Talweg,

Je sais que cette lettre a de bien maigres chances d'arriver entre tes doigts, compte tenu de ce qui se passe actuellement à Launondie, si tant est que tu y sois toujours et que cette adresse soit belle et bien la tienne. Il est d'ailleurs étrange qu'elle me soit revenue si promptement à l'esprit, n'ayant aucun souvenir d'une quelconque conversation où tu aurais pu la glisser... Compte tenu de tes libertés désormais avouées, j'aurais tendance à croire que la déposer là n'aura été l'affaire que de quelques secondes et je ne peux pas t'en vouloir aujourd'hui alors que c'est le seul lien qui semble nous rattacher encore.

Loin de moi l'idée de douter de tes capacités de survie, je ne sais que trop bien de quoi tu es capable mais les informations sur les événements secouant en ce moment Launondie ne manquent pas de me hanter quand je t'imagine en ses murs. J'espère que tu vas bien, j'espère que tu es en sécurité, j'espère que tu n'es ni blessé, ni tenu prisonnier et chaque jour qui passe me rend un peu plus folle d'ignorer ce qu'il advient de toi et de ne plus rien ressentir, comme c'était le cas avant, quand nous étions encore liés, toi et moi.

Ça fait si longtemps Talweg, si longtemps que je ne sais même pas ce que tu es aujourd'hui susceptible de savoir ou non, si tant est que cela t'importe encore, bien que j'ose ne pas en douter. Heath n'est pas mort, Heath est toujours là si ce n'est que nous ne sommes à présent plus mariés. J'aurais du t'écouter je crois, j'aurais toujours du t'écouter et je m'en veux affreusement aujourd'hui d'avoir été aussi aveugle. Le virus a tout pris, il a pris mon élément, faisant de moi une mutante, chose que je n'accepterais jamais, je crois. Mais il m'a pris bien pire, il m'a privée de toi Tally, il nous a privé de ce lien qui, tu le sais, n'aura jamais été celui d'un protecteur pour moi, mais beaucoup plus...

J'ai été dure avec toi, trop dure. J'étais trop en colère, trop déçue mais aujourd'hui, je me rends bien compte que j'ai agi avec égoïsme et arrogance, quand tout ce que tu voulais c'était me voir heureuse.

J'espère tellement Tally, tellement que tu auras l'occasion de lire cette lettre.

Je suis désolée, tu n'imagines pas à quel point Tally et ton absence m'est insupportable, trop insupportable.

Reviens-moi Tally, reviens s'il te plait...

Hilde