Merle,

Je ne sais pas le moins du monde comment je dois commencer cette lettre. Par mon amie? Pouvons nous encore nous appeler de la sorte après ce que nous nous sommes mutuellement infligées? Probablement pas et pourtant... Tu es et demeures celle que j'ai toujours connu. Merle, ma douce Merle, ma jolie Merle, qu'est-ce que la vie a fait de nous?

Je pourrais te fustiger sur le papier, te dire à quel point la déception de te voir t'éloigner m'a brisé le cœur, mais ce serait cruelle et hypocrite, car nous portons toutes les deux le poids de notre échec. Puis au fond, je me fiche de savoir à quel point je t'en veux, parce que tu me manques bien trop pour que cela ait une quelconque importance.

Je suis désolée, sincèrement désolée à propos de ton père. J'aimerais pouvoir te dire que je regrette, mais ce ne serait rien de plus qu'un mensonge et je me refuse de te mentir davantage. Je suppose que ce n'est pas ce que tu rêverais d'entendre, Merle, mais sache que je suis la première à être étonnée de cette histoire.

Je ne sais plus ce que l'on est l'une pour l'autre. Des ennemies, probablement, mais la vérité, c'est que tu me manques, atrocement, et je ne peux m'empêcher de m’inquiéter à ton sujet, votre sujet, face aux affres de se virus. Je ne sais pas si j'en ressortirais Merle, mais j'veux crever la conscience tranquille, avec la certitude que mon coeur sera en paix.

Je t'aime.
De tout mon coeur
peu importe celle que tu es devenue.

Hettie

Hettie,

Je dois t’avouer être extrêmement curieuse de recevoir un bout de papier parsemé de ton écriture, tu aurais été la dernière personne que j’aurai cru être capable de pouvoir me parler de nouveau. Mais cela ne m’empêche pas de chérir ce papyrus, parce qu’en effet, il vient de l’une de mes plus chères amies, une des rares qui seraient capable de me faire du mal juste en sortant de ma vie. Alors je pense que oui, mon amie, ma très chère amie, nous pouvons nous nommer ainsi, à mon plus grand bonheur.

Je suis consciente de mes erreurs de jugement, ma précipitation, mon exagération, et mes erreurs tout court d’ailleurs. Mais tu me connais Hettie, bien que cela n’excuse en rien mon comportement hasardeux, j’ai malheureusement toujours été comme ça ; à foncer la tête baisser sans prendre la peine de voir plus loin que mon nez, sans essayez de me poser calmement pour réfléchir, il serait peut-être sage que je commence à m’y mettre maintenant que je dirige une Nation.

C’est de l’histoire ancienne Hettie, toute cette histoire, je préfère tout oublier. Faites ce que bon vous semble, vivez votre vie comme vous souhaitez la vivre, j’ai trouvé le bonheur et vous avez le droit de trouver le votre.

Ce virus m’a aussi fait réfléchir, et alors que la fièvre était prête à m’emporter, je me suis rendue compte qu’il ne me restait que très peu de personnes qui m’étaient chères, et tu en fais définitivement partie Hettie. Enterrons ces animosités infantiles et retrouvons nous comme nous l’étions auparavant.

Je t’aime aussi,
Merle.