – Ne joue pas à l’innocente, Isaure. J’me fous pas mal que t’ais tué notre mère. Tu prétends ne pas comprendre c’que j’te r’proche, mais j’vois clair dans ton jeu, maintenant. Tout ce temps, tu m’as manipulé. Tu t’es servi de moi pour faire ton sale boulot, t’as prétendu m’aimer pour mieux enfoncer l’couteau dans la plaie. Toutes ces années, c’était qu’une grande mise en scène. – Et dans ses mots peut-être qu’elle reconnaît une part de vérité ; elle s’est servie de tout le monde pour adoucir ses ambitions de vengeance. Elle aurait fait couler le monde entier pour récupérer la part de paix qu’elle recherchait. Mais jamais Maven. Elle se refuse d’y croire ou même d’y penser. Parce qu’elle a toujours été réticente à l’idée de provoquer sa colère, de provoquer ses talents pour ses besoins à elle, de le mettre en danger pour une couronne qui n’en valait pas la peine. Et pendant plusieurs années, elle s’est demandée si le jeu en valait les conséquences. A présent elle remarque que non. Non, ça ne compte pas assez, le pouvoir, l’empire, la Mort et la souveraineté, ce sont des conneries, des babioles pour faire briller, mais rien comparés au lien qu’elle avait autrefois partagé avec lui. Et si seulement elle pouvait tendre la main, pour caresser sa joue, et si seulement elle avait le courage de lui parler, de lui murmurer que tout ça ne sont que des mensonges, peut-être alors qu’il verra dans ses yeux la marque de sa sincérité.
– J’sais tout, maintenant. Comment Adonis et toi, vous vous êtes servis de moi. Comment tu m’as trahi. Comment tu m’as éloigné de Cal pour que j’sois dans ton camp. Tes petites manigances sont mises à jour et j’serais plus jamais ta dupe. Plus jamais. C’est fini, tout ça .. – Et elle reste muette face aux accusations, parce que Isaure ne comprend pas. Ne comprend pas comment le prince Griffith peut être mêlé à ce brouhaha. Elle s’en est voulue quand elle est partie, quand elle a fui, mais c’est justement pour cette raison qu’elle est revenue, qu’elle a récupéré le filament de courage qui lui restait, pour faire face à son jumeau ; mais aussi au monde entier. Elle arque un sourcil, elle entend un enfant qui l’accuse de choses dont elle n’a pas même conscience. Incapable d’aligner trois mots, elle se rend compte que la fuite n’était pas la solution ; qu’elle l’a abandonné et que pour ça il ne lui pardonnera probablement jamais. Son cœur se serre alors qu’elle lève ses mains. Il la repoussera probablement, il partira, ne reviendra plus, mais ça vaut la chance d’essayer, ça vaut le chance de réparer les pots cassés. La brèche est mince, mais peut-être que par son simple vœu d’essayer, elle peut la gommer et reformer ce qu’ils ont perdu. Elle approche sa paume du visage de son cadet et caresse sa joue avec un instinct maternel. Isaure a toujours voulu le protéger, l’aimer, le cajoler ; mais Maven a grandi, il a prouvé qu’il était bien plus qu’un petit garçon et pourtant dans leur vulnérabilité, elle a presque l’impression de se retrouver dans le passé. Là où elle était naïve, là où lui était encore intact. – Tu sais que je ne ferais jamais ça Maven. – Elle marque une pause, instable sur ses mots, alors qu’elle a si peur de le chasser, de prononcer une erreur et de dépasser les frontières d’une réconciliation possible. – Je ne sais pas ce que Cal a pu te dire à propos d’Adonis et de moi, mais je jure sur tout ce qui n’a jamais compté à mes yeux, que tout ce que j’ai fait, c’était pour nous. Maven tu as toujours été ma priorité, toujours, tu m’entends ? Ni un Griffith, ni le peuple, ni la terre toute entière ne pourrait changer ça. – Elle souffle entre ses dents, repose sa main sur son flanc, alors qu’elle balance d’un pied à l’autre. Anxieuse peut-être qu’il lui ordonne de se taire, elle élève un peu la voix, l’émotion venant enivrer ses sens, le sanglot venant frotter sa gorge. – Je suis partie après sa libération parce que j’avais peur, peur que Cal me retrouve et m’envoie en prison. J’avais peur qu’avec la mort de mère, il m’empêche de vivre, qu’il cherche mes alliés et leur offre même châtiment. Je voulais épargner un peu de toi, un peu de Svea, mais c’était un échec. – Les mots sont des accusations à un autre frère, ce jumeau à qui elle ne sait faire confiance ; pour le moment. Les poings à présent serrés, elle lève le menton et les yeux vers son cadet. – Je suis désolée Maven, désolée si tu t’es senti abandonné. Mais sache que je ne me suis jamais servi de toi, jamais. Tout ce que j’ai pu te dire au court des dernières années, ce n’était que la vérité. Si tu ne me crois pas, alors fais entrer un Orange et il pourra t’assurer que c’est vrai. – Qu’il la teste, qu’il entre dans sa tête et qu’il voit à quel point elle crève à l'idée qu'il ne lui pardonne jamais.

