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La terre sèche craquèle sous ses pieds, le soleil ardent frappe son crâne, protégé par un léger chapeau. Sa famille entière est là, sa sœur lui tient la main, leurs petites jambes ne peuvent soutenir le pas des parents. Les enfants finissent par abandonner cette course, des murmures effrénés qui s'éloignent, la colère qui s'empare des frères jumeaux. Son père, elle l'entend souvent, il s'énerve beaucoup depuis que l'entente avec son frère se détériore. Lutte ou paix ? Courage ou lâcheté ? C'est sans arrêts que des insultes parviennent à ses oreilles, sa famille cousine victime de ce courroux. Deux enfants qui apprennent et retiennent, elles comprennent bien que quelque chose ne va pas Jua et Thae. Incompréhension, attitude incalculable, Thae elle retient juste que ses cousins ne sont plus dignes de confiance, des traîtres comme les appelle papa. Elle commence à noter des choses qui lui déplaisent, une attitude qui ne l'avait pourtant jamais dérangé. C'est une enfant, elle enregistre ce que les adultes lui disent, c'est tout. Alors forcément, elle devient exécrable avec ses cousins. Une princesse pourrie gâtée qui cache une éducation trop stricte, des mots sévères. Pourtant, c'est les autres qui subissent, c'est eux qui se retrouvent victimes du caractère de Thae. De la nourriture lancée à table, des coups de pied perdus en jouant, des bêtises inoffensives. Jamais accusée, toujours innocentée, ses grands yeux remplis de larmes dès que ses cousins la menacent. Le sourire carnassier de son père qui l'encourage, le regard suspicieux de son oncle qui ne l'atteint pas. Une enfance placée sous l'hypocrisie, le mensonge.

L'Académie. Parcours attendu, semi-liberté convoitée. Thae elle veut juste échapper un peu à ce contrôle permanent. Les conséquences de sa colère toujours présentes sur sa peau. Un bleu au poignet, seule violence physique subie depuis toujours. Son caractère trop proche de celui de son père, ses yeux innocents qui cachent pourtant une tout autre chose. Un an qu'elle est seule au palais, sa sœur loin, suivant les cours qui l'attendent. Un an qu'elle affronte son père seule, chaque pas contrôlé et observé. Dernières heures avant de découvrir un nouvel environnement. Sans jamais oublier pourtant, sans jamais s'ouvrir complètement aux autres, possibles ennemis dans cette guerre qui menace un peu plus chaque jour le royaume. Faux amis créés pendant sept ans, faux semblants perpétuels, trop loin pour faire marche arrière, les idées folles de son père maintenant encrées dans son crâne, comme marqué au fer rouge. Sept ans à attendre patiemment ce jour fatidique, une personne qui connaîtra enfin tout. Plus de cachette, plus de mensonges, elle ne pourra rien dissimuler. Un partenaire qui pouvait lui arracher la vie comme la lui rendre. Un ennemi ? Un ami ? Bien plus encore. Début d'une nouvelle vie, la guerre éclatant aux portes des frontières, elle est loin de tout cela et pourtant son attention est au cœur du combat.

Impératrice, reine d'un homme coupable de bien des crimes. Couple indécent, l'adultère étoile de cette relation. Traîtrise ultime, plus jamais de retour à une amitié possible. Son père est furieux, sa sœur silencieuse. Elle est dégoutée. Sa famille ne pouvait pas tomber plus bas, une alliance destructrice, les Yinren maintenant associés aux Oshun de façon automatique. Furieuse mais aussi satisfaite, un rapprochement meurtrier d'autant plus possible. La résistance n'aura jamais été aussi proche de l'empereur, dormant sous son propre toit, mangeant à sa propre table. Alors que le reste des Yinren respire un peu plus chaque jour l'essence même du roi de la nation du Feu, eux s’oxygènent de la nation de l'Eau. La roulette russe ne fait que commencer, chaque gâchette touchée rapprochant le monde d'un basculement sans précédent, chaque joueur en danger. La mort frappe aux portes des maîtres.

Maladie foudroyante, faiblesse coupable de cet alitement. Elle le sent, ce lien qui s'efface peu à peu, ce vide qui s'installe. Un membre lui est arraché alors que la fièvre l'empêche de penser clairement. Le reste de sa famille debout plus facilement, elle s'en veut, elle se déteste de subir autant. Elle se demande si elle ne va pas mourir, elle imagine déjà la suite. Tout le royaume est malade. Les liens sont brisés. Elle a peur. Elle ne veut plus être seule et pourtant elle connaît l'issue, elle sait bien qu'elle ne peut y échapper. Quelques mois lui auront été accordés, comme un cadeau reprit à une enfant. Après quatre semaines dans le flou, elle se réveille, plus vide que jamais. Sa sœur ne semble pas ressentir la même chose. La hargne de Thae s'accentue, sa colère devient foudre. Elle est effrayée de son nouveau pouvoir. Elle pleure le soir sous les étoiles, des larmes pourtant jamais présentes sur ses joues. Elle ne comprend plus rien, tout s'effondre, le monde change et rien ne va dans son sens. Leur objectif d'autant plus important, elle se voue entièrement à la chute des Oshun, la politique fébrile et fragile face à un peuple dévasté. Les classes se révoltent, les maîtres se retrouvent seuls, plus puissants et dangereux que jamais.