Comme toutes les fins d'après-midi de la semaine, Ariane était assise à son bureau, remplissant de la paperasse. Cette semaine n'avait pas été l'une des plus amusante, au plus grand regrets de la Griffith. Il fallait qu'elle s'y fasse, car en temps de guerre, rien n'était amusant. Et en tant qu'héritière, elle avait d'énormes responsabilités -dont elle se serait bien passée si elle avait eu le choix- et pas mal de choses à gérer. Un silence de mort régnait dans la pièce, seule le bruit de la plume frottant sur le papier pouvait s'entendre, jusqu'à ce que des bruits se fassent entendre. Le bruit provenait de dehors. Ariane décidait de se lever pour voir la source de se désagrément par l'immense fenêtre de son bureau. Ce n'était pas de simple bruit, mais des cris. Des cris. Les sourcils fronçaient, elle se dévissait le coup pour apercevoir qui pouvait bien crier, mais elle n'eut le temps de voir qu'une fine silhouette à la crinière de lion, car les gardes l'avaient déjà emmenés à l'intérieur. Curieuse d'en savoir plus sur cette mystérieuse arrestation, elle sortit de son bureau pour trouver les gardes. Elle déambulait dans le Palais, fouinant un peu partout et lorsqu'elle prit la direction des cachots, elle croisait les gardes. « Messieurs. » Dit-elle en inclinant la tête pour les saluer. « Votre Majesté. » Répondirent-ils en coeur, à la fois apeurés et impressionnés que l'héritière Griffith leur adresse la parole. Ariane se contentait de leur adresser un sourire poli, avant de leur poser la question qui ruminait dans son esprit. « Pourriez-vous me dire où vous avez emmené la jeune femme rousse que vous escortiez ? » Les gardes froncèrent les sourcils et échangèrent un regard surpris. « Nous l'avons emmené aux cachots, c'est une maitre du feu qui prétendait vouloir parler à votre frère, c'est une traitre. » Une maitre du feu à Eartanera ? Qui cela pouvait-il bien être ? Ariane fronçait à son tour le sourcil, puis remerciait les gardes. « Merci. » Dit-elle simplement avant de s'éloigner les cachots.

Une fois qu'elle fut arrivée, elle avançait jusqu'à la cellule où la rousse se trouvait. Ariane restait quelques instants en retrait, tapis dans l'ombre pour observer la fameuse maitre du feu. Elle esquissait un sourire en l'entendant s'insulter, se traiter d'idiote. Oui, elle devait surement l'être et pas qu'un peu. Oser venir dans la nation de la terre alors qu'elle était maitre du feu, c'était idiot, et suicidaire en prime. « En effet, c'était idiot de venir ici. » Dit-elle calmement, sur un ton neutre. Son intention n'était pas d'insulter la jeune femme, bien au contraire. Elle s'approchait de sa cellule, sortant de l'ombre pour pouvoir croiser le regard de la rousse. « En tant maitre du feu, tu devrais savoir que c'est dangereux, voir suicidaire, de venir au Palais des Griffith. » Elle s'approche encore plus, ses prunelles ambrées plongées dans celle de l'inconnue qui lui fait face. « Qui es-tu et que fais-tu ici ? » Son ton était doux, il n'y avait pas une once d'agressivité dans sa voix. Elle voulait que la jeune femme la voit comme une potentielle alliée.  Ariane savait déjà ce qu'elle avait prétendu aux gardes devant le palais, mais elle voulait entendre sa version des faits. Elle n'aimait pas juger une personne sans la connaitre, Ariane et la jeune femme enfermée lui paraissait intensive aux premiers abords.

La brune sourit en voyant la jeune femme sursauter. Elle posait des questions, Ariane, parce-qu'elle était curieuse et étrangement attirée par la jeune femme. Elle sentait qu'elle n'était pas mauvaise au fond et Ariane savait très bien cerner les gens aux premiers abords. Toutefois, elle reste méfiante face à la rousse qui croise les bras sur sa poitrine. Zarha Collins. Ariane savait parfaitement qui elle était, même si elle ne l'avait jamais rencontré. La prostituée embauchée par son frère pour faire enrager son amant, la fille qui n'avait aucune importante pour lui. Seulement, Ariane cherchait des personnes pour adhérer à sa cause et une personne en plus, surtout une maitre du feu aurait été la bienvenue. La jeune femme finit par lui avouer la raison de sa venue : son frère. Qu'est-ce que tout le monde pouvait bien lui trouver ? Elle l'aimait, certes, mais il n'avait rien d'un démocrate pour Ariane. « Je suis Ariane Griffith, héritière de la couronne de granit. » Dit-elle simplement en relevant la tête, fière de sa stature. Plus elle parlait, plus elle s'approchait des barreaux de la prison de la rousse. « Que lui veux-tu ? Adonis est très occupé et je doute qu'il daigne t'accorder un instant. Tu sais, Adonis n'a surement rien à faire d'une fille qui.. » Elle hésite un instant, ne sachant pas comment formuler sa phrase pour que la jeune femme ne soit pas blessée « D'une fille qui lui a rendue quelques services. » Finit-elle par dire, sans aucune once de dédain dans sa voix. Elle finit même par lui accorder un sourire, lorsqu'elle ponctue sa phrase. Zarha pouvait vraiment devenir une alliée, mais elle, le voulait-elle ?