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– Cal m’a rien dit. Il est pas si mauvais, au fond, tu sais. Il m’a dit que tu avais sûrement une explication. Que t’étais pas une traîtresse. Cal t’aurais rien fait Isaure. T’es notre sœur. On est les mêmes, tous les trois. L’même sang. J’le comprend que maintenant. – Isaure arque un sourcil, pas trop sûre de sa réponse, ni de cette vérité. Parce que finalement il a raison, ils sont tous les mêmes, les mêmes êtres qui ont combattu la même dragonne, le même nom et le même sang. Cette haine viscérale qu’elle a apposé sur Cal, c’était juste pour calmer sa propre conscience, cette propre erreur qu’elle a commise et qu’elle n’oubliera jamais. Elle lui a pardonné sa lâcheté et cet incessant besoin de se cacher derrière son arrogance ; parce qu’elle est pareille, parce qu’ils sont les mêmes. Elle n’a jamais douté qu’il ne pourrait rien lui faire, ils ne sont pas des êtres sans cœur, ils n’ont rien de cruels. Ils ont juste été gaché par la vie, par le passé, par la même éducation. Et elle voudrait serrer la main de Maven et lui dire qu’elle sait, qu’il a raison, que cette histoire, que cette dispute n’est en rien sa faute, mais la sienne. Qu’elle a besoin, qu’elle a envie de se réconcilier avec lui, avec Cal, avec Wanda, avec cette fratrie, qui pendant trop longtemps a tergiversé, s’est séparée, pour ne jamais réellement se retrouver. Elle les a abandonné, elle, qui était autrefois, une lumière, un petit espoir. Elle est devenue comme eux, alors qu’ils ont davantage sombré, et qu’elle les a suivi, dans ce tunnel sinueux, sans aucune sortie. Et elle se sent peut-être un peu soulagée, que son jumeau n’a pas immédiatement décidé de la pointer du doigt, elle qui les a trahi, elle qui est partie, pour libérer son prisonnier, elle qui a fui, qui dans le fond n’a jamais été aussi lâche qu’à cet instant. – Tu dis que j’ai toujours été ta priorité mais t’es partie comme ça. Avec lui. Sans même m’donner des nouvelles ou m’avertir. Tu savais qu’il avait quelque chose avec Elizaveta ? Qu’elle était sa maîtresse ? C’est Adonis qui t’a demandé de nouer nos fiançailles, pour pouvoir t’moquer moi ? – Elle croise ses bras sur sa poitrine, et ne peut cacher l’étonnement qui vient éclaircir ses traits. Elle n’en avait aucune idée, la raison de ces fiançailles étaient absolument oportunistes, Isaure ne sait le cacher ou démentir ces accusations-là, mais à cette époque elle ne connaissait pas même pas Adonis, à ce époque-là, elle était nourrie par ses propres ambitions, par ses propres souhaits. Et son ancien fiancé n’avait rien avoir à ce coup monté de toute pièce. Alors elle voudrait lui dire que non, non elle s’en savait rien, qu’il ne lui a jamais rien demandé, qu’Elizaveta a décidé d’accepter ces fiançailles, qu’elle a accepté de partager son lit avec Adonis, puis sans aucun doute avec maven, mais qu’Isaure n’en tirait jamais les ficelles. Mais elle n’est pas sûre qu’il puisse la croire, pas quand elle l’a déjà déçu, pas quand leur confiance ne tient à rien, qu’à un simple soupir. – T’étais tout, Isaure. J’serais mort pour toi. J’aurais tout fait pour toi. – Et la voix se brise, alors que les larmes coulent lentement, mais douloureusement sur ses joues. Isaure reste droite, stoïque, incapable de bouger ou d’agir. Elle entend les mots, les accusations, et les remords, ces mêmes regrets de l’avoir suivi alors qu’il croit qu’elle l’a trahi. Elle aurait tout fait pour lui, absolument tout et qu’il en doute, la grise davantage, alors qu’elle laisse un amas de larmes rouler sur son visage en symbiose avec ceux de son frère. Son petit frère, si doux, si fragile, si monstrueux en colère, mais si attentionné à ses côtés. Et elle est terrifiée à l’idée de le perdre à tout jamais, elle est terrifiée, qu’il puisse réellement jamais lui refaire confiance, qu’il puisse dans un dernier soupir lui avouer que leur relation, que leur amitié, que leur lien du sang ne veut plus rien dire. Parce que ça voudrait dire perdre la terre entière, ça voudrait dire perdre pied, ça voudrait dire perdre une ancre, et Isaure n’est pas prête, ne sera jamais prête. – Et maintenant, j’sais plus … J’sais plus ce que je dois croire. – Elle se racle la gorge, évitant de laisser sortir ce sanglot venu se nicher dans sa gorge pendant toutes ces journées à attendre, à écouter le vacarme silencieux autour d’elle. Parce que ça fait des mois que la vie ne tourne plus, que les horloges se sont arrêtées, que leurs destinés ont été scellé. Elle avale difficilement sa salive, alors qu’elle ne sait quoi lui dire. Ce serait stupide de lui crier qu’il doit la croire elle, que ces autres n’ont jamais compté, qu’elle est toujours la même gamine, et qu’il est toujours le même gosse. Mais ça serait mentir, et outre les manipulations d’autrefois, elle lui doit au moins la franchise. – Je … Je … Je sais plus.. – Et elle ne sait pas non plus. Automatiquement, elle s’avance vers lui, à nouveau, elle tente désespéremment de briser la distance entre eux, et vient sécher les larmes qui roulent sur les joues du cadet. Elle se mord l’intérieur de la bouche, pour ne pas laisser court à ses propres émotions et pleurer davantage. Une épave, elle est une épave, elle s’en rend compte, et sans les Oshun, sans son frère, sans son jumeau, finalement Isaure n’est pas grand-chose qu’une coquille vide. Une carcasse sans but ni émotion. – Je n’en savais rien pour Adonis et Elizaveta, je suis navrée. Je sais que tu t’es attaché à elle, mais Adonis ne m’a jamais rien demandé, je ne lui aurais de toute façon pas donné, pas quand il s’agissait de ta vie et de ton futur. – Parce que même s’ils ont joué avec le feu, même s’ils ont appris à se brûler, elle lui a demandé, demandé s’il le voulait, s’il accepterait la reine des airs comme sa femme, si ce travail d’espionnage ne le mettait pas mal-à-l’aise. Il lui a dit oui, alors elle n’a jamais remis en question ses décisions. – Ecoute Maven, je sais qu’il doit être difficile pour toi de me faire confiance. J’ai eu tort, tellement tort sur toute la ligne. Mais je te demande pardon, et je te demande de me faire confiance quand je t’ai dit, promis, que ta vie a toujours été ma priorité. Si je dois le prouver, dis-moi ce que j’ai à faire, je le ferais sans broncher. – Elle courbe l’échine, se mettant presque à genoux, pour lui implorer son pardon.