La maitre du feu ne bouge pas d'un millimètre, elle reste dubitative, méfiante envers la Griffith. Ses prunelles ambrées plongeaient dans celles de la rouquine, tandis qu'elle s'approche encore plus près, finissant par toucher les barreaux du bout des doigts, puis les entourant de ses mains. Les dires de la Collins la furent sourire. Elle voulait combattre aux côtés d'Adonis, aux côtés d'un leader qu'elle croyait être le sien, mais elle n'avait rien compris. Adonis n'en avait rien à faire d'elle. Elle n'était qu'un pion de plus sur l'échiquier qui le mènerait à la couronne et ça, Ariane le savait très bien. « Ta place est aux côtés de personnes qui te respectent pour ce que tu es Zarha. » Elle baisse les yeux un instant, cherchant comment s'exprimer. Comment pouvait-elle formuler les choses sans la blesser ? Elle se mordille la lèvre inférieure et relève les yeux vers celle qui pourrait devenir une alliée. « Adonis acceptera ton aide, je pense. Cependant, je te mets en garde : s'il devait être amené à faire un choix, ce n'est pas toi qu'il choisirait. Il te laisserait mourrir sans la moindre hésitation. » Ariane marque une pause, laissant le temps à Zarha de comprendre ce qu'elle est en train de dire. « Tu devrais te rallier à des personnes qui te respectent et qui ne te considèrent pas comme de la chair à canon, à des personnes comme moi. » Maintenant, elle en était certaine : elle voulait que Zarha rejoignent sa cause, elle voyait en elle un potentiel étonnant, une loyauté sans faille -même si à cet instant, sa loyauté était dirigée envers la mauvaise personne- et elle la voulait à ses côtés pour mettre son plan à exécution.

Les yeux écarquillaient sur ce que la rousse vient de dire, Ariane reste stoïque. « Toute vie est importante. » Elle ne laisse pas place aux doutes, elle termine sa phrase et n'attend aucune réponse. Comment peut-elle dire une chose pareille ? Pour Ariane, chaque personne a une importance, chaque personne mérite de vivre avec des gens qui la respecte et l'apprécie telle qu'elle est. Les sourcils fronçaient de Zarha lui montre qu'elle a attiré son attention. La Griffith esquisse un sourire, fière d'elle. « Comme moi, oui. » Elle marque une pause, ce qui laisse l'occasion à la maitre du feu de poser sa question. « Tu seras libérée et conduite dans une chambre. Là-bas je t'expliquerai ce que je souhaite faire pour changer ce monde, pour arrêter la tyrannie qui déchire nos nations. Je ne pourrais le faire que dans ta chambre, loin des oreilles indiscrètes. » Son projet de démocratie n'était pas connu et pouvait paraitre fou. Pourquoi accepterait-elle de la suivre à l'aveuglette ? Ariane avait beau avoir des airs innocent et angélique, ce n'était pas assez pour convaincre Zarha. Cependant, la Griffith espérait que cette main tendue serait saisie, pour le bien de la jeune femme.

En voyant les sourcils froncés de la rousse, Ariane compris qu'elle n'était pas convaincue et que la tâche s'avérait plus compliqué qu'elle ne l'avait prévue. Malgré cela, Ariane laissa quelques minutes à la jeune femme, le temps qu'elle réfléchisse à son offre. Il lui restait un minime espoir, jusqu'à ce qu'elle ouvre la bouche. Adonis contrecarrait ses plans une nouvelle fois. Ce fut au tour de la Griffith de froncer les sourcils, laissant transparaitre une certaine contrariété. Ses ambres plongées dans celles de la maitre du feu, elle tentait de ne laisser transparaitre aucune colère, aucune jalousie quant à la loyauté que portait Zarha envers son frère. « Très bien. J'espère qu'il te fera l'honneur de venir te voir dans ce cas. » Dit-elle sur un ton sarcastique. Elle n'était pas certaine qu'Adonis viendrait, mais si cette femme voulait idolâtrer son frère, elle ne pouvait rien  y faire. « Saches que mon offre tiendra toujours lorsque tu te rendras compte qu'il se sert de toi. » Elle recule et finit par tourner les talons, vexée du manque d'enthousiasme de la jeune femme. « A bientôt, Zarha. »

THE END